Musique ••• Chanson ••• Eva Marchal, 88
Lumineuse secte
Il ne reste que quelques jours pour découvrir sur Canal+ l’étrange et traumatisant Midsommar d’Ari Aster, avec Florence Pugh dans le rôle de Dani, cette jeune femme catapultée dans un monde faussement utopique.
Le sujet de ce long-métrage américano-suédois est assez rare pour être souligné : les sectes.
Le film démarre avec des couleurs et une atmosphère sombre : Dani apprend la mort brutale de ses parents et de sa sœur dans ce qui ressemble à un suicide collectif. La jeune femme est bouleversée et ce n’est pas la présence de Christian, son fiancé qui peut l’apaiser. Entre eux, les relations sont pour le moins fraîches et le jeune homme l’aurait sans doute quittée sans cet événement tragique.
Histoire de montrer sa bonne volonté, il lui propose, sans y croire vraiment, de l’inviter en Suède pour assister à un festival atypique se déroulant tous les 90 ans. Dani y découvre une petite société accueillante mais aussi inquiétante.
La lecture symbolique d’un couple en train de se dissoudre
Ari Aster imagine une communauté coupée du monde dans une région où le soleil ne se coupe pas, en faisant le choix de la lumière surexposée et des couleurs. C'est la grande idée du film. Il s’agit d’un parti-pris esthétique pertinent puisque ce que vont découvrir Dani, Christian et leurs amis c’est un cauchemar indicible, avec en particulier des scènes marquantes, y compris pour le spectateur.
C’est patiemment, et avec une sérieuse dose de perversité, que le réalisateur déroule son récit commençant à la manière d'un thriller – la mort d’une famille – et se terminant comme un conte cauchemardesque lumineux et fleuri.
Non sans humour noir et cynisme, Ari Aster fait de ce cauchemar une revisite des films d’horreur tout autant que la dénonciation des dérives sectaires sur fond de peur apocalyptique et d’un désir de retour à la pureté et à la nature. Et tant pis si cette quête primitive est justifiée par un discours lénifiant et pseudo-philosophique. Ari Aster fait de ses deux personnages principaux, Dani et Christian (deux prénoms bibliques soit dit en passant), les otages, consentants ou non, d’un milieu terrifiant. Le spectateur pourra aussi faire de Midsommar la lecture symbolique d’un couple en train de se dissoudre. Ce qui n'enlève rien au caractère horrible de cette expérience.
Midsommar, drame horrifique américano suédois d’Ari Aster, avec Florence Pugh, Jack Reynor, William Jackson Harper et Will Poulter, 2019, 147 mn
https://a24films.com/films/midsommar
Voir aussi : "Homme fatal"
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