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Dans l’histoire de la bande dessinée, Tintin est la saga de tous les superlatifs et de tous les records. La vente d’une planche du Lotus bleu par Artcurial le jeudi 14 janvier 2020 ne déroge pas à la règle.
Ce jour-là, sous le marteau d’Arnaud Oliveux, la maison parisienne proposait aux enchères un projet d’illustration par Hergé pour la couverture de l’édition originale de l’album du Lotus bleu de 1936. L’œuvre a été adjugée 3,2 M€, devenant également le nouveau record du monde pour le dessinateur belge. C’est également un nouveau record mondial pour une œuvre originale de bande dessinée vendue aux enchères.
"Grâce à son caractère unique ce chef d’œuvre du 9ème art mérite ce record du monde et confirme l’excellente santé du marché de la Bande Dessinée", commente l’expert Eric Leroy.
Dans l’histoire des aventures de Tintin, cette 5e histoire se déroulant en Chine marque une étape capitale dans cette saga par sa dimension artistique autant qu’humaine. Le reporter découvre un pays fascinant, ainsi que son ami Tchang Tchong-Jen, le seul personnage réel de ses aventures, si l’on exclue Al Capone dans Tintin en Amérique.
Le 19 juin prochain, la prestigieuse salle aux enchères Artcurial proposera à la vente 54 œuvres originales de Sempé. Ce sera aussi l’occasion de revenir sur les 60 ans de carrière du légendaire et génial dessinateur français. Plus d’une personne sera surprise d’apprendre que non-content de travailler pour des journaux et magazines nationaux comme Paris Match, L’Express Le Figaro ou encore Pilote, Jean-Jacques Sempé a aussi dessiné pour des titres étrangers comme The New Yorker, Sports Illustrated ou Punch.
Eric Leroy, l’organisateur de cet événement, dit ceci : "Pour la première fois sur le marché de l’art est proposé un ensemble exceptionnel de dessins de ce génie de l’humour et de la poésie."
Il est vrai que l’univers du créateur du Petit Nicolas est unique, mélange de saynètes quotidiennes et poétiques et de regards tendres sur ses contemporains.
Les 54 œuvres proposées à la vente – couvertures d’album, de magazines ou dessins humoristiques – ont été réalisés soit à l’encre de Chine sur papier pour les dessins noir et blanc, soit à l’aquarelle ou crayons de couleur pour les dessins couleurs.
Les dessins de la vente du 19 juin représentent toute la longue carrière de Sempé. Les dessins les plus anciens qui seront présentés datent du début des années 60.
On y découvre à travers des scènes de vie quotidienne - deux cyclistes déambulant ainsi dans les rues tandis que l’on s’attarde sur une "Petite ballerine" - mais aussi des dessins d’humour tel que "Il était déjà comme ça avant !", "La cartomancienne" ou enfin "À l’opéra", une œuvre qui souligne l’importance de la musique pour Sempé.
On plonge également dans l’univers du dessinateur à travers une visite de ses quartiers parisiens de prédilection : au jardin du Luxembourg ou encore à Saint-Sulpice. Un certain nombre de dessins permettent de retracer la carrière de l’artiste aux Etats-Unis. Sempé illustre la vie effrénée new yorkaise avec un coursier se frayant un chemin dans les rues de la Grosse Pomme. Sempé réalisait aussi des couvertures pour le New Yorker Seront ainsi proposées à la vente "The Musicians in Central Park - 1983" ou une scène de célébration colorée à l’occasion du "4th of July".
On découvre enfin l’amour de Sempé pour le sport avec des dessins de couverture pour Sports Illustrated, l’un des plus importants magazines sportifs hebdomadaires américains, avec notamment "Droit au but" ou "L’entraînement".
Pour les passionnés et ceux qui ont quelques sous dans leur bas de laine, rendez-vous est pris le 19 juin pour cette vente, avec des dessins estimés de 10 000 à 50 000 euros mais dont les prix devraient s’envoler.
"Jean-Jacques Sempé, dessinateur d’humour" Artcurial Vente aux enchères le 19 juin 2021, Paris https://www.artcurial.com
Nous avions parlé à plusieurs reprises de l’excellent travail de Christophe Keip, qui a immortalisé sur photo des anonymes poussant leur cri, "acte fondamental, au centre même du geste de la création", comme l’a décrit Charles Berling à propos de ce projet artistique.
Après une première exposition à Aix-en-Provence ("Hurle la vie"), suivie d’un somptueux ouvrage, à l’occasion du salon Paris Photo qui se déroule du 11 au 14 novembre 2021, Christophe Keip et la maison de ventes Rossini organisent une vente inédite composée de 54 photographies en tirage d’artiste et leur NFT 1/1. La vente sera accessible sur le site Drouot online du 11 au 17 novembre.
Entre janvier et mars 2021, 521 personnes sont venues hurler devant l’objectif de Christophe Keip, leurs colères, manifester frustrations et tristesses, crier le désir de vivre, ou de partager une joie. Si pour chacun, il s’agit d’une expérience libératrice qui répond aux besoins d’une situation conjoncturelle, en l’occurrence la crise sanitaire, cette expérience est pour beaucoup un acte révélateur, une prise de conscience, un pas insoupçonné vers l’écoute de soi. Autant de portes ouvertes aux émotions durant la pandémie.
Vente aux enchères 100% numérique, 100% NFT
L'artiste propose aujourd’hui pour la première fois une sélection d’œuvres revêtant le double caractère du physique et du numérique, vente aux enchères 100% numérique, 100% NFT.
Un petit mot sur la NFT : depuis quelques mois, les NFT ont envahi le monde du marché de l’art et ces objets numériques certifiés dans la blockchain passionnent tout particulièrement les artistes et les nouveaux collectionneurs férus de technologies.
Cet acronyme (Non Fongible Token) pourrait être traduit en langue de Molière par actif numérique unique. Spécialement imaginé pour cette collaboration avec le site TokenToMe, ce travail a été divulgué dans les derniers jours de l’exposition "physique" et a ainsi créé une continuité digitale au travail commencé en début d’année. Une sélection emblématique des participants sera proposée au feu des enchères par la maison de Ventes Rossini, résolument tournée vers le numérique via le site Drouot digital.
Alliant support physique et dématérialisation, l’artiste nous amène à nous poser la question de l’impermanence et de la persistante d’une image, d’un son, d’une émotion vécue par tous mais ressentie différemment par chaque personne. Une visite virtuelle et immersive sera proposée grâce à une toute nouvelle technologie.
Cette collection qui portera le nom de cryptocries sera la première d’une série d’événements qui ouvriront de nouvelles perspectives pour l'art et les collections de demain.
Ce 2 décembre, le monde littéraire aura les yeux braqués sur la maison parisienne de Christie's. Il sera en effet mis en vente l'un des manuscrits français les plus emblématiques du XXe siècle : celui du roman Le Diable au Corps de Raymond Radiguet, décédé prématurément du typhus en 1923, précisément l'année de la parution. Les cahiers de cette oeuvre de jeunesse – 161 feuillets au total – sont mis en vente et qui devraient dépasser les 500.000 euros.
Le Diable au Corps a fait scandale lors de sa parution, cinq ans seulement après la fin de la première guerre mondiale. Le roman sulfureux raconte l'histoire d'amour passionnée entre un adolescent, François, et Marthe, la femme d'un soldat parti se battre sur le front.
Le Diable au Corps – roman en partie autobiographique malgré les dénégations de l'auteur – est le récit, sur fond d'ennui, d'une relation adultère vouée à l'échec en raison du jeune âge de François autant que la mise à mal de la figure héroïque et sacrée du soldat de la Grande Guerre. En 1947, l'adaptation cinématographique de Claude Autant-Lara avec Gérard Philippe et Micheline Presle suscitera la même controverse, deux années après la fin de la seconde guerre mondiale.
En 2015, le Diable au Corps a perdu de son parfum de soufre mais conserve sa vigueur et sa modernité. La vente exceptionnelle du manuscrit devrait prouver que l'engouement pour Raymond Radiguet est toujours vivace.
Allier l’art et le caritatif : quoi de plus noble ? La maison de ventes Aguttes organise le jeudi 17 février à Neuilly une vente caritative au profit de l'AFSA, Association Française du syndrome d’Angelman.
Mais d’abord, qu’est-ce que le syndrome d’Angelman ? Il s’agit d’une de ces nombreuses maladies génétiques rares qui se caractérise par un retard global de développement, une absence de langage oral, des difficultés de motricité et de la marche, une épilepsie, des troubles du sommeil et de l’attention. Les personnes avec le syndrome d’Angelman nécessitent d’un suivi multidisciplinaire tout au long de leur vie et restent peu autonomes même à l’âge adulte. Bien évidemment, ces personnes malades ont besoin d’aide. Voilà pourquoi des personnalités du monde du sport et du spectacle se sont mobilisées pour l’AFSA.
La perruque de Brice de Nice, l’iconique marionnette Bobo le bâtard des Tuche 4 ou un clap de cinéma du film Chocolat
Ce jeudi 17 février, les objets proposés à la ventes par la maison Aguttes ont été confiés pour être mises en vente : souvenirs de tournages, places de concerts, dédicaces ou encore moments privilégiés avec un artiste. Cette vente est avant l'occasion de faire une bonne action.
Parmi les objets proposés à la vente, la perruque de Brice de Nice, une tenue portée par l’acteur Jean Dujardin sur le film OSS 117, l’iconique marionnette Bobo le bâtard des Tuche 4, un clap de cinéma utilisé lors du tournage du film Chocolat avec Omar Sy, un dîner et une séance photo avec Yann Arthus Bertrand ou encore d’autres archives de célébrités de la scène musicale, comme Grand Corps Malade, Angèle, Amir, Alain Souchon ou encore du monde du sport.
Cet événement mérite à tout point de vue d'être mentionné : rendez-vous donc à Neuilly chez Aguttes ce jeudi 17 février pour cette vente exceptionnelle et qui promet d'être passionnante.
Artcurial a eu la bonne idée de partager cet événement en plusieurs sections distinctes. La première est dédié à l’Art Moderne. La vente dans la soirée du 5 décembre sera centrée autour de deux peintures majeures de Kees Van Dongen, la magnifique Mlle A.D. la baigneuse, Deauville (1920) et La Tempête de René Magritte (1931). Pour les acquérir, pas question de s’en sortir à moins de 1,4 à 2,4 millions d’euros. Les collectionneurs et collectionneuses pourront tout aussi bien jetés leur dévolu sur des œuvres moins onéreuses : un Claude Monet, Bords de Seine dans la brume de 1894, vendu au profit de Médecins du Monde France, une des emblématiques nanas (très) voluptueuses de Fernando Botero (Eva, réalisée en 2017), un bronze chef modèle d’Edgar Degas, Cheval à l’abreuvoir, ou encore une rare nature morte cubiste de Jean Metzinger de 1913-1914. A cela, s’ajoutent des créations de Salvador Dalí, Joan Miró, Juan Gris, Albert Gleizes, Raoul Dufy ainsi que Max Ernst.
Artcurial a eu la bonne idée de partager cet événement en plusieurs sections distinctes
La vente Post-War & Contemporain proposera des œuvres exceptionnelles d’après 1945. Citons une huile sur toile perforée de Lucio Fontana (Concetto spaziale, Piazza San Marco al sole). Jean-Michel Basquiat sera également mis à l’honneur à travers The Elephant, réalisée deux ans avant son décès en 1988 à l’âge de 27 ans. Il s’agit d’une peinture monumentale de presque 3 mètres de long, sur un fond brun travaillé avec des motifs de crânes, de squelettes mais également africains sont le reflet exact de son style. La vente mettre également en exergue une huile et feuille de métal sur toile d’Anna-Eva Bergmann, peintre franco-norvégienne de la nouvelle École de Paris. Suivront deux œuvres d’Alexander Calder, de Nicolas de Staël (Composition, 1943/1944), d’Antoni Tàpies (Matière Fauteuil, 1966) ou encore, plus récent, une création d’Antony Gormley (Precipitate IX, 2007).
La semaine XXe et XXIe se clôturera le 6 décembre à 20 heures avec la vente Twenty One Contemporary qui proposera une sélection d’œuvres des scènes contemporaines actuelles. Il faut bien sûr citer Claire Tabouret avec un tableau se référant à son enfance. Le public découvrira sans doute DRAN, Amélie Bertrand ou Marcela Barcelo. JR fera également partie des artistes présents. Les célèbres cabanes en bois de Tadashi Kawamata côtoieront les iconiques Relic de l’artiste américain Daniel Arsham. Zanele Muholi, sous les projecteurs de l’actualité cette année à la MEP à Paris, nous offre un des ses autoportraits les plus célèbres de la série Somnyama Ngonyama. Enfin, l’artiste plasticien Xavier Veilhan a réuni le duo le plus célèbre de la scène musicale, les Daft Punk.
Pressons-nous vite à cette exposition et, pour celles et ceux qui en ont les moyens, aux ventes aux enchères.
Artcurial, "Les grandes ventes d’ Art Moderne & Contemporain" 7 Rond-Point des Champs-Elysées Marcel-Dassault, 75008 Paris Expositions publiques du vendredi 1er au 4 décembre de 11 heures à 18 heures Ventes aux enchères : "Art Impressionniste & Moderne" le 5 décembre à 19H et le 6 décembre à 14H "Post-War & Contemporain" le 5 décembre à 20H et le 6 décembre à 16H "Twenty One Contemporary", le 6 décembre à 19H https://www.artcurial.com
La chaîne de la TNT Numéro 23 diffuse ce dimanche 22 février, à 22H45, Une Éducation, un film de Lone Scherfig, avec Carrey Mulligan dans le rôle principal.
Disons tout d’abord que ce long-métrage de 2010, qui se déroule dans l’Angleterre des années 60, est tirée du récit autobiographique de la journaliste britannique du Sunday TimeLynn Barber.
Jenny (Carrey Mulligan), 16 ans, n’a pour tout horizon qu’une vie rangée et ennuyeuse, sous la coupe de parents conservateurs. Élève brillante, violoncelliste douée, désireuse d’intégrer Oxford, elle n’est cependant pas certaine de pouvoir s’échapper de cet univers étriqué. Un jour de pluie, un inconnu lui propose de s’abriter dans sa voiture de sport. Il s’appelle David (Peter Sarsgaard). Il a une vingtaine d’années de plus qu’elle. Ce bel homme, insouciant, stylé, mystérieux, amoureux de la vie et dépensant sans compter, tranche avec le monde ennuyeux et fade de Jenny. Cette dernière est entraînée, avec celui qui devient rapidement son amant, dans un tourbillon de nouveautés : dîners chics, ventes aux enchères, voyages romantiques, rencontres inattendues, nouvelles amitiés. Mais ce monde doré et clinquant n’est-il pas un miroir aux alouettes ? Et la jeune fille sérieuse peut-elle abandonner l’éducation austère de ses parents pour une autre école – celle de la vie ?
La réalisatrice danoise Lone Scherfig a réussi à faire à partir d’un scénario finalement assez simple (une histoire d’amour scandaleuse entre deux êtres que tout sépare), un très élégant film, frais et délicieusement nostalgique. Mais Une Éducation est également le récit d’une initiation et du parcours d’une adolescente contrainte à un certain moment de choisir son avenir.
Il convient de dire un mot de l’actrice principale : Carrey Mulligan, 22 ans à l’époque du tournage, est bluffante dans son interprétation d’une adolescente de 16 ans. L’Académie des Oscars l’a saluée en lui décernant en 2010 la palme de meilleure actrice pour ce rôle. Peter Sarsgaard, que l’on avait déjà vu dans Jarhead ou Dans la Brume électrique prouve également l’étendue de son talent.
Numéro 23 donne aux spectateurs l'occasion de découvrir cette petite perle.
C’est une tradition historico-religieuse qui a resurgi ces dernières semaines : celle des reliques. Le protagoniste en est Philippe de Villiers, figure politique de la droite catholique traditionaliste – et accessoirement créateur du Puy du Fou. Connu pour son sens de la communication et pour ses coups médiatiques, l’ancien secrétaire d’État à la culture, ex-Président du Conseil Général de Vendée et actuel député européen, a acquis lors d’une vente aux enchères une ancienne bague de Jeanne d’Arc que l’évêque Cauchon lui aurait dérobé peu avant son supplice du bûcher en 1431. Le dimanche 20 mars 2016, un spectacle au Puy du Fou réunissait 3000 personnes venus accueillir le précieux anneau, à coups d’oriflammes, de cavalcades et de haies d’honneur de chevaliers tout droit sortis de la Guerre de Cent ans.
On devine la valeur d’un tel objet et, en l’occurrence, le prix payé plutôt rondelet : 380 000 euros, que le député européen a pu débourser, via la Fondation du Puy du Fou, grâce à une souscription publique. Il n’est pas anodin de préciser que cet anneau quitte la Perfide Albion pour rejoindre le pays de la Pucelle.
Non sans provocation ni arrière-pensée, Philippe de Villiers transforme ainsi le gigantesque espace ludique créé il y a près de 40 ans en "lieu de mémoire". Qu’on se le dise : le Puy du Fou n’est plus simplement ce gigantesque espace ludique mêlant décor en carton pâte, reconstitutions de villages ou d’arènes et scénettes restituant des épisodes historiques plus ou moins avérés. L'un de principaux parcs d’attraction français, en acquérant un objet estampillé "historique", entend aussi symboliquement s’élever au-dessus de ses concurrents – Eurodisney ou Astérix en premier lieu – pour garantir une forme d’authenticité dans sa démarche de divertissement. Le Puy du Fou n’est pas tout à fait un parc comme les autres, semble nous dire Philippe de Villiers et ses fidèles qui sont aux manettes. Les adversaires de l’ancien candidat à l’élection présidentielle parlent de "privatisation de l’histoire" alors que des voix – en premier lieu à l’extrême-droite – se félicitent du retour de "l’anneau de Jehanne d’Arc en terre de France" (Marine Le Pen).
"L’anneau de Jehanne d'Arc" ? En sommes-nous si sûrs ? Arrivé au stade de cet article, le bloggeur ne peut s’empêcher de s’interroger justement sur l’authenticité de qu’il convient d’appeler une relique. Les nouveaux propriétaires, Philippe de Villiers et son fils Nicolas, qui a pris la Présidence du Puy du Fou, assurent que les documents en leur possession attestent que le bijou est bien celui qui a appartenu à la Pucelle d’Orléans.
Umberto Eco s’était intéressé au phénomène médiéval des reliques, qui avait vu la multiplication d’objets sacrés (fragments de la crèche de Jésus, étoffes tâchées de sang et de cervelle de saint Thomas, une côte de sainte Sophie, des poussières d’ossements, et cetera) destinés à impressionner les croyants autant qu’à développer les pèlerinages et les trafics en tout genre. L’auteur du Nom de la Rose a ironisé sur le nombre incalculable de ces reliques qu’une personne un tantinet sensée ne prendrait pas au sérieux. La bague de Jeanne en fait-elle partie ? Et d’ailleurs, de quelle bague parlons-nous ?
L’historien normand Michel de Decker raconte pour Paris Normandie que les spécialistes en repèrent deux : la première a été volée à Jeanne d’Arc lors de son arrestation par les Bourguignons à Compiègne en 1430 alors que l’autre aurait été récupéré par l’évêque Cauchon lors de son procès. L’ecclésiastique l’aurait ensuite offert au cardinal de Beaufort avant que l'anneau ne traverse la Manche. Passons sur les ventes et les achats successifs au cours du XXe siècle, jusqu’à son acquisition par le docteur Hasson en 1947 pour 175 livres sterling. En 1952 puis 1956, la bague est exposée à la Turbie (près de Monaco), à Paris puis à Rouen. Les spécialistes se montrent à l’époque prudents sur l’authenticité de l’objet. Ce qui n’empêche pas quelques tractations en 1980 pour que l’anneau retourne en France. Finalement, l’héritier du Dr Hasson choisir de le vendre aux enchères. Le prix de départ de 19 000 euros est vite dépassé et la fondation du Puy du Fou, présidée par Philippe de Villiers, l’achète.
Nous parlions un peu plus haut de deux bagues. Oliviez Bouzy, directeur scientifique de l’Historial du centre Jeanne d’Arc d’Orléans fait la remarque que les minutes du procès de Rouen décrivent un anneau en laiton. Or, celui qui a été vendu est en argent. Par contre, il porte des inscriptions attestant qu’il s’agirait bien d’un bijou du XVe siècle ("IHS MAR" pour "IHeSus MARia"). S’agit-il bien de celui que l’évêque Cauchon a dérobé à la jeune guerrière ? Pas sûr. Il pourrait s’agir – ce que le Président du Puy du Fou reconnaît – du premier bijou – en argent donc – qui a été volé par les Bourguignons lors de la capture de la Pucelle à Compiègne.
En 2016, cette affaire d’anneau de Jeanne remet donc au goût du jour la tradition des reliques, objets à l’historicité plus ou moins douteuse, vénérés pour des raisons parfois autres que religieuses. Pour l’heure, Philippe de Villiers s’est mis la bague au doigt et n’entend pas de sitôt voir cet objet hors du commun lui échapper : "Mon Précieux !" comme le dirait Golum dans Le Seigneur des Anneaux.