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William Roger : cette signature pourrait bien sortir de l’ombre dans quelques années. Qu’on se le dise : un diamant brut se cache derrière ce peintre et dessinateur foutrement doué. En ce moment, l’artiste se singularise, non par une exposition, mais par un livre pour enfant. Peur de rien ou presque (éd. Flam) prouve que William Roger est d’abord et surtout un touche-à-tout. On peut cependant regretter que ce sage et classique conte pour enfant n’ait pas été suffisamment mis en valeur par l’éditeur.
Voilà qui est presque anecdotique si l’on s’intéresse à ce qui reste la pierre angulaire de William Roger : la peinture et le dessin, que l’artiste expose régulièrement autour de Montargis. Les influences de l’artiste sont à chercher du côté du pop-art, de la culture geek (geek-art), de la bande-dessinée et plus généralement de la culture pop et mainstream.
Outre des portraits et des nus de belle facture, William Roger a le mérite choisir des sujets aussi hétéroclites que très contemporains : personnages de super-héros (Deadpool), scènes urbaines, planches de mangas ou têtes d’animaux.
La virtuosité comme l’audace de William Roger est évidente, comme l’est d’ailleurs son approche contemporaine de la création. Il puise dans notre quotidien comme dans l’imagerie de notre époque ses modèles et ses inspirations. Sa page Facebook propose un aperçu de son art qui n’attend plus qu’un galeriste prête un œil attentif à son travail.
William Roger, Peur de rien ou presque, Flam éditions, 2017, 40 p. Exposition-dégustation Beaujolais Nouveau, Cave Mélodie des Saveurs, Châlette-sur-Loing 16 novembre – 18 novembre, 15H-19H https://www.facebook.com/wroger.art
Les récits de guerres sont nombreux, beaucoup moins ceux concernant la Guerre de Corée (1950-1953), un conflit oublié et pourtant fondamental dans l’histoire de la Guerre froide. La Guerre de Corée prend une résonance particulière aujourd’hui avec la crise nord-coréenne et les tensions entre le Président américain Donald Trump et le dictateur nord-coréen Kim Jong-un.
Leonard Adreon, ancien lobbyiste puis conseiller auprès de Ronald Reagan, est l’auteur d’un récit sur son passé de soldat pendant la guerre de Corée : Hilltop Doc (éd. BookBaby, non-traduit en français).
Leonard Adreon a vécu certains des pires carnages de la guerre de Corée mais aussi des moments plein d'humanité. Sa description saisissante donne vie à la guerre entre l'armée chinoise et les Marines américains, au cours de batailles faisant rage pour la conquête de collines en Corée. Aide-soignant dans les Marines, Leonard Adreon raconte son histoire, celle d'un jeune homme de Saint-Louis sans expérience médicale mais chargé de sauver des vies au milieu du chaos sanglant de la guerre. Il décrit des scènes sinistres, bouleversantes et parfois comiques des champs de bataille, avec sa propre histoire en arrière-fond – qui est aussi celle de ses erreurs et des vicissitudes de l'armée qui l'ont fait atterrir sur le 38e parallèle.
Leonard Adreon a accepté de répondre à nos questions. Il nous parle de son expérience de vétéran, nous livre sa vision de la crise nord-coréenne et propose des leçons à tirer de la guerre à laquelle il a participé.
Bla Bla Blog : Pensez-vous que la Guerre de Corée soit une "guerre oubliée" ? Leonard Adreon : Oui, la guerre de Corée est une guerre oubliée. Elle était coincée entre la monumentale seconde guerre mondiale et la tragique guerre controversée du Vietnam. Elle a commencé sur le 38e parallèle et s'est terminée sur le 38e parallèle. La perception en Amérique est qu’elle avait lieu au milieu de nulle part et qu’elle n’a rien changé. Les 50 millions de personnes qui ont été sauvées en Corée du Sud seraient en désaccord avec cette perception. BBB : Cette guerre est inconnue par une majorité de Français. Et les Américains ? LA : Ma précédente déclaration répond à cette question sur la méconnaissance de cette guerre par les Américains. BBB : Pourquoi êtes-vous allé à la guerre ? Quel âge aviez-vous ? Le regrettez-vous aujourd’hui ? LA : J'ai été enrôlé à l'âge de 17 ans en 1944. J’ai rejoint les réserves, avant d’être libéré de mes obligations. Puis, j’ai été remobilisé en 1950 lorsque la guerre de Corée a commencé. BBB : Vous parlez dans votre livre de la Dog Company (Compagnie des Chiens) Qu'est-ce que la Dog Company ? LA : Les compagnies marines étaient désignées par des lettres. Ma compagnie était la compagnie D. Elles étaient ensuite surnommées à partir de ces lettres : Able, Baker, Charlie, Dog, et Easy, etc. BBB : Sur quels champs de bataille avez-vous été ? LA : Les champs de bataille étaient les collines et les vallées autour du 38e parallèle. BBB : Pourquoi avoir attendu 60 ans pour raconter votre histoire, et pourquoi avez vous décider de parler maintenant ? LA : J'ai attendu plus de 60 ans parce que quand j'ai quitté la Corée, moi et les membres de mon peloton avons décidé que nous allions mettre l'expérience coréenne derrière nous et passer à autre chose dans nos vies quand nous retournerions à la maison et si nous y pouvions y retourner. J'ai décidé de parler maintenant parce que ma mémoire est claire et précise sur ce qui s'était passé. Par ailleurs, la faculté de l'Université Washington de Saint Louis, où j’exerce dans le cadre de cours d'écriture, a découvert que j'avais fait la guerre et m'a encouragé à écrire un livre. BBB : Quels camarades et amis proches avez-vous perdu là-bas ? Qu'aimeriez-vous leur dire aujourd'hui ? LA : J'ai perdu un certain nombre de camarades de Marines très proches. Je parle d’eux dans HilltopDoc. Je voudrais leur dire qu'après un long silence, j'ai écrit ce livre pour les honorer et que je penserai à eux jusqu'à ma mort. BBB : Pouvez-vous nous parler d'un événement en Corée qui vous a particulièrement touché ? LA : Dans le prologue du livre, je fais référence à Big Mike, un Marine de carrière qui avait survécu aux affreuses batailles d'Iwo Jima [février-mars 1945] pour finalement perdre la vie sur une colline en Corée. Il a succombé après que ses instincts affûtés m’aient sauvé de la mort moi et son équipe de pompiers à cause d’une grenade chinoise. Par la suite, je n'ai pas réussi à le sauver. Je l'ai porté en bas de la colline et j'ai aidé à charger son corps sur un camion, avant son long voyage de retour. Je lui devais ma vie. Cela m’a profondément affecté. BBB : Êtes-vous retourné en Corée après la fin de la guerre ? LA : Non, je ne suis pas retourné en Corée. BBB : Avez-vous parlé à vos enfants de votre expérience de soldat ? LA : Mes filles en ont entendu parler quand j'ai commencé à écrire ce livre. BBB : Qu'aimeriez-vous dire à vos petits-enfants au sujet de votre expérience militaire ? LA : Je veux dire à mes six petits-enfants que la guerre est le pire des règlements lorsqu’il y a un différend entre parties. S'ils lisent Hilltop Doc, ils devraient comprendre le message. BBB : Est-ce que la situation en Corée vous inquiète ? Pourquoi ? LA : Je suis préoccupé par la situation aujourd'hui. À moins que la Chine n'intervienne et que Kim Jon-un abandonne son programme nucléaire en échange d'une garantie de survie de la Corée du Nord, la menace d'une conflagration majeure risque de tuer beaucoup de personnes en Corée du Nord, en Corée du Sud et dans de nombreux endroits d’Asie du Sud-Est, sans compter aux États-Unis. BBB : Pensez-vous que nous pouvons revivre aujourd'hui ce qui s'est passé il y a 60 ans ? LA : Nous ne pouvons pas revivre ce qui s'est passé il y a 60 ans, mais nous pouvons comprendre cet événement. En tout cas, c’est ce que mon livre tente de faire. BBB : Si vous pouviez conseiller le président Trump, que lui diriez-vous ? LA : J'espère que le président Trump épuisera toutes les possibilités de faire pression sur Kim Jong-un, probablement via la Chine, pour mettre un terme à ses programmes nucléaires potentiellement désastreux. Si la Chine ne peut ou ne veut pas le faire, le président devrait chercher un changement de régime. Attaquer la Corée du Nord est un dernier recours désespéré. BBB : Si vous pouviez dire quelque chose au président français Emmanuel Macron au sujet de la guerre de Corée et de la Corée de Kim Jong, qu'est-ce que ce serait ? LA : J'espère que le président français se joindra à d'autres pays du monde pour forcer la Corée du Nord à cesser ses programmes nucléaires intercontinentaux. BBB : Comment pouvons-nous mieux aider les anciens combattants de la guerre de Corée et et des autres guerres ? LA : Les vétérans de la guerre de Corée diminuent en nombre. Je pense que la meilleure chose que nous pouvons faire est de les honorer pour leur service en se souvenant de cette guerre oubliée. Les vétérans, vivants et morts, comme les victimes de la guerre, méritent de ne pas être oubliés et d’être respectés. BBB : Merci pour vos réponses, Leonard Adreon.
The books about wars are numerous, much less those concerning the Korean War (1950-1953), a conflict that is fundamental in the history of the Cold War. We are talking today about this war forgotten because of the North Korean crisis and the tensions between US President Donald Trump and North Korean dictator Kim Jong-un.
Leonard Adreon, a former lobbyist and Ronald Reagan advisor, is the author of a story about his past as a soldier during the Korean War: Hilltop Doc (BookBaby).
As a Marine corpsman, Leonard Adreon saw some of the worst of the Korean War’s carnage and the best of its humanity. His gripping description brings to life the war between the Chinese army and the U.S. Marines as they battled to take the high ground. As a corpsman, Adreon tells the story from the unique perspective of a young man from St. Louis, with no medical background, thrown into the role of saving lives amid the war’s violence. He leavens the grim, emotional, and sometimes ironic battlefield scenes with his background story – of how his own mistakes and the military’s bumbling landed him at Korea’s 38th Parallel.
Leonard Adreon accepted to answer our questions. He talks about his experience as a veteran, tells us his vision of the North Korean crisis and gives some lessons after his military past in Korea.
Bla Bla Blog: Do you think that the Korean War is a “Forgotten War” ? Leonard Adreon: The Korean War is a forgotten war. It was squeezed in between the monumental WW 2 and the tragic, controversial Viet Nam War. It started at the 38th Parallel and ended at the 38th Parallel. The perception in America was that it went nowhere and accomplished nothing. The 50 million people of South Korea who were saved would disagree with that perception. BBB: This war is unknown by a majority of French. What about the Americans? LA: My statement above answers the question about American’s knowledge of the war. BBB: Why did you go to war?" How old were you ? Do you regret it? LA: I was drafted at age 17 in 1944. Joined the reserves when released from service and called back in 1950 when the Korean War began. BBB: You're talking about the Dog Company (Chapter 15) What is the Dog Company? LA: Marine companies were designated by letters. My company was D Company. Companies were called Able, Baker, Charlie, Dog, and Easy etc. BBB: On what battlefield have you been? LA: The battlefields were the hills and valleys in the area of the 38th Parallel. BBB : Why do you waited 60 years to tell tour story, and why do you decide to speak now? LA : I waited more than 60 years because when I left Korea the members of my platoon decided that we were going to put the Korean experience behind us and move on with our lives when and if we made it home. I decided to speak now because my memory was vivid and clear about what happened and the faculty of Washington University of St. Louis, where I facilitate writing classes, discovered that I was in the war and urged me to write a book. BBB : What companions and close friends have you lost there? What would you like to tell them today? LA : I lost a number of close Marine buddies and I have written about them in Hilltop Doc. I would like to tell them that, after a long delay, I wrote a book to honor them and that I will think of them until I die. BBB : Can you tell us about an event in Korea that particularly affected you? LA : In the prologue of the book I make reference to Big Mike, a career Marine who had survived the horrible battles of Iwo Jima [february-march 1945] only to loose his life on a hillside in Korea. He lost his life after his quick instincts saved me and his fire team from death by a Chinese grenade. After I was unsuccessful in saving him, I carried him down the hill and helped load his body on a truck to start his long journey home. I owed him my life. It had a profound effect on me. BBB : Did you return to Korea after the end of the war? LA : I did not return to Korea. BBB: Have you talked to your children about your experience as a soldier? LA: My daughters heard from me about it when I proceeded to write the book. BBB: What would you like to tell your grandchildren about your military experience? LA : I tell my 6 grandchildren that war is worse alternative to settling disputes between people. If they read Hilltop Doc they will get the message. BBB : Does the situation in Korea worry you? Why ? LA : I am concerned about the situation today. Unless China steps in and causes Kim Jon-Un to give up its nuclear program in exchange for a guarantee by China of North Korea’s survival, there is a serious danger of a major conflagration that will kill many in North Korea, South Korea and, possibly, in many places in Southeast Asia and the United States. BBB : Do you think that we can relive today what happened 60 years ago? LA : We can’t relive what happened 60 years ago, but we can understand it which is what my book attempts to do. BBB : If you could advise President Trump, what would you tell him? LA : I hope President Trump will exhaust all possibilities of pressuring Kim Jong-Un, probably via China, to discontinue his potentially disastrous nuclear programs. If China can’t or won’t do it, the President should seek regime change. Attacking North Korea is a desperate last resort. BBB : If you could say something to french President Emmanuel Macron about the Korean War and the Korea of Kim Jong un, what would that be? LA : I hope the French President will join with other world nations to force North Korea to cease its intercontinental nuclear programs. BBB : How we can better serve veterans of the Korean War and beyond? LA : The veterans of the Korean War are diminishing in numbers. I think the best thing we can do is to honor them for their service by remembering the forgotten war. The veterans, living and dead, and the casualties of the war deserve to be remembered and appreciated. BBB : Thank you for your answers, Leonard Adreon.
Leonard Adreon, Hilltop Doc: A Marine Corpsman Fighting Through the Mud and Blood of the Korean War, BookBaby, 244p. 2017 http://www.hilltopdoc.com
Disons-le tout de suite : Lo’jo est une véritable institution musicale : une quinzaine d’albums en trente ans d’existence, des centaines de concerts, des collaborations prestigieuses avec Robert Plant, Robert Wyatt ou Archie Shepp et l’image d’un groupe hors-norme qui a su imposer son regard généreux sur le monde, en dehors de toutes les modes.
Il y a une douzaine d’années, la troupe d’artistes a créé le Festival du Désert à Essakane, à deux heures de piste de la ville de Tombouctou. Un tel projet n’étonne pas chez ce groupe angevin qui va chercher ses inspirations musicales sur tous les coins de la planète.
Lo’jo nous revient cet automne avec un nouvel album, Fonetiq Flowers, aux mille et une sonorités et aux influences tous azimuts. C’est une invitation aux voyages que nous proposent Denis Péan, ses musiciens et ses choristes de Lo’jo. "Comment va le monde ?" s’interrogent ces artistes dans le titre qui inaugure l’album. La réponse pourrait être dans ce choix de s’ouvrir à des cultures, des langues et des musiques venues d’ici et d’ailleurs.
Dénis Péan et consorts proposent de nous jeter à corps perdu dans un "grand souk acoustique" : "Notre musique est un jardin anarchique qu’on essaie de cultiver pour le rendre à la fois beau et sauvage", revendique le chef de cette bande de globe-trotteurs musicaux. L’auditeur est invité à se perdre dans un voyage coloré où se mêlent fables de griots, aphorismes humanistes ou saynètes modernes (Petite Slameuse).
Au sobre et rimbaldien Tu neiges ("Tu neiges sur Paris / Et je te danse / Ce soir tu m’as laissé ma chance") répond le syncrétique Noisy Flowers à la chaleur africaine, Café des Immortels au souffle moyen-oriental ou les envolées lyriques, nippones et électroniques de Figurine, qui clôt l'album.
Lo’jo fait tomber toutes les frontières musicales, jetant aux passage des flopées de fleurs, de vers et d'élans musicaux (Nanji). Ça s’envole, ça cavalcade, ça se perd dans des arabesques à donner le tournis, que ce soit dans les souks de Marrakech (Stranjer than Stranjer), les rues de Montmartre (Chabalai), sous le ciel de Beyrouth (Les Innombrables) et dans tous ces "quartiers toujours plus magnétiques" (J’Allais).
Et toujours ces chœurs envoûtants (Fonatiq, Noisy Flowers ou La Libertad) : voilà qui constitue la vraie richesse d’un album qui vous faut chavirer et voyager comme pas permis.