Dans les archives de Philippe Manœuvre (25/04/2018)
Qui d’autre que Philippe Manœuvre pouvait nous offrir un tel livre ? Une compilation sur les plus belles raretés du rock, qui régalera même les non-spécialistes. La Discothèque idéale de Philippe Manœuvre, 111 trésors cachés du rock (éd. Hugo Desinge) est très certainement l'ouvrage à mettre en bonne place dans votre bibliothèque - et non loin de votre collection de CD ou vinyles.
Dans son style inimitable, l’ex rédacteur en chef de Rock & Folk nous offre une véritable mine d’informations sur ces musiciens, groupes ou albums tombés, parfois de manière incompréhensible, dans l’anonymat.
Des années 60 aux premières années du XXI e siècle (avec une écrasante majorité d’albums datant des années 70), Philippe Manœuvre nous parle d’une histoire alternative du rock, avec ses chefs-d’œuvres incompris (L.A. Getaway de Joel Scott Hill), ses artistes complètement barrés qui se sont brûlés les ailes avant d’atteindre le début de la notoriété (Lowell George et son groupe éphémère Little Feat) ou encore ces victimes de maisons disques frileuses "sacrifiés sur l’autel de la gloriole corporate" (Dion et son Born To Be With You en 1975).
L'ex Enfant du Rock n’oublie pas les les effets des modes pouvant condamner un descendant de Ziggy Stardust alors que David Bowie est déjà passé à autres choses (Mick Ronson et Play Don’t Worry en 1975), les vrais pastiches (Klaatu, 3:47 Est, sorti en 1976, est présenté comme le dernier album des Beatles) ou les authentiques curiosités venues du Japon, de Suède ou… de France comme les Go-Go Pigalles ou les Deadbeats dont le On Tar Beach (1985) est salué par l’auteur comme le meilleur disque chroniqué dans son ouvrage.
Sacrifiés sur l’autel de la gloriole corporate
Philippe Manœuvre consacre une double page par album (avec des reproductions de pochettes de disques souvent étonnantes, comme celle de Who Will Save The World des Mighty Groundhogs, en 1972). Il nous ouvre ses archives personnelles et remonte le temps, de 1963 (avec un certain Jack Nitzsche) à 2015 (et le quadra Kelley Stoltz et son double album, In Triangle Time, "une réussite"). Fort opportunément, l’auteur passionné consacre une rubrique "Que sont-ils devenus ?", qui retrace la carrière de ces musiciens après la sortie de ce qui devait être souvent le couronnement d’une carrière.
Des figures marquantes ressortent de cet album : le "ténor galant" Dino Valenti, l’Anglais Terry Reid (à propos de qui, Aretha Franklin disait quand même en 1969 : "Ce qui se passe à Londres ? Trois choses : les Beatles, les Stones et Terry Reid !"), T2 et leur album Boomland, "l’un des albums les plus recherchés du marché" ou encore les Ruth Copeland, l’une des rares femmes de cette compilation.
Le lecteur retrouvera aussi quelques grands noms de la musique, comme égarés dans cette compilation d’albums zappés par l’histoire du rock : John Lee Hooker, qui s’est essayé au rock dans le précieux Endless Boogie, Dr John (The Sun, Moon & Herbs), Grateful Dead et son album public tombé dans l’anonymat en 1971, les Kinks (Muswell Hillbillies), les Beach Boys (Love You) ou le Squeeze des Velvet Underground.
Il est impossible de répertorier les surprises que nous offre cette discothèque étonnante. Tiens, une seule pour terminer cette chronique : saviez-vous que Michel Polnareff avait fait Ménage à Trois en 1980 , "un album sublime que je revendique," comme il le dira lui-même ?
Philippe Manœuvre, La Discothèque secrète de Philippe Manœuvre,
111 trésors cachés du rock, éd. Hugo Desinge, 2017, 231 p.
00:00 Écrit par Bruno Chiron | Tags : philippe manœuvre, rock | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |