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  • En route vers les plus belles bibliothèques du monde

    Les bibliothèques sont des lieux incontournables du savoir, mais pourquoi ne pas les voir également comme des lieux de tourisme à visiter et à découvrir ?

    Holidu, le moteur de recherche de locations de vacances, a dressé une liste des plus belles bibliothèques d'Europe, en sélectionnant 5 bâtiments modernes et 5 plus traditionnelles.

    Parmi ces bibliothèques, une seule vient de France, et il ne s’agit pas forcément celle que l’on attendait.

    À visiter, et en silence si possible, bien entendu.

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    Wirtschaftsuniversität Wien, Vienne (Autriche)

    A Vienne on s’attend toujours à une architecture classique, à des bâtiments colorés, à croiser Sissi au coin de la prochaine rue… Mais ici, rien de tout ça. Cette bibliothèque à l’architecture hors du commun ressemble à un sous-marin. À moins que ce ne soit un robot, ou à… un mouvement. Une architecture si moderne et si futuriste, et qui date pourtant de 1898. Du modernisme avant l’heure.
    Catalogue : 745 797 livres, 59 006 livres électroniques, 1 014 journaux, 18 116 revues électroniques, 119 bases de données.
    Heures d'ouverture : tous les jours de 8H à 20H
    https://www.wu.ac.at

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    Bibliothèque royale de Copenhague (Danemark)

    Aussi connue sous le nom de "diamant noir", la bibliothèque royale de Copenhague est un véritable joyau d’architecture néo-moderne. Située dans le centre historique et dominant le détroit de l'Øresund elle fut construite en 1999. Un style assez surprenant aux multiples facettes.
    Catalogue : 745 797 livres, 59 006 livres électroniques, 1 014 journaux, 18 116 revues électroniques, 119 bases de données.
    Heures d'ouverture : tous les jours de 8H à 20H
    http://www.kb.dk/en

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    Bibliothèque de l'Université de Varsovie (Pologne)

    Une bibliothèque étudiante ou une oasis au beau milieu de la ville ? La bibliothèque universitaire de Varsovie a été fondée en 1816, et son nouveau bâtiment inauguré en 1999. Résolument moderne et colorée, elle comprend également une terrasse avec quatre jardins différents. Sa beauté lui a valu de nombreuses récompenses.
    Catalogue : 350 000 volumes
    Heures d'ouverture : tous les jours de 9H à 21H
    https://www.buw.uw.edu.pl

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    Bibliothèque centrale Oodi, Helsinki (Finlande)

    Sans conteste une œuvre architecturale comme on en trouve peu. La bibliothèque centrale d’Oodi et ses courbes mystérieuses, nous emportent à bord de son navire et sur les flots. Depuis son inauguration en 2018, beaucoup événements et de workshop y sont organisés, notamment sur le sujet du développement durable.
    Catalogue : 100 000 livres (en 17 langues), journaux, films et jeux vidéo
    Heures d'ouverture : milieu de semaine de 8H à 22H et le week-end de 10H à 20H
    https://www.oodihelsinki.fi

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    Stadtbibliothek am Mailänder Platz à Stuttgart (Allemagne)

    Dessinée par l'architecte coréenne Eun Young Yi, la bibliothèque municipale de Stuttgart, est un véritable bijou d’architecture. Un style contemporain et minimaliste, que l’on croirait presque imaginé pour Instagram. Ses neuf étages se rejoignent en empruntant un escalier en colimaçon très différent puisqu’il est carré…
    Catalogue : 500 000 volumes
    Heures d'ouverture : du lundi au samedi de 9H à 18H
    http://www1.stuttgart.de/stadtbibliothek

    Le classement s’intéresse aux bibliothèques traditionnelles et plus anciennes :

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    Bibliothèque John Rylands, Manchester (Royaume-Uni)

    La bibliothèque John Rylands à Manchester a été ordonnée en 1889 par Enriqueta Rylands en mémoire de son mari. Dessiné par l'architecte Basil Champneys, ce somptueux un bâtiment néo-gothique a pris 10 ans à la construction. La bibliothèque aujourd’hui abrite une grande collection de livres rares et de manuscrits.
    Catalogue : 250 000 livres, un million de manuscrits
    Heures d'ouverture : du mardi au samedi de 10H à 17H et les lundi et dimanche de 12H à 17H
    https://www.library.manchester.ac.uk/rylands

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    Stiftsbibliothek Admont, Admont (Autriche)

    La plus grande bibliothèque monastique du monde se trouve à Admont en Autriche. Son style baroque nous transporte tout droit dans un conte de fée... Les murs sont couverts de fresques et de dorures et les pièces très lumineuses à fin "d’éclairer les esprits". L'entrée coûte 11,50 €.
    Catalogue : 200 000 volumes
    Heures d'ouverture : tous les jours de 10H à 17H
    https://www.stiftadmont.at/seitenfehler

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    Kloster Wiblingen, Ulm (Allemagne)

    Si le style Rococo n’est pas au goût de tous, il faut bien avouer qu’il est tout de même impressionnant. Cette incroyable bibliothèque se cache dans un monastère bénédictin du début du XXe siècle. Longue de 72 mètres, richement décorée de fresques, de statues et de colonnes en marbre, c’est un émerveillement assuré. L’entrée est de 5 €.
    Catalogue : 9 000 volumes
    Heures d'ouverture : du mardi au dimanche de 10H à 17H
    https://kloster-wiblingen.de

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    Bibliothèque Marciana, Venise (Italie)

    La bibliothèque Marciana est l’une des plus grandes et plus prestigieuses bibliothèques d'Italie. Elle contient l'une des plus importantes collections de manuscrits grecs, latins et orientaux au monde. Située sur la fameuse Piazza San Marco, elle se distingue par un style élégant et résolument inhabituel pour cette période de fin du XVIème.
    Catalogue : 622 804 volumes, 2 887 incunables, 13 113 manuscrits, 24 069 manuscrits du XVIe siècle
    Heures d'ouverture : milieu de semaine 8H20 à 19H et le week-end de 8H20 à 13.30
    https://marciana.venezia.sbn.it

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    Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris

    Cette belle bibliothèque parisienne a été achevée en 1850 et a la particularité de ne s'inscrire dans aucun courant artistique. Il est donc sujet à la "libre interprétation". Sur les murs de la nef principale sont gravés les noms des auteurs les plus importants.
    Catalogue : 1,5 million de volumes, 85 000 manuscrits, 15 000 périodiques, 87 bases de données.
    Heures d'ouverture : du lundi au samedi de 14H à 18H
    http://bsg.univ-paris3.fr/iguana/www.main.cls

    https://www.holidu.fr
    https://www.wu.ac.at
    http://www.kb.dk/en
    https://www.buw.uw.edu.pl
    https://www.oodihelsinki.fi
    http://www1.stuttgart.de/stadtbibliothek
    https://www.library.manchester.ac.uk/rylands
    https://www.stiftadmont.at/seitenfehler
    https://kloster-wiblingen.de
    https://marciana.venezia.sbn.it
    http://bsg.univ-paris3.fr/iguana/www.main.cls

    Voir aussi : "Sur les pas d’Harry Potter, de Game of Thrones ou d’Outlander"

    © Landeshauptstadt Stuttgart - © WU Wien - © Royal Library Copenhagen - © Andrew Seles - © Maarit Hohteri - © Tecmark - Ltd via Flickr - © Admont Abbey - © LMZ Steffen Hauswirth - © Biblioteca Marciana - © Bibliothèque Sainte-Geneviève

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  • C’est Mozart qu’on ressuscite

    mozart,constanze weber,mozarteumJamais là mais pourtant omniprésent, Wolfgang Amadeus Mozart est bien la figure centrale du roman d’Isabelle Duquesnoy consacré à sa femme Constanze Weber, que l’auteure fait parler dans son récit passionnant.

    La redoutable Veuve Mozart (éd. La Martinière) démarre le 5 décembre 1791 à la mort du compositeur de La Flûte enchantée. Aux abois, l’artiste laisse, malgré l’admiration qu’il suscite, une dette importante, laissant sa femme et ses deux enfants dans une situation critique. Là sans doute réside l’explication de ce combat que n’aura de cesse de mener la veuve Mozart pour défendre à la fois l’héritage artistique de son mari et permettre à elle et ses deux fils, Franz-Xaver, dit Wolfgang Mozart II, et Carl Thomas, de sortir de la pauvreté. C’est ce dernier, l’aîné de la fratrie et aussi ancien fonctionnaire de Napoléon Ier, qui apparaît en filigrane du récit écrit à la première personne par Constanze.

    Ce qui intéresse Isabelle Duquesnoy est bien entendu le destin de la veuve Mozart, autant que l’histoire d’une famille autrichienne pas tout à fait comme les autres. Il pèse en particulier sur les enfants Mozart autant le poids d’un compositeur exceptionnel (le plus jeune enfant, bien que musicien, sera dans l’incapacité d’approcher la notoriété de son père) que le caractère combatif et étouffant d’une femme qui s’est résolue à défendre l’œuvre de son mari et à se battre contre les créanciers et faire-valoir ses droits – que l’on pense à l’histoire des droits sur le Requiem.

    Il rêvait d’en être admiré, ils l’humilièrent

    Isabelle Duquesnoy, à travers son livre La redoutable Veuve Mozart, entend aussi dépasser les différentes légendes autour de Mozart – la commande du Requiem, la jalousie de Salieri, le corbillard roulant seul pour conduire la dépouille mortelle jusqu’à la cathédrale Saint-Étienne de Vienne. L’auteure souligne aussi la situation inconfortable de Mozart, à la fois admiré et rejeté en raison notamment de son appartenance à la franc-maçonnerie : "[Il] détestait les aristocrates, mais il ne souhaitait pas d’autres reconnaissances que la leur. Il rêvait d’en être admiré, ils l’humilièrent. Il avait faim de leurs compliments, ils l’endettèrent. Il rêvait de les faire danser, ils l’enterrèrent. Je n’ai pas d’autre but que de leur faire regretter cette méprise."

    Constanze Weber, veuve qui vouait un amour et une admiration inconditionnelle à "son Mozart" mari (que l’on pense à la scène de la recherche de son crâne dans la fosse commune), est bien plus qu’une défenseuse zélée de ses droits moraux : elle se montre opiniâtre pour payer ses créanciers, ne pas laisser le Requiem lui échapper, se mettre, elle et ses enfants à l’abri du besoin et aussi faire de Mozart une marque rentable à travers des produits dérivés, une fondation et bien entendu des concerts (nous sommes au début du XIXe siècle!).

    Isabelle Duquesnoy peint aussi le paysage passionnant de l’Europe plongée dans les turpitudes de la Révolution française et de l’Empire napoléonien, dont Carl Thomas fut un fidèle serviteur.

    Vrai roman historique, richement documenté et salué par la Fondation Mozarteum de Salzbourg, La redoutable Veuve Mozart est tout aussi passionnante pour des portraits émouvants et souvent aussi sans concession de quelques personnages historiques : Haydn, Casanova, Beethoven ou Nannerl Mozart.

    Voilà un roman qui redonne vie à un compositeur légendaire comme à une femme peu connue, mais essentielle pour comprendre la pérennité d’une œuvre sans égal.

    Isabelle Duquesnoy, La redoutable Veuve Mozart, éd. De la Martinière, 2019, 295 p.
    http://www.editionsdelamartiniere.fr

    Voir aussi : "Nannerl, sœur de Mozart et génie sacrifiée"

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  • Naissance de LeHache

    "Qui n’est occupé à naître est occupé à mourir" : cette citation de Bob Dylan illustre à merveille le premier album de LeHache, Né ! Une vraie naissance musicale pour un auteur-compositeur qui s’est autant nourri de littérature et de poésie françaises (François Villon, Victor Hugo, Jack Kerouac ou Henry Miller) que de musiciens folks (Woody Guthrie, Yves Simon ou Bob Dylan, justement). D’autre noms peuvent être invoqués à l’écoute de l’opus de LeHache : Georges Brassens, Anne Sylvestre et même Bobby Lapointe.

    Christian Le Hache, dans l’état-civil, a fait longuement infuser son art en se frottant à des projets tous azimuts, essentiellement dans la région Rhône-Alpes : Jazz avec Kayros (Jazz Clubs de Chalon sur Saône, Bourg En Bresse et Lyon), le collectif AFAG (Festival Un Doua De Jazz à Villeurbanne), l’électro-jazz avec le duo NH++ (Nuit de tous les jazz à Porte-Les-Valence), l’adaptation rock autour du répertoire de Bob Dylan avec Edith Grove (SMAC La Tannerie, Bourg En Bresse) ou encore la création du trio a cappella Cortex Sumus en 2011.

    Né !, écrit avec son co-parolier Gérard Viry, sonne comme l’aboutissement d’un parcours artistique atypique que le musicien retrace à sa manière, faisant de son opus un autoportrait, riche de souvenirs (Jalousie, Honfleur), de confessions (Le jardin retrouvé) et de saynètes intimes, à l’instar de La revanche de L'Édredon ou de Mes Gauloises bleues.

    Ces fameuses Gauloises bleues renvoient bien entendu aux cigarettes emblématiques de Serge Gainsbourg, à une époque où les préoccupations sanitaires n’étaient pas celles d’aujourd’hui, mais aussi à Yves Simon et à sa chanson Les Gauloises bleues. LeHache confie ceci : "Je pense à ces nuages de l'époque. Gainsbourg pour les nuages (mais il était plus Gitanes que Gauloises) et Yves Simon, bien sûr, référence majeure… Cependant Yves Simon évoque les Gauloises comme un jardin secret de jeunes gens. Dans Mes Gauloises Bleues nous [Gérard Viry et LeHache] évoquons plutôt un type devenu vieux, qui s'envole pour le dernier voyage."

    Sincérité, simplicité et exigence

    La mort n’est pas absente de cet album singulièrement nommé Né ! Cet premier opus frappe par sa sincérité, sa simplicité et son exigence. Guitare sèche et voix au grain âpre : nous ne sommes pas en terrain tout à fait inconnu avec ce chanteur qui a digéré de multiples influences tout au long de sa carrière, que ce soit Georges Brassens (Onde vagabonde), Hugues Aufray (Ce pays est à toi), Boris Vian ou Sanseverino (La jeune bouchère, Né !).

    Le choix de l’acoustique permet à l’auteur-compositeur de laisser un boulevard à des mélodies parfois étonnantes de complexité, à l’instar de Jalousie, et surtout aux textes ("Mon petit doigt me dit qu’il n’est point spectaculaire / D’arpenter chaque jour les mêmes recoins de la terre / La vie fait des mystères mais d’une chose je suis sûr / J’aime le bout du nez au milieu de la figure", Né!).

    Les chansons de LeHache sont teintées de couleurs pop-folk (Ce pays est à toi), manouches (La jeune bouchère) ou latinos (À force de lumières). Né ! Est un vrai album généreux et une invitation bienvenue à une France à la fois plurielle mais jamais amnésique de ses traditions musicales (le Gainsbourg, en filigrane de Mes Gauloises Bleues, nous l’avons dit) et même littéraires (Henry Miller).

    Faux désinvolte et vrai troubadour contemporain à l’heure des Trente Piteuses, LeHache propose des déambulations et des voyages – intérieurs ou non – qui sont prétextes à des flux de souvenirs, quand ce ne sont pas des regrets (Honfleur). L’autodérision n’est jamais absente, lorsque par exemple le chanteur parle de lui-même ("Je sais rien faire de mes dix doigts / Quand je bricole je bousille / Si j’aide dans un chantier / Ça faire rire les filles / À mon âge avancé je suis célibataire / Car je cherche une femme qui aurait les goûts de ma mère", Le jardin retrouvé). Il sait aussi se faire touchant à l’évocation d’un premier amour, évanescent et éternel tout à la fois (Durance).

    Dans cet opus à la folk aventureuse (Guapo), les introspections deviennent des cavalcades, avec la voix sans fard de LeHache, la guitare bien calée contre lui. Une naissance, certes sur le tard, d’un auteur-compositeur à suivre.

    LeHache, avec Gérard Viry, Né !, autoproduit, 2019
    www.lehache.fr
    "De fièvre et de Sang"

    http://www.sylviethouron.fr

    Voir aussi : "Du plaisir à Eugene avec Loftän"

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  • Dans la zone

    Depuis plusieurs mois, on l’attendait. – Quoi ?– Le retour de Twilight Zone. La Quatrième Dimension a fait les beau jours de la télévision depuis 1959 et a marqué des générations de spectateurs. Rod Steiger, créateur et narrateur concis et froid, présentait des épisodes tour à tour fantastiques, incroyables, facétieux et troublants, parvenant à chaque fois – ou presque – à dérouter des spectateurs scotchés devant ces petits bijoux, ne dépassant souvent pas les 25 minutes. La série américaine s’offrit même le luxe de s’offrir quelques stars : Buster Keaton, Lee Marvin, Mickey Rooney, Robert Redford, Dennis Hopper, Leonard Nimoy, Charles Bronson, Agnes Moorehead, Patrick Macnee, Martin Landau, Roddy McDowall ou Peter Falk.

    Il y a eu dans les années 80 une nouvelle version, cette fois en couleur et avec une voix off venue d’outre-tombe. Avouons-le : la magie n’opérait plus. Une Treizième Dimension, diffusée au début des années 2000, plus discrète encore, ne marqua pas plus les esprits, malgré la présence de Forest Whitaker en narrateur. La version en noir et blanc de Rod Steiger continuait à être la référence considérée comme indépassable. Cette année, nous apprenions que Twilight Zone revenait, avec cette fois Jordan Peele (Get Out, Us, la série Fargo) dans le rôle du narrateur, apparaissant au début et à la fin de chaque épisode. Quelles surprises allaient nous proposer ce nouveau Twilight Zone ? 

    Pour cette saison proposée par CBS, 10 épisodes sont proposés, avec le même ADN : des scénarios alambiqués, une intrigue se terminant par une chute spectaculaire ou étonnante et des personnages perdus dans une réalité qui perd soudain pied, sans oublier la bande originale reprise pour les génériques de début et de fin et le célébrissime thème de Jerry Goldsmith.

    Sans oublier le célébrissime thème de Jerry Goldsmith

    La première saison de la série propose dix histoires mystérieuses et parfois terrifiantes de gens ordinaires perdus dans une autre dimension, faite tour à tour de rêves, de cauchemars ou de folies. Un humoriste sans talent se voit proposer un talent soudain et irrésistible mais à un prix très élevé. Un passager apprend en détail par un podcast que l’avion où il est embarqué va s’écraser. Une femme noire va essayer de déjouer un destin cruel grâce à un caméscope aux étranges pouvoirs. En Alaska, une policière se trouve nez à nez avec un voyageur pendant la nuit de Noël. Un conseiller un communication suit un jeune garçon, persuadé qu’il peut devenir le futur Président. Quatre astronautes sont en toute vers Mars sans doute au plus mauvais moment. Une jeune femme est témoin d’une pluie de météorites aux conséquences incroyables… Voilà quelques épisodes proposés, pouvant séduire ou non, avec des mention spéciales pour Cauchemar à 30 000 pieds pour son ton grinçant, au formidable Replay, interprété de main de maître par Sanaa Lathan et à Pas tous les hommes, efficace, engagé et lorgnant avantageusement du côté de Stephen King.

    Le racisme, le populisme, le féminisme, les menaces qui pèsent sur la planète, la bioéthique ou la soif de célébrité : finalement c’est de notre monde et de nous que parlent ces épisodes fantastiques, tout comme la guerre froide, l’apocalypse nucléaire ou les OVNIS (qui ne sont cependant pas absents de la version de Jordan Pelle) étaient des thèmes abordés dans les épisodes des années 60.

    Ces dix voyages entre rêves et cauchemars, malgré quelques ratés (Six degrés de liberté) sont à découvrir en ce moment. Bienvenue dans la quatrième dimension. Forcément mémorable.

    The Twilight Zone, série de science-fiction et fantastique de Jordan Peele
    saison 1, 2019, sur Canal+

    Voir aussi : "Fallait-il une nouvelle adaptation du Nom de la Rose ?"

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  • Cœur de Pirate de retour dans les bacs

    C’est une reprise étonnante que nous propose Cœur de Pirate, avec Femme Like U. Ce tube des années 90 de K. Maro, qui a fait les beaux jours des boîtes de nuit avant de tomber dans l’oubli, reprend vie grâce à notre Québécoise préférée.

    Femme Like You par Cœur de Pirate est le 3e titre de la compilation Back dans les bacs, après la sortie de Je Danse Le Mia repris par Corine et Angela des Saïan Supa Crew, révisité par Mathieu Boogaerts.

    Femme like U se pare de couleurs pop acidulées et d’une rythmique lancinante. Le clip est à l’avenant : l’auteure de Comme des enfants fait une lecture moins dansante que langoureuse du titre de K. Maro, qui ne pouvait pas rêver plus belle adaptation.

    Bla Bla Blog vous propose de découvrir de ce qui promet déjà d’être un incontournable tube pour cette fin d’année et un retour nostalgique vers les années 90.

    Pour la compilation de Back dans les bacs, Cœur de Pirate côtoira Alex Beaupain, Matthieu Boogaerts, Corine, Arielle Dombasle, Doriand, Élodie Frégé, Mareva Galanter, Holybrune, Igit, Madame Monsieur, Inna Modja, Navii, Lili Poe, Rocky et Shy’m.

    Cœur de Pirate, Femme like U, in Back Dans Les Bacs, E47 Records, 2019
    https://backdanslesbacs.lnk.to/FemmeLikeU

    Voir aussi : "Imagine all the people"

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  • Contes symphoniques de Samy Thiébault

    Nous avions parlé il y a quelques semaines du précédent album de Samy Thiébault, Caribbean Stories et de son jazz se nourrissant de couleur créoles et caribéennes. Revoilà notre saxophoniste avec Symphonic Tales, un album tout autant syncrétique et bigarré, et cette fois avec grand orchestre, pour un alliage ambitieux entre jazz, classique mais aussi musiques du monde.

    Ces contes symphoniques avec l’Orchestre Symphonique de Bretagne, sous la direction d'Aurélien Azan Zielinsky, sont autant de morceaux de bravoure, d’une ambition désarçonnante. Le premier titre, The Flame, cueille ainsi a froid l’auditeur grâce à son opulente richesse musicale aux parfums orientaux.

    Pour cet opus, Samy Thiébault s’est entouré, en plus de l’ensemble symphonique breton, d’Adrien Chicot au piano, Sylvain Romano à la contrebasse, Philippe Soirat à la batterie et Mossin Kawa au tablas. "Après m'être réapproprié la lenteur, j'étais mûr pour l'orchestre" commente le saxophoniste de jazz, qui avoue aussi s’être essayé à la composition symphonique lors de ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. "Cela correspond à des choses que je voulais entendre chez moi depuis longtemps"ajoute-t-il, dans cet opus finalement plus personnel que ne laisse entendre la réalisation impressionnante de Sébastien Vidal et de Philippe Teissier Du Cros au son.

    Facture classique et facile ? Non : mais romantisme et goût de l'épique, à l'instar d'Élévation dont la puissance lyrique est contrebalancée par un deuxième mouvement jazz que l'on croirait cinématographique.

    Les deux premiers titres de ces Symphonic Tales constituent à eux seuls presque la moitié d’un album composé de huit morceaux. C’est dire la place de The Flame et Élévation, impressionnants dans leur architecture comme dans leur orchestration. Samy Thiébault ignore la frontière entre jazz et classique, entre John Coltrane et Claude Debussy ou entre Ravi Shankar et Maurice Ravel.

    Diva and Shiva, romanesque et enlevé, donne au saxophone toute sa place comme si le jazzman proposait un concerto bigarré, coloré et aventureux. Pour Jahan Jog Joy, on sent tout le parfum orientalisant, laissant aussi toute sa place à l’ improvisation. À l’instar du titre Ajurna, aux percussions d’une belle variété, l’artiste mixe les influences avec une passion communicative.

    L'album se termine sur un Diwali concis, mais non moins coloré en guise de clôture délicate et déroutante.

    Samy Thiébault, Symphonic Tales
    Avec l’Orchestre Symphonique de Bretagne, s
    ous la direction d'Aurélien Azan Zielinsky
    Gaya Music/l’Autre Distribution, 2019

    http://www.samythiebault.com
    https://www.facebook.com/samythiebault

    Voir aussi : "Les histoires caribéennes de Samy Thiébault"

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  • Qui connaît Allain Leprest ?

    Hexagone, le magazine de la chanson, propose ce trimestre un dossier spécial consacré à Allain Leprest. Alors que cette très belle revue de référence s’interroge sur sa propre pérennité ("Voilà que nous entamons – déjà – notre quatrième exercice. Sera-t-il le dernier ?" écrit avec beaucoup de gravité David Desreumaux, le rédacteur en chef), voilà qu’Hexagone s’offre le luxe de s'intéresser à un artiste majeur mais largement méconnu.

    Qui connaît Leprest, ce chanteur immense, décédé tragiquement en 2011 ? Une réflexion frappante revient régulièrement tout au long de ces chroniques et interviews : comment un tel artiste, jugé à l’égal d’un Brel, d’un Ferré ou d’un Brassens, a-t-il pu passer sous les radars du grand public et des médias, alors que la réputation d’Allain Le Prest était bien ancrée dans le milieu musical tout au long de sa carrière ? Didier Pascalis, son dernier producteur (Tacet), le résume ainsi : "Nous sommes dans une sorte de paradoxe : tous les journalistes, tous les professionnels savent qu’Allain Leprest était un génie, mais ces chansons ne passent pas à la radio…" Son ami et représentant de droit moral avance une explication : "Les gens qui reconnaissent le génie d’Allain, ceux qui disent que ses disques sont formidables ne sont pas les faiseurs d’opinion."

    Cela rend d’autant plus remarquables les tentatives de faire découvrir l’œuvre de Leprest, à l’instar de Gauvain Sers qui a fait sans doute plus pour sa reconnaissance grâce à quelques syllabes répétées dans son titre Pourvu que beaucoup de spécialistes ou passionnés.

    La revue propose de relire l’interview qu’Allain Leprest avait donné en juin 2002 au webzine L’art-scène, une entrevue dans laquelle le musicien se dévoilait sans artifice, revendiquant son indépendance, tout en parlant de ses relations avec les éditeurs, de ses ateliers d’écriture, de son engagement, de la peinture ou d’une reconnaissance artistique que lui-même confie avoir obtenu : "Ça doit faire vingt-cinq ans que je fais officiellement ce métier, et comme on parlait d’artisanat, j’ai eu l’impression de passer un CAP de chanteur, d’être reconnu par mes pairs et d’être reconnu par ce qui doit être dévolu à un chanteur, c’est-à-dire un public."

    L’œuvre est tellement colossale, voire abyssale

    Une preuve de l’immense respect que lui portaient ses pairs et ses amis artistes ? Deux albums de reprises de son vivant, en 2007 et 2009 (Chez Leprest, vol. I et II), avec notamment Olivia Ruiz, Sanseverino, Michel Fugain ou Agnès Bihl (Ah, l’inoubliable reprise du Copain de mon père!). Hexagone interroge pour les besoin de son dossier Loïc Antoine, intarissable sur son amitié avec Leprest et sur l’apport artistique de ce dernier. Les journalistes Patrice Demailly et Stéphane Hirschi s’expriment, eux, sur l’apport artistique et musical de Leprest, y compris parmi la jeune génération, dont Marion Cousineau, qui voit son œuvre comme un "phare" : "Il n’est plus là, mais il n’est jamais loin."

    Allain Leprest ce génie discret et décédé depuis plus de huit ans,  allait-il être définitivement oublié ? Beaucoup – et la rédaction d'Hexagone en fait indubitablement partie – ont décidé que non. Son travail d’auteur-compositeur continue d’être redécouvert, et l’on se prend à envier l’auditeur qui viendrait à découvrir le chanteur pour la première fois…

    En 2019, il y a bien une actualité Leprest : une version symphonique d’un choix de compositions vient de sortir en disque, en même temps qu’une tournée avec l’Orchestre National des Pays de la Loire (ONPL). Leprest en Symphonique, proposé par la société de production Tacet et Didier Pascalis. Leprest en Symphonique rassemble les chanteurs et chanteuses Romain Didier, Clarika, Sanseverino, Cyril Mokaiesh, Alexis HK et Enzo Enzo pour un spectacle de reprises qui est aussi une proposition de rencontres entre le public et l’œuvre d’Allain Leprest, puisqu’en plus de la tournée qui sevrait se poursuivre en novembre 2019, un album est proposé avec des versions d’un choix de titres (Francilie, Y’a rien qui se passe, Nu, Dans l’sac à main d’la putain ou Donne-moi de mes nouvelles). Romain Didier, Clarika, Sanseverino et Cyril Mokaiesh présentent ce projet artistique dans une interview croisée qui est aussi celle d’admirateurs. Sanseverino confie ceci : "Il n’est pas facile de parler de Leprest, parce que Leprest parle tout simplement ! L’œuvre est tellement colossale, voire abyssale."

    Hexagone, "Après Leprest", automne 2019
    Leprest en Symphonique, Tacet, 2019
    Nicolas Brulebois, Gens que j’aime, éd. Jacques Flament, 2014, 329 p.

    Voir aussi : "Gauvain Sers, l’autre chanteur énervé"
    "Chants songs"

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  • Fallait-il une nouvelle adaptation du Nom de la Rose ?

