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C’est la pub du moment, celle qu’a commandée Intermarché à l’occasion de son cinquantième anniversaire : véritable court-métrage de trois minutes, C’est magnifique a été imaginé par l’agence Romance et réalisé par Katia Lewkowicz, déjà à l’origine du conte de Noël J’ai tant rêvé, dont nous avions déjà parlé sur Bla Bla Blog.
Le pari de cette publicité ? Prendre le risque d’un film subtil, sans pathos, à visée commercial. Bien loin des habitudes de beaucoup de publicitaires à enfoncer des portes ouvertes, appuyer les traits et marteler des messages. Pour C’est magnifique, dont le titre se rapporte à la bande-son, une reprise par Benjamin Biolay du standard de Cole Porter, qu’avait chanté en français Dario Moreno et Luis Mariano et même Amanda Lear. Pour cette version musicale, Benjamin Biolay apporte son parler-chanté velouté et sa voix grave et nostalgique.
Nostalgique comme ce film qui choisit de suivre un vieil homme revivant des moments heureux de son existence. Cette recherche proustienne passe par le goût des repas qu’il a partagés avec sa femme, disparue depuis. L’émotion est au cœur de ce court-métrage qui parvient à happer le spectateur, pourtant bien rompu aux grosses ficelles des publicités. Là, Intermarché réussit le tour de force de rendre le "mieux manger" poétique et bouleversant.
Oui Oui Oui : un étrange nom d’un bel optimisme pour ce groupe lyonnais, qui s’offre en plus le luxe de nommer leur premier album Ok Ok !
Oui Oui Oui a été découvert il y a deux ans au Printemps de Bourges lors de ses fameux iNOUïS, deux ans après la sortie de de leurs deux premiers EP, Tell me secret et Please Another Dream.
Après un démarrage mystérieux, minimaliste et électro (Room), le trio composé de Manon Rudant (violoncelle et au chant), Jacques Vanel (guitare) et Arthur Delaval (claviers, chants et boites à rythme) s'aventure sur les terres d'un pop rock qui sait être nerveux (No future), aventureux (Lost) ou joyeux (Dance on the beach).
Le contraste est étonnant dans ce premier album particulièrement enlevé. Ok Ok ! vient goûter à des fruits venus de divers horizons : électro eighties (Under the smile), post punk rock (No future), ballade délicate et onirique (Alive), new wave (My dear), blues (Lost) ou chanson française (Madame Chou).
Il est temps de ne pas grandir
Ok Ok ! a une ligne conductrice : une jeunesse, une fougue et un refus de s'arrêter sur une ligne musicale figée. Les trois membres de Oui Oui Oui n’hésitent pas à aller chercher dans un univers rock que l’on croyait révolu et qu’ils parviennent à revisiter avec une attachante audace : le titre rock So long II mêle par exemple violoncelle, guitares et claviers.
Tout aussi vintage, il y a le rockabilly en français Nathalie, sans oublier Dance on the beach, à la joie de vivre communicative. À l'instar de Sweety, la facture sixties est singulièrement présente dans un album qui s'ouvrait pourtant sur une proposition franchement électro.
Au final, les trois artistes lyonnais proposent un album rafraîchissant et non sans audace : juvénile dans le bon sens du terme. Grows up est de ce point de vue une signature de Oui Oui Oui, à la nostalgie à fleur de clavier. Il est temps de ne pas grandir.
C’est à un bon bol d’air que vous invite Bla Bla Blog, plus précisément un voyage dans une contrée à la fois brute, mystérieuse et attachante : la Mongolie. Evelin Weiss a arpenté ce pays fascinant et relate sur le site Overland les 12 raisons qui expliquent pourquoi la Mongolie est parfaite pour un périple au bout du monde.
Pas de long journal de voyage pour Evelin Weiss mais un bilan clair, net et sans bavure sur les qualités de ce pays hors-norme, l’un des plus étendus au monde mais à la population peu nombreuse (trois millions d’habitants) : cela en fait l’un des moins densément peuplé au monde, en sachant que 45 % de ses résidents vivent en plus dans la capitale Oulan-Bator. Voilà qui laisse donc tout loisir d’arpenter un territoire essentiellement désertique.
Désertique mais pas déserté : Evelin parle de sa rencontre avec des nomades mongoles réputés pour leur hospitalité. La visite de la Mongolie nécessite, dit la voyageuse, un véhicule capable de manger des kilomètres et d’affronter des routes généralement pas goudronnées, au milieu d’un paysage plus varié qu’on ne l’imagine : déserts de sables, montagnes enneigées, prairies vallonnées ou vallées fluviales.
La Mongolie permet, dit la globe-trotteuse, des voyages agréables durant la période estivale, certes courte, mais idéale pour découvrir un pays propre et paisible. Dernier avantage, dit Evelin Weiss : La Mongolie se trouve à proximité de nombreuses autres grandes destinations terrestres : le lac Baïkal, la région de l'Altaï en Russie et la Chine à deux pas.
Une destination vraiment cool que Bla Bla Blog va épingler sur une carte des pays à visiter absolument. Merci, Evelin.
Le dernier titre de Charlie M, Et si je m’intéresse encore, sorti seulement début mars, flirte aujourd’hui avec les 50 000 vues. Vous allez me dire que si la qualité d’un musicien se mesurait au nombre de clics ça se saurait. Ce qui fait que Bla Bla Blog choisit de parler de cette chanteuse tient en réalité dans la bien belle facture de ce single de la part d’une artiste au solide tempérament.
Une voix délicate et juvénile, un titre qui parle de rupture, de solitude et d’aliénation et un clip d’une rare qualité (il faut absolument citer les réalisateurs, Paul Gojecki et Mathias Priou mais aussi le danseur Jérémie Mencé), servant au mieux cette chanson pop finement dépouillée.
C’est une artiste complète qui se dévoile dans Et si je m’intéresse encore, un titre que les plus audacieux liront comme l’aveu d’une réelle ambition. Charlie M compose, écrit, chante, arrange et produit avec la foi du charbonnier : "Ce titre est un véritable état d’âme sur l’avancée d’une idée, d’une vie, d’une inspiration, d’un état," dit-elle, non sans concéder la part de doute présente chez tout artiste.
Une artiste qui a déjà derrière elle une carrière bien remplie : premier prix du concours de la chanson Intersong en 1997, premier prix des Tréteaux de la chanson en 2002, membre des Voix de Daïa et plusieurs titres et albums sortis chez Warner.
C’est avec son propre studio, CMC Studio, que Charlie M a créé de A à Z Et si je m’intéresse, un single solide, entêtant et visuellement d’une incroyable grâce gothique et onirique. De quoi s’intéresser sérieusement à Charlie M.
Il est à fort à parier que les fans de Game of Thrones se précipiteront sur le hors-série Pop du Point consacré à cette "messe planétaire" qu’est la célèbre série de fantasy. "Messe planétaire" : c’est Philippe Guedj qui emploie cette expression dans la préface, tant il est vrai que GOT s’est élevée au rang de phénomène culturel, pour ne pas dire de société.
Les superlatifs se mesurent à l’aune de quelques chiffres rappelés par le magazine : 47 Emmy Awards, un milliard de dollars de chiffre d’affaire généré chaque année, 36 millions de téléspectateurs en moyenne pour chaque épisode diffusé aux États-Unis pendant la saison 7… ou 300 bébés baptisés Arya en Angleterre au cours de l’année 2016.
Le terme de "chef d’œuvre" est carrément employé pour qualifier Game of Thrones, un cycle de romans et une série culte, souvent comparé par son souffle épique et son succès au Seigneur des Anneaux : une filiation et une similitude pourtant trompeuses.
Mais au fait, qu’est-ce qui fait la singularité de l’œuvre de GRR Martin comme de son adaptation télé ? Bien entendu, la violence de cette œuvre, la crudité des scènes montrées, le sadisme et le sexe sont une des marques de fabrique de GOT. L’intrigue complexe, les personnages nombreux et souvent charismatiques – Thyrion Lannister, Cersei Lannister, Daenerys Targaryen ou Jon Snow – et les rivalités où se mêlent géopolitique, liens de sang et vengeances constituent l’architecture d’une série dont le succès ne s’est jamais démentie depuis sa création en 2011. Cela dit, là n’est sans doute pas le plus important.
Ce que le hors-série Pop choisit de faire c’est un focus sur 12 scènes ou personnages marquants qui expliquent comment le romancier et les scénaristes se sont nourris de mythes et d’histoires universelles tout en bousculant des codes narratifs, au point même de choquer leur public.
Œuvre de fantasy moderne (le premier livre est sorti en 1996 aux États-Unis), Game of Thrones a abondamment puisé dans diverses sources pour construire des personnages cultes et des scènes marquantes. C’est ainsi que le lecteur verra dans le nain de la cour de Jacques Ier, Jeffrey Hudson (1619-1682), un modèle troublant du nain politique et ambitieux Thyrion Lannister, alors que Jon Snow peut être qualifié de personnage christique et Joffrey Baratheon être vu comme une copie presque conforme de l’empereur Caligula. Dans GOT, les sources ne manquent pas, tout comme les références philosophiques, et en premier lieu Machiavel dont Roger Paul-Droit consacre un portrait édifiant.
Il est aussi dit qu’aucun personnage ne sera à l’abri
Avoir choisi de ne pas rester collé à ces mythes n’est pas la moindre des qualités de Game of Thrones. Mieux, GRR Martin a choisi très tôt de bousculer les codes narratifs de son cycle. À cet égard, dit Phalène de la Valette, la scène de la décapitation de Ned Stark n’est certainement pas la plus violente, mais elle a marqué les esprits : en choisissant de faire mourir un type de héros familier des amateurs de fantasy, le romancier rabat complètement les cartes d’une intrigue pour faire basculer l’histoire dans un chaos qui fera le bonheur de ses fans. Il est aussi dit dès cet instant qu’aucun personnage ne sera à l’abri, ce qui sera démontré avec l’autre scène marquante, celle des Noces pourpres.
Les fans reconnaîtront l’épisode sanglant de la saison 3 : un banquet et un mariage sont l’occasion pour les auteurs de mettre en scène un massacre pervers – qu’Arya Stark vengera avec la même cruauté quelques saisons plus tard –, massacre largement inspiré d’épisodes historiques et de récits : "C’est le plus grand coup, de théâtre de toute la série. Tout avait été mis en place pour qu’on ne s’y attende pas, et surtout, ce carnage heurte autant la raison que nos sens," commente Nicolas Allard, auteur de L’Univers impitoyable de Game of Thrones (éd. Armand Colin). Un troisième exemple illustre ce travail sur la narration : l’épisode de la saison 6 consacré au géant Hodor, personnage secondaire mais marquant. Les auteurs de GOT en font une figure métaphorique et métaphysique grâce à l’utilisation astucieuse d’une boucle temporelle venant éclairer l’identité d’un personnage finalement très platonicien !
Dans ce hors-série passionnant, le mot de la fin est laissée à Anne Besson, auteure d’un Dictionnaire de la Fantasy (Editions Vendémiaire). Elle souligne à quel point le cycle de GRR Martin est atypique dans un domaine littéraire généralement plus optimiste, et durablement marqué du reste par l’œuvre de Tolkien. C’est sans doute là tout le talent du créateur du Trône de Fer : avoir révolutionné un genre littéraire. Mais il est vrai, conclue Anne Besson, qu’"aujourd’hui, écrire du Seigneur des Anneaux serait démodé."
L’Œil du frigo s'arrête cette semaine sur le film culte de Baz Luhrmann, Roméo + Juliette. Notre chroniqueur disserte sur une scène de frigo beaucoup plus parlante qu'elle n'en a l'air.
Roméo et Juliette ont un frigo : et si ! Même Leonardo Di Caprio n'en revient pas. Il parle à la nourrice de Juliette pour fixer un rendez vous dans le confessionnal. La nourrice ayant dû affronter une horde de malfrats pour parler au beau Roméo, elle arrive affamée dans les appartements de la belle Juliette (Claire Danes).
Evidemment, comme dans tout bon Shakespeare, elle se rue sur le frigo pour restaurer sa vieille carcasse. Ceci dit, le réalisateur ne nous épargne rien : comme la nourrice est une bonne vivante , elle va certainement se goinfrer et prendre les kilos - en atteste son postérieur nous voyons en gros plan avant de voir le frigo. Cela pourrait être une idée pour certaines et certains d'entre nous de visualiser quelques parties bien trop charnues de notre corps avant d'aller fourrer la tête la première dans le Frigo.
Mais la douce nourrice y va franco. Le frigo est très bien fourni. Elle ne cherche que des fruits et ne prendra que des raisins - ou des prunes qui attendent pratiquement seules sur une étagère. Si on part de l'hypothèse que c'est bien quelques grains de raisins, alors nous sommes dans le symbole de l'amour divin, de la vie, de l'arbre de vie. Merveilleux, quand on y songe, ce que peut nous dire une image (et a fortiori un frigo), hors du texte qui est prononcé. La nourrice fait fructifier cet amour en mettant les deux jeunes gens dans un cercle d'amour et s'en va manger une grappe de raisin (amour divin), tout en ayant fixé le rendez-vous dans le confessionnal - il ne se passe pas toujours des choses divines dans les confessionnaux, mais c'est un autre sujet...
Maintenant, si l'hypothèse est une prune, comme une "prune d'ente", qui donne nos fameux pruneaux, alors la symbolique est toute différente. Je ne vous ferai pas l'affront de vous décrire une symbolique intestinale liée à l'amour, mais juste pour le fruit être une "prune", c'est pas forcément flatteur - d'ailleurs, en prendre une non plus...
Notre vieux frigo qu'on referme avec le pied n'est là que pour renfermer les cercles vertueux de toutes les hypothèses. Il les tient au frais. Deux cercles vont se rencontrer et s'unir dans un confessionnal. Tous les symboles sont au vert, et l'espace de fusion entre les cercles créera un sous-ensemble dont la complexité m'égare. Quitte à gérer des cercles et un frigo, mieux vaut être le cercle le plus simplement efficace et clair. Pour tous ceux qui n'ont pas encore saisi, je vous renvoie à votre programme de sixième : Le cercle de centre O et de rayon R est l’ensemble des points du plan situés à la distance R du point O : voilà qui est dit !
On peut noter quand même qu'en haut du frigo, il y a des plats tout préparés... Shakespeare aurait donc tout prévu en cas de famine amoureuse il suffirait de se faire chauffer un Tupperware au micro-onde. J'aime bien cet auteur : il m'épate quand il parle d'amour absolu.
Roméo + Juliette, drame américain de Baz Luhrmann avec Leonardo DiCaprio, Claire Danes, John Leguizamo, Harold Perrineau Jr. et Pete Postlethwaite, 1996, 115 mn
Pour cette chronique, il ne sera pas question d’un mais de deux livres de Tatiana de Rosnay. Explication : Café Lowendal est la version enrichie d’Amsterdamnation (éd. Livre de Poche), deux recueils de nouvelles écrites entre 2009 et 2014. Par rapport à Amsterdamnation,Café Lowendal a été enrichi de quatre histoires : Un Bien fou, La Méthode « K », La Femme de la Chambre d’Amour et Café Lowendal, qui a donné son nom à la dernière version du recueil.
Avec plus de 70 pages, Café Lowendal pourrait être qualifié de court roman, tant par sa longueur que par sa manière de laisser l’intrigue lentement infuser, en cinq chapitres aussi amers et addictifs que du café. Gabrielle Célas est une romancière qui voit débarquer dans sa vie Victoria. Elles ne se connaissent pas mais ont un point commun : un homme qu’elles ont aimé toutes les deux, Diego, mort accidentellement quelques années plus tôt. Au moment de leur rencontre, Victoria demande à Gabrielle des conseils au sujet d’un livre qu’elle s’apprête à écrire au sujet de leur amour commun. La romancière accepte, fascinée de pouvoir se replonger dans un passé encore frais. Mais en découvrant les brouillons et les notes plutôt médiocres de celle qui a partagé la vie de son ex, Gabrielle retrouve le goût de l’écriture et se décide elle aussi à s’inspirer de Diego pour son nouveau roman, qui va, contre toute attente, connaître un très grand succès. Un piège finit par se refermer sur elle.
Cette première nouvelle porte en elle les gènes de Tatiana de Rosnay : l’importance des lieux – ce Café Lowendal, bien entendu, mais aussi la maison de village où Gabrielle Célas s’est isolée pour écrire son histoire –, les secrets indicibles et les morts toujours présents. L’auteure franco-britannique va jusqu’à inclure dans cette histoire de vengeance et de trahison un de ses personnages de roman, Nicolas Kolt, l’écrivain à succès d’À l’Encre russe (2013).
Cette histoire sensible et romancée est somme toute moins personnelle qu'un texte singulier et biographique, traitant lui aussi de disparus et de lieux signifiants : La Tentation de Bel Ombre traite d’une aïeule, Amélie, une Rosnay installée à l’Île Maurice. L’obligation administrative de devoir "prouver" sa nationalité française oblige Tatiana de Rosnay à partir à la recherche de ses origines. Elle en vient à trouver la trace de cette Amélie, née en 1777 place des Vosges à Paris. La vie romancée de cette femme est décrite en quelques pages, avec son lot de questions et aussi la sensation que Tatiana de Rosnay pourrait bien en faire un roman dans les prochaines années, comme elle le dit elle-même dans les dernières lignes.
Aussi amers et addictifs que du café
Les recueils Café Lowendal, et dans une moindre mesure Amsterdamnation, proposent des histoires resserrées, pour ne pas dire minimalistes : le récit Amsterdamnation et cette escapade morne en Hollande qui vire au drame ordinaire, un autre séjour raté en vacances qui s’avérera beaucoup moins idyllique que prévu (Un Bien fou) ou cette histoire de drague sur fond de réseaux sociaux (Sur ton Mur).
Ozalide est une histoire d’obsession d’une fan pour un écrivain, chez qui elle décroche un job de baby-sitter : un emploi rêvé qui lui permet d’ourdir un plan machiavélique et particulièrement décontenançant.
Le lecteur s’arrêtera plus longuement sur ces histoires d’amour et de sexe qui font tout le sel des deux recueils sortis à un an d’intervalle. Il y a d’abord cette rencontre improbable, dans un lieu glauque, entre un veilleur de nuit et une femme de ménage, une rencontre soudainement éclairée par la grâce de la danse et de la musique (Dancing Queeen). On en viendrait d’ailleurs presque à rêver d’une adaptation ciné et télé. Tatiana de Rosnay nous étonne également avec La Méthode « K » : l’auteure de Boomerang propose une audacieuse nouvelle érotique mâtinée de science-fiction. Tout aussi inattendu est Constat d’adultère. Cette fois, la romancière se fait froide chroniqueuse en se mettant dans la peau d’une détective chargée de reportée fidèlement à un client, un romancier célèbre, la filature de sa femme adultère. Le constat d’adultère s’étale sur plus de quarante pages, quarante pages qui ne laissent planer aucun doute sur les secrets les plus inavouables de cette influente épouse : "Nous nous permettons de vous rappeler que certains textes provenant des SMS et des courriels sont dans un langage cru, voire ordurier, qui ne fait pas partie de notre vocabulaire habituel." Voilà qui a le mérite d’être clair.
Café Lowendal se termine sur une nouvelle à la forte densité romanesque. La Femme de la Chambre d’Amour parle d’un lieu et surtout d’une rencontre sur fond de contrat littéraire. Mais l’intérêt de cette nouvelle réside d’abord dans la forme d’un récit construit comme une poupée russe. Pour résumer, Tatiana de Rosnay y raconte l’histoire de Roxane, minée par une séparation, parlant d’un client romancier ayant lui-même écrit sur cette femme de la Chambre d’Amour. Ces récits imbriquées apportent le lot de mystère et de romance dans un recueil aux mille nuances.
Tatiana de Rosnay, Café Lowendal & autres Nouvelles, éd. Livre de Poche, 2014, 275 p. Tatiana de Rosnay, Amsterdamnation & autres Nouvelles, éd. Livre de Poche, 2013, 126 p. http://www.tatianaderosnay.com