Qui nous protégera du bonheur ? (23/10/2021)
Sur cette histoire de couple, l’objet du roman En cas de Bonheur, David Foenkinos écrit ceci :"Personne ne savait que faire en cas de bonheur. On avait des assurances pour la mort, pour la voiture, et pour la mort en voiture. Mais qui nous protégera du bonheur ?" Ce bonheur était-il la "pire chose" qui puisse arriver ?
Lorsque Jean-Jacques se pose cette question, il en est à un stade critique dans l’histoire du couple qu’il forme avec Claire. Disons-le autrement : il entame un adultère avec Sonia, une sémillante collègue de travail. Jean-Jacques travaille comme "conseiller en quelque chose, en rapport avec de l’argent". Claire, elle, est employée dans une boutique en cosmétique à l’aéroport de Roissy. Tous deux ont une petite fille de six ans, Louise.
La vie à deux suit son cours, dans un quotidien morne, ponctué par des visites régulières chez les parents de Claire. Jean-Jacques, lui, trouve dans sa relation extraconjugale avec Sonia "sa raison de vivre". Il y trouve un certain équilibre : "[Avec claire], ils étaient unis. Il continuait à se répéter qu’il ne voulait pas d’une vie à la Édouard [son ami, célibataire et heureux a priori de l’être]". Mais Claire apprend l’infidélité de son mari grâce à une agence de détectives privés et elle annonce à son mari qu’elle le quitte. Désarçonné et incapable de s’engager avec sa maîtresse, Jean-Jacques entreprend de suivre sa future ex-femme. Il fait appel sans le vouloir à la même agence de détectives que sa femme.
David Foenkinos déconstruit puis reconstruit la vie d’un couple ordinaire
Fausse double enquête policière et vraie comédie sentimentale, En cas de Bonheur suit un homme et une femme dont le couple meurt, mais qui refusent, consciemment ou inconsciemment, l’idée de séparation. Les relations adultères ressemblent plus à des accidents qu’à de vraies possibilités, comme le montrent ces personnages secondaires gravitant autour de nos deux héros, que ce soit Sonia, Igor ou même Caroline, la jeune baby-sitter au "fessier" affolant. Le portrait de cette femme de 20 ans étonnera sans doute le lecteur et la lectrice de 2021. Il faut dire que le roman a été écrit en 2005, soit deux ans avant #Meetoo, si bien qu’En cas de Bonheur n’est pas exempt de considérations assez peu "female gaze", l’expression et le concept n’existant même pas à l’époque.
Dans le tourbillon de crises, de malentendus, de cachotteries, d’entourloupes et de quiproquos, David Foenkinos déconstruit puis reconstruit la vie d’un couple ordinaire. L’auteur le fait en ne s’interdisant pas louvoiements, tergiversations et atermoiements, à l’image de l’histoire de Renée, la mère de Claire. Mais au bout du compte, l’auteur tient le sujet de son roman : celle d’un couple agonisant mais aussi cette recherche du bonheur qui est au cœur de ce roman virevoltant et non-dénué d’humour : "Le bonheur n’avait jamais été à l’horizon. A l’horizontal sûrement, mais certainement pas à l’horizon."
David Foenkinos, En cas de Bonheur, éd. J’ai lu, 2005, 191 p.
https://www.facebook.com/david.foenkinos
@DavidFoenkinos
Voir aussi : "David Foenkinos, son œuvre"
"À la recherche de l’idée perdue"
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00:00 Écrit par Bruno Chiron | Tags : david foenkinos, roman | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |