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Un film français inattendu pourrait bien décrocher un Oscar lors de la prochaine cérémonie de ce lundi 3 mars. Il s’agit de Beurk !, un court-métrage soutenu par la Région Centre-Val de Loire et Ciclic.
Dans un camping, en pleine saison estivale, 5 enfants surprennent des adultes en train de s’embrasser. "Beurk !", "Dégoûtant !", "Dégueu !", "Ça devrait être interdit !" Sauf que le bisou reste aussi un mystère diablement attirant, même si ces gamins s’en défendent. Et il va arriver ce qui devait arriver…
Sur une idée simple et a priori banale, Loïc Espuche propose un dessin animé adorable sur l’éveil de la sensualité et des émois chez les enfants. Le spectateur fond littéralement devant ce film d’un peu, plus de 12 minutes, avec quelques trouvailles, effets visuels et sonores bien vues. Et une mention spéciale pour les voix des doubleurs et doubleuses.
Beurk ! est disponible sur la plateforme de France Télévision. Le court métrage est nommé en 2025 au César du Meilleur film de court métrage d'animation.
En 2016, Karine Giebel sortait De force, publié chez Belfond et aujourd’hui disponible chez Pocket.
Ce thriller psychologique se déploie lentement. L’auteure a construit patiemment son intrigue comme une araignée tisse sa toile. La violence est là mais elle est latente, faite de menaces et d’angoisses, jusqu’aux cinquante dernières pages qui viennent tout exploser.
Un soir, à Nice, Maud Reynier se fait agresser par un homme. La jeune femme est sauvée in extremis par un promeneur, Luc Garnier. Maud est la fille unique et choyée d’Armand Reynier, un chirurgien riche et respectée de la Côte d’Azur. En s’en prenant à la jeune femme, il apparaît bien vite qu’en réalité c’est le chirurgien au-dessus de tout soupçon qui est la cible véritable. Un courrier anonyme menace d’ailleurs Armand Reynier qui reprend contact avec Luc, el sauveur de sa fille chérie. Cela tombe bien, l'opportun bienfaiteur est garde du corps, en plus d'être séduisant. Il est recruté par le médecin pour protéger Maud. Bientôt, le jeune homme s’installe dans la demeure luxueuse des Reynier.
Outre le père et la fille, vivent Charlotte, la seconde épouse d’ Armand Reynier, Amanda, la gouvernante et un jardinier. Le garde du corps découvre que de lourds secrets pèsent sur cette famille mais aussi une lourde menace. Pour ne rien arranger, le bodyguard ne laisse aucune des femmes de la maison indifférentes.
Secrets
Un chirurgien riche et imbu de lui-même. Sa fille, une jeune femme paumée et accro. La deuxième femme du médecin prise au piège d’un mariage. Une gouvernante séduisante. Sans oublier un garde du corps ténébreux, sémillant et aux blessures certaines. Voilà les éléments de départ de ce pavé passionnant. Vous ajoutez à cela un sinistre maître chanteur et des disparu⸱e⸱s bien encombrantes.
Karine Giebel se concentre sur les dialogues, nombreux et rendant vivants ce thriller. Les descriptions des lieux comme des personnages sont réduits à leur plus simple expression. Les lecteurs et lectrices – et elles sont nombreuses – regretteront sans doute les personnages bruts de décoffrage et parfois caricaturaux – le médecin bourgeois hautain, la pauvre fille riche et droguée, la bimbo séductrice et le beau gosse protecteur qui ne peut pas laisser insensible les trois femmes de la propriété niçoise.
Le polar se termine en plein Vercors, dans un lieu sauvage où tous les secrets sont dévoilés, pour ne pas dire crachés. Un très bon polar.
Les Cramés de la Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film La Mer au loin. Il sera visible du 26 février au 4 mars 2025. Soirée débat à l’Alticiné le mardi 4 mars à 20H30.
Nour, 27 ans, a émigré clandestinement à Marseille. Avec ses amis, il vit de petits trafics et mène une vie marginale et festive… Mais sa rencontre avec Serge, un flic charismatique et imprévisible, et sa femme Noémie, va bouleverser son existence. De 1990 à 2000, Nour aime, vieillit et se raccroche à ses rêves.
Tiens, cela faisait un bail que Bla Bla Blog ne s’était pas piqué de musique électronique. Opening, le dernier opus de LGMX nous en offre l’occasion. C’est de l’électro souriante pour ne pas dire joyeuse qui inaugure leur deuxième album (Time Traveller).
LGMX c’est d’abord un groupe de fanfare électro bien décidé à marier deux styles musicaux opposés. Musique du monde et électros se disputent la vedette dans un joyeux foutraque (Gopnik Mazurka, Hexadecimal Night Fever).
Jamais instruments traditionnels et machines n’ont fait aussi bon ménage
On imagine les raves à la mode LGMX, à la fois dépaysantes et planantes (Trancelation, sic). Jamais instruments traditionnels et machines n’ont fait aussi bon ménage. Cela permet d’avoir des sons et des rythmes singuliers que la puissance des cuivres décuple.
Le collectif rhodanien ne démérite pas dans sa créativité et dans son refus de la facilité (le formidable et sérieux Earthquake), sans jamais abandonner ses rythmes irrésistibles. Cela donne des morceaux d’une grande efficacité (Ratio ou Kyushu).
Cet album franchement emballant se termine avec Spiritual Healing, véritable à hymne à l’intelligence (humaine), à la culture et à la spiritualité. Bref, à la vie.
La Philosophie dans le boudoir se présente comme une suite de sept tableaux théâtraux mettant en scène l'éducation libertine d'une jeune fille, Eugénie. Madame de Saint-Ange, son frère le chevalier et monsieur Dolmancé se font les instructeurs immoraux de l'adolescente dans une graduation sadienne de la perversion, jusqu'au supplice de Madame de Mistival, la propre mère d'Eugénie.
Cette œuvre pornographique de Sade inclut également une réflexion philosophique sur la démocratie, la nature et le crime, à travers le texte Français, encore un effort, inséré à la fin du cinquième dialogue - de manière assez artificielle. Un texte dérangeant et scabreux à ne pas mettre entre toutes les mains.
Patricia Bonner est de retour avec Chronicles of Time, un nouvel album qui lui tient à cœur. La chanteuse a en effet choisi un projet musical qui allie jazz et tango. Pas la peine de dire que cet opus s’avère irrésistible. Saluons aussi le choix de Patricia Bonner de ne pas se contenter de reprises de standards. Elle a en effet choisi de retravailler avec Jean-Michel Proust pour des titre inédits.
Dis te souviens-tu ? chante la jazzwoman dans un morceau au parfum doux-amer de nostalgie. On est dans l’esprit du tango, sans doute la plus belle danse qui soit, alliant sensualité, amour et tristesse, le tout enveloppé dans la grâce et je ne sais quoi d’effronterie. On aime cette manière dont Patricia Bonner, avec le soutien de Jean-Michel Proust, se fond avec bonheur dans une ce répertoire renouvelé. Il y a cette déclaration d’un amour presque insolent ("No sientes que soy infeliz ?", Palabras). Elle se fait poétique et romantique, toujours en espagnol, dans Soy et Verano.
Retour à la chanson française avec Je m’aime. Cette fois, c’est Gilberto Gil qui semble s’être penché au-dessus de l’épaule de Bonner et Proust. Certains parlerons de jazz easy-listening. Préférons plutôt parler d’un titre à la facture sixty, souriant et invitant à l’amour dans la plus romantique des villes. Au jeu des références, on s’amusera à retrouver Michel Legrand dans le virevoltant et romantique La chanson des troubadours ("Dans l’tourbillon de la vie, de l’amour / Y’a celui qui aimera pour toujours / Qui fera de ses nuits, de ses jours / Son soleil à lui, ses plus beaux jours") et même dans le titre anglais, sixties et sexy, Foolish Dream.
Sixties et sexy
Patricia Bonner sait tout faire : crooneuse en anglais (Memories, le formidable et jazzy Anita), jazzwoman semblant évoluer avec légèreté dans un caveau de Saint-Germain-des-Prés (Da Capo) ou avec le même plaisir dans un club new-yorkais (It’s A Good Day, No Rush), sachant être plus grave et engagée (Stay On Line, sur un rythme militaire).
Le tango n’est jamais très loin. Dans It’s A Spring, la chanteuse le marie avec l’anglais, ce qui lui donne une légèreté singulière et un air de comédie musicale.
Smooth à souhait, Cette larme à l’instant entend bien laisser une place au choix à la chanson jazz. La tristesse se fait paradoxalement séduisante car elle invite à vivre et à retenir ses larmes ("Est-ce la rosée du matin / Sur ma joue qui fait que d’un coup / Je me sens bien"). La liberté, "les yeux d’un enfant", les voyages, les rêves et un "baisé volé sur la joue" : Patricia Bonner préfère chanter la vie, l’amour et "le retour du printemps".
Album jazz coloré et souriant, ces "chroniques d’un temps" entendent faire du jazz la meilleure musique feel-good qui soit.
Le Café philosophique de Montargis donne rendez-vous à la Médiathèque de Montargis le vendredi 28 février 2025 à 19 heures pour sa nouvelle séance qui aura pour thème cette question : "Peut-on être maître de ses désirs ?"
Nous vivons dans une société appelant à la consommation, à la jouissance et à l’écoute à tout prix de nos désirs. Mais que signifie désirer ? Il semble que lorsque nous désirons, nous ne l’avons pas volontairement choisi. Le désir s’impose à nous comme quelque chose qui nous dépasse. La philosophie parle souvent d’être "esclave de nos passions". En cela, le désir s’opposerait à la raison.
Maîtriser ou non ses désirs impliquerait que le désir est un obstacle à une vie heureuse, voire qu’il est à rejeter (Schopenhauer). Descartes parle même de "changer nos désirs plutôt que l’ordre du monde". Que fait-il en penser ? Nos désirs peuvent-ils justement être modifiés ? Puis-je avoir un contrôle sur eux ? Le faut-il ? Quel danger y a-t-il à contrôler nos désirs et à nous auto-censurer ? Au contraire, que puis-je en tirer ?
Ce seront autant de points et de questions qui pourront être débattus lors de cette séance. Rendez-vous donc à l’Atrium de la Médiathèque de Montargis le vendredi 28 février à 19 heures. La participation sera libre et gratuite.
À noter également que le Café philosophique de Montargis proposera une séance exceptionnelle au Hangar de Châlette/Loing le dimanche 9 mars à 15 heures. Ce sera une séance exceptionnelle à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Le sujet du débat aura pour question : "La liberté des unes s'arrête-t-elle là où commence le regard des autres ?"
Soyons précis. Des trois Dumas, c’est le deuxième qui est le plus connu. Alexandre Dumas, dit Père, est devenu pour toujours l’auteur des Trois Mousquetaires, du Comte de Monte-Cristo ou de La Reine Margot. Les qualificatifs le concernant sont bien entendu d’autant plus élogieux qu’il reste moderne.
Qu’en est-il des deux autres Dumas. Thérèse Charles-Vallin, autrice du Troisième Dumas (éd. de la Bisquine) passe rapidement sur l’ancêtre, lui aussi nommé Alexandre, plus précisément Thomas Alexandre Davy de La Pailleterie. Général métissé, il a eu pour père un noble normand qui épousa une femme noire de Saint-Domingue. Le militaire, le "premier Dumas", donc, donne naissance au plus célèbre d’entre eux, le fameux Alexandre Dumas Père.
Arrêtons-nous tout de suite sur cette naissance car c’est là qu’il faut chercher un des points communs des trois Dumas : une paternité mal assumée qui est au cœur de l’essai de Thérèse Charles-Vallin. Pour autant, les liens pères-fils restent très forts. Le créateur de Monte-Cristo a une fascination pour le brillant Général increvable et qui eut pour seul "tort" d’être métis. "À l’âge de quatre ans, [Il] voulait aller au ciel pour y trouver Dieu et le tuer afin de venger la mort de son général de Pierre".
Singulièrement, Alexandre Dumas Fils ne fut reconnut lui aussi que tardivement, après une enfance difficile, trois femmes se disputant sa garde jusqu’à ce qu’il soit définitivement reconnu à l’âge de sept ans. La suite c’est un long chemin personnel et artistique jusqu’au triomphe d’Alexandre Dumas Fils.
Féminisme
Thérèse Charles-Vallin suit chronologiquement la carrière exceptionnelle d’un écrivain qui aurait pu se faire écraser par une paternité exceptionnelle, d’autant plus que son enfance augurait mal de la suite – un père absent, des femmes ne s’entendant pas, le rejet et les humiliations à l’école en raison de sa naissance et de ses racines antillaises. Lorsque le père se rapproche du fils, ce dernier ne pourrait que se sentir écrasé par un écrivain adulé et à la force de travail exceptionnelle : "Un véritable bourreau de travail qui peut rédiger 200 pages d’un excellent texte en une nuit". Finalement, les relations entre le père et le fils vont devenir excellentes, comme le prouvent les multiples extraits de leur correspondance, le père soutenant et appuyant le fils et le fils marquant son amour pour un père jusqu’à ses derniers jours.
L’essai de Thérèse Charles-Vallin est passionnant en ce qu’il donne à voir un artiste s’émancipant d’un père autant admiré et reconnu que "frivole et jouisseur" mais qui finira ruiné. C’est son fils qui l’accueillera chez lui dans ses derniers jours et le veillera jusqu’à sa mort. L’auteure propose sans doute là les plus belles et émouvantes pages de son essai.
D’Alexandre Dumas Fils, le grand public a avant tout retenu son chef d’œuvre, La Dame aux camélias. Le roman a été écrit en 1847, dans une rage que son père n’aurait pas renié. Le troisième Dumas n’a jamais caché que cette histoire d’amour et de mort lui a été inspiré par sa propre relation avec une jeune femme dont il était épris, Alphonsine Plessis et qui mourut à l’âge de 23 ans, après une vie des plus agitée.
Dumas Fils est surtout un homme de théâtre et c’est bien naturellement qu’il se lance dans l’adaptation sur scène de sa Dame aux camélias, avant qu’elle ne devienne ensuite une œuvre lyrique, La Traviata.
Le Troisième Dumas est aussi passionnant par son tableau du XIXe siècle, ses fièvres politiques, le retour de l’Empire, la guerre de 1870 puis la jeune IIIe République. Dans cet essai, traversent des personnages historiques, que ce soit Victor Hugo, Émile Zola ou Sarah Bernhardt. Thérèse Charles-Vallin souligne la clairvoyance de Dumas Fils qui s’est lancé dans le féminisme et le soutien de l’égalité de droits entre hommes et femmes, une attitude à la fois rare et remarquable pour un homme du XIXe siècle, très souvent cantonné, à tort, dans celui d’artiste bourgeois.
Finalement, Alexandre Dumas Fils est resté dans les manuels d’histoire autant que de littérature en dépit de l’ascendance de Dumas Père. Mieux, au contraire de ce dernier, il réussit à se faire élire à l’Académie Française.