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"Les registres du jeu" : le cycle d'expositions organisées par le centre d'art contemporain des Tanneries d'Amilly (Loiret) commence ce 8 octobre avec le couple de sculpteurs Marthe et Jean-Marie Simonnet.
Nous avions parlé sur ce blog de ce couple d'artistes immensément doués, mais aussi novateurs lorsqu'ils ont jeté leur dévolu sur des matériaux synthétiques, utilisant des modules basiques aux formes douces, harmonieuses, mathématiquement et techniquement maîtrisées.
Les reliefs infinis ou illimités, engagés il y a plus de 30 ans – et dont les toutes dernières formes ont été réalisées pour l’exposition – en sont une élégante expression. Marthe Simonnet dirait qu’au terme de cette mise en jeu, le féminin se fait le prolongement du masculin devenu lui-même prolongement du féminin : si les formes modulaires produites s’emboitent et s’épousent – clin d’œil au couple d’artistes, riches de 50 ans de créations artistiques menées à 4 mains – pour former un hexaèdre régulier.
Il reste au public à découvrir les créations exceptionnelles de ces joueurs facétieux que sont Marthe et Jean-Marie Simonnet. Cela se passera aux Tanneries d'Amilly, du 8 octobre au 18 décembre 2022.
Tolkien serait-il la grande star de cette fin d’année ? Il faut le croire, avec la sortie de la série Les Anneaux de Pouvoir, considérée comme la création télé la plus chère jamais tournée. Le magazine Première surfe sur le phénomène d’un des auteurs majeurs du XX siècle et dont l’œuvre est devenue culte.
En moins de 100 pages, le magazine spécialisé revient dans un numéro spécial sur cette saga de fantasy et repart "sur les traces de l’écrivain le plus passionnant du XXe siècle… [fait] l’inventaire de son héritage, et [examine] l’impact de son chef d’œuvre sur la pop culture", comme l’écrit Gaël Golhen dans son éditorial.
Dans ce hors-série, honneur à l’actualité avec un large dossier consacré auxAnneaux de Pouvoir, la série d’Amazon, résultat aussi, nous explique Sylvestre Picard, d’une bataille juridique autour des droits de l’œuvre de Tolkien.
Le journaliste souligne que la somptueuse création télé a été écrite d’après les appendices du Seigneur des Anneaux. D’où la question : pourquoi les créateurs n’ont-ils pas jeté leur dévolu sur le Silmarillion, l’autre œuvre emblématique de Tolkien ? La réponse risque de déconcerter plus d’un et plus d’une.
Un adaptation par Kubrick à laquelle auraient collaboré Les Beatles
Une interview du scénariste J.D. Payne et du réalisateur Juan Antonio Bayona permet au lecteur d’entrer – un peu – dans les arcanes de la création de la série.
Le magazine a également la bonne idée de revenir sur quelques personnages emblématiques du Seigneur des Anneaux, que la nouvelle création d’Amazon reprend, avec certes de nouveaux visages. Et l’on pense inévitablement à Galadriel, portant fort bien ses 1970 ans.
Outre une interview de John Howe, artiste incontournable quand on pense à Tolkien, Première s'intéresse à l’écrivain britannique et sur la lente maturation d’une œuvre capitale de la littérature mondiale. La question des droits revient sur le tapis, avec une autre figure, Christopher Tolkien, son fils, décédé il y a quelques années, et farouche défenseur de la mémoire de son père.
Le lecteur apprendra sans doute que Le Seigneur des Anneaux a suscité dès les années 60 des passions et des soifs d’adaptation. À ce sujet, François Léger détaille le vrai du faux s’agissant d’un projet de film réalisé par Kubrick à laquelle auraient pu collaborer… Les Beatles. Autre adaptation, celle en dessin animé de Ralph Baski en 1978, mais qui, hélas, se contenta d’un seul film contre trois imaginés à l’origine.
Première consacre évidement une grosse moitié de son numéro spécial à la version légendaire, majestueuse et définitive du Seigneur des Anneaux par Peter Jackson. Comment a travaillé lé réalisateur néo-zélandais ? Comment a été reçu le film ? Pourquoi la communication a joué sur les nouveaux médias de l’Internet pour susciter le buzz ? Des interview, des focus sur les versions DVD et Blu-ray, une analyse croisée des sagas Star Wars et de Tolkien et un regard sur l’influence sur la culture pop achèvent de faire de ce numéro une passionnante visite de La Terre du Milieu.
Fans de fantasy, ce numéro spécial est carrément inratable. Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et maisons de la presse jusqu'à fin octobre.
Numéro spécial Première "Retour en Terre du Milieu", septembre-octobre 2022, 98 p. https://www.premiere.fr
2022 marque les 400 ans de Molière. Cet auteur phare de la littérature française, chacun croit bien le connaître : son vrai nom, Jean-Baptise Poquelin, son choix de ne pas suivre la tradition familiale de tapissier, ses premières armes dans une troupe de théâtre, L’Illustre Théâtre, le soutien du roi Louis XIV, le succès de ses comédies (L'Avare, Le Misanthrope ou Les Femmes savantes), le scandale de Tartuffe et sa mort après la représentation du Malade imaginaire.
Voilà ce que la légende a conservé de la vie d’un artiste hors du commun. La bande dessinée Molière, le théâtre de sa vie (éd. Petit à Petit) propose de retracer sa carrière en 64 pages et 9 actes (en plus d'une dixième partie nous parlant de son héritage). Entre chaque séquence, deux pages de textes illustrés de Suzie Sordi font un focus sur tel ou tel aspect de son existence ou de la vie de l’époque : le Paris du XVIIe siècle, "l’aventure de l’Illustre théâtre", une courte biographie de Madeleine Béjart, sans oublier des éclairages sur quelques pièces essentielles de Molière.
Cette BD est idéale pour découvrir et redécouvrir Molière et lui souhaiter son anniversaire comme il le mérite.
Molière apparaît comme un homme issu de la bonne société, bien intégré dans l’aristocratie
Que l’on soit scolaire ou adulte, connaisseur ou non de Molière, le lecteur lira avec grand intérêt ce biopic dessiné bien documenté. Au scénario, saluons le travail de Dobbs qui dépoussière l’auteur du Misanthrope autant qu’il rétablit quelques vérités.
Certes, les historiens regrettent que les archives sur Molière soient fragmentaires, à commencer par le choix de son pseudonyme, Molière. Cela n’empêche toutefois pas que l’existence de l’écrivain et acteur soit dépoussiérée et éclairée.
Prenez cette charge de tapissier que lui léguait son père. Jean-Baptiste Poquelin a certes choisi une profession mal-aimée, celle de comédien. Pour autant, il est bien entré comme tapissier auprès du roi en 1660, une charge qui lui conférait la place de valet de chambre de Louis XIV. Et qui lui a permis d’exercer comme homme de théâtre.
Molière apparaît comme un homme issu de la bonne société, bien intégré dans l’aristocratie. Sa famille était riche, ses protecteurs puissants et son père, loin de rejeter son fils, l’a aidé. Voilà qui fait de Molière un artiste beaucoup moins maudit qu’on a bien voulu le dire.
Les planches de Thomas Balard, assez classiques dans leur facture, permettent au lecteur de rentrer avec plaisir dans la vie de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, le rendant plus proche et moins académique.
Vite, il est plus que temps de faire une séance de rattrapage avec l’adaptation des Illusions perdues de Balzac, disponible en ce moment sur Canal+ ! Un classique qui a sans doute traumatisé beaucoup de scolaires, impressionnés par ce roman ambitieux, mais qui devient grâce au génie de Xavier Giannoli une fresque passionnante. Oui, vous avez bien lu : "génie"… Car il en fallait pour réussir à condenser dans un long-métrage d’environ deux heures 20 les affres d’un jeune homme ambitieux et surtout très naïf et qui croyait pouvoir devenir un loup au milieu des loups.
Disons-le aussi : sept Césars reçus en 2022, dont celui du meilleur film, est une preuve de l’excellence d’un long-métrage qui refuse l’académisme, tout en respectant les canons de la reconstitution historique et l’adaptation littéraire. Xavier Giannoli fait preuve d’une modernité étonnante, même pour un récit se déroulant durant la Restauration française.
Dans les années 1820, le jeune Lucien de Rumbempré, orphelin désargenté travaillant dans une imprimerie en Charentes, rêve de carrière littéraire. Il a sorti un modeste recueil de poésie, remarqué par Louise de Bargeton, une aristocrate de la noblesse provinciale. Elle voue à ce garçon sensible une belle admiration, avant de tomber dans ses bras. Pour éviter le scandale d’un adultère, Julien et Louise partent à Paris, ce qui serait aussi l’occasion pour l’écrivain en herbe de rencontrer des éditeurs. C’est le monde de la presse écrite qui lui ouvre les bras grâce à un rédacteur aussi cynique qu’ambitieux, Étienne Lousteau. Les deux deviennent amis et Lucien de Rubempré commence à se faire un nom. Mais le jeune poète oublie que dans le monde huppé de la bonne société parisienne, tout n’est qu’illusions, hypocrisie, calculs et coups bas.
Un superproduction prenant par moment des accents scorcesiens
Nous avions parlé d’Eugénie Grandet et de l'honorable adaptation qu’en avait fait Marc Dugain en 2021, la même année bizarrement que Les Illusions perdues de Xavier Giannoli. Alors que le premier misait sur le quasi-huis-clos, sur l’austérité et sur des tons grisâtres, le second fait de son film une fresque luxuriante, grinçante, colorée et menée tambour-battant. Il faut dire que l’histoire de Julien de Rubempré, jeune provincial à peine dégrossi mais désireux de se faire un nom à Paris, se prêtait à cette superproduction prenant par moment des accents scorcesiens.
Le scénario modernise le roman, avec des clins d’œil à l’actualité contemporaines que le spectateur pourra facilement deviner, alors que le texte de Balzac, certes retravaillé, est mis à l’honneur grâce à la voix off de Xavier Dolan. Benjamin Voisin, avec son visage lumineux, "est" Julien de Rubempré, dans toute sa candeur et son enthousiasme. Ambitieux, oui. Mais un ambitieux devenant vite une proie en raison de choix pour le moins hasardeux.
Illusions perdues se paie le luxe de seconds rôles prestigieux qui prennent un réel plaisir à être dans cette œuvre balzacienne : Cécile de France en Louise de Bargeton, femme amoureuse blessée et ne sachant plus comment gérer son insaisissable amant ; Jeanne Balibar en marquise et mante religieuse redoutable ; Xavier Dolan en écrivain émergeant et dont l’évolution n’est pas la moins inintéressante ; Gérard Depardieu en éditeur… et "épicier". Le spectateur français découvrira sûrement Salomé Dewaels, parfaite dans le rôle de Coralie, cette comédienne de boulevard, paradoxalement l’une des seules personnes romantiques de ce drame cruel. N’oublions pas enfin le formidable Vincent Lacoste qui a été récompensé par un César pour son interprétation d’un éditeur tour à tour cynique, ambitieux, drôle et impitoyable.
Grâce au film de Giannoli, les allergiques à Balzac vont trouver dans cet écrivain majeur de la littérature mondiale de nouvelles raisons de se replonger dans sa Comédie humaine.
Sur des images tournées en Super 8, Lina Stalyte propose son nouveau clip et single, "Summer Nights", dans une facture tout autant seventies.
Avant son futur album éponyme prévu en octobre, la Parisienne d’adoption ("Je ne parle pas français", chantait-elle et confiait-elle avec humour dans un précédent morceau) choisit des sons acidulées mêlant pop, R&B, soul et jazz, dans un titre qui sent bon l’été indien.
Un titre qui sent bon l’été indien
"Summer Nights", à la douce mélancolie, est inspirée par une première expérience amoureuse au bord de la Mer Baltique lituanienne. Voilà qui explique pourquoi ce morceau, servi par une voix veloutée, chaloupe les cœurs.
En attendant la sortie de son album à l'automne, Lina Stalyte annonce déjà la couleur : "[Mon] nouvel album Summer Nights [exprimera] mon rapport au corps, à l’amour et aux maux de l’âme. Construit comme une pièce de théâtre en trois actes, ces nouveaux titres sont une ode à l’amour de soi et à l’audace, à la sensualité et à la féminité, des thèmes qui me sont chers".
C’est une très bonne idée qu’a eu le site Omio.fr qui s’est lancé dans le projet de créer une carte interactive des lieux de tournage les plus importants sur le vieux continent. Le choix a été fait de s’intéresser aux 100 films et 40 séries les plus appréciées en France. Le fan d’Harry Potter, de Tolkien ou même de Tarantino pourra se replonger dans ces fictions mythiques : découvrir les paysages imposants du Seigneur des Anneaux, la salle du banquet de Poudlard ou les scènes d’Inglourious Basterds.
Qu'il s'agisse de la nouvelle série dérivée House of the Dragons ou de blockbusters populaires comme James Bond, l’aventure de Frodon en Terre du Milieu ou Harry Potter, la carte interactive des lieux de tournage montre tous les lieux de tournage des 1.000 films et séries les plus populaires en Europe. Les studios de cinéma n'ont pas été pris en compte, afin que les fans puissent vraiment voyager à la recherche de lieux réels.
L'Europe a toujours été un continent très apprécié pour les productions de films et de séries. C’est singulièrement la Suède qui se démarque le plus : 66 films sur plus de 1 000 films et séries les plus populaires sur Internet Movie Data Base (IMDB) ont vu les caméras se poser sur cette terre scandinave. Le pays de Molière s’en sort bien avec 41 films tournés – surtout des films d’action. Le Portugal se révèle être un pays d'horreur surprenant : sur 52 œuvres, 6 sont des films d'horreur. La Norvège, de son côté, ferme la marche avec seulement 2 films tournés en dehors des studios.
L’exemple de la série Emily in Paris
Le méta-moteur de recherche Omio, qui est avant tout une plateforme de réservation pour voyageurs à la recherche de bons plans, propose une idée originale de découvrir notre vieux continent pour marcher par exemple sur les pas de James Bond en Arctique. Pour cela, des itinéraires et des des routes virtuelles sont proposées sur le site.
Pour que le road trip soit le plus varié possible, les destinations choisies sont principalement des lieux de tournage réels - seul l’itinéraire du Seigneur des Anneaux inclut la visite de studios de cinéma. Ce qui est tout de même en soi très alléchant.
Prenons l’exemple de la série Emily in Paris. La capitale française a une réputation à tenir : celle du romantisme, de la mode, des lumières et de la Tour Eiffel. Une source d’inspiration inestimable qui a vu Emily y poser ses valises, avec sa candeur devenue célèbre. Si on y voit la Seine, les quais et quelques cafés typiques, ce sont principalement deux places qui servent de décors à la série. La Place Valois, tout d’abord, sert de théâtre aux péripéties professionnelles de la personnage principale. La place de l’Estrapade, ensuite, devient le quartier résidentiel de la jeune Américaine. D'autres lieux sont à mentionner. Le restaurant de Gabriel se trouve au 18 rue des Fossées-Saint-Jacques, attenant à la boulangerie classée aux monuments historiques. Des endroits plus classiques comme le jardin du Palais Royal, le Pont des Arts, la rue de l’Abreuvoir à Montmartre ou le Café de Flore ont également servi de lieu de tournage.
Ce n’est qu’un exemple de ce qui est proposé par le site, qui entend dépoussiérer le concept de voyages touristiques et culturels en s’appuyant sur la télé et le ciné. Très bonne idée.
Il y a ces albums, comme ça, dont l’écoute des trois premiers titres augurent de manière certaine que vous êtes en passe de vous laisser submerger et conquérir totalement par une œuvre incroyable et bouleversante. C’est simple : Rayons gamma, le premier album de PR2B sorti l’an dernier, est un opus incontournable, faisant de cette chanteuse une figure qui va devenir essentielle pour la scène française.
Rayons gamma promet de rester parmi les albums de chanson à absolument avoir avec soi, ou du moins à découvrir, tant le talent de Pauline Rambeau de Baralon (son vrai nom) explose en pleine figure.
"La chanson du bal" vous emballe avec cette chanson électro pop dans lequel la fête, l’insouciance, la drague et la séduction se mêlent au spleen et à la mélancolie : "J'avais ma robe couleur de spleen / Et verre de gin / Il ne fallait rien pour me parler / Ni pour m'aimer".
De mélancolie, il en est justement question dans cet autre bijou, assurément un futur classique. Dans la grande tradition de la chanson française, PR2B donne à voir un sentiment diffus et obsédant : " Tu reviendras toutes les nuits / Même si je ne t'appelle pas / Je te rêve l'après-midi / Je te cherche dans les draps / On t'appelle Mélancolie" ("Mélancolie").
Le morceau qui donne son nom à l’album est celui qui a fait découvrir l’artiste originaire de Bourges. PR2B montre une fois de plus son caractère autant que sa sensibilité à fleur de peau. Le son électro-pop sert magnifiquement cette déclaration d’amour aussi magique et fantastique que le titre : "Alors c'est comme ça / On faisait comment déjà / Sans les rayons gamma ?" Amour encore avec ce magnétique "Ma meilleure vie", qui se transforme en confession et en introspection mais aussi en chant sur les rêves, parfois déçus, et, finalement, l’espoir.
Le moins que l’on puisse dire est que Pauline Rambeau de Baralon clôt en beauté son album
Le bouleversant "Lettre à P." est le premier volet que PR2B consacre à sa famille. Cette lettre à un père trop disparu ("Oh si tu étais là pour voir / Ce qu'ils sont sages / Ce qu'ils font page / Papa tu es mort au bon âge"), ou cette tendre confession pour sa mère en forme de demande d’amour et de consolations ("Si je viens dans tes bras / Peut-être que j’oublierai", "Mama") par une jeune femme qui parle de liens indéfectibles ("Pourquoi je te ressemble traits pour traits / Aurais-tu manqué d’inspiration ?"). De ressemblance physique, il n’en est pas question lorsqu’elle parle de son frère : "Tu n’as pas le même sang que moi". Dans une facture rappelant quelques-uns des chefs d’œuvres de Barbara, PR2B parle de l’enfance, de l’adolescence, des liens entre frère et sœur et des différences qui rapprochent : "On peut compter sur les doigts / Les fois où l’on s’est quittés / Je t’ai vu prier tu m’as vu chanter / On peut compter sur les doigts / Les fois où l’on s’est détestés" ("Mon frère").
Dans une électro-pop urbaine et tout aussi inspirée, la musicienne berrichonne parle, dans "Qui sont les coupables", d’une "petite fille de province d'une ville de diagonale". Dans cet univers triste et étriqué, dans une attente de fin du monde, PR2B pose cette question : "Pourquoi il n'y a que les prisonniers qui s'évadent ?"
L’auditeur sera sans doute autant frappé par la fausse insouciance de "La piscine", un morceau plus cruel qu’il n’y paraît si on tend bien l’oreille : "Combien de larmes pour remplir la piscine / Avant que les amis ne me prennent de court / Et qu’ils baisent et qu’ils rient au fond de la piscine / Quand je finis les verres là au fond de la cour". Tout aussi sombre est le titre au rythme rap "Plus rien de bien", confession qui dit le malaise d’une jeune femme en colère : " Les femmes se font fumer bien mieux dans la vie qu’à la télé".
Pour "Punta cana", l’écriture précise et incisive disent les interrogations d’une jeune femme, lucide sur notre monde contemporain : "J’aimerais qu’on raconte sa vie comme au ciné / Tout est faux mais en vrai / Mes mensonges vérités". Quelle est notre place ? Pourquoi et "pour qui on travaille à la chaîne" ? PR2B se portraitise avec sévérité, tout en cherchant la bienveillance chez ses proches – sa mère, de nouveau: "Ma mère regarde le beau en moi / Sans voir le pire de ma raison". La musicienne lance encore ce constat : "Chienne de vie, amour diluvienne".
Cette "chienne de vie" est l’objet du titre éponyme qui clôt Rayons gamma. Le moins que l’on puisse dire est que Pauline Rambeau de Baralon clôt en beauté son album. Sans nul doute, l’auditeur gardera longtemps en mémoire la mélodie et les paroles de cette ballade à la mélancolie bouleversante : "Les chiens sont toujours fidèles / Quand ils ont la bouche pleine / Les étoiles les oublient / Quand ils sont dans leur nid / Je regarde le golden que la nuit je promène / Je me demande qui de nous deux a les rênes".