Exégèse tintinesque (03/11/2023)
Le Temple du Soleil d’Hergé, la suite des Sept Boules de Cristal, fait l’objet d’un essai exégétique de Pierre Fresnault-Deruelle que les tintinophiles devraient découvrir avec le plus grand intérêt (Hergé et les Incas ou la malédiction déjouée, paru aux éditions 1000 Sabords).
Disons pour commencer qu’il faut, sinon avoir cet album de 1948 sous la main, du moins l’avoir (bien) lu pour apprécier la science de Pierre Fresnault-Deruelle, décortiquant cette aventure incroyable du jeune journaliste belge.
Rappelons que nous sommes au lendemain de la seconde guerre mondiale, au sujet de laquelle il a été beaucoup reproché à Hergé son lourd silence. Le dessinateur avait d’ailleurs choisi pour cette nouvelle aventure d’entraîner Tintin, Milou et Haddock dans une pérégrination déconnectée de l’actualité guerrière des années 40, en mêlant mystique, archéologie, dépaysement, investigation (car le Professeur Tournesol a été enlevé dans l’album précédent) et réflexion sur le choc des civilisations, à travers un inattendu et immortel génie du mal, Rascar Capac.
Pierre Fresnault-Deruelle entend montrer toute la science de la composition et du rythme d’Hergé
L’essai Hergé et les Incas propose une étude case par case et planche par planche, décrivant en détail les choix scénaristiques et visuels du génie belge, depuis un commissariat de police péruvien jusqu’à l’hôpital où sont soignés les sept savants atteints d’un mal mystérieux – la malédiction de Rascar Capac.
Allant au-delà de la simple description, Pierre Fresnault-Deruelle entend montrer toute la science de la composition et du rythme d’Hergé. Une simple case montrant Tintin s’agripper à une chaîne donne l’occasion à l’auteur de s’arrêter sur la mise en scène pleine de sens, mais aussi de parler des références d’Hergé, en l’occurrence, pour cet exemple, l’illustrateur Jules Férat pour une édition ancienne de L’Île mystérieuse de Jules Verne.
L’essai tintinesque est d’ailleurs riche de sources pouvant expliquer le travail d’Hergé : gravures du XIXe siècle, affiches publicitaires de l’entre-deux-guerres, coupures de presse du début du XXe siècle, peintures (l’étonnant portrait de l’empereur inca Tupac Yupanqui ou celle, plus célèbre, de William Blake, Caïn fuyant la colère de Dieu) ou d’autres bandes dessinées, à commencer par le Zig et Puce d’Alain Saint-Ogan.
Pour illustrer cette exégèse, pas de reprises de planches ou de vignettes en raison des droits d'auteur de l'œuvre d'Hergé, mais des visuels antérieurs à l'œuvre d'Hergé ou au contraire contemporaines, ce qui donne paradoxalement à cet ouvrage un charme particulier.
Pierre Fresnault-Deruelle, Hergé et les Incas ou la malédiction déjouée,
éd. 1000 Sabords, 2023, 170 p.
https://www.editions-1000-sabords.fr
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Fresnault-Deruelle
Voir aussi : "Dictionnaire amoureux de Tournesol"
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00:00 Écrit par Bruno Chiron | Tags : essai, bd, bande dessinée, tintin, pierre fresnault-deruelle, mille sabords, temple du soleil, sp | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | | |
Commentaires
Attention, soyons précis : ce ne sont pas forcément des sources iconographiques d'Hergé que présente Pierre Fresnault-Deruelle, mais des images contemporaines ou antérieures qui montrent qu'Hergé était un produit de son temps, sans qu'il se soit nécessairement inspiré de ces images.
Pierre reproduit aussi des dessins postérieurs au "Temple du Soleil", et cela ne signifie pas non plus que leurs auteurs se sont inspirés d'Hergé.
Écrit par : Patrice Guérin | 06/11/2023
Bien noté, merci pour ce commentaire.
Écrit par : Bla Bla Blog | 06/11/2023