Numéro un (01/05/2017)

D’abord il y a cette voix, immédiatement envoûtante : puissante, rocailleuse et sensuelle. Julie Crouzillac, la chanteuse du duo Carré-Court, appartient déjà à la sphère des interprètes dont il ne reste plus grand-chose pour accéder au cercle restreint des grandes interprètes, à l’instar des Adele ou des Amy Winehouse. Car c’est bien ces deux artistes qui viennent à l’esprit dès la première écoute du premier EP de Carré-Court, N°1.

Mais n’allons pas vite en besogne et arrêtons-nous sur ce premier mini-album, réédité ces derniers jours et qui donne l’occasion de découvrir un duo archidoué, créé en 2014, et qui s’est produit l’année suivante au Printemps de Bourges avant d’être remarqué par Les Inrocks.

Dans un univers musical dominé par l’électro et le rap, celui de Carré-Court penche du côté de la soul, du blues, du jazz et du rock à la Elvis Presley. Grâce à ces influences, le duo d’artistes nous prend par la main pour un voyage entre Londres et New-York, période sixties.

De prime abord il pourrait être question de nostalgie dans ce premier disque: voix chaude et jazzy, instruments acoustiques, style vintage revendiqué. Mais aucune reprise n’est à relever chez ce duo originaire du Limousin, si on omet toutefois la récente et convaincante adaptation Ace of Spaces... de Motörhead – un morceau absent toutefois absent de ce premier disque.

Dans N°1, Émilien Gremeaux signe les quatre morceaux de cet EP qu’interprète la "so british" Julie Crouzillac, au look à la Bardot et comme sortie des caveaux enfumés de Chelsea, sous le regard de Nico, Twiggy ou Cliff Richard. Le style est là, assumé, jusqu’au bout des bottes : easy listening mais jamais nostalgique. Ce disque nous amène dans un univers à la fois rare et familier. La voix à la Amy Winehouse accroche l’oreille dès les premières notes du premier titre When Somebody Says. Plus pop, I Don’t Care s’appuie sur la richesse de timbre de la Julie Crouzillac pour un titre âpre et déchirant. Baby You Don’t Mind nous prend par la main, dans un rythme rock savoureux, interprété par une chanteuse à la puissance vocale rare. Mais Julie Crouzillac excelle surtout dans I Said, qui clôt ce premier disque de Carré-Court. Peu d’interprètes seraient capables de maintenir à ce niveau de densité un titre relevé, riche et épicé. Les chœurs, les arabesques mélodiques et les instruments acoustiques servent à merveille une chanteuse engagée dans ce rock 'n' roll passionné, sombre et envoûtant.

N°1 sonne comme la naissance d'un duo et en particulier d'une chanteuse dont la carrière risque d'éclairer quelques années le monde musical. Ce premier EP est à découvrir et à réécouter : fascinant, électrisant mais aussi trop court.

Carré-Court, N°1, Hoozlab, 2016
http://carrecourt.com
http://hoozlab.com/fr


18:44 Écrit par Bruno Chiron | Tags : carré-court, julie crouzillac, chanteuse, rock, pop, émilien gremeaux, elvis presley, amy winehouse, sp | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |