Fishbach, jamais rien vu d'aussi mortel (09/01/2017)

Je vous préviens, Fishbach ne va pas vous laisser indemne. Son premier EP éponyme, sorti il y a un peu plus d'un an, est un mélange de d’électro-rock nerveux et de pop survitaminée. Dans la grande veine de ses aîné(e)s des années 80, l'artiste originaire de Charleville-Mézières ne craint pas de saturer ses titres de guitares saturées et de laisser sa voix puissante se noyer dans des torrents de synthétiseurs, tel le chant amoureux, sombre et gothique Tu vas vibrer : "Tu vas vibrer / comme un chien dans une caisse".

La jeune chanteuse, que certains comparent déjà, pour son énergie déployée, à Catherine Ringer - certains ont même cité Jeanne Mas - pioche dans la new wave, ce mouvement musical que l'on pensait à tort disparu corps et âme depuis la fin des années 80.

La musicienne a un talent indicible pour construire des morceaux à la mélodie imparable, à l'image de Mortel : "Jamais rien vu d'aussi mortel que ces tirs au hasard / Je viendrai demain aux nouvelles à la lueur du phare."

Béton mouillé a une complexité follement séduisante : une ligne mélodique joliment travaillée et une architecture musicale faisant se croiser des chœurs vaporeux, la voix androgyne de la chanteuse, des boîtes à rythme sèches et puissantes et des synthétiseurs aux sonorités 80's.

Reparlons années 80, justement, avec cette reprise hallucinée d'un titre de Bernard Lavilliers, Night Bird – intitulé, pour l'occasion, Night Bird (Petit Monstre). Le talk-over (parlé-chanté) dans le morceau original (voir le clip de Bernard Lavilliers sur ce lien) laisse place chez Fishbach à de l'électro-pop dans la droite lignée du poème mélodique et psychédélique de l'auteur d'Idées noires. Le Night Bird de Fishbach s'affranchit du texte d'origine aux multiples méandres ("Petit monstre pourquoi m'as-tu aimé / Je t'ai cherchée sans le savoir, / Je t'ai trouvée sans le vouloir, / Le sang est beau lorsque il est frais / Je connais la nuit de ta mort...") mais propose la même lecture musicale brute et sombre. Lavilliers peut se féliciter d'avoir été une telle source d'inspiration.

Il semblerait que Fishbach prenne une autre dimension avec son prochain album, À ta Merci, qui sortira le 27 janvier prochain. En attendant, le premier titre, Y crois-tu ?, s'annonce déjà comme un tube en devenir, aux accents rimbaldiens : "Je t'ai vu t'avais l'air de plaire / Je t'ai bu la nuit dans la mer / Tu n'as vu en somme / Que de beaux ébats / Le reste tu t'en cognes." La native de Charleville-Mézières est plus que jamais à suivre. Dans la suite de ce nouveau disque, elle sera en concert à la Cigale le 14 mars prochain.

Fishbach, Fishbach, EP, Entreprise, 2015
Fishbach, À ta Merci, Entreprise/Sony Music, 2016
http://ffishbach.tumblr.com

00:00 Écrit par Bruno Chiron | Tags : fishbach, bernard lavilliers, rimbaud, chanteuse, new wave, chanson | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |