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Les Cramés de la Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le filmDeux Sœurs. Il sera visible les jeudi 17, dimanche 20 et lundi 21 avril. Soirée débat à l’Alticiné le mardi 22 avril à 20H30.
Si Pansy et Chantelle sont sœurs, tout dans leur personnalité les oppose.
Pansy se fâche, tout le temps, avec tout le monde, et tout particulièrement avec son mari Curtley et leur fils Moses. Chantelle est tout le contraire. Dans son salon de coiffure, elle est la confidente bienveillante et amusée de ses clientes, et entretient une relation complice avec ses deux filles.
Lors de la fête des mères, la famille se réunit. L’occasion, peut-être, pour les deux sœurs de se parler…
Normande de naissance mais nantaise d’adoption, Aline Chevalier ne pouvait pas ne pas avoir une pensée pour Barbara qui a si bien chanté la Cité des Ducs de Bretagne dans le classique Nantes. La Grande Dame Brune fait l’objet d’un joli dommage dans le titre Cet aigle-là qui ouvre son nouvel album Satori. Aline Chevalier y parle d’un piano abandonné dans une salle de ventes qu’elle a "enfin trouvé". Le souvenir de Barbara surgit grâce à l’instrument de musique, "grand piano noir de jais / La belle Rossinante / Dans ma ville de Nantes".
Pas de pop électro ni d’urbain chez Aline Chevalier mais de la chanson française puisant ses références dans le répertoire des années 60 à 90, avec Barbara, donc, pour commencer. Mieux, Aline Chevalier a su trouver son alter ego musical en la personne de Gilles Belouin, vibraphoniste-percussionniste qui donne à l’opus une facture jazzy et sixties des plus étonnantes et envoûtantes (Pastiche, La pluie).
On est touchés par le poétique morceau Satori, en forme de confession et de réconciliation avec elle-même. La chanteuse exprime sa sérénité et sa foi en elle : "J’ai enfin pactisé avec mon nom... Jamais le nom d’un autre je ne prendrai". C’est avec le piano-voix qu’Aline Chevalier semble être la plus à l’aise. On pense au délicat Cœur léger dans lequel la plongée sous-marine devient la métaphore des souvenirs remontés à la surface.
Une facture jazzy et sixties des plus étonnantes et envoûtantes
La chanteuse ose également des orchestrations "pétillantes", à l’instar de Ta capitale, un titre à la facture latina mais singulièrement rude sur une société dure et à la savante écriture : "Ton capital peine / Sera capital / La peine capitale / Ta capitale." Poétique, Cerbère l’est tout autant. Le chien des enfers est évoqué avec un mélange de crainte et de tendresse ("Cerbère t’as une drôle de tête"). Aline Chevalier l’évoque comme le compagnon fidèle d’une traversée dont nous aurons tous droit. Ambiance.
Il n’est pas si courant que cela qu’un philosophe soit l’objet d’une chanson. C’est le cas du Chat de Derrida dans lequel, mutine, Aline Chevalier observe l’animal du célèbre penseur : "Ils ont vénéré le chat / Génie félin des écrivains / Tous ont adulé le chat / Qui l’aimera l’honorera". Le chat est observé et admiré comme le compagnon le plus aimé des artistes et intellectuels – Colette, Malraux, Cocteau, Dumas ou Zola.
Après la philosophie, c’est le cinéma qui a droit à un hommage en forme de "dernière séance" avec le mélancolique Sous les sièges en skaï. Aline Chevalier parle du confinement et la fermeture des cinémas, "la brutalité masquée et covidée" et les salles désertées. "Et si c’était la dernière fois le dernier film au cinéma ?" s’interroge-t-elle. Heureusement non.
Il faut absolument aller jusqu’au bout de l’album afin de découvrir un incroyable inédit. Il s’agit d’À demi-mots, une adaptation délicate et pudique de la3e Romance sans paroles de Gabriel Fauré. Une pure merveille qui justifie à elle-seule ce touchant et généreux deuxième album.
On est bien d’accord : Milo Manara ne fera jamais des têtes de gondole des rayons BD. Disons aussi que cette histoire sulfureuse mettant en scène une jeune femme aux mœurs légère, surprise par un homme invisible aussi timide que complexé, peut être considérée comme très datée. Il faut dire que MeeToo est passé par là.
On s’est penchés avec curiosité sur Le Parfum de l'invisible, une œuvre publiée pour la première fois en 1986, il y a presque 40 ans, par un des maîtres de la bande dessinée érotique. Les éditions Glénat publiaient en 2010 l’intégrale de cette histoire mêlant SF, thriller (pour la 2e partie) et aventure érotique.
Miel, sémillante jeune femme aux longs cheveux clairs bouclés, tombe nez à nez, dans une chambre d’hôtel d’une belle cité balnéaire, avec un homme. Ou plutôt un "demi-homme". Scientifique de son état, inventeur d’une technologie d’invisibilité (il a testé sa création et est invisible à partir de la taille). L’intrus s’est immiscé dans la chambre de Miel pour s’approcher de l’amie de cette dernière, Béatrice, dont il est secrètement amoureux. Il lui fait promettre de garder le secret. Miel accepte. La voilà bientôt suivie partout par cet amoureux transi, sinon désespéré.
Scènes gênantes
Cette histoire improbable d’invisibilité est bien entendu un prétexte pour Milo Manara de déshabiller ses héroïnes, à savoir la blonde Miel pour la première partie et la brune anonyme pour la seconde partie. Anonyme car, finalement, le dessinateur italien fait de ses personnages féminins des archétypes fantasmés. En cela, Le Parfum de l’invisible ne pourrait sans doute pas être réécrit et encore moins dessiné de nos jours. Mais le principal reproche que l’on fera à cette bande dessinée est de proposer des scènes gênantes où l’agression sexuelle et le viol sont traités avec légèreté, sinon désinvolture.
Parlons des hommes. Falots, idiots ou, pire, violents ils sont ridiculisés. Le Professeur fait figure de pauvre type, aveuglé et au romantisme piétiné du pied. Disons aussi que les héroïnes de Milo Manara font figure de femmes fortes, menant les hommes à la baguette...
Reste le dessin de Milo Manara qui a fait la célébrité de l’artiste. "Ses" femmes sont représentés avec amour. Les traits sont fin et l’influence de la ligne claire est évidente. Cela donne une étrange BD, à la fois datée, charmante, bourrée d’humour et dont on pardonnera – car l’époque était différente ! – l’audace, choquante pour beaucoup. Une histoire où le sexe a le beau rôle.