    L’adaptation en série du Nom de la Rose, plus de trente ans après la version de Jean-Jacques Annaud, avait tout pour rester dubitatif. Il est vrai que le roman d’Umberto Eco a tout du roman inadaptable et le réalisateur français avait su relever le gant, offrant des moments de cinéma restés dans les mémoires : l’interprétation magistrale de Sean Connery dans le rôle du moine-enquêteur Guillaume de Baskerville, des rôles secondaires marquants (Adso de Melk, Bernardo Gui ou l’hérétique Salvatore) et des scènes marquantes (la découverte de la bibliothèque, la rencontre d’Adso et de la jeune fille, le procès ou les bûchers). Des médiévistes ont pu s’alarmer des entorses faites à l’histoire, notamment au sujet de Bernardo Gui, qui a réellement existé. Il n’en est pas moins vrai que le film d’Annaud reste immanquable. Alors, pourquoi retourner Le Nom de la Rose, cette fois en série ?

    La première tient au roman d’Umberto Eco : un pavé dense et complexe qu’une version cinéma ne peut que rendre partiellement : que l’on pense à ces disputes théologiques, intelligemment mais clairement ramassées dans la version cinéma mais sur laquelle la série s’intéresse plus longuement.

    L’autre qualité de la version télé du Nom de la Rose est de pouvoir suivre dans la longueur un cheminent narratif sur la longueur et creuser des personnages, simplement esquissés dans le roman de Jean-Jacques Annaud : Adso de Melk et ses choix, la jeune fille dont il tombe amoureux, Remigio et son passé obscur au sein de la secte de Dolcino.

    Quelques mots sur l’intrigue, maintenant : en 1327, le moine franciscain Guillaume de Baskerville se rend avec son novice Adso de Melk dans une abbaye bénédictine au nord de l’Italie. C’est là que doit se dérouler un débat entre l’autorité papale et l’ordre franciscain, soutenu par l’empereur du Saint Empire Germanique, au sujet d’une querelle théologique portant sur la pauvreté du Christ. Évidemment, cette disputatio n’est qu’un prétexte pour des enjeux d’abord politiques. Lorsque Guillaume de Baskerville arrive dans l’enceinte du monastère, un meurtre vient d’avoir lieu. Le visiteur et son novice commencent une enquête qui semble tourner autour d’une mystérieuse bibliothèque. Lorsque l’inquisiteur Bernardo Gui rejoint à son tour les lieux, cet homme qui est chargé par le pape d’escorter les représentants pontificaux, décide de reprend l’enquête à sa manière et trouve très vite un coupable idéal. Mais le climat se tend et les morts continuent de tomber.

    Une place singulière laissée aux femmes

    La série de Giacomo Battiato respecte la trame policière d’Umberto Eco sans oublier les enjeux théologique et politiques (avec un mention spéciale pour Tchéky Karyo, dans le rôle d’un Jean XXII perfide en diable). Dans cette nouvelle adaptation du Nom de la Rose, une place singulière est laissée aux femmes, malgré le décor de l’histoire et l’importance des hommes qui s’y croisent : moines aussi mystérieux ou inquiétants les uns que les autres, soldats impériaux et représentants pontificaux. La jeune fille, maîtresse d’Adso (Nina Fotaras) et la pugnace Anna (Greta Scarano) insufflent à l’histoire écrite par Umberto Eco un nouveau souffle romanesque, sans pour autant que ces héroïnes ne fassent de l’ombre au personnage de Guillaume de Baskerville. Sean Connery avait incarné avec maestria cet enquêteur hors-norme. Il fallait un acteur de la carrure de John Turturro pour jouer ce rôle, avec une densité tout aussi forte.

    Résultat : une série ample et passionnante qui n’a pas à rougir de la comparaison avec le chef-d’œuvre de Jean-Jacques Annaud. Grâce aux moyens donnés à cette fiction historico-théologico-policière, comme au choix du scénario de Giacomo Battiato, le Nom de la Rose parvient à sortir des murs de l’abbaye, lors par exemple d’âpres combats à l’arme blanche : Game of Thrones est passé par là.

    Les nostalgiques de la version d’Annaud bouderont sans doute cette nouvelle adaptation du Nom de la Rose. Il n’en reste pas moins vrai que cette série est une excellente découverte.

    Le Nom de la Rose, série historique de Giacomo Battiato, Andrea Porporati et Nigel Williams
    Italie et Allemagne, avec John Turturro, Damian Hardung,
    Rupert Everett et Michael Emerson,
    Saison unique, 8 épisodes, 2019, en ce moment sur OCS et Canal+

    https://www.ocs.fr/actualite/le-nom-de-la-rose-la-serie-lintegrale-sur-ocs

    Voir aussi : "Umberto Eco, un mélange"

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