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Carmen ou comment fabriquer un opéra
Rendre l’opéra accessible à tous est la petite ritournelle qui ne mange pas de pain et qui semble faire l’unanimité. Par contre, dès qu’il s’agit de la mettre en application…
Depuis 2006, sous la houlette de Jacques Attali, La Fabrique Opéra a retroussé ses manches et s’est attelée à un projet qui mérite d’être salué. Le principe ? Monter un opéra de A à Z grâce à l’économie participative, au maillage associatif et à toutes les bonnes volontés. L’objectif est également de populariser un genre n’ayant – hélas ! – pas les faveurs des jeunes générations.
Ce projet a démarré à Grenoble et entend bien essaimer partout en France et encourager la production d’opéras. En entendant Orléans courant 2016, La Fabrique Opéra Toulouse proposera quatre représentations de Carmen de Georges Bizet au Zénith de Toulouse les 3, 4, 8 et 9 mai 2016.
Parler d’opéra collaboratif et populaire n’est pas un vain mot. Le concept de La Fabrique Opéra est d’ouvrir la création d’un opéra de A à Z à tous. Puisque le spectacle lyrique est souvent impuissant à faire venir de nouveaux publics, c’est ce nouveau public qui est invité à investir et gérer un domaine considéré – à tort ou à raison – comme élitiste.
Monter un opéra : ce projet fou est désormais accessible à tous. Ainsi, à Toulouse près de 400 élèves issus de filières professionnelles, répartis sur 10 établissements de la région, sont chargés de créer de toute pièce un spectacle de Carmen : décors, costumes, coiffures, communication, selon leurs domaines de prédilection. La Fabrique Opéra peut s’enorgueillir d’accueillir parmi ses publics 50 % de néophytes et 30 % de moins de 40 ans (et 62 % viennent en famille) : des chiffres qui feraient pâlir les opéras Garnier, Bastille et consort.
À cela s’ajoute un mode de financement original : 65 % du budget repose sur la billetterie. Le reste vient d’un mécénat très large – grands groupes, fondations, ministère de l’Éducation nationale, associations – mais aussi du crowdfunding. "Le modèle économique de La Fabrique Opéra permet de proposer des places au tarif moyen raisonnable (autour de 37€), soit moitié moins qu’un opéra traditionnel", apprend-on également sur le site de La Fabrique Opéra.
Côté spectacle maintenant, les créateurs du Carmen qui sera produit à Toulouse, n’entendent pas mégoter sur la qualité. Stéphane Roche, du Capitole, de Toulouse, est chargé de la mise en scène l’opéra de Bizet. Stanislas de Monredon, chef d’orchestre de La Philharmonie de Toulouse, sera à la direction. Giuseppina Piunti endossera le rôle redoutable et sulfureux de Carmen. Elle côtoiera notamment Luca Lombardo (Don José), Julia Kogan (Micaëla) et Yann Toussaint (Escamillo).
Une jolie distribution pour un projet ambitieux. Rarement l’expression "rendre l’opéra accessible" n’a paru aussi adéquate.
Carmen de Georges Bizet, Zénith de Toulouse, 3, 4, 8 et 9 mai 2016
http://www.lafabriqueopera.com
Commentaires
" Le but du projet est de démocratiser et rendre accessible l'opéra à un
jeune public ..."oui, enfin ça c'est la façade ...l'envers du décors de la Fabrique Opéra parait un peu moins reluisant , on ne peut que s'interroger par exemple sur le principe de franchise associative, et sur le montage financier et les risques associés...sans parler de l'exploitation "à fond" des amateurs et bénévole, sans d'ailleurs le minimum du respect et dialogue que ceux-ci seraient en droit d'attendre de la part de la Fabrique Opéra ; la Fabrique Opéra nationale s'était pour info pratiquement désengagée depuis Janvier , mais n'a pas jugé opportun d'en informer les bénévoles, ni les pros (sic : pour des raisons purement juridique, en faisant donc fi de l'aspect humain pour des centaines de lycéens et amateurs) .
Quand à la Fabrique Opéra Toulouse, suite à l'annulation par un mail on ne peut plus froid, dans lequel Jean-Claude Boussenat se disait à disposition pour en parler, on attend toujours ses explications plus d'un mois après l'avoir sollicité...mais cela n'est guère étonnant, tant la Fabrique Opéra Toulouse est aux abonnés absents avec les bénévoles depuis le début du projet.
Oui, ce projet quoique de qualité avec des pros, me paraît reposer sur des principes "low-cost" ,avec ce que cela peut avoir de détestable, et je comprends parfaitement qu'un professionnel ayant à coeur de défendre son métier puisse s'insurger contre un modèle qui tire la filière artistique vers le bas, sans pour autant "démocratiser" l'opéra; au fait, l'acoustique du Zenith pour un opéra classique, vous connaissez ?quand in prétend faire de la qualité, on ne choisit pas le Zenith pour ce type de spectacle... à moins de vouloir faire de la quantité (d'entrées payantes)