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L'âge d'or de la série télévisée que nous traversons – car il s'agit bien d'un âge d'or à l'échelle mondiale, alimenté essentiellement par de grandes chaînes américaines (HBO, Showtime pour l'essentiel) – nous offre régulièrement des créations originales tenant la dragée haute aux productions cinéma.
Prenez The Affair, dont la chaîne Canal+ diffuse en ce moment la première saison. Il est question dans cette série (dont je n'ai pu voir pour le moment que les premiers épisodes) d'une histoire d'adultère somme toute tristement banale et cruelle. Noah Solloway (interprété par Dominic West), professeur d'université new-yorkais et romancier coule une vie ordinaire avec sa femme et ses quatre enfants. Le spectateur découvre la vie trépidante et pas toujours drôle de cette famille bien installée : deux adolescents insupportables et cruels (une scène de "suicide" au début du premier épisode est digne de rester légendaire !), deux enfants en bas âge très – trop – envahissants, une femme sûre d'elle mais sans grande fantaisie (et un brin castratrice), un beau-père à l'autorité pesante. C'est d'ailleurs chez ce fameux beau-père riche et influent grâce à sa réussite dans le monde des livres et du cinéma, que toute cette petite famille se retrouve pour des vacances estivales, à Montauk. Dans cette station balnéaire, Noah fait la connaissance d'Alison Lockhart (Ruth Wilson), une jeune femme, mariée elle aussi. Cette simple serveuse tente de se relever d'un terrible deuil – la mort d'un enfant quelques années plus tôt. Le coup de foudre est annoncé entre ces deux personnes que tout semble opposé – un homme brillant à la réussite apparente et une femme modeste et brisée.
Voilà un pitch apparemment classique. Sauf que les partis pris plutôt audacieux des auteurs de cette série méritent que l’on s’intéresse à The Affair.
Tout d'abord, l'histoire de cette liaison est commentée par les deux protagonistes dans un commissariat de police, devant un inspecteur bienveillant. Le titre de cette série, comme d'ailleurs les dialogues en off, indiquent que ce dont il est question est une affaire – crime, accident ou suicide ? – dont le spectateur ignore tout, si ce n'est que Noah et Alison sont a priori interrogés en tant que témoins. L'autre parti pris, bien plus original, est de proposer dans chaque épisode deux versions des mêmes événements considérés du point de vue des deux protagonistes. Des versions sensiblement différentes, se jouant parfois sur des détails. Où est la vérité de cette étrange affaire ? Réponse à la fin de cette saison... ou pas.
L'histoire du cinéma est riche de ces films qui n'ont jamais vu le jour... Plus que dans n'importe quel art, il existe une histoire alternative et parallèle du cinéma qui a vu des passionnés s'intéresser à des films qui ne sont jamais sortis. L'ouvrage de Simon Braund, Les plus grands Films que vous ne verrez jamais, fait le point sur ces projets avortés.
Les raisons de ces œuvres inabouties sont diverses : décès du réalisateur, désaccords entre artistes et producteurs, contextes historiques et sociologiques, adaptations impossibles ou projets trop ambitieux pour être menées à bout.
En introduction, l'auteur rappelle avec justesse que la sortie d'un film est en soi un miracle, tant la difficulté est grande de voir un scénario prendre vie sur grand ou sur petit écran. Le long-métrage Les Dents de la Mer (1975) est cité en exemple : scénario mal ficelé, budget dépassé, metteur en scène inexpérimenté (Steven Spielberg n'en était qu'à son deuxième film), effets spéciaux défaillants, techniciens et acteurs peu motivés et instillant une ambiance délétère sur les plateaux. Et pourtant, au final, Les Dents de la Mer a connu le succès exceptionnel que l'on connaît et propulsé son réalisateur comme un artiste majeur.
Mais à côté de ce succès, ce livre répertorie ces films qui n'ont jamais vu le jour : le Napoléon de Charlie Chaplin (Return from St Helena), un Jésus de Carl Dreyer (1949), La Genèse de Robert Bresson (1963) - l'un des rares réalisateurs français cité dans ce livre avec Henri-Georges Clouzot pour L'Enfer (1964) -, La Tempête de Michael Powell (1975), Dune d'Alejandro Jodorowsky (1977), Night Skies de Steven Spielberg (1980), Moon Over Miami de Louis Malle (1982), Leningrad de Sergio leone (1989), Nostromo de David Lean (1990), Crusade de Paul Verhoeven sur lequel a également travaillé Arnold Schwarzenegger (1995), Superman Leaves de Tim Burton (1998), Batman: Year One de Darren Aronofsky (2000), To the white Sea des frères Cohen (2002), The Lady from Shangai de Wong Kar-wai (2005), Gladiator 2 de Ridley Scott (2006) ou Potsdamer Platz de Ridley Scott. Ce sont quelques-uns des titres de films qui ont failli voir le jour mais qui ont été abandonnés (provisoirement ou définitivement) par leurs créateurs.
Parmi les auteurs maudits figure en bonne place Orson Welles dont les projets cinématographiques ont été, hélas, légion : It's all True (1942), Don Quixote (1969), Le Marchand de Venise (1969), The Other Side of the Wind avec John Huston et Dennis Hopper (1973) et The Cradle with Rock (1984)
Dans toute cette liste de films inachevés, très souvent de réalisateurs confirmés, il en ressort quelques-uns du lot, en raison de leur histoire légendaire.
Un autre film est entré dans l'histoire : Something's Got to Give de George Cukor avec Marilyn Monroe, décédée pendant le tournage (1962). 37 minutes ont été dévoilé au public en 1990 et l'auteur ne désespère pas que la magie des effets spéciaux numériques permettra un jour de voir le film terminé.
Les fans de Hayao Miyazaki seront sans doute surpris d'apprendre que le réalisateur japonais a eu pour projet en 1971 de réaliser une adaptation du classique Fifi Brindacier (La Fille la plus forte du Monde). Encore peu connu à l'époque, Miyazaki se voit déposséder de ses droits à l'adaptation par l'auteure elle-même, Astrid Lindgren. Cependant, ajoute Simon Braund, tous les films de l'animateur semblent s'inspirer de la célèbre fillette à la force surhumaine.
On ne peut pas passer non plus sous silence le projet de science-fiction A Princess of Mars de Bob Clampett (1936). Une adaptation sera finalement faite par les studios Disney sous le titre John Carter (2012), qui sera aussi l'un des plus grands bides de l'histoire du cinéma.
De tous les films répertoriés, il en est un qui un sort particulièrement du lot. Et paradoxalement, il s'agit d'un long-métrage qui a été terminé, existe en copie mais que le public ne verra sans doute jamais. Il s'agit de The Day the Clown Cried de Jerry Lewis. Tourné en 1972, ce drame interprété par Jerry Lewis lui-même, suit les pérégrinations d'un clown allemand pendant la seconde guerre mondiale, chargé de distraire des enfants que l'on conduit vers les chambres à gaz. Cette histoire a des points communs avec La Vie est belle de Roberto Benigni (1997). Mais elle en diffère par son traitement caricatural qu'en aurait fait le réalisateur et acteur (le conditionnel est de mise, tant sont peu nombreuses les personnes qui ont visionné le film de Lewis) : "Un film radicalement choquant au pathos et à l'humour déplacés" a t-on pu entendre au sujet de ce "film culte le plus extraordinaire que vous ne verrez jamais."
Concis et passionnant, l'ouvrage de Simon Braund nous gâte avec deux trouvailles éditoriales géniales. Tout d'abord, chaque film est illustré par des affiches conçues par des designers et des illustrateurs, donnant vie à ces projets qui n'ont jamais vu le jour (en illustration de cet article figure une représentation de The Lady from Shangai de Wong Kar-wai). Ensuite, l'auteur nous propose, sur une note de 0 à 10, la chance qu'a chaque film de sortir un jour.
On pourra certes critiquer l'aspect arbitraire et subjectif de ce choix mais il reste tout de même intéressant en ce qu'il nous propose quelques beaux projets à venir : Ronnie Rocket de David Lynch, Megalopolis de Francis Ford Coppola, The Captain And The Shark de Barry Levinson, White Jazz de Joe Carnaham, Black Hole de David Fincher (une adaptation de la BD de Charles Burns), The Trial of the Chicago Seven de Spielberg mais aussi Franck or Francis de Charlie Kaufman, qui "a plus de chances de sortir que n'importe quel autre film de ce livre."
À noter que depuis la sortir de ce livre (en 2013) le film satirique et "maudit" Nailed de David O. Russell devrait finalement sortir en 2015 sous le titre Accidental Love, avec comme réalisateur un certain Stephen Greene, alias David Russell qui a porté cette oeuvre contre vents et marées : un film qui ne devait jamais sortir et que finalement nous pourrons voir.
Simon Braund, Les plus grands Films que vous ne verrez jamais, éd. Dunod, 2013
La chaîne d'info BFM a diffusé le 13 juillet dernier un reportage sur l'histoire de cette sous-préfecture du Loiret qui est considérée comme le berceau de la "Chine nouvelle".
C'est là qu'au début du XXe siècle de jeunes Chinois, venus étudier et travailler, se sont formés politiquement et idéologiquement, au point d'imaginer la fondation d'un parti communiste dans leur pays. Parmi ces jeunes Chinois figuraient de futurs dirigeants et idéologues tels que Cai Hesen, Zhou En Lai et Deng Xiaoping.
Regardez quelques secondes l'illustration de cet article. Ce pictogramme ne vous dit rien ? Je vous aide : il symbolise un film célèbre et multiprimé, interprété par Leonardo di Caprio et Kate Winsley. Vous y êtes : ce pictogramme symbolise le long-métrage Titanic, réalisé par James Cameron et sorti en 1997...
Résumer en quelques coups de crayon 150 films aussi cultes que Metropolis, Jurassic Park, Taxi Driver, Les Dents de la Mer (vidéo ci-dessous) ou La Fièvre du Samedi Soir est un tour de force qui vont ravir tous les fans de cinéma. Dans leur ouvrage 150 Films en Bref, Matteo Vivaschi, Gianmarco Milesi et le studio de design italien H-57 ont repris l'idée de leur précédent ouvrage (180 Histoires en Bref) : résumer un film en cinq secondes (Film in Five Seconds est le titre original). L'objectif est, comme le disent les auteurs en introduction, de supprimer le maximum d'informations "en ne gardant que l'essentiel en quelques pictos".
Utiliser la pictologie pour parles des 101 Dalmatiens peut être simple ; la chose devient moins évidente pour Inglorious Basterds, Inception ou Shining. Et que dire de la saga en trois films du Seigneur des Anneaux, mise en image de manière extrêmement concise... et géniale !
Le pari est au final tenu et largement gagné, au point que le lecteur pourra tout autant lire ce livre de la première à la dernière page que s'en servir pour jouer et défier ses amis. Au fait, et vous ? Comment résumeriez-vous en pictogrammes Le Magicien d'Oz ?
Matteo Vivaschi, Gianmarco Milesi et H-57, Pictologies, 150 Films en Bref, éd. Prisma, 192 p.
Parmi les personnalités fortes de la chanson française figure GiedRé.
On donnerait le bon Dieu sans confession à cette pimpante et (fausse) candide blonde, originaire de Lituanie, arrivée dans le pays de Rabelais dès sa petite enfance. Aujourd'hui, elle est en passe de réussir à faire entendre sa voix à travers une démarche artistique originale qui gagne à être connue.
Car GiedRé – de son vrai nom Giedré Barauskaitsē. – a tracé un sillon relativement peu exploité dans la chanson française : celui de la grivoiserie – un choix encore plus rare chez les femmes. D'autres artistes avant elle s'étaient essayés avec plus ou moins de bonheur, à commencer par Serge Gainsbourg (Love on the Beat).
Le piège de ce genre de répertoires est de s'enferrer dans des compositions et des interprétations lourdes, pour ne pas dire putassières. Or, rien de tout cela avec GiedRé. Que l'on accroche ou pas à cette chanteuse atypique, on ne peut qu'admettre son audace, son sens de la provocation et cette manière candide d'aborder des thèmes graves ou sulfureux (la prostitution, le suicide, la sodomie ou le handicap). Les sujets de GiedRé ne font pas dans la dentelle : On Fait Tous Caca, L'Amour Par Derrière ou Meurs. Derrière ces choix, il y aussi le travail artisanal, la précision des textes, la délicatesse de la voix mais aussi l'engagement féministe de GiedRé (Toutes Des Putes).
J'ai évoqué le terme d'artisanal. Il n'est pas galvaudé. La chanteuse travaille seule, trace son sillon avec pugnacité (six albums produits en deux ans !) et sans se soucier de la bienséance. Elle n'a souvent pour tout accompagnement qu'une guitare sèche et une boîte à rythmes, du moins jusqu'à la sortie du bien nommé Mon Premier Album Avec D'Autres Instruments Que Juste La Guitare (2014). De même, jusqu'à récemment, outre l'auto-production (couronnée de succès), elle assurait elle-même la distribution de ses disques grâce à son site Internet, faisant ainsi la nique aux maisons de disques.
GiedRé a cependant vu les festivals et les plateaux de télévision lui ouvrir leurs portes, en dépit de sa réputation sulfureuse. Car derrière la truculence se cache un talent exceptionnel mais aussi un engagement certain (Pisser Debout, Ode à la Contraception, Et Toc). La grivoiserie au service de nobles causes, en somme.
GiedRé, Mon Premier Album Vendu Dans Les Vrais Magasins, 2013 GiedRé, Ma Première Compil', 2014 GiedRé, Mon Premier Album Avec D'Autres Instruments Que Juste La Guitare, 2014 http://www.giedre.fr
Les fans de Game of Thrones ("GOT " pour les initiés) auront certainement à cœur de se procurer ce petit livre, qui est plus un clin d'œil à un des personnages majeurs du Trône de Fer (voir aussi cet article) qu'un véritable apport à cette saga au succès exceptionnel.
Ce qui est proposé dans ce livre, intitulé Maximes et Pensées de Tyrion Lannister et mis en page comme un vieux grimoire (au format livre de poche tout de même...), est une série de citations de Tyrion Lannister, le personnage favori de George RR Martin (comme d'ailleurs de nombreux fidèles de la saga de fantasy).
Soyons francs : si certains propos du brillant et célèbre nain sont d'une belle pertinence, d'autres ont d'abord pour qualité de rappeler ses faits d'armes et ses dialogues les plus savoureux. En quatorze thèmes (le nanisme, l'amour, la famille, la politique, la guerre, le mensonge ou la religion), Tyrion Lannister se fait, sinon philosophe, du moins subtil et perspicace. Je ne peux m'empêcher de citer ces trois mots d'esprit : "Les meilleurs mensonges s'assaisonnent d'une pincée de vérité", "La mort a quelque chose d'effroyablement définitif. La vie, elle, ouvre sur d'infinies possibilités" et "On se lasse ne n'avoir pour maîtresse que ses phalanges".
Vous voulez briller en société grâce à quelques mots d'esprit ? Les maximes de Tyrion Lannister devraient faire votre affaire.
Scott Ross, je l'ai découvert il y a quelques années, à la faveur d'une pièce d'Antoine Forqueray, Jupiter. Un choc inoubliable ! Dès la première écoute, l'auditeur est happé par la puissance de cette interprétation.
Scott Ross, claveciniste américain décédé en France du VIH à l'âge de 38 ans, détonnait par son look de rock-star et a contribué à populariser le clavecin. Oublions deux secondes son allure vestimentaire. Comme pour Glenn Gould, décédé six ans plus tôt (voir aussi cet article), c'est autant ses postures qui ont séduit ses contemporains que ses interprétations inspirées du répertoire baroque. Des interprétations colorées et dépoussiérant un genre considéré à tort comme élitiste et ringard. Grâce à Scott Ross, le clavecin n'était plus cet objet intimidant et vieillot mais un instrument moderne, plein de fougue et de couleurs.
Un disque paru chez Erato, un enregistrement compilant des œuvres de Bach, Scarlatti, Haendel et Soler (mais pas Forqueray) permet de se faire une idée du génie de Scott Ross, l'homme qui est parvenu à faire du clavecin un instrument tour à tour divin et démoniaque.
L'album rassemble des pièces peu connues du grand public, à l'exception peut-être du Concerto italien de Bach. Scott Ross y étale sa virtuosité, son sens du rythme et sa fougue. La Sonate en ré mineur K9 de Domenico Scarlatti invite à découvrir le compositeur fétiche de Scott Ross, qui enregistra ses 555 sonates pour clavecin (en 1984, Ross en écrivit et en interpréta une 556e, un pastiche qui mystifia le public de l'époque). Alors que la passacaille de la Septième Suite de Haendel propose un moment contemplatif, l'air de la Cinquième Suite allie l'assurance à la vivacité. Cet album de compilation de Scott Ross, une excellente introduction à cette "rock-star du clavecin", se termine par deux pièces enlevées et mélodieuses d'Antonio Soler, un compositeur classique espagnol redécouvert par Scott Ross.
Fermez les yeux, plongez dans ce disque et redécouvrez celui qui reste le plus Français des interprètes américains.
Cette fin de semaine a été marquée par un coup de tonnerre médiatique (ou un coup de bluff ?) qui a mis la fièvre dans le monde des médias et sur les réseaux sociaux. Il ne s'agissait ni plus ni moins que l'annonce de la fin programmée des Guignols de l'Info à partir de septembre 2015.
Cette émission, symbole de liberté d'expression et d'impertinence, était peu appréciée par le grand patron de la chaîne cryptée, Vincent Bolloré, également dirigeant du groupe Vivendi (voir cet article). Les justifications d'ordre économique - coût de l'émission, masse salariale - n'ont rendu personne dupe que ce choix tenait plus à des choix personnels, à un désir de marquer les esprits comme à une stratégie punitive face à des marionnettes emblématiques et réputées pour leur (trop grande ?) liberté.
Voir les célèbres Guignols de Canal+ disparaître du petit écran a vu se lever comme un seul homme des milliers d'Internautes. Déjà, des groupes de soutien se formaient sur les réseaux sociaux, alors que d'autres chaînes de télévision (M6 et France Télévision en tête) se déclaraient prêtes à accueillir les transfuges en latex - sans oublier leur équipe d'auteurs, d'animateurs et d'imitateurs. Si Canal+ faisait ce choix, nul doute que la chaîne perdait leur émission la plus célèbre et transformait ce choix économico-stratégique en accident industriel !
Revirement donc ce vendredi : non, les Guignols ne disparaîtront pas - pour l'instant ? - des grilles de programme de la chaîne cryptée ! Tout le monde peut respirer ? Pas si sûr. Car au milieu des luttes d'influence pour la reprise en main de Canal (démission du directeur général Rodolphe Belmer, remplacé par Maxime Saada), c'est bien l'avenir de la chaîne qui est en jeu.
Lorsque Vincent Bolloré affirmait il y a quelques mois que l'esprit Canal "c'est parfois un peu trop de dérision" (France Inter, 12 février 2015), il annonçait en filigrane une remise au pas de la chaîne, priée d'un peu plus de bienséance et d'un peu moins d'impertinence. Fini de rigoler, donc. Y compris pour les fidèles de la chaîne comme pour les abonnés (qui paient au prix fort leur adhésion, rappelons-le). Car si les Guignols feront au moins une saison supplémentaire (du moins si tout va bien), tout reste ouvert pour la grille de programme : diffusion hebdomadaire et non plus quotidienne pour les marionnettes satiriques, passage des Guignols en crypté, censure ou autocensure régie en règle...
Disons pour être optimiste que la survie des célèbres marionnettes (PPDA, le commandant Sylvestre ou Sarkozy - l'ami de Bolloré souvent égratigné par les Guignols) est assurée. Cependant, l'avenir est sombre pour d'autres programmes de la chaîne privée. Ainsi, la suppression du Grand Journal, l'autre émission emblématique de Canal+, semble avoir été actée (voir ici), et ce n'est sans doute que le début d'une révolution de palais.
La recherche de respectabilité et surtout le souci de faire de Canal+ un outil médiatique puissant au service de Vivendi, risque bien, à terme, de lasser les abonnés de la chaîne cryptée comme les spectateurs amoureux des Guignols ou du Petit Journal de Yann Barthès.