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• • Articles et blablas - Page 110

  • Je ne suis pas un héros

    Disons-le au moment d’ouvrir cette chronique :  14 Juillet de Bastien Vivès n’est pas l’actualité la plus chaude du dessinateur français, puisqu’il est sorti il y a un an. Aujourd’hui, celui qui peut être qualifié comme l’un des auteurs de BD les plus importants et les plus doués de sa génération, propose une aventure de Corto Maltese, reprenant le personnage mythique imaginé par Hugo Pratt.

    C’est d’un autre roman graphique dont je vais vous parler : 14 Juillet (éd. Casterman), avec Martin Quenehen au scénario. Récit à la fois sombre, intime et ancré dans notre époque, il risque de désarçonner les familiers de Bastien Vivès par son parti-pris socialo-politique.

    Le héros de ce récit tendu est Jimmy Girard, gendarme de son état : un homme solide, vanté par son supérieur pour ses capacités physiques, son esprit d’initiative et son charisme. Une collègue, Stéphanie, n’est pas insensible au charme du militaire, dont le destin va basculer sous la chaleur écrasante d’une petite ville du sud de la France. 

    Jimmy devient la figure du héros universel, mais non sans failles

    Lors d’un banale contrôle routier, Jimmy et ses collègues vérifient les papiers d’un homme venu s’installer dans la région. Il s’appelle Vincent, est un jeune retraité qui vient de perdre sa femme dans un attentat et est accompagné de sa fille, Lisa. Vivès est fasciné par ce duo aux comportements et aux mobiles des plus étranges. Une filature mène le gendarme sur la piste de Vincent jusque dans un quartier HLM. Jimmy s’engage dans une initiative à gros risque.

    Le graphisme de Bastien Vivès est reconnaissable entre tous : efficacité des traits à peine esquissés, travail sur le noir et blanc et sur les palettes de gris, avec des visages et des corps réduits à leur plus simple expression. Jimmy devient la figure du héros universel, mais non sans failles. Il faut lire et relire 14 Juillet pour comprendre la profondeur du récit dévoilant les failles des personnages et en particulier du gendarme Jimmy, trouvant dans Vincent la figure du père qu’il a perdu et dans Lisa une jeune femme fatale et inaccessible.    

    En faisant rejoindre les angoisses contemporaines de nos sociétés, la violence d’une actualité récente et l’intimité d’un militaire ordinaire, Bastien Vivès et Martin Quenehen proposent un roman graphique d’une belle maîtrise, où les silences et les non-dits sont bien plus importants que les mécanismes d’un récit patiemment construit.

    Bastien Vivès et Martin Quenehen, 14 Juillet, éd. Casterman, 2020, 256 p.
    https://www.casterman.com/Bande-dessinee/Catalogue/albums/quatorze-juillet
    http://bastienvives.blogspot.fr
    https://www.instagram.com/bastienvives

    Voir aussi : "Changez-vous, mademoiselle"
    "Les meilleurs amis du monde"

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  • Jazz muté

    Le saxophoniste français Rodolphe Lauretta nous entraîne dans des Antilles à la fois proches et lointaines. Kreolia, le nom de son nouvel album est celui aussi du premier titre qui ouvre l’opus. Il s’agit d’un morceau paradoxalement très jazz, mais il s’agit d’un jazz qui aurait muté grâce à l’apport de rythmiques créoles. Portés par le saxophone du musicien et d’inventions sonores électro et contemporaines

    "The Roy" – en hommage à Roy Hargrove – a des sonorités à la fois jazz et funky. "Brazilian Truth", plus court : dans un jazz cette fois pas si lointain des Caraïbes, au Brésil, dans un titre métissé, bien entendu, entre samba, jazz et urbain. Voilà qui donne un accent hyper moderne  à ce projet musical initié par une commande du festival Jazz à Vienne autour d'un hommage à Madlib.

    Impossible non plus de ne pas parler des invités de cet opus à la belle richesse : le chanteur Dwight Trible, la chanteuse Genevieve Artadi du groupe Knower, le rappeur M.E.D aka Medaphoar et la chanteuse Ruppert Pupkin.
    "Ultraviolet" plus électro, comme un moment de smooth dans les étoiles. Du smooth dans les étoiles. Avec ce qu’il faut d’impro.

    Du smooth dans les étoiles

    "We Are All One" est un titre donnant tout son place au chant – et nous dirions même à la déclamation –  dans un son mêlant jazz et contemporain. La voix de Dwight Trible se mêle avec étrangeté et singularité avec le saxophone et les flûtes de Jî Drû.

    "Where To Go" jazz plus occidental et posé prouve que Rodolphe Lauretta connaît ses gammes, tout en regardant à la fois vers le continent américain et vers l’Europe.

    C’est avec Genevieve Artadi que le jazzmen s’aventure le plus loin, avec un superbe titre, "Anticipation", une magique création de sons, de textes, dans une pop-jazz luxuriante, voyageuse et délicate tout à la fois.

    Plus étrange encore est le titre "Mashupdistage" hallucinogène, sûrement, mais à la rigueur toute jazz. Impossible à ce sujet de ne pas parler de "Smookin’ Wid Lord Quas", avec ce  jazz "cool" très XXIe siècle. L’auditeur retrouvera sans doute ses marques avec "Sauvée", une chanson française de Ruppert Pupkin sur "les séquelles de l’oubli" "Un regard tuméfié", « Étranger de ma tête / Effacé à jamais").

    L’album de Rodolphe Lauretta se clôt avec l’étrange, audacieux et dépaysant "Haïti", dans un  mélange luxuriant de jazz, de pop et de rythmes caribéens, non sans. Sur des sons synthétiques, le thème bebop aux accents biguine font place à un second mouvement explosif et syncopé, typique du broken beat londonien. La primeur est laissée à la danse et à la transe, avec en apothéose les ferventes envolées du saxophone et du piano.

    Rodolphe Lauretta, Kreolia, Cristal Records, 2021
    https://www.rodolphelauretta.com
    https://www.facebook.com/rodolphelaurettamusic
    https://www.instagram.com/rodolphelauretta

    Voir aussi : "Les âmes libres de Sarāb"

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  • Tout le portrait craché de sa mère

    Les Réponses, le premier roman d’Elizabeth Little (éd. Sonatine), commence de manière singulière : Jane Jenkins, à peine trente ans, vient de sortir de prison après 10 ans d’enfermement pour le meurtre de sa mère, la respectée et respectable millionnaire Marion Elsinger. Un vice de procédure a permis à l’ancienne people de sortir prématurément de cellule, mais elle devient aussi l’une des personnes les plus haïe d’Amérique, notamment par Trace Kessler, un blogger qui a promis de la renvoyer en prison. Aussi n’a-t-elle d’autre choix que de fuir incognito grâce à son avocat Noah Washington.  

    L’ancienne prisonnière choisit cependant de fausser compagnie à son ange-gardien et de se rendre par ses propres moyens dans le Dakota du Sud : témoin d’un échange de sa mère avec un inconnu quelques heures avant sa mort brutale, elle trouve la trace de la petite ville d’Ardelle où elle pourrait bien trouver une certaine Tessa qui aurait un rapport avec sa défunte mère. Après un périple de quelques jours, elle arrive dans une région marquée par la conquête de l’or et qui est dominée par quatre familles. La clé du meurtre de sa mère pourrait bien se trouver dans cette ville où se déroule un festival local. Jane Jenkins s’y présente en historienne spécialisée afin d’intégrer la petite société notable.

    Cette enquête criminelle devient au fil des pages une quête identitaire  

    Pour son premier roman, Elizabeth Little frappait fort, avec ce thriller dense et cruel. Une fille de riche devenue matricide, puis détenue, part à la recherche de réponses sur le crime de sa mère : est-elle ou non coupable ? Elle-même n’en est pas vraiment certaine. Cette enquête criminelle – son enquête – devient au fil des pages une quête identitaire. Car la ville d’Ardelle et son double, la cité abandonnée d’Adeline, ont leur lot de secrets – souvent, du reste, des secrets de famille – et des faits divers que la police et la population se sont hâtées de cacher.

    Jane Jenkins, l’ancienne enfant gâtée de Californie et ex-prisonnière découvre une Amérique rurale inconnue et, partant, ses propres origines. Elle y découvre un milieu où tout le monde côtoie tout le monde. Les notables y font régner leurs influences, parfois avec cynisme et les habitants ne rêvent souvent que de fuir leur pays natal, en vain.

    Elizabeth Little a construit son personnage avec soin, grâce à une écriture racée : écrit à la première personne, Les Réponses montrent une jeune femme construite par une éducation bancale, cultivée par ses lectures à l’ombre et que 10 ans de prison ont rendu cyniques. Les hommes, en particulier, ne sont pas épargnés : lâches, sournois, sexistes, quand ils ne sont pas purement et simplement criminels, ils font figure de cibles favorites pour une auteure qui marquait là son entrée remarquée dans les lettres américaines.

    Je vous parlerai bientôt du dernier roman d'Elizabeth Little.

    Elizabeth Little, Les Réponses, éd. Sonatine, 2015, 448 p.
    https://www.lisez.com/livre-grand-format/les-reponses/9782355843204
    https://www.elizabeth-little.com/home

    Voir aussi : "Le top de Bla Bla Blog pour 2021"

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  • Le top 10 de Bla Bla Blog pour 2021

    Une année 2021 très riche se termine : cinéma, musiques, livres, expositions, séries ou publicité. Bla Bla Blog ne s’est jamais rien refusé dans son désir de chroniquer ces artistes, ces créations et ces œuvres qui contribuent à enrichir notre vie culturelle. 317 articles ont été publiés cette année.
    Quels sont ceux qui ont le plus buzzé ? Comme les années précédentes, voici le top 10 de cette année.

    10 Au salon avec Chopin et Haley Myles

    C’est avec bonheur que l’on retrouve à la 10e place la pianiste classique Haley Myles pour un enregistrement des Nocturnes de Chopin qu’elle avait d’abord joué pendant le Grand Confinement

    Haley Myles.png"S’il est un répertoire classique archi-interprété, il est possible que les Nocturnes de Frédéric Chopin (1810-1849) tiennent le haut du pavé. La pianiste Haley Miles en propose une version intimiste et passionnante. Avec son projet musical "Chopin Nocturne Project", la pianiste installée à Lyon a choisi d’enregistrer un nocturne différente chaque vendredi de février à juin 2021. L’album – son deuxième – a suivi presque naturellement, après un enregistrement record en trois jours…"

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    9 Vous revoilà, Gens de France

    Une réédition de l’ouvrage culte Gens de France fait une entrée surprise dans le classement de notre Top 10.  Voici un rappel pour cette réédition à marquer d'une pierre blanche.

    Vous revoilà gens de France.png"En ce mois de juin, ressort en librairie le mythique Gens de France et d'ailleurs de Jean Teulé. Il avait été publié une première fois à la fin des années 80, avant de connaître une réédition il y a un peu plus de 15 ans (éd. Ego Comme X).
    C’est aujourd’hui les éditions Fakir qui proposent de découvrir ou redécouvrir cet album, l’ultime album graphique de Jean Teulé, avant que celui-ci ne se lance avec succès dans le roman…"

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    8 Adrineh Simonian comme à la maison

    Attention les yeux ! Lorsque nous avons appris que la chanteuse lyrique Adrineh Simonian faisait une reconversion pour le moins osée dans le porno, avec un sérieux sens de l’engagement, il paraissait nécessaire de lui consacrer un article. Cela méritait assurément une étonnante chronique, particulièrement remarquée cette année.

    Arthouse Vienna.jpg"Cette information est sortie de manière relativement confidentielle il y a une dizaine de jours.
    Nous apprenions que la mezzo-soprano autrichienne Adrineh Simonian a choisi une reconversion inattendue, passant de l’univers feutré et bienséant de l’opéra pour celui, plus sulfureux du porno... féministe..."

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    7 Henintsoa, un jour ce sera elle

    En septième position, nous trouvons la chanteuse d’origine malgache Henintsoa, qui se faisait remarquer fin 2020 et en tout début d’année 2021 pour plusieurs titres. 

    Henintsoa.png"Coup de projecteur en ce début d'année sur Henintsoa, une des nombreuses espoirs de la jeune scène francophone.
    Celle-ci nous vient de Madagascar, même si si c’est à Paris qu’elle a fait ses premières armes, après être arrivée en France à 18 ans pour poursuivre des études supérieures. La chanson et sa voix l’ont fait sortir du lot, comme le prouvent  quelques concours de chants remportés (La truffe d'argent, Plus de talents ou la Moog Academy)…" 

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    6 Arbres-danseuses à Toulon

    Une exposition à Toulon a fait parler d’elle : elle a eu lieu cette année à la galerie Simona de Simoni et présentait des œuvres de Patricia Tozzi-Schmitzer. Il s'agit de la seule chronique sur une exposition classée dans le Top 10 de Bla Bla Blog. 

    Arbres danseuses.jpg"C’est à Toulon que l’on trouve la galerie Simona de Simoni, située en face de la Porte d’Italie. Celle qui en est l’initiative est Aliénor de Cellès, dont nous avions déjà parlé sur Bla Bla Blog. Cette artiste passée par le stylisme, la mode et les costumes de scène a choisi la peinture comme terrain d’expérience et de création. Le dernier exemple en date est celui de la galerie qu’elle a fondée au cœur de la Préfecture du Var…"

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    5 Cabaret batave

    En fin d’année, Bla Bla Blog vous faisait découvrir le nouveau show-woman de Martineke Kooistra. Un anniversaire, ça se fête. L’artiste d’origine néerlandaise le faisait en spectacle, avec un sérieux sens d’humour, tout en faisant découvrir le cabaret batave. 

    Cabaret batave.png"Martineke Kooistra célèbre son demi-siècle, et elle ne le fait pas à moitié !
    Cela se passe au Théâtre Essaïon les dimanches à 17 heures 30 jusqu’au 16 janvier 2022.
    Venu des Pays-Bas, l’artiste propose un show mariant le one-woman-show, le stand-up et le tour de chant, dans son univers très à elle…" 

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    4 "J’incarne en quelque sorte « la maîtresse d’école »"

    On aime Flore Cherry pour ses engagements, les événements qu’elle organise et son actualité artistique. Elle arrive au pied du podium de cette année, grâce à une interview menée à l’occasion de la dernière édition du salon de la littérature érotique.

    Flore Cherry.png"Flore Cherry a accepté de répondre aux questions de Bla Bla Blog à propos de son actualité. Il y a, pour commencer, sa pièce de théâtre Le plus beau jour (de votre vie). Mais il y a aussi le salon de la littérature érotique, de retour le 28 novembre, salon qu'elle organise avec la foi du charbonnier. Ou de la charbonnière. 
    Bla Bla Blog – Bonjour, Flore. Journaliste, rédactrice, entrepreneuse, animatrice, auteure… On ne t’arrête plus… A ce sujet, préfères-tu écrivain, écrivaine ou auteure ?  

    Flore Cherry – Je préfère que mon interlocuteur choisisse son propre vocabulaire, surtout. Si pour lui, un écrivain est une femme, c’est OK. Mais j’ai une petite corde sensible pour auteure. Avec un joli -e…"

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    3 La vie commence à 40 ans

    En troisième position du classement de cette année, la chanteuse Andrea Ponti prouve qu’il est toujours temps de faire le buzz. Elle se place remarquablement sur le podium de cette année. Cette médaille de bronze permet de refaire parler d'elle. 

    Andrea Ponti.png"Repérée sur les réseaux sociaux l’an dernier durant le Grand Confinement, Andrea Ponti sort cet été son single "Il était temps", composé et écrit par François Welgryn et William Rousseau.
    Ce marque la naissance d’une interprète qui, à quarante ans, se lance dans la chanson. "Enfin j’ose et je réalise mon rêve en me sentant tellement épanouie dans cette nouvelle aventure que je souhaite la plus aboutie possible. Enfin, comme jamais auparavant je me sens alignée, centrée, complète… à ma place", explique-t-elle…"

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    2 Thomas Pourchayre : "Je digère beaucoup de choses, et j'en oublie beaucoup"

    Une interview arrive en seconde position. Elle concerne Thomas Pourchayre, un auteur que nous avions chroniqué pour son dernier ouvrage, Ève et l’Ange. Pour l’interview qu’il nous a accordés, il fait partie des grandes vedettes de 2021. Mérité, bien sûr !

    Thomas Pourchayre.png"Après avoir parlé du singulier conte Ève et l’Ange de Thomas Pourchayre, nous avons voulu en savoir plus sur l’auteur. Il a accepté de répondre à nos questions.
    Bla Bla Blog – Bonjour, Thomas Pourchayre. Vous sortez aux éditions Abstractions un nouveau livre, Ève et l’Ange. Peut-on dire qu’il s’agit d’un ouvrage hybride ? 
    Thomas Pourchayre – Ah... ! "Récit / nouvelle" ou "poème" ? Je crois qu'il a une unité, ce texte. Il est très homogène dans sa forme, même si elle est effectivement spéciale. Mon roman en cours, par différence, est fait de fragments de différentes natures : on peut dire qu'il est hybride. Mais Ève et l’Ange, à mes yeux, devrait être vu comme relevant d'un genre à part, rare mais pas inédit. Il est peut-être plus proche du conte, même si son style est singulier pour un conte. Bref, renonçons aux classifications !…"

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    1 "Différenciation de la vitesse d’évolution intellectuelle"

    Et la grande gagnante des chroniques de Bla Bla Blog est une chronique inattendue sur - et c'est une nouveauté depuis que notre Top 10 existe ! - une publicité... Elle a été voulue par EDF et conçue par l’agence BETC/Havas. La vénérable entreprise publique a choisi de suivre Eva, croustillante et irrésistible looseuse magnifique. Un énorme coup de cœur, assurément !

    Differenciation de la vitesse.png"Parlons pub avec cet excellent spot proposé par EDF et l’agence BETC/Havas Paris, Eva et Violette. Le film a été réalisé par Réalité, de l’agence Big.
    La vénérable entreprise nationale d’électricité choisit l’humour et le contre-pied pour parler de son énergie vertueuse ("97 % sans CO2, grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables")…"

    LA SUITE ICI...

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    Voir aussi : "Top 10 Bla Bla Blog 2020"

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  • Les Lettres de mon Moulin de Philippe Caubère

    Pour présenter son dernier spectacle consacré aux Lettres de mon Moulin d’Alphonse Daudet, c’est son interprète Philippe Caubère qui en parle le mieux : "Je veux amuser et distraire en plongeant le spectateur dans le monde ancien, à la fois merveilleux et cruel, d’Alphonse Daudet. Il y a quelque chose de très romantique chez lui, et je veux que ce monde soit restitué comme si l’on entrait dans un film. Je vais donc jouer treize de ces histoires – réparties en deux spectacles – en incarnant le narrateur, Daudet, et tous ses personnages – la chèvre, le curé du Cucugnan, le bon Dieu…"

    Il faut préciser en préambule que ces Lettres de mon Moulin, devenu un classique de la littérature française, suit une période d’échecs relatifs d’Alphonse Daudet, après la publication du Petit Chose.  Le succès de ces contes et nouvelles, souvent teintées de mélancolie et même d’ironie, ne s’est jamais démenti. Les voir sur scène est une autre manière de les découvrir ou de les redécouvrir.  

    Philippe Caubère s’est attelé à cette tâche. On connaît l’appétence de cet artiste pour le répertoire classique (Dom Juan de Molière, Lorenzzaccio de Musset et à la télévision son interprétation de Molière dans le biopic d’Ariane Mnouchkine). 

    Un projet théâtral en deux volets

    Mais l’artiste est aussi l’interprète de sa propre œuvre, Le Roman d’un acteur, auquel il a consacré dix ans de sa carrière sur scène. Composée de onze spectacles, elle raconte l’apprentissage artistique et sentimental du jeune Ferdinand Faure - alter ego de Caubère – depuis son arrivée au Théâtre. En 2017, Philippe Caubère reçoit Le Prix Plaisir du Théâtre de la SACD, Le Molière du Meilleur Comédien dans un spectacle de Théâtre public et Le Prix du Théâtre de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre dramatique.

    C’est à Alphonse Daudet que Philippe Caubère, né à Marseille, s’attaque désormais donc, via un projet théâtral en deux volets.

    es jours impairs, la "première soirée" sera consacrée aux textes "Installation", "La diligence de Beaucaire", "Le secret de Maître Cornille", la célèbre "Chèvre de Monsieur Seguin", "L’Arlésienne", "La légende de l’homme à la cervelle d’or", le fameux "Curé de Cucugnan" et "Le poète Mistral".

    Pour les journées pairs ("Deuxième soirée), Philippe Caubère interprétera les cinq autres nouvelles choisies : "La mule du Pape", "Les deux auberges", "Les trois messes basses", "L’élixir du révérend père Gaucher" et "Nostalgie de casernes".

    Alphonse Daudet se voit ainsi remis en valeur, modernisé et rendu plus vivant que jamais.

    Philippe Caubère, Lettres de mon Moulin
    Théâtre de l’œuvre, 55 rue de Clichy, 75009 Paris
    Du 11 novembre 2021 au 8 janvier 2022 à 19 heures (relâche les lundis et mardis)
    https://www.theatredeloeuvre.com/lettres-de-moulin-philippe-caubere
    https://philippecaubere.fr

    Voir aussi : "Cockt'elles de Swing à la Comédie Bastille"

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  • Jésus, l'inconnu le plus célèbre du monde

    Parmi les figures majeures de l’histoire mondiale, celle de Jésus tient une place à part. Personnage-clé, homme fascinant mais à la carrière brève (au plus, trois années d’activités publiques qui ont attiré les foules), n’ayant jamais eu de pouvoir public ni laissé d’écrits directs, Jésus est le personnage de l’Antiquité le plus connu, avant même Socrate dont il partage certains traits communs. L'histoire de Jésus est aussi relativement bien documentée, avec des textes nombreux pour un homme de cette époque.

    Roland Hureaux, dans son essai Jésus de Nazareth (éd. DDB), revient aux sources principales que sont les Évangiles. L’auteur le fait avec rigueur, bien loin des lectures plus ou moins révolutionnaires qu’en ont fait avant lui d’autres essayistes. Disons-le : l’étude de Roland Hureaux, en choisissant de ne s’arrêter que sur les quatre Évangiles synoptiques (Luc, Mathieu, Marc et Jean), et en laissant de côté les écrits apocryphes, ne pouvait pas s’éloigner de la vision traditionnelle de celui qui a bouleversé l’histoire de l’humanité.

    De la même manière, le linceul de Turin se voit redéfini comme pièce à conviction, comme il l'il l'a été pendant des siècles, en dépit des analyses qui en ont été faites au carbone 14. L’auteur s’en explique d’ailleurs, comme il justifie son choix, à quelques exceptions près, de ne pas s’attarder sur les écrits apocryphes (Évangiles de Thomas, de Philippe, de Judas ou de Marie, Le Rapport de Pilate à l’Empereur ou Le Livre de la Résurrection), qu’il estime, sinon peu fiables du moins (trop) tardifs et souvent sous influence de la gnose, lorsqu’ils ne sentent pas "l’esprit romancé" (Histoire de l’Enfance de Jésus).

    C’est aussi l’occasion pour  Roland Hureaux de poser la question de l’appartenance ou non de Jésus aux Esséniens

    Là où Roland Hureaux se montre passionnant et novateur c’est dans son tableau d’Israël au Ier siècle : les généalogies de Jésus, ses parents, sa naissance (qui est assez peu discutée aujourd’hui, à savoir en -4) et surtout la société et la politique de l’époque. L’écrivain met aussi en perspective la carrière de Jésus avec les écrits de l’Ancien Testament qui auraient annoncé sa venue. Le lecteur de 2021 découvrira les mouvements politico-religieux de cette époque : pharisiens, zélotes, sadducéens, esséniens et tous ces groupes inféodés ou non à l’envahisseur romain. C’est aussi l’occasion pour  Roland Hureaux de poser la question de l’appartenance ou non de Jésus aux Esséniens. Sa réponse pourrait bien surprendre aux entournures.

    Après un portrait de l’homme Jésus, dont les qualités sont développées, suit une partie importante sur sa prédication, assez courte comme nous l’avons dit. Plutôt que la chronologie, l’essayiste préfère prendre des thématiques en s’appuyant sur de nombreux extraits des quatre Évangiles : le retour aux lois juives, la sagesse, les paraboles ou la place de l’argent. Une autre question, complexe, est posée : quel Messie Jésus est-il ? Une autre partie est consacrée aux miracles, sans toutefois que l’auteur ne tranche sur leur véracité ou non, pas plus qu’il ne le fera plus tard en parlant de la résurrection.

    Plus étonnant, Roland Hureaux s’arrête sur le personnage de Paul, qu’il identifie dans une des scènes. L’organisation de Jésus est également décrite avec soin dans un long chapitre, faisant clairement apparaître un embryon de mouvement organisé.

    Les deux dernières parties de l’ouvrage, en se consacrant à l’arrestation et à l’exécution de Jésus, font clairement apparaître les responsabilités des notables juifs comme des Romains, dont la cruauté est soulignée et mise en perspective. L’arrêt brutal de la prédication de cet homme mystérieux qu’est Jésus fait dire ceci à Roland Hureaux : "Que Jésus ait été trahi par un des siens [Pierre] puis abandonné par tous ses apôtres sauf un [Jean], montre d’abord la fragilité de l’œuvre qu’il avait tenté d’édifier au cours des quelques mois de sa vie publique". Lorsque Jésus est exécutée, de la pire manière qu'il soit, le mouvement de prédication qu'il a initié semble promis à disparaître. On connaît la suite.

    Roland Hureaux, Jésus de Nazareth, roi des juifs, éd. Desclée de Brouwer, 2021, 576 p.
    https://www.editionsddb.fr/livre/fiche/jesus-de-nazareth-roi-des-juifs-9782220092034

    Voir aussi : "La disparition d’un curé de campagne"
    "Dante, voyage au bout de l'enfer"
    "Approcher Marie Noël"

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  • Respect pour les femmes

    Il y a bien longtemps de ça, dans une tribu bien patriarcale comme il le faut, vivait Tréponème, une intrépide, audacieuse et ambitieuse héroïne qui n’avait jamais pu montrer ses talents de guerrière. Voilà pour la situation du nouveau volume de la saga de BD Débiles & Dragon de Biglio, Manu et Albo (éd. Shockdom). La jeune femme doit à la tradition d’être recluse au village dans des tâches domestiques ou bien servir de concubine. Et être fille du chef Gunman, pas plus évolué que ses congénères mâles, n’est pas forcément un avantage supplémentaire. 

