Musique ••• Chanson ••• Eva Marchal, 88
Merveilleuses artilleuses
C’est un Paris littéralement fantastique qui sert de décor à Pierre Pevel pour le premier tome de la bande dessinée Les Artilleuses (éditions Drakoo) dont il a écrit le scénario.
L’écrivain avait déjà fait de ce Paris des Merveilles une saga, cette fois en roman (Les Enchantements d’Ambremer en 2003, suivi de L’Elixir de l’oubli en 2004). Il parlait de la ville qu’il a créé de toute pièce en ces termes : "Imaginez des nuées d'oiseaux multicolores nichées parmi les gargouilles de Notre-Dame… Imaginez des sirènes dans la Seine ; imaginez une ondine pour chaque fontaine, une dryade pour chaque square… Imaginez le bois de Vincennes peuplé de farfadets sous les dolmens ; imaginez, au comptoir des bistrots, des gnomes en bras de chemises, la casquette de guingois et le mégot sur l'oreille… Imaginez de minuscules dragons bigarrés chassant les insectes au ras des pelouses du Luxembourg et happant au vol les cristaux de soufre que leur jettent les enfants… Imaginez une licorne dans le parc des Buttes-Chaumont ; imaginez la Reine des Fées allant à l'opéra dans une Rolls-Royce Silver Gost…" (Le Paris des Merveilles, Les Enchantements d'Ambremer). Pour en savoir plus sur Pierre Pevel, rendez-vous sur le site Fantasy à la Carte.
C’est dans cette ville féerique que se situe le premier tome des Artilleuses. Nous sommes en 1911 dans un Paris steampunk. Kathhryn, Audrey et Louison sont des hors-la-loi recherchées par la police, et en particulier par la brigade des affaires féeriques. L’explication de cette attention toute particulière des autorités ? Parmi ces artilleuses figure une magicienne, une fée… et une morte. Dans le tome 1, mis en image et en couleur par Étienne Willem et Tanja Wenish, nos trois braqueuses dérobent un objet précieux, le sigillaire, pour un commanditaire, le faune Cristofaros.
Trois pétroleuses
Sauf que ce qui devait être une affaire juteuse rondement menée devient un piège. Et voilà Kathhryn, Audrey et Louison obligées de fuir, pourchassées tour à tour par une section policière inspirée des Brigades du Tigre, une machine volante que n’aurait pas renié Robur Le Conquérant, un homme mystérieux rôdant autour de la demeure du faune mais aussi les services secrets du IIe Reich et le sanguinaire colonel Eckermann, qui va vite se mettre en selle pour les prochains épisodes. Aidées du vieil Hugo Barillet, les trois héroïnes vont avoir fort à faire pour s’en sortir. Mais on peut leur faire confiance.
Cette BD, écrite par Pierre Pevel, est sans nul doute un événement qui sera attendu par les fans de fantasy mais aussi de SF steampunk. Cet auteur a aussi fait de l’uchronie l’une de ses marques de fabrique (Les Ombres de Wielstadt, Grand prix de l'Imaginaire 2002 du meilleur roman). Il imagine son histoire dans un Paris fantasmagorique, avec une histoire mêlant science-fiction à la Jules Verne, voleurs (ou plutôt voleuses) dignes d’Arsène Lupin, magie féérique dans une ville qui en a vu bien d'autres et cavalcades que n’aurait pas reniées la bande à Bonnot. Au dessin, Étienne Willem adopte un coup de crayon rapide, faisant le choix de ne pas appuyer sur la féerie pour préférer l’action, mais aussi le sex-appeal de trois pétroleuses que l’on aura plaisir à suivre pour connaître le dénouement de leur aventure.
Pierre Pevel, Étienne Willem et Tanja Wenish ; Les Artilleuses,
Le vol de la sigillaire, tome 1, éd. Drakoo, 2020, 48 p.
https://www.drakoo.fr/les-artilleuses
Voir aussi : "Pierre Pevel", Fantasy à la carte
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