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Comme chaque année, Bla Bla Blog va proposer très bientôt le bilan de l'année 2021 : quelles publications ont fait le plus parlées d'elles, qu'est-ce qui vous a intéressée et quelles œuvres et artistes sont ressortis de vos préférences ?
Ce bilan promet de réserver quelques surprises. Je ne vous en dis pas plus.
Pour présenter son dernier spectacle consacré aux Lettres de mon Moulin d’Alphonse Daudet, c’est son interprète Philippe Caubère qui en parle le mieux : "Je veux amuser et distraire en plongeant le spectateur dans le monde ancien, à la fois merveilleux et cruel, d’Alphonse Daudet. Il y a quelque chose de très romantique chez lui, et je veux que ce monde soit restitué comme si l’on entrait dans un film. Je vais donc jouer treize de ces histoires – réparties en deux spectacles – en incarnant le narrateur, Daudet, et tous ses personnages – la chèvre, le curé du Cucugnan, le bon Dieu…"
Il faut préciser en préambule que ces Lettres de mon Moulin, devenu un classique de la littérature française, suit une période d’échecs relatifs d’Alphonse Daudet, après la publication du Petit Chose. Le succès de ces contes et nouvelles, souvent teintées de mélancolie et même d’ironie, ne s’est jamais démenti. Les voir sur scène est une autre manière de les découvrir ou de les redécouvrir.
Philippe Caubère s’est attelé à cette tâche. On connaît l’appétence de cet artiste pour le répertoire classique (Dom Juan de Molière, Lorenzzaccio de Musset et à la télévision son interprétation de Molière dans le biopic d’Ariane Mnouchkine).
Un projet théâtral en deux volets
Mais l’artiste est aussi l’interprète de sa propre œuvre, Le Roman d’un acteur, auquel il a consacré dix ans de sa carrière sur scène. Composée de onze spectacles, elle raconte l’apprentissage artistique et sentimental du jeune Ferdinand Faure - alter ego de Caubère – depuis son arrivée au Théâtre. En 2017, Philippe Caubère reçoit Le Prix Plaisir du Théâtre de la SACD, Le Molière du Meilleur Comédien dans un spectacle de Théâtre public et Le Prix du Théâtre de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre dramatique.
C’est à Alphonse Daudet que Philippe Caubère, né à Marseille, s’attaque désormais donc, via un projet théâtral en deux volets.
es jours impairs, la "première soirée" sera consacrée aux textes "Installation", "La diligence de Beaucaire", "Le secret de Maître Cornille", la célèbre "Chèvre de Monsieur Seguin", "L’Arlésienne", "La légende de l’homme à la cervelle d’or", le fameux "Curé de Cucugnan" et "Le poète Mistral".
Pour les journées pairs ("Deuxième soirée), Philippe Caubère interprétera les cinq autres nouvelles choisies : "La mule du Pape", "Les deux auberges", "Les trois messes basses", "L’élixir du révérend père Gaucher" et "Nostalgie de casernes".
Alphonse Daudet se voit ainsi remis en valeur, modernisé et rendu plus vivant que jamais.
Parmi les figures majeures de l’histoire mondiale, celle de Jésus tient une place à part. Personnage-clé, homme fascinant mais à la carrière brève (au plus, trois années d’activités publiques qui ont attiré les foules), n’ayant jamais eu de pouvoir public ni laissé d’écrits directs, Jésus est le personnage de l’Antiquité le plus connu, avant même Socrate dont il partage certains traits communs. L'histoire de Jésus est aussi relativement bien documentée, avec des textes nombreux pour un homme de cette époque.
Roland Hureaux, dans son essai Jésus de Nazareth (éd. DDB), revient aux sources principales que sont les Évangiles. L’auteur le fait avec rigueur, bien loin des lectures plus ou moins révolutionnaires qu’en ont fait avant lui d’autres essayistes. Disons-le : l’étude de Roland Hureaux, en choisissant de ne s’arrêter que sur les quatre Évangiles synoptiques (Luc, Mathieu, Marc et Jean), et en laissant de côté les écrits apocryphes, ne pouvait pas s’éloigner de la vision traditionnelle de celui qui a bouleversé l’histoire de l’humanité.
De la même manière, le linceul de Turin se voit redéfini comme pièce à conviction, comme il l'il l'a été pendant des siècles, en dépit des analyses qui en ont été faites au carbone 14. L’auteur s’en explique d’ailleurs, comme il justifie son choix, à quelques exceptions près, de ne pas s’attarder sur les écrits apocryphes (Évangiles de Thomas, de Philippe, de Judas ou de Marie, Le Rapport de Pilate à l’Empereur ou Le Livre de la Résurrection), qu’il estime, sinon peu fiables du moins (trop) tardifs et souvent sous influence de la gnose, lorsqu’ils ne sentent pas "l’esprit romancé" (Histoire de l’Enfance de Jésus).
C’est aussi l’occasion pour Roland Hureaux de poser la question de l’appartenance ou non de Jésus aux Esséniens
Là où Roland Hureaux se montre passionnant et novateur c’est dans son tableau d’Israël au Ier siècle : les généalogies de Jésus, ses parents, sa naissance (qui est assez peu discutée aujourd’hui, à savoir en -4) et surtout la société et la politique de l’époque. L’écrivain met aussi en perspective la carrière de Jésus avec les écrits de l’Ancien Testament qui auraient annoncé sa venue. Le lecteur de 2021 découvrira les mouvements politico-religieux de cette époque : pharisiens, zélotes, sadducéens, esséniens et tous ces groupes inféodés ou non à l’envahisseur romain. C’est aussi l’occasion pour Roland Hureaux de poser la question de l’appartenance ou non de Jésus aux Esséniens. Sa réponse pourrait bien surprendre aux entournures.
Après un portrait de l’homme Jésus, dont les qualités sont développées, suit une partie importante sur sa prédication, assez courte comme nous l’avons dit. Plutôt que la chronologie, l’essayiste préfère prendre des thématiques en s’appuyant sur de nombreux extraits des quatre Évangiles : le retour aux lois juives, la sagesse, les paraboles ou la place de l’argent. Une autre question, complexe, est posée : quel Messie Jésus est-il ? Une autre partie est consacrée aux miracles, sans toutefois que l’auteur ne tranche sur leur véracité ou non, pas plus qu’il ne le fera plus tard en parlant de la résurrection.
Plus étonnant, Roland Hureaux s’arrête sur le personnage de Paul, qu’il identifie dans une des scènes. L’organisation de Jésus est également décrite avec soin dans un long chapitre, faisant clairement apparaître un embryon de mouvement organisé.
Les deux dernières parties de l’ouvrage, en se consacrant à l’arrestation et à l’exécution de Jésus, font clairement apparaître les responsabilités des notables juifs comme des Romains, dont la cruauté est soulignée et mise en perspective. L’arrêt brutal de la prédication de cet homme mystérieux qu’est Jésus fait dire ceci à Roland Hureaux : "Que Jésus ait été trahi par un des siens [Pierre] puis abandonné par tous ses apôtres sauf un [Jean], montre d’abord la fragilité de l’œuvre qu’il avait tenté d’édifier au cours des quelques mois de sa vie publique". Lorsque Jésus est exécutée, de la pire manière qu'il soit, le mouvement de prédication qu'il a initié semble promis à disparaître. On connaît la suite.
Il y a bien longtemps de ça, dans une tribu bien patriarcale comme il le faut, vivait Tréponème, une intrépide, audacieuse et ambitieuse héroïne qui n’avait jamais pu montrer ses talents de guerrière. Voilà pour la situation du nouveau volume de la saga de BD Débiles & Dragon de Biglio, Manu et Albo (éd. Shockdom). La jeune femme doit à la tradition d’être recluse au village dans des tâches domestiques ou bien servir de concubine. Et être fille du chef Gunman, pas plus évolué que ses congénères mâles, n’est pas forcément un avantage supplémentaire.
Tréponème n’est pas dupe de cette injustice traditionnelle, ce que sa mère Perestrojka dit en ces termes : "Toujours le même merdier. Les hommes chassent. Les femmes s’occupent des huttes. Ou pire encore des morveux". Alors que Perestrojka est invitée à nettoyer la tente du chaman Ötzi, elle apprend de sa bouche la légende d’une guerrière, Fallope, qui a renversé l’ordre patriarcal en ramenant un objet mystérieux, l’œuf d’or du Mégathérium magique. Une statue a été érigée en son honneur, mais cette statue a disparu sous des ronces avec le temps. Retrouver cette statue et renouveler l’exploit de Fallope pourrait bien être la solution du respect du genre féminin.
Anachronismes, humour, clins d’œil aux auteurs, un soupçon d’érotisme
Anachronismes, humour, clins d’œil aux auteurs, un soupçon d’érotisme : ce nouveau volume de Débiles & Dragons n’a pas froid aux yeux. Le tout dans une bande dessinée qui fait alterner les points de vue chronologiques et les héroïnes qui deviennent interchangeables : Tréponème, Perestrojka et Fallope. L’enjeu du récit est une improbable chasse à la statue et d’un animal mystérieux, le Cosmos-Favone, situé dans les profondeurs de Toncoeur (sic). Pour arriver à rétablir l'honneur des guerrières, 100 ans après l’aventure de Fallope, Trémonème aura besoin aussi des hommes, trois guerriers, Dioxine, Houblon et Akkacielle. Ils ne seront pas de trop pour affronter l’ignoble Assioma.
Mais les auteurs font surtout de cette bande dessinée une contribution bourrée d’humour à destination des guerrières de toutes les époques qui s’ignorent, qui n’osent l’être ou bien qui se sentent exclues par un patriarcat toujours présent. Et rien que cela, ça mérite notre respect.
Dans son nouveau single, "Je suis mort", sur le rythme d'un battement de cœur, Romain Lemire parle à la première personne d’un moribond. Il s'agit d’une forme d'inventaire après décès : "Je suis mort et tu es venu / Me gratifier d’un dernier geste / M’adresser un dernier salut / Faire l’inventaire de ceux qui restent".
Sur une chanson murmurée, à l’orchestration soignée et ambitieuse, Romain Lemire déploie un texte dense et d’une grande puissance poétique autant que métaphysique : "Il a plu on a fait avec / On a poursuivi des poursuites/ Et la mort n’est pas un échec / C’est la fin d’une réussite".
Ce brillant single promet un futur album, le deuxième de l’artiste, déjà passionnant. Ce sera à découvrir le 28 janvier prochain avec le bien nommé Monument aux Vivants.
Pas de doute : Tayc est bien l’un des artistes français de l’année. Après ses succès musicaux, sa victoire à l’émission Danse les Stars, le voici dans une des séries à succès de Netflix, Christmas Flow.
Mini-série en trois épisodes, Christmas Flow peut de fait être catalogué comme un film de Noël : a priori, rien que du très classique pour un genre presque aussi vieux que le cinéma. Au programme de cette fiction : de la neige, des réveillons, des cadeaux à gogo, un homme et une femme bien mal assortis mais tombant dans les bras l’un de l’autre, du romantisme et des familles alambiquées qui vont tout compliquer.
Voilà un sujet très traditionnel donc, sauf que les créateurs ont choisi un angle d’attaque assez inédit pour cette histoire de conte de Noël. Marcus (Tayc), rappeur de son état, doit se dépatouiller avec un mini-scandale en raison de propos sexistes dans une de ses chansons. Pour redorer le blason de l’artiste, son producteur imagine de le lancer sur un nouveau projet musical : une chanson de Noël. Au même moment, Marcus croise Lila (Shirine Boutella), une journaliste féministe très engagée. Évidemment, elle reconnaît le rappeur et le toise. Les deux vont pouvoir se croiser cependant, à la faveur de cadeaux intervertis.
De la neige, des réveillons, des cadeaux à gogo et un homme et une femme bien mal assortis
On ne fera pas la fine bouche sur ce "miracle de Noël" : les créateurs ont eu la maligne idée de faire rentrer dans la danse un rappeur sympa mais un tantinet sexiste, son amie Mel (Camille Lou), parfaite en fille superficielle, et surtout le trio de militantes féministes, Lila, Alice (Marion Seclin) et la formidable Aloïse Sauvage dans le rôle de Jeanne. Voilà qui promet de faire des étincelles et d’interroger avec légèreté les bouleversements sociaux de la France contemporaine, à commence par les droits des femmes.
Je ne vous spolierai pas si je vous dis que tout se terminera pour le mieux, au milieu de baisers, de flow de musiques et de flocons de Noël. Avec de gros coups de cœur pour Taïc, Shirine Boutella et Aloïse Sauvage.
Christmas Flow, mini-série de Henri Debeurme,Victor Rodenbach,Marianne Levy, avec Tayc, Shirine Boutella, Marion Séclin, camille lou,aloise sauvage et estelle meyer https://www.netflix.com/fr/title/81214396
Larousse propose pour cette fin d’année un très beau livre que les fans de sports, et plus spécialement de sports urbains, vont absolument vouloir pour leur bibliothèque. FISE, Le meilleure des sports urbains est un album collector d'une belle qualité.
Les sports extrêmes concernent le BMX Freestyle Park et flatland, le skateboard, le Mountain Bike, le roller freestyle, la trottinette, le Parkour, le wakeboard ou le breaking.
On voyage, on frissonne et on transpire pour ces athlètes, sportifs souvent méconnus, qui défient les lois de la gravité dans des prestations toutes aussi impressionnantes les unes que les autres.
On voyage, on frissonne et on transpire pour ces athlètes qui défient les lois de la gravité
En 1997 Hervé André Benoit encore étudiant et passionné de sports de glisse, décide de créer le FISE dans le cadre de son projet de fin d'année. L'événement fait une entrée très remarquée dans le monde des sports alternatifs avec près de 100 riders et 35 000 spectateurs présents durant 3 jours consacrés aux sports urbains dits "extrêmes". En 2014 le concept s'internationalise en prenant la forme d'une tournée mondiale dénommée FISE World Series.
La tournée du FISE commence à Montpellier avant de se poursuivre à Hiroshima au Japon, à Edmonton (Canada) et se termine à Chengdu en Chine. Le BMX Freestyle Park a fait son apparition aux JO de Tokyo en 2021, avec une épreuve masculine et une épreuve féminine.
L’ouvrage collectif proposé par les éditions Larousse est un moyen de découvrir ces sports extrêmes et urbains, via des photographies intenses et captant au plus près l’exploit de ces athlètes hommes ou femmes, à la fois casse-cous, techniques et passionnés.