    Tréponème n’est pas dupe de cette injustice traditionnelle, ce que sa mère Perestrojka dit en ces termes  : "Toujours le même merdier. Les hommes chassent. Les femmes s’occupent des huttes. Ou pire encore des morveux". Alors que  Perestrojka est invitée à nettoyer la tente du chaman Ötzi, elle apprend de sa bouche la légende d’une guerrière, Fallope, qui a renversé l’ordre patriarcal en ramenant un objet mystérieux, l’œuf d’or du Mégathérium magique. Une statue a été érigée en son honneur, mais cette statue a disparu sous des ronces avec le temps. Retrouver cette statue et renouveler l’exploit de Fallope pourrait bien être la solution du respect du genre féminin.  

    Anachronismes, humour, clins d’œil aux auteurs, un soupçon d’érotisme

    Anachronismes, humour, clins d’œil aux auteurs, un soupçon d’érotisme : ce nouveau volume de Débiles & Dragons n’a pas froid aux yeux. Le tout dans une bande dessinée qui fait alterner les points de vue chronologiques et les héroïnes qui deviennent interchangeables : Tréponème, Perestrojka et Fallope. L’enjeu du récit est une improbable chasse à la statue et d’un animal mystérieux, le Cosmos-Favone, situé dans les profondeurs de Toncoeur (sic). Pour arriver à rétablir l'honneur des guerrières, 100 ans après l’aventure de Fallope, Trémonème aura besoin aussi des hommes, trois guerriers, Dioxine, Houblon et Akkacielle. Ils ne seront pas de trop pour affronter l’ignoble Assioma.

    Mais les auteurs font surtout de cette bande dessinée une contribution bourrée d’humour à destination des guerrières de toutes les époques qui s’ignorent, qui n’osent l’être ou bien qui se sentent exclues par un  patriarcat toujours présent. Et rien que cela, ça mérite notre respect.

    Luigi Cecchi (Bigio), Emanuele Tonini (Manu) et Alberto Turturici (Albo),
    Débiles & Dragons, Tréponème – La Légende de Fallope, éd. Shockdom, coll. YEP !, 2021, 64 p.

    https://shockdom.com/negozio/yep/deficients-dragons-treponema-e-la-leggenda-di-falloppia

    Voir aussi : "Faites un vœu"

    manu,albo,débiles et dragons,bd,bande dessinée,tréponème,féminisme,italie,fallope,patriarcat,deficients & dragons

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  • Inventaire après décès

    Dans son nouveau single, "Je suis mort", sur le rythme d'un battement de cœur, Romain Lemire parle à la première personne d’un moribond. Il s'agit d’une forme d'inventaire après décès : "Je suis mort et tu es venu / Me gratifier d’un dernier geste / M’adresser un dernier salut / Faire l’inventaire de ceux qui restent".

    Sur une chanson murmurée, à l’orchestration soignée et ambitieuse, Romain Lemire déploie un texte dense et d’une grande puissance poétique autant que métaphysique : "Il a plu on a fait avec / On a poursuivi des poursuites/ Et la mort n’est pas un échec / C’est la fin d’une réussite".

    Ce brillant single promet un futur album, le deuxième de l’artiste, déjà passionnant. Ce sera à découvrir le 28 janvier prochain avec le bien nommé Monument aux Vivants.

    Romain Lemire, Je suis mort, 2021
    Prochain album prévu le 28 janvier 2022 
    https://www.romainlemire.fr
    https://www.facebook.com/romainlemireofficiel
    @romainlemire

    Voir aussi : "Le courage des oiseaux qui chantent dans le vent glacé"

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