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Jessie, la femme frigo

Jessie, le personnage du roman éponyme de Stephen King s'apprête à passer un week-end en amoureux avec son mari. Sauf qu'une partie de jambe en l'air finit en tragédie. Notre chroniqueur de L'Œil du frigo ne va pas nous parler de l'intrigue de ce thriller mais d'un frigo au début du film. De quoi se pourlécher les babines.  

Voici Jessie, femme frigo par excellence, qui se penche sur de la viande et s'en découpe un morceau. Magnifique film tiré d'une nouvelle de Stephen King qui, de façon très abrupte, parle des traumatismes de l'enfance avec toujours cette petite partie de fantastique qui donne une épaisseur au récit.

Carla Gugino vit une liberté dans sa démarche quand elle est au bord de la mer : on la sent libre, elle vogue au dessus du sable. Dès qu'elle rentre en contact avec le frigo, puis la chair, la viande, rien ne va plus. L'étrange se met en place. Comme si, tant qu'elle est emballée, cette magnifique tranche de bœuf reste inoffensive, mais dès qu'elle la sort du frigo et dès qu'elle la tranche, on sent son rapport au corps se dégrader, se trancher. L'opposition de son alliance et de la viande n'est pas là pour rien. La protection du frigo est essentielle, furtive mais bien présente. Elle ne prend pas la peine de découper la salade, l'ananas ou de se prendre une bière. Non : avec son visage qui se fige juste un instant avant de se saisir de la viande, elle choisit le paquet qui dans l'ensemble de l'histoire résume le film. Une fois de plus, dès son ouverture, le frigo lie les aliments et les protagonistes dans l'histoire que l'on va vivre. Jessie va, elle aussi, se déballer et trancher dans le vif !

Evidemment je ne vais pas vous raconter tout le film, parce que je sais que vous allez le voir, mais ce frigo du début est un vrai bonheur. Personnellement, je ferai bien rissoler quelques échalotes puis une gousse d'ail écrasée. Ensuite, y ajouter un bon verre de vin et faire réduire le tout. Faire griller les tranches de viande pour qu’elles restent saignantes puis les servir avec cette sauce et un peu de thym par dessus. Ne pas rajouter d'accompagnement : la salade dans le frigo suffira pour que ce goût reste impérial sur le palais. Enfin, finir par un carpaccio d’ananas flambé au cognac. On choisira de manger ce magnifique framboisier pour le goûter. Le seul mauvais goût de ce frigo est la bière. Mais bon c'est l'Amérique : alors forcément...

Il n'y pas de fioriture dans ce frigo, c'est un frigo de week-end. Juste de la nourriture posée et qui doit être dévorée dans les plus brefs délais. C'est bien pour cela que nous n'avons pas de plan sur la porte du frigo. Rien à faire des condiments : il n'y en a pas. Pas de vieux pot de cornichons entamé, pas de ketchup, pas de moutarde aux quatre saveurs et encore moins de sauce soja périmée.

Le récit saignant tant pour l'âme que pour le corps est en route. Bon, je vous laisse : j'ai faim.

ODF

Jessie, thriller de Mike Flanagan
avec Carla Gugino et Bruce Greenwood
États-Unis, 2017, 103 mn

Voir aussi : "L’‎Œil du Frigo débarque sur Bla Bla Blog"
"Jessie Frigo"

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