Musique ••• Chanson ••• Eva Marchal, 88
Comics Nietzsche
Nietzsche en bandes dessinées... Oui, vous avez bien lu : c'est d'un comics sur "le philosophe au marteau" dont je vais vous entretenir, avec Michel Onfray pour le texte et Maximilien Le Roy pour les illustrations.
En quelques 130 pages, toute la vie et l'œuvre de Friedrich Nietzsche sont passées au crible : son origine dans une famille protestante, ses débuts brillants en philologie à l'université de Bâle, l'influence de Schopenhauer, ses essais largement ignorés lors de leur publication (Humain, trop Humain, Ainsi parlait Zarathoustra, Ecce Homo...), ses relations amicales puis sa brouille avec Richard Wagner, sa relation tumultueuse avec Lou Andreas-Salomé, la construction de ses grandes théories (l'éternel retour, la mort de Dieu, l'influence des philosophes antiques, l'idéal d'un nouvel humanisme, etc.), les dernières années de réclusion et de maladie du philosophe (le fameux cheval de Turin), lorsque son œuvre commence à être lue et reconnue dans le monde.
Michel Onfray choisit de consacrer une partie de cette bande dessinée à la légende noire d'un Nietzsche antisémite et théoricien d'une race "supérieure" (le fameux Surhomme). Il est rappelé que rien n'est plus éloigné des idéaux de ce philosophe indépendant, solitaire, admirateur des philosophes antiques, traumatisé par la guerre de 1870, antimilitariste, voyageur européen amoureux de l'Italie et ennemi de toute forme de nationalisme et de racisme. Nietzsche s'est d'ailleurs brouillé avec Wagner, comme avec sa propre famille, en raison justement de leur antisémitisme. Les auteurs rappellent du reste que c'est sa propre sœur qui a galvaudé son œuvre, jusqu'à créer des textes apocryphes (La Volonté de Puissance), faisant de Nietzsche l'incarnation d'un philosophe à la réputation noire. Une réputation injuste que les auteurs contribuent à rétablir avec talent et persuasion dans cette bande dessinée.
Maximilien Le Roy et Michel Onfray, Nietzsche, se créer Liberté,
éd. Le Lombard, 2010, 129 p.