Essai ••• Frederika Abbate, La Femme est une île
Le Héron est un poète jamais résigné

Drôle de héron. D’emblée, l’album de L’homme Héron – un pseudo, bien entendu – s’affirme comme un opus libre, poétique et hypersensible, à l’instar du premier morceau Petite fille qui danse. Ce petit chef d’œuvre sur les misères de ce monde frappe l’auditeur grâce à une fillette, incarnation d’une mort a priori innocente qui "en a du boulot".
L’univers de L’Homme Héron est celui d’un monde terrible, douloureux, inquiétant et malsain (Le cœur d’Ulysse) où nous devons trouver notre place avec toutes nos fragilités. La vie devient Odyssée et notre existence, finalement, un beau voyage, beau mais dangereux.
On aime la facture de cette chanson française bricolée avec soin. L’Homme Héron ne dédaigne pas les machines, les ordis et sa boîte à rythme pour servir les propos d’un poète – engagé – de 2025 : "Esthète au travail soigné / Je suis blanchisseur de métier / Pour un nettoyage intégral / Confiez-moi votre linge sale / Finis les tracas les ulcères / Je prends soin de vos p’tites affaires", Grande lessive).
Dans Alice rêve, L’Homme Héron fait de l’Alice au Pays des Merveilles son alter-ego catapultée dans notre monde au futur sombre mais mais désespéré ("[Alice] Se dit qu’il n’est peut-être pas trop tard").
La Poudre blanche qu’il clame et chante en slam est la poésie dont il se nourrit autant qu’il nourrit
Le musicien n’entend pas se laisser désespérer, pas plus qu’il ne veut céder aux sirènes ambiantes ("Je rêve donc j’écris"). La Poudre blanche qu’il clame et chante en slam est la poésie dont il se nourrit autant qu’il nourrit ("Je l’ai trouvée mon héroïne / ma poudre blanche / D'entre les mots d’entre les lignes / Je saisis ma chance / Je rêve donc j’écris"). Il se fait romantique, amoureux et voyageur dans la jolie ballade Même si la terre est ronde.
On remercie L’Homme Héron de ne pas asséner ses colères avec emphase mais de choisir le biais de poésie et de rythmes dansants (Les damnés de la terre).
Il y a la même légèreté dans Olga, un joli, émouvant et portrait, non sans humour, d’une jeune femme gothique. Par amour pour elle – et mal lui en a pris ! – l’auteur a choisi de se percer le corps, comme elle. Beau et irrésistible. La "recherche du bonheur" est là, dans cet opus où les sentiments humains, la quête de l’absolu ou des plaisirs simples se heurtent à un monde contemporain froid, robotique et faux (Les ascenseurs).
L’album se termine avec le sombre Passent les heures, en forme de morceau funèbre. L’Homme Héron slame une rencontre, celle d’une femme perdue dans un monde gris et pluvieux, un pays où elle est arrivée après avec traversé la Méditerranée, pour "un voyage sans retour". Qui a dit que le poète vivait plus dans la lune que dans notre monde ? L’Homme Héron prouve le contraire, avec pudeur, sagacité mais surtout talent.
L'Homme Héron, Drôles d'Espèces, Hasard des Mondes/Inouïe Distribution, 2025
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Voir aussi : "Pour une dame brune"
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