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  • Alexandra Lescure à la découverte de Jacques Duphly

    Une fois n’est pas coutume pour ses chroniques de musique classique, c’est à un compositeur méconnu, sinon inconnu, que Bla Bla Blog s’intéresse.

    On sait finalement peu de choses sur Jacques Duphly, né à Rouen en 1715 et mort à Paris le 15 juillet 1789, complètement oublié au moment de son décès. Célébré en son temps comme un véritable aristocrate du clavecin, avec une "perfection du doigté" comme le soulignait Jean-Jacques Rousseau, Jacques Duphly a laissé une œuvre finalement assez modeste, à savoir quatre recueils pour clavecin entre 1744 et 1768. Parmi ses influences, il faut citer Couperin, Rameau, Scarlatti, Forqueray, mais aussi Bach ou Frescobaldi. .

    La pianiste Alexandra Lescure a choisi de mettre en lumière ce compositeur des Lumières à travers un choix de pièces issus de ses recueils, au départ conçues pour le clavecin. "L'écriture riche et variée répond magnifiquement aux multiples possibilités du piano moderne permettant de passer du jeu scandé et véhément au perlé volatile", écrit la pianiste dans le livret de présentation de l’album.

    Saluons à la fois l’audace, le courage et le talent de l’interprète qui a choisi de s’attaquer à un compositeur tombé aux oubliettes. Prise de risque maximale donc pour la pianiste tellement peu impressionnée par cette gageure qu’elle met du cœur au service d’un répertoire classique et vite attachant. Attachant parce qu’on découvre des morceaux qui sont pour beaucoup des danses (courantes, rondeaux, allemandes) et parce que l’influence des aînés et parfois contemporains de Jacques Duphly est évidente. 

    Prise de risque maximale donc pour la pianiste

    L’élégance et la légèreté ("La De Belombre") le disputent à la virtuosité et à la technicité ("Courante"). L’influence de Bach est évidente (l’irrésistible "La Vanlo", "La larare"  ou l’"Allemande", qui vient clore le recueil). On est tout autant touché par la mélancolie qui se dégage de "La Félix" tout comme du "Rondeau en ré mineur".

    L’auditeur sera certainement frappé à l’écoute de "La De Drummond" par la touche mozartienne d’un morceau au joli raffinement. Dans "Les Colombes", l’un des joyaux de l’opus, c’est la figure de Rameau qui vient en tête dans cette pièce naturaliste faisant autant penser à un morceau ornithologique qu’à une déclaration d’amour. Dans le "Rondeau En Do", c’est indubitablement le chef d’œuvre de Couperin "Les Barricades" qui vient en tête, mais dans une réminiscence à la fois tendre et nostalgique. Parlons aussi de "Forqueray", dédié et influencé – bien entendu – par Antoine Forqueray, l’inventeur de la viole de gambe. La retenue, le rythme lent et une certaine forme de noblesse toute versaillaise est parfaitement rendue par le piano d’Alexandra Lescure.  

    Jacques Duphly, dont les compositions n’ont sans doute pas révolutionné l’histoire de la musique, mérite d’être découvert pour son impeccable travail sur les mélodies et le rythme (la "Lanza"). L’écoute de l’album donne l’impression d’être dans un de ces salons parisiens des Lumières.

    Nous le disions, Jacques Duphly faisait figure de véritable aristocrate de la musique. Pour preuve, la pièce "La Victoire" qu’il dédie à la deuxième fille de Louis XV, Henriette de France. La vivacité et la virtuosité en font un morceau incroyable de modernité pour l’époque.

    Dans cette découverte de l’œuvre de Jacques Duphly, Alexandra Lescure propose une série d’interprétations colorées, feutrées, parfois en retenues, mais non sans ces élans hardis ("La Tribolet") et ce qu’il faut de virtuosité, à l’instar de la dense et passionnante pièce "La Pothoüin".

    Oublié mais redécouvert grâce à Alexandra Lescure, Jacques Duphly apparaît comme un de ces artistes remarquables et représentatif d’une époque portée par les Lumières, avant la déflagration qu’a été la Révolution Française. Le compositeur n’en a été témoin que des premiers éclairs puisqu’il a rendu son dernier souffle le lendemain de la Prise de la Bastille.

    Jacques Duphly, Alexandra Lescure (piano), Indésens Calliope Records, 2024 
    https://indesenscalliope.com
    http://alexandralescure.com
    https://www.facebook.com/Alexandralescure13
    Alexandra Lescure en concert : 
    15 juin, Ma Vigne en Musique, Narbonne
    11 juillet, Festival d'Auriol
    25 juillet, Festival de Poitiers
    15 août, Les Rencontres Musicales de Figeac
    18 septembre, Gréoux les Bains
    13 octobre, L'impro de Gap
    26 octobre, Festival des Tourelles, Belfort

    Voir aussi : "Des papillons à l’estomac"

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  • Piano duo

    Choc musical chez Deutsche Grammophon avec l'incroyable enregistrement Rachmaninoff For Two. Le compositeur est bien connu. Il s'agit de Sergeï Rachmaninoff célèbre pour ses concertos pour piano, en particulier le célébrissime deuxième et son "Adagio". Les interprètes, Sergeï Babayan et surtout Daniil Trifonov, finissent de rendre l’album Rachmaninoff For Two absolument immanquable.

    Les deux pianistes – le premier arménien et le second russe – proposent, pour commencer, une transcriptions par Daniil Trifonov d’"Adagio" de la Symphonie n°2 du compositeur russe. Une entrée en matière passionnante avant le cœur du programme, à savoir les Suites n°1 et 2 pour deux pianos et ses Danses symphoniques op. 45.

    En un double album mémorable c'est toute l'essence de Rachmaninoff qui est proposée. La virtuosité du génie russe expatrié aux États-Unis après la Révolution Russe explose dans cet enregistrement à ne pas manquer. Il faut pourtant souligner que, dernier romantique russe, Sergueï Rachmaninoff a été un élève et un admirateur de Tchaïkovski, au point de lui dédier sa première Suite op. 5, tout comme la seconde op. 17 mais que le maître n’a jamais pu entendre.  

    Sergeï Babayan et Daniil Trifonov s’emparent de la Suite op. 17 avec fougue et enthousiasme (I. Introduction) mais aussi avec cet élan de vie où la mélancolie n'est jamais loin (II. Valse). L'auditeur sera sans doute captivé par le 3e mouvement de cette Suite. Il faut se laisser entraîner au long cours par cette délicate "romance" avant une troisième et dernière partie virtuose faisant d'une tarentelle une infernale et magnétique danse.

    En un double album mémorable c'est toute l'essence de Rachmaninoff qui est proposée

    L’auditeur se laissera baigné par les averses sonores de l'allegretto ("Barcarolle") de la première Suite ou les vagues pianistique d'un romantisme de l'"adagio sostenuto" ("La nuit… l’amour"). Mais à force de faire rimer Rachmaninoff avec virtuosité on oublie ces moments où la délicatesse et la retenue du génie lui permettent de proposer les pages les plus bouleversantes sans doute de la première moitié du XXe siècle (le largo funèbre nommé "Les larmes"). Dernier grand compositeur classique, Rachmaninoff entre pourtant dans la modernité à travers le dernier mouvement entêtant de la première Suite (l’allegro maestoso se place sous le signe de "Pâques").

    Toujours aussi impliqués et parfaits dans ce projet musical de haute volée, Sergey Babayan et Daniil Trifonov jouent une version dense, colorée et rythmée des Danses Symphoniques dédiées en 1940 au chef Eugene Ormandy. On est dans une synthèse du classicisme et de la modernité. Oeuvre d'un immigré russe loin de son pays, la nostalgie n’est jamais absente, pas plus que son admiration pour les traditions de son pays (2e mouvement "Andante con moto" avec son tempo enivrant et dingue d'une valse). Dans cet opus, la virtuosité n'empêche jamais les respirations d'y faire leur place, avec qui plus est deux interprètes vivant de concert ce beau moment musical. L'ambitieuse écriture de Rachmaninoff explose dans le 3e et long dernier mouvement de ces Danses Symphoniques (plus de 11 minutes). Les interprètes russes ne transigent pas sur leur implication artistique autant que leur technique. Quatre mains – seulement, aurions-nous envie d'écrire – suffisent à élever cette architecture sonore complexe, puissante, déroutante et d'une grande profondeur. 

    Cet album a été l'un Diapason d'Or ce mois de juin.

    Rachmaninoff for Two, Sergueï Babayan et Daniil Trifonov (piano), Deutsche Grammophon, 2024
    https://store.deutschegrammophon.com
    https://daniiltrifonov.com
    https://sergeibabayan.com

    Voir aussi : "Alexandra Lescure à la découverte de Jacques Duphly"

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  • Des papillons dans l’estomac

    Les papillons. Voilà quel est le thème et le titre du dernier album de la pianiste franco-arménienne Varduhi Yeritsyan.

    Commençons tout de suite par dire qu’il y a bien plus que ces lépidoptères dans la première œuvre proposée dans cet opus, puisque Varduhi Yeritsyan s’attaque à Carnaval, l’un des joyaux pour piano de Robert Schumann. Scènes naturelles, rêveries poétiques et séquences bucoliques se succèdent dans une de ces créations assez incroyables de la musique classique. .

    Œuvre romantique et même bucolique, cette série de pièces pour piano intéresse les musicologues en raison de sa composition et de ses deux séries de notes – la-mi bémol-do-si donnant dans la notation allemande ASCH et la bémol-do-si pour AsCH – revenant invariablement. Ces séries font référence à la cité d'Asch (devenue Aš, en République tchèque), ville natale de Ernestine von Fricke qui était la fiancée de Robert Schumann à la date de composition en 1834. Ces lettres renvoient également au nom du compositeur. Voilà pour la partie musicologique de ce Carnaval.

    Un Carnaval qui prend des allures de délicieuse promenade, grâce au toucher de Varduhi Yeritsyan. L’insouciance autant que la légèreté sont de mise dans ces pièces qui se nomment "Pierrot", "Arlequin", "Coquette", "Promenade", "Pantalon et Colombine" ou encore… "Papillon".

    Nous y voilà. Moins léger qu’il n’y paraît, moins banal, ce Carnaval virevolte et étincelle, par la grâce d’une composition ambitieuse et brillante où la virtuosité n’écrase jamais l’œuvre. Dans le livre de présentation, Varduhi Yeritsyan parle moins de cette première fiancée que d’une jeune élève que Robert Schumann enseigne, une certaine Clara Wieck. Elle deviendra sa femme quelques années plus tard. "C’est bien elle la muse du compositeur de neuf ans son aîné, celle à qui il pense quand il écrit, celle à qui il envoie ses partitions sitôt publiées" est-il écrit dans le livret Le romantisme est bien là, et jusqu’à ces deux autres suites derrière lesquelles on peut sans aucun doute lire des messages : "Reconnaissance", "Aveu".

    Ça papillonne, ça virevolte, ça s’épanouit

    Avant de parler d’une autre œuvre de Robert Schumann présente dans ce bel album, parlons d’autres papillons qui virevoltent dans l’album. Il y a ces courtes pièces pour piano de Jules Massenet à la modernité évidente mais qui sert surtout un certain naturalisme. Aux Papillons noirs, vient se joindre ces Papillons blancs, tout en impressionnisme et en légèreté. Citons aussi cette autre courte pièce, sobrement intitulée Papillon (évidemment !). Le compositeur norvégien Edvard Grieg a composé un joli divertissement à la facture classique. Il y a de la légèreté et de la grâce dans ce séduisant opus 43.

    Mais faisons un retour vers Robert Schumann avec ses Variations ABEGG op. 1 et la bien nommée Papillons, op. 2, une œuvre de jeunesse donc, composée entre 1829 et 1830. Ce que l’on a appelé les Variations sur le nom "Abegg" renvoie, à l’instar de son Carnaval, au travail de composition et de musicologie faisant correspondre des notes à des lettres. Cette fois, ce sont les lettres ABEGG qui forment la trame de ces variations à la facture romantique. Pas de papillons donc, ici, mais une évidente légèreté et simplicité qui renvoie à cet lépidoptère aimé de nos campagnes. De nombreux spécialistes voient dans le nom de ces variations une référence à une amie de Robert Schumann, Pauline von Abegg. Varduhi Yeritsyan se promène dans ces six variations avec un plaisir non dissimulé. La technique et la virtuosité ne prennent pas le pas sur la noblesse de cette composition qui annonçait déjà le futur grand maître qu’allait être Schumann.

    La suite Papillons op. 2 de Robert Schumann fait partie, avec Carnaval et Variations QABEGG des toutes premières œuvres du musicien allemand. Si l’on s’intéresse à l’histoire de cette pièce, on sera surpris de voir qu’il ne s’agit pas a proprement parlé d’une pièce bucolique, mais plutôt d’une mise en musique autour d’un bal mondain. Ça papillonne, ça virevolte, ça s’épanouit dans cette œuvre où la jeunesse, l’insouciance (pensons aux Variations n°11 et 12) et la grâce sont omniprésentes. Varduhi Yeritsyan et Robert Schumann nous entraînent avec eux dans cette soirée mondaine et cette comédie humaine où la séduction et l’amour ne sont jamais très loin. Du romantisme, encore et toujours. 

    Varduhi Yeritsyan, Papillons, Indesens Calliope Records, 2024
    https://indesenscalliope.com
    https://www.facebook.com/VarduhiYeritsyanPianiste

    Voir aussi : "Basson, toi mon ami"

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  • Le Déserteur

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Le Déserteur. Il sera visible du 12 au 18  juin 2024. Soirée débat le mardi 18 juin à 20 heures 30.

    Shlomi, un soldat israélien de dix-huit ans, fuit le champ de bataille pour rejoindre sa petite amie à Tel Aviv. Errant dans une ville à la fois paranoïaque et insouciante, il finit par découvrir que l’armée, à sa recherche, est convaincue qu’il a été kidnappé… Un voyage haletant, une ode à une jeunesse qui se bat contre des idéaux qui ne sont pas les siens.

    Le Déserteur, drame israelien, de Dani Rosenberg avec Ido Tako, Mika Reiss, Efrat-Ben Tzur
    Scénario : Dani Rosenberg, 2024, 98 mn
    Titre original : The Vanishing Soldier
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1458
    https://www.dulacdistribution.com/film/le-deserteur/193

    Voir aussi : "Marcello Mio"

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  • De l’air

    La musique contemporaine prend une grande bouffée d’air frais avec Christian Christian Schittenhelm et son Concerto pour piano n°4 bien nommé "Air". Voir la pianiste ukrainienne  Svetlana Andreeva interpréter cette œuvre avec le  Royal Scottish National Orchestra tombe sous le sens, tant ce concerto puise son inspiration dans le répertoire russe. L’auditeur pensera sûrement à Rachmaninov à l’écoute des premières mesures du mouvement n°1.

    Fougue, richesse des sons, puissance, hypersensibilité se succèdent dans ce passionnant concerto actuel et que le compositeur a dédié à la ballerine Sophie Alexandre. Le deuxième mouvement, plus prokofievien, se veut une lente et bouleversante méditation menée par le piano de Svetlana Andreeva, avec un orchestre à la direction toute en finesse du chef allemand Sergey Neller. 

    L’une des surprises de ce concerto pour piano vient sûrement du troisième et dernier mouvement, aussi cinématographique que classique

    L’une des surprises de ce concerto pour piano vient sûrement du troisième et dernier mouvement, aussi cinématographique que classique. Une vraie bande originale de film pour un passage à la facture assurément néo-classique, mais sans que la modernité ait été abandonnée. Svetlana Andreeva s’y ballade avec une aisance et un plaisir évidents. La musique, toute contemporaine qu’elle soit, n’intimide pas. Il y a ses élans romantiques où la virtuosité, bien présente pour cette œuvre exigeante, n’est jamais écrasante.  

    La seconde création de Christian Schittenhelm présente ici est la danse symphonique Dawn. Onirique et debussyenne, elle se déploie par vagues impressionnistes, avec un Royal Scottish National Orchestra à la belle colorature.

    Après cette création, rien d’étonnant de voir apparaître sur cet album incroyable Debussy. Le classique Prélude à l’après-midi d’un faune. Sergey Neller conduit son orchestre avec un soin particulier : couleurs sonores, densité, mystère, rythme envoûtant. Avec la présence de Debussy, Christian Schittenhelm montre de qui il sait tenir.

    Une vraie belle découverte.    

    Christian Schittenhelm, Air, Piano concerto n°4 & Dawn
    & Debussy Prélude à l’après-midi d’un faune,
    Svetlana Andreeva (piano), Royal Scottish National Orchestra, dirigé par Sergey Neller,
    Evidence Classics, Sfumato Records, 2024

    https://christianschittenhelm.fr
    https://sfumatorecords.com/records
    https://www.facebook.com/evidenceclassics
    https://svetlana-andreeva.com/fr

    Voir aussi : "Basson, toi mon ami"

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  • Chair sauvage 

    nouvelles,confrérie,israel,israelien,juif,yehoshuah kenazCes neuf nouvelles israéliennes ont en commun de raconter des scènes de la vie quotidienne à Tel-Aviv, scènes qui menacent à tout moment de basculer dans le drame ou l’absurde (ou bien les deux)

    Une jeune femme rescapée des camps de concentration et persuadée que des excroissances lui poussent à l’intérieur du corps devient à la faveur d’une soirée mondaine une personne digne d’intérêt ; un jeune garçon rencontre un demi-frère, pour le meilleur et pour le pire ; un soldat accepte de couvrir un supérieur dans une affaire a priori anodine ; un traducteur s’intéresse malgré lui à l’absence prolongée d’un voisin ; une étrange soirée réunit des invités qui ne se connaissent pas ; la projection d’un film pornographique se termine par un événement aussi inattendu que tragique.

    Yeoshua Kenaz réunit des histoires où le quotidien trivial d’une société israélienne malade le dispute au grotesque et au tragique. L’éditeur parle avec raison de "compassion goguenarde".

    Une vraie curiosité. 

    Yehoshuah Kenaz, Chair sauvage, éd. Actes Sud, 2011, 221 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2012/03/01/23652832.html
    https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature-etrangere/chair-sauvage

    Voir aussi : "Au Pays des Mensonges"

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