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  • Mano à mano avec Margot

    Partons à la découverte de Margot Cavalier, une nouvelle voix de la chanson française. Elle est en mano à mano avec Trash Candide pour un joli titre justement intitulé Mano.

    Commençant comme un triste constat ("Regarde un peu Mano comme tout a glissé de nos mains dans le vent / Tout était presque beau tout s’est envolé tout a foutu le camps / Maintenant faut que j’respire j’te foutrai pas sur la gueule et tant mieux / Ça pourrait être pire et tu sais dans le fond j’suis pas vraiment mieux"), cette chanson portée par la voix délicate de Margot Chevalier entend ne pas se résigner. Oui, les coups durs et les échecs existent mais il souffle cependant un vent d’optimisme et de joie sur ce joli titre.

    Margot Cavalier ne prétend pas refaire le monde mais, plus modestement, inviter à la reconstruction, aux petits bonheurs et au pardon pour un avenir meilleur ("Tout ce que l’on fera de beau, tout ce que l’on fera de beau / Le cœur détendu écrire nos vies un tas d’histoires"). C’est peu mais c’est déjà beaucoup.

    À découvrir.

    Margot Cavalier, Mano, feat. Trash Candide, 2024
    https://www.margotcavalier.com
    https://www.instagram.com/margotcavalier
    https://www.tiktok.com/@margotcavalier
    https://snd.click/mano

    Voir aussi : "Regarde Andrea Ponti"

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  • Cœurs braqués

    Un Animal sauvage est le deuxième ouvrage publié par Joël Dicker dans sa maison d’édition, Rosie & Wolf. Comme nous le disions dans la chronique de Bla Bla Blog consacrée à son précédent opus  L'affaire Alaska Sanders, l’auteur suisse s’est lancé il y a deux ans dans une aventure autant artistique qu’éditoriale.

    Pour Un Animal sauvage, c’est un virage pris à 180 degrés. Joël Dicker laisse de côté l’investigation pure au cordeau, les cold cases et son personnage principal Marcus Goldman, au profit d’un roman moins dickerien qu’hitchcockien !

    Le récit s’attache à deux couples installés près de Genève. Ce sont presque deux voisins, devenus amis, mais à la vie diamétralement opposée. D’un côté, il y a les Braun. Elle, Sophie, est une avocate douée installée à son compte. Son mari, Arpad, est un banquier. Avec deux enfants aimants et aimés, une belle famille fortunée à Saint-Tropez et une jolie maison, ils ont de quoi susciter un mélange d’admiration et d’envie chez les Liégean. Karine, modeste vendeuse, a pourtant noué des liens d’amitié sincères avec Sophie. Quant à son mari Greg, policier de son état, il ne rate jamais une occasion d’apporter son aide aux Braun. Mais il est surtout devenu obsédé par sa riche voisine, jusqu’à l’espionner. Son fantasme l’entraîne vers la suspicion lorsqu’il découvre des liens étranges avec un malfaiteur surnommé Fauve, tournant également autour de Sophie. Tous les éléments sont là pour une série de dérapages incontrôlés. 

    Un roman moins dickerien qu’hitchcockien

    Comme souvent chez Dicker, ce nouveau roman réserve quelques fausses pistes – certes, en nombre moins important que dans ses précédents livres. Il faut attendre les cinquante dernières pages pour que le thriller vénéneux passe en quatrième vitesse, à la faveur d’un singulier braquage.

    Ce polar n’a pas la noirceur des précédents opus. Il tourne surtout autour de la femme fatale qu’est Sophie. Disons aussi que les personnages d’Un Animal sauvage ont de sérieuses parts sombres au point souvent d’être irrécupérables – si l’on excepte Karine. C’est autant le passé peu avouable d’Arpad, Sophie et Fauve qui intéressent l’écrivain suisse que la famille en général, ses secrets, ses non-dits et ses frustrations.

    Pour Un Animal sauvage, Joël Dicker a écrit un livre un peu plus court que les précédents polars (400 pages quand même), avec des chapitres brefs faisant des allers-retours entre le présent et le passé des Braun. Le rythme nerveux desserre l’intrigue psychologique. Dans la galerie de portraits, les personnages de Sophie et d’Arpad sont les plus intéressants même s’il leur manque je ne sais quoi d’épaisseurs (surtout pour le mari). On peut aussi regretter des zones d’ombre dans leur parcours tumultueux et des portes restés fermées.

    Tout cela n’empêche pas de passer un bon moment de lecture. Il reste que l’on attend avec impatience un bien meilleur Joël Dicker pour son aventure éditoriale avec Rosie & Wolf.  

    Joël Dicker, Un Animal sauvage, éd. Rosie & Wolf, 2024, 400 p.
    https://www.rosiewolfe.com/catalogue/joel-dicker/un-animal-sauvage
    https://www.joeldicker.com

    Voir aussi : "Un coupable parfait et un crime qui ne l’est pas moins"

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  • Tatami

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Tatami. Il sera visible du 2 au 8 octobre 2024. Soirée débat à l’Alticiné le mardi 8 octobre 2024 à 20h30.

    La judokate iranienne Leila et son entraîneuse Maryam se rendent aux Championnats du monde de judo avec l’intention de ramener sa première médaille d’or à l’Iran. Mais au cours de la compétition, elles reçoivent un ultimatum de la République islamique ordonnant à Leila de simuler une blessure et d’abandonner pour éviter une possible confrontation avec l’athlète israélienne. Sa liberté et celle de sa famille étant en jeu, Leila se retrouve face à un choix impossible : se plier au régime iranien, comme l’implore son entraîneuse, ou se battre pour réaliser son rêve.

    Sélection au festival international du film de Berlin 2024.

    Tatami, drame iranien de Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv 
    Avec Arienne Mandi, Zar Amir Ebrahimi et Ash Goldeh, 2024, 103 mn
    Scénario : Guy Nattiv et Elham Erfani
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1478
    https://metrofilms.com/film/tatami

    Voir aussi : "Langue étrangère"

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  • Pauvre homme

    Partons à la découverte de Léon Bloy, figure à la fois mineure et capitale de la littérature du XIXe siècle. L’homme, né en 1846 et décédé en 1917, a produit sur dix ans, entre 1887 et 1897, son œuvre romanesque, Le Désespéré et La Femme pauvre – qui devait s’appeler au départ La Désespérée, tel le second volet d’un diptyque placé sous le signe de marginaux du XIXe siècle.

    Le Désespéré, c’est Caïn Marchenoir, artiste maudit – quoique ce vocable convient des plus mal pour un homme pieux, chrétien et royaliste – n’ayant pour seul soutien dans le Paris culturel qu’un ami, Leverdier.

    Lorsque le roman débute, Marchenoir vient de perdre son père qu’il s’accuse d’avoir conduit à la mort. La suite de son parcours personnel et artistique n’est qu’un long chemin de croix qui le mène, justement, vers sa "Marie-Madeleine", une prostituée nommée Véronique qu’il prend sous son aile. Après une retraite à La Grande Chartreuse, Marchenoir revient transformé et déstabilisé. Une porte s’ouvre cependant : un journal lui ouvre ses pages. La chance tournerait-elle ? Cela va en tout cas obligé l’artiste vivant dans la pauvreté à se frotter à l’intelligentsia parisienne. 

    Le livre se fait pamphlet sur plusieurs chapitres

    Léon Bloy a été largement oublié depuis sa mort. C’est à l’image de ses livres dont la publication à l’époque n’a pas du tout marqué les esprits – à l’image évidemment de son personnage du Désespéré. Car Marchenoir c’est d’autant plus l’alter ego de Léon Bloy qu’il a beaucoup été écrit que son premier roman avait une large part d’autobiographie – sa naissance à Périgueux, sa pauvreté, son manque de reconnaissance artistique, son mariage avec Anne-Marie Roulé, prostituée comme Véronique qui finit internée.

    Si Léon Bloy n’est cependant pas tombé complètement dans l’oubli c’est en raison de son style âpre, rugueux, puissant, dense et au vocabulaire savamment choisi. Un artiste moderne aux idées anciennes, pour ne pas dire rétrogrades (voir ses propos définitifs sur sa contemporaine George Sand), voire nauséabondes (le portrait antisémite qu’il fait d’un commerçant juif est à ce titre éloquent).

    Le livre se fait pamphlet sur plusieurs chapitres, à telle enseigne que la frontière entre roman et essai se fait poreuse, dévoilant ainsi à la fois les idées de Marchenoir et celles de Léon Bloy – l’un et l’autre se confondant bien évidemment.

    Un ouvrage étonnant qui pourra choquer et scandaliser par un auteur qui a pu inspirer plusieurs auteurs du XXe siècle, à l’instar de Céline ou Bernanos.   

    Léon Bloy, Le Désespéré, éd. Ephata, 2024, 496 p.
    https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782385500436-le-desespere-leon-bloy

    Voir aussi : "Un classique des classiques"

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