Calmos ! (24/12/2024)

Il y a du Louis Arlette derrière la facture pop-rock sombre de Jeanphilip qui nous offre son nouvel album, Vérandas. Sa discographie comprend quatre albums, plusieurs EP et singles. Il a également donné en France près de 250 concerts, dont neuf tournées. Autant dire qu’il n’est pas tout à fait un inconnu de ce côté-ci de l’Atlantique. Dans Vérandas, Le chanteur canadien fait se mélanger sons pop-rock, rythmique rock, influence urbaine et bien entendu chansons en français.

Jeanphilip ne serait-il pas un gars "raisonnable" ? C’est en tout cas l’objet de sa confession, Qu’on se passe de moi, qui ouvre l’opus. Pas de prise de tête chez un musicien qui entend faire du vivre-ensemble quelque chose de cool, avec la fête comme philosophie. "On se vargue dessus / Le monde est plus cruel / Que ta sensibilité / C’est bien normal / Que l’ivresse reprenne ses droits", chante-t-il dans Ivresse, un titre pop et franchement emballant. Pour les auditeurs français, précisons que le verbe "varguer" signifie chez nos ami⸱e⸱s québécois⸱e⸱s "Cogner" ou "frapper". Voilà pour l’explication de texte.

"Calmos !" C’est en substance le message fort du musicien québécois dans le morceau rock Bûcher dans le tas. La cible ? Ces "résistants tannés… des animaux humbles du cerveau mal à l’égo". Il ajoute : "Ils se sont trouvé une bonne raison de commencer à se gonfler le torse". Il est plus explicite dans le titre électro-rock Dans nos vérandas : "Lorsqu’on les entend parler / Dans le sens du vent / C’est à se demander / Qui est au volant". Jeanphilip prêche la liberté, l’action et pas de prise de tête : "Si on ne fait que chialer / Dans nos vérandas / Vaut mieux pas rêver / Qu’la bêtise s’en ira".

Non, le chanteur veut d’abord s’amuser, de la bonne musique pour s’éclater : J’veux juste que ça groove… De la brillance / Croire en ce qui se passe" (En stéréo).

Pas si festif que ça, Jeanphilip

Derrière la voix caverneuse de Jeanphilip et les sons rock de son album, il y a une chaleur et une humanité qui touchent. Que l’on pense aux Amants, dans lequel le chanteur porte un regard attachant à ces amoureux, comme si le Georges Brassens des Amoureux des bancs publics s’était penché au-dessus de son épaule.

De là à dire que Jeanphilip est coupé du monde et des autres ? Non. "Il faut que je me pince je dois, être en train de rêver / L’impression que le monde va peut-être changer", chante-t-il dans le morceau électro-pop Fanfare. Le chanteur québécois se fait observateur à la fois lucide et conscient qu’il est difficile de peser sur notre avenir, lorsqu’il est question notamment de l’environnement : "Qu’on le veuille ou non / On ne contrôle pas les saisons" (Saisons).

Tout aussi sombre, Jeanphilip clôt son album avec un court morceau électro, réellement engagé, sinon menaçant : "Regarder l’orage rugir à l’est" (Orage à l’est). Nous, Européens, le voyons et le sentons, réellement (nous parlions dans une chronique précédente de l'Ukraine). Pas si festif que ça, Jeanphilip. Quel caractère ! 

Jeanphilip, Vérandas, Bunker D'Auteuil, 2024
https://ffm.bio/jeanphilip
https://www.facebook.com/JeanphilipMusic
https://www.instagram.com/jeanphilipmusic

Voir aussi : "Louis Durdek sur la route"
"Louis Arlette, classique et moderne"

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00:00 Écrit par Bruno Chiron | Tags : jeanphilip, chanteur, chanson, sp, canada, québec | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |