Musique ••• Classique ••• J.S. Bach, The English Suites, Zhu Xiao-Mei
Chacun cherche son âne
Le spectateur d’Antoinette dans les Cévennes, la formidable comédie de Caroline Vignal avec Laure Calamy dans le rôle-titre, ne devrait pas passer à côté de l’influence majeure du scénario : un autre voyage dans les Cévennes en 1879 effectué par l’écrivain écossais Robert Louis Stevenson et qu’il a conté dans son récit Voyage avec un Âne dans les Cévennes.
Près de 150 ans plus tard, c’est la pétillante Antoinette, institutrice de son état, qui s’embarque dans une drôle d’aventure après qu’elle ait appris que son amant Vladimir – qui est aussi le parent d’une de ses élèves – est parti dans les Cévennes avec sa femme, sa fille et un âne. Ces vacances contrarient la jeune femme, folle amoureuse de cet homme marié et avec qui elle a des projets pour l’été. Sur un coup de tête, elle part elle aussi dans les Cévennes pour rejoindre son bien-aimé. Arrivée sur place, on lui confie pour son voyage Patrick, un âne.
Sur une histoire des plus simples – une jeune femme part en pleine cambrousse surprendre son amoureux – Caroline Vignal a construit une délicieuse comédie portée avec talent, justesse et humour par Laure Calamy que l’on avait découverte dans la série Dix pour cent.
L’âne Patrick fait écho à l’amant Vladimir, bien plus têtu
Antoinette est sur tous les plans de cette histoire d’une amoureuse éconduite marchant sur les pas de Robert Louis Stevenson. Astucieusement, très tôt dans le film, la réalisatrice et scénariste fait dévoiler à des touristes ébahis ce projet de voyage, transformant du même coup cette Antoinette en héroïne locale au fur et à mesure de son excursion.
Le voyage dans cette superbe nature cévenole devient le cœur du récit, à telle enseigne que les retrouvailles des deux amants ont lieu assez tardivement dans le récit – et en mettant cette fois l’épouse trompée en avant. Les kilomètres passés sur le GR® 70 ("le chemin de Stevenson") devient aussi pour Antoinette un périple initiatique – et drôle – entrepris par l’institutrice à la fois sensible, fantaisiste, passionnée et sacrément culottée. La relation qu’elle finit par nouer avec son compagnon, l’âne Patrick, parvient à nous toucher. Sans doute aussi parce que l’animal fait écho à l’amant Vladimir, bien plus têtu.
Pour Antoinette dans les Cévennes, Laure Calamy a obtenu cette année un César mérité pour son interprétation inoubliable.
Antoinette dans les Cévennes, comédie française de Caroline Vignal,
avec Laure Calamy, Benjamin Lavernhe et Olivia Côte, 2020, Canal+
https://www.unifrance.org/film/48231/antoinette-dans-les-cevennes
https://www.canalplus.com/cinema/antoinette-dans-les-cevennes
Voir aussi : "Un dernier 10%"
"S’il vous plaît, rembobinez"
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