Jordan Tiberio, snippeuse photographe (31/12/2017)

Pour clôturer 2017, Bla Bla Blog a choisi de parler photographie, avec l’artiste américaine Jordan Tiberio. Une série a attiré l’attention de la presse et du web, avec la série Lacuna, pourtant déjà ancienne puisqu’elle date de 2013.

Jordan Tiberio a réalisé une série de clichés en noir et blanc, aux atmosphères étranges et oniriques. Dans des chambres très souvent lumineuses, voire surexposés, des hommes et des femmes enlacés, dénudés ou s’embrassant, se fondent dans les décors jusqu’à être engloutis voire absorbés par des draps, des tentures ou des sols. Les modèles de la photographe new-yorkaise sont montrés au moment où ils vont disparaître, comme dissous inexorablement. Les corps, les visages ou les mains ne sont parfois plus que des empreintes, pour ne pas dire des souvenirs. Souvenirs car c’est du temps, de la mémoire et du passé dont il est question dans cette série à la fois sensuelle et bouleversante. Lacuna parle de ces amours qu’une séparation a éloignés. Ont-ils vraiment disparus, s’interroge Jordan Tiberio ? Et cette personne que nous avons aimée, peut-il aimer autant voire plus une autre que moi-même ? : "Et si tu pouvais en aimer plus que moi ? Et si tu m'oubliais ?" Le passé est-il vraiment passé ? Non, dit en substance la photographe. Il reste ces "artefacts", le refus d’oublier et la conscience que ces fantômes du passé font pleinement partie de nous : "Je ne cesserai jamais de revivre l'extase qui était autrefois si présente, parce que je ne peux pas guérir de toi. Je t'aimais plus que tout… Peu importe où que tu sois, tu seras toujours avec moi, et bien que nous ne soyons plus amoureux, je t’aime toujours."

L’onirisme de Jordan Tiberio est présent dans d’autres séries que Lacuna, à ceci près que l’artiste, en snippeuse photographe, romantique et non dénuée d’humour, travaille d’abord la couleur. C’est le cas des modèles féminins aux poses décalées dans la série Bougainvillea Girls. Les floraisons luxuriantes éclatent tels des feux d’artifice chatoyants et envoûtants. Dans Liquid Mirrors, les créations florales ou les portraits sont anamorphosés jusqu’à créer des êtres ou des objets hybrides à la Dalí.

Bien qu’il soit une nouvelle fois question de mémoire dans le projet The Girl Next Door, Jordan Tiberio choisit cette fois le parti pris de compositions lumineuses et colorées derrière un écran grillagé à travers lequel perlent des gouttes de rosées. Dans une facture plus classique mais d’un onirisme tout aussi captivant, The Floral Dress présente une série de poses d’un mannequin (Jordan Tiberio, elle-même ?) au milieu de paysages naturels, de rochers inquiétants ou dans des propriétés abandonnées. Les yeux de la femme, pieds nus dans la même robe claire fleurie, semble rechercher quelque chose, dans une quête étrange et aventureuse.

http://www.jordantiberio.com
http://jordantiberio.tumblr.com
https://www.instagram.com/jordantiberio

15:40 Écrit par Bruno Chiron | Tags : jordan tiberio | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |