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• • Articles et blablas - Page 112

  • Cabaret batave

    Martineke Kooistra célèbre son demi-siècle, et elle ne le fait pas à moitié ! Cela se passe au Théâtre Essaïon les dimanches à 17 heures 30 jusqu’au 16 janvier 2022.

    Venu des Pays-Bas, l’artiste propose un show mariant le one-woman-show, le stand-up et le tour de chant, dans son univers très à elle. 

    L’artiste se met à nu pour faire découvrir un répertoire de chansons de cabaret venues de son pays et que le public français aura plaisir à retrouver.

    Voilà qui promet d’être passionnant. Martineke Kooistra est une sacrée personnalité et un vrai phénomène. Brillante, cash, effrontée, sensible et intelligente, elle parle aussi de notre monde, bien plus fou qu’elle.

    Elle est à découvrir au Théâtre Essaïon jusqu’au 16 janvier.

    "Le Demi-siècle de Martineke Kooistra"
    Théâtre Essaïon les dimanches à 17H30 du 5 décembre au 16 janvier 2022
    https://martinekekooistra.com
    https://www.facebook.com/Martineke.Kooistra
    https://www.essaion-theatre.com/spectacle/904_le-demi-siecle-de-martineke-kooistra.html

    Voir aussi : "Bertold Brecht au Gouvernail"

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  • Les âmes libres de Sarab

    S’il y a un album qui a attisé cet automne notre intérêt c’est bien celui-là : Arwāh Hurra, le deuxième album de Sarāb, un groupe créé à partir de la rencontre entre la chanteuse franco-syrienne Climène Zarkan et du guitariste Baptiste Ferrandi. Pour ce projet musical, les six musiciens de Sarāb ont invité le percussionniste Wassim Hallal, le joueur de saz Abdallah Abozekry ou encore l'auteur de SF Alain Damasio.

    "Sarāb" signifie "mirage" en arabe. Il est vrai que cette fusion rare entre musique arabe, jazz et pop-rock occidental apparaît comme un sémaphore étrange, presque irréel, mais tellement intéressant !

    Prenez par exemple "Yally shaghalt al bāl" ("Celui qui occupe mes pensées"), le titre qui ouvre l’album. On assiste là à un métissage enivrant de world music de chanson française arabe et de pop rock. Climène Zarkan chante avec un romantisme exacerbé "celui qui hante toutes mes pensées / Si seulement j'étais dans tes pensées".

    Dans sa course aux recherches de sons, Sarāb ose avec "Lilliths' Samaii" un électro rock éclairé par la voix incroyable de Climène Zarkan, se brisant aux trois-quarts du morceau pour s’aventurer dans du son heavy métal, donnant au morceau l’éclat d’un diamant noir incandescent.

    Après ce moment à couper le souffle, "Yā Snīn Hubbī" propose un morceau de jazz arabe mâtiné d'électronique pour créer un univers bariolé et passionné, qui est aussi une rencontre entre les influences occidentales et les sons orientaux. 

    La liberté est le maître-étalon de ce deuxième opus

    "Il y a une erreur sur le nom étranger" : ainsi commence "Nahnu Haraq" ("Étranger est un verbe"), morceau engagé avec la prosodie d'Alain Damasio et ce cri : "Au nom de quoi empêcher les gens d'aller de voler de voguer d'une rive à l'autre ?" Ce titre, tout comme les deux interludes "Reminiscence", font définitivement d’Arwāh Hurra un opus construit comme un concept album dans lequel il est question d’amour, d’humanité, de traditions, d’hypermodernité, de poésie, de liberté, de féminisme et de réflexions sur le futur.

    La musique hyper créative n’est pas en reste, que ce soit le rock arabe et urbain "Mā Bahwad Had", avec la voix toute en circonvolutions, en puissance et en audace de Climène Zarkan, le "Choral", une ballade toute orientale, sensuelle et exotique, portée par une orchestration délicate et ramassée, le morceau pop et jazz "Tikhūnūh", toujours en arabe ou encore "Collapse – Inhiār", une curiosité mêlant traditions arabes, création contemporaine, jazz, rock et électronique, dans un titre sombre et claustrophobe.

    L’auditeur trouvera dans "Zidnī bi farte al hubb" un son plus traditionnel comme venu du fond des temps avant de s'envoler vers une joie communicative.

    "Arwah hurra - Âmes libres" vient clôturer de la meilleure des façons l’album avec cette ballade au piano à la facture classique. On atterrit tout en douceur, non sans un riff de guitare inattendu et un bonus surprise, si on la curiosité d’attendre la fin du morceau.

    Est-il encore utile d’ajouter pour conclure que la liberté est le maître-étalon de ce deuxième opus d’une richesse incomparable ? 

    Sarāb, Arwāh Hurra, L'Autre Distribution, 2021
    https://www.sarab-officialmusic.com
    https://www.facebook.com/sarabofficialmusic
    https://www.instagram.com/sarab_officialmusic

    Voir aussi : "Comme un grand océan de rock"

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  • Familles de patineuses (et de patineurs)

    Et si l’on donnait une nouvelle chance à la très bonne série Spinning Out dont on apprend que la saison 1 ne sera pas reconduite par Netflix. Dommage pour ce qui s’annonçait comme un début de saga familiale tout à fait intéressante, dans le milieu – et ce n’est pas la moindre de ses qualités – du patinage artistique.

    Ce sport fait figure de véritable drogue pour les principaux protagonistes de cette série mêlant sport, romance, secrets de famille et amitiés.

    Au cœur de Spinning Out il y a d’abord la fille, Kat (ou Katarina), sportive-née mais dont une chute sérieuse au cours d’une compétition a cassé sa carrière : finis pour elle les pirouettes, les sauts et les combinaisons techniques. Chez les Baker, tous les espoirs se portent donc sur la cadette, Serena, à la technique hors-pair et dont les prochains Jeux Olympiques lui sont promis. Leur mère Carol Baker – on verra plus tard réapparaître son mari avec qui elle est divorcée – fait de ses deux filles des rivales. Elle engage un entraîneur pour Serena et semble faire peu de cas de Kat.

    Pour Kat, une nouvelle chance de patiner à haut niveau survient à la faveur d’un sémillant – et insupportable – sportif, Justin. Il recherche une partenaire pour patiner en double. Et devinez à qui il pense ?

    Il faut souligner l’incroyable challenge qu’a été le tournage de ces scènes de patinage

    Bon, je sais ce que vous allez dire : une romance sur patins est quelque chose qui semble plutôt convenu. Sauf que le miracle marche : la série a beau fonctionner comme une belle machine, on est séduits par les personnages en raison de leurs failles étonnantes, de leurs dérapages incontrôlés (à tout point de vue) et par les déchirements familiaux au sein des Baker.

    Parmi les interprètes, un gros coup de cœur pour deux des actrices principales : January Jones en mère bipolaire et sachant haïr et aimer avec la même conviction et Willow Shields, en adolescente tour à impressionnante sur patin, insupportable, jalouse, tête-à-claque, séduisante et ne devenant jamais aussi touchante que lorsqu’elle s’égare. Et n’oublions pas non plus Kaya Scodelario, capable de tenir sur ses frêles épaules un récit de feu et de glace.

    Il faut enfin souligner l’incroyable challenge qu’a été le tournage de ces scènes de patinage, avec des figures d’une haute technicité. Mais comment ont-ils fait ? 

    Spinning Out, série américaine de Samantha Stratton,
    avec  Kaya Scodelario, January Jones, Willow Shields, Evan Roderick,
    Sarah Wright, Svetlana Efremova et Amanda Chou, 2020, une saison, Netflix

    https://www.netflix.com/fr/title/80201590

    Voir aussi : "Des balles aux prisonniers"

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  • Le courage des oiseaux qui chantent dans le vent glacé

    En attendant la sortie de son quatrième album en avril 2022, Lisa Portelli sort cet automne un premier extrait, "Spleen", accompagné d’un clip que la chanteuse a réalisé elle-même, en collaboration avec Julien Szantaruk.

    "Spleen" est une déclaration autant qu’une proposition amoureuse que Lisa Portelli exprime ainsi : "si nos deux solitudes se ressemblent / Peut être vieillirons-nous".

    Musicalement, Lisa Portelli fait le choix d’une chanson française du minimalisme et de l’électro. Sa poésie et sa fragilité peuvent l’apparenter à Françoiz Breut ou à Dominique A. Tout comme l’auteur du "Courage des Oiseaux", Lisa Portelli marie le travail sur le texte et et le choix assumé d’un son synthétique.

    Ajoutez à cela un clip en noir et blanc presque gothique : voilà qui nous rend impatient de découvrir son nouvel album.   

    Lisa Portelli, Spleen, 2021
    http://lisaportelli.fr/

    https://orcd.co/lisaportellispleen
    https://www.facebook.com/lisa.portelli.officiel
    https://www.instagram.com/lisaportelli.musique

    Voir aussi : "Fishbach se téléporte"

    Photo ©Orlando Pereira Dos Santos

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  • Le plus moderne des Astérix

    Certes, toute aventure d’Astérix est surveillée mais pa 39e du petit Gaulois, Astérix et le Griffon (éd. Albert René), était d’autant plus attendue qu’elle était la première depuis la mort d’Uderzo, survenue l’an dernier. C’est dire comme cet opus de Jean-Yves Ferri et Didier Conrad apparaît comme un jalon important dans l’histoire de cette saga.

    Pour ce nouvel épisode, Astérix et Obélix, accompagnés du druide Panoramix et du fidèle Idéfix, partent au Barbaricum, cette vaste zone située au-delà de l’Empire, effrayante, étrange mais aussi fascinante. Le druide gaulois a été appelé à l’aide par le chaman Cékankondine. Dans le même temps, César décide d’y envoyer une armée pour y chercher le griffon, un animal fantastique qui serait du plus bel effet à Rome. Pour cela, ils ont une otage qui doivent, selon eux, les conduire vers le précieux griffon – si encore il existe. Le géographe, au nom prédestiné de Terrinconus, est chargé de mener la légion vers cet objectif. La rencontre entre Romains et Gaulois sur les terres barbares promet d’être explosive.

    On sait que les aventures d’Astérix alternent entre histoires au sein du village et excursions dans le vaste Empire romain. Pour Astérix et le Griffon, le voyage des valeureux résistants gaulois se passe dans une contrée exotique, à la limite du fantastique. Il y est question d’un monstre légendaire, du confins du monde (occasion de parler malicieusement de la théorie de la terre plate) mais aussi d’amazones.

    La révolution féministe de #MeeToo est évidemment passée par là

    Ces Amazones sont d’ailleurs l’une des créations les plus intéressantes de l’album : ces femmes guerrières – que ce soit Maminovna, Kalashnikovna ou Krakatnova – dominent une petite société où ce sont les hommes qui sont chargés des tâches ménagères. La révolution féministe de #MeeToo est évidemment passée par là.

    Moderne, l’album l’est aussi dans ses clins d’œil : dans la grande tradition de la saga imaginée par Goscinny et Uderzo, Terrinconus a les traits d’une célébrité, en l’occurrence Michel Houellebecq. Et toujours dans la modernité, les deux auteurs font un sort aux théories du complots et aux fake news.

    L’album se termine avec un banquet final, mais aussi une fin non sans un mystère autour de l’impressionnante, muette et sémillante Kalashnikovna.

    Un très bon album, moderne et graphiquement réussi grâce à des paysages dessinés avec soin. 

    Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, Astérix et le Griffon, éd. Albert René, 2021, 48 p,
    https://www.asterix.com

    Voir aussi : "Astérix dans la gueule du griffon"

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  • C’est l’histoire d’un mec...

    Voilà un spectacle qui risque autant d’amuser que de picoter : celle d’un "mec normal… blanc", comme le disait Coluche. Un Coluche qui, s’il était vivant aujourd’hui, aurait pu ajouter "hétéro".

    Dans son  one-man-show Arnaud Demanche, qui n’est ni femme, ni juif, ni de couleur, ni gay, ni transgenre, pose avec humour et acuité la question de l’identité : ça veut dire quoi "un homme blanc hétérosexuel" ?

    Cette interrogation a pour point de départ sa rencontre avec une militante engagée d’extrême-gauche à cheveux bleus et sarouel orange. Après avoir fait connaissance avec elle, Arnaud Demanche lui apprend qu’il "appartient à la classe de l’homme blanc hétérosexuel".

    Mais qu’est-ce à dire ?

    Cette confrontation entre deux individus que beaucoup de choses séparent, en dit beaucoup sur notre société et sur notre manière de nous accepter mutuellement, dans une société en mutation comme elle l’a rarement été.

    Et est-ce que cela empêche d’avoir des choses à dire sur la bien-pensance, le racisme, le féminisme, la colonisation, les agriculteurs de L’Amour est dans le Pré, les serre-têtes de la Manif Pour Tous, ou les films français où tous les acteurs qui pleurnichent ? Et est-ce que cela va les empêcher de s’aimer ? Nous verrons bien !

    Arnaud Demanche joue tous les mardis à 20 heures à l’Apollo Théâtre et il est également en tournée dans toute la France. Dernière parisienne le 21 décembre 2021.

    Arnaud Demanche, Blanc et hétéro, one-man-show 
    Tous les mardis à 20 heures à l’Apollo théâtre, jusqu’au 21 décembre
    18 rue Faubourg du Temple 75011 Paris
    https://www.artistikrezo.com/agenda/arnaud-demanche-apollo-theatre.html
    https://www.apollotheatre.fr

    Voir aussi : "Lulu de retour à bruxelles"

    Photo © Kathleen Rengnet

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  • Emmanuelle Béart, lost in translation

    Quel plaisir de revoir Emmanuelle Béart au cinéma, avec L’Étreinte, un film sorti au printemps dernier ! Deux autres acteurs, dans des rôles secondaires, éclairent aussi à leur manière ce premier film de Ludovic Bergery : l’ami Aurélien, Vincent Dedienne, et la demi-sœur Marianne, jouée par la trop rare Eva Ionesco.

    L’Étreinte est le récit d’un deuil autant que la reconstruction d’une femme, plongée dans un pays et un milieu où elle se sent perdue.

    Lorsque le film commence, Margaux a perdu son mari six mois plus tôt. Elle quitte l’Allemagne où elle vivait pour s’installer à Paris chez Marianne et reprendre des études d’allemand en fac. Elle découvre un milieu tout nouveau pour elle, tente de s’intégrer à une petite communauté étudiants – qui pourraient être ses enfants –, se lie d’amitié avec un jeune homosexuel et s’interroge sur sa vie sentimentale. Et si l’amour était possible ? 

    Le réalisateur film avec un mélange de grâce, de sensualité et d’érotisme brûlant les étreintes

    Ludovic Bergery film avec justesse, délicatesse mais non sans cruauté, le récit d’une reconstruction amoureuse après un deuil. Emmanuelle Béart incarne cette femme détruite dont on ne sait finalement pas grand-chose. Ce qui est le plus important est ce voyage géographique autant qu’intime – le film débute et se termine d’ailleurs dans un train – que mène Margaux, brisée par la disparition d’un mari dont on ne voit qu’une photo.  

    Ludovic Bergery suit les errances de la veuve, bousculée par de jeunes étudiants qui ont adopté cette femme d’une autre génération, sans pour autant qu'ils se gênent à lui montrer la différence de l’âge, à l’instar du dialogue sur un escort-boy ou alors celle de la scène de la piscine.

    Emmanuelle Béart donne d’elle-même dans le portrait de cette femme asséchée par la mort de son mari et par le manque d’amour. Le réalisateur film avec un mélange de grâce, de sensualité et d’érotisme brûlant les étreintes. La quête amoureuse de Margaux devient une aventure à la fois douloureuse et dangereuse - on pense bien sûr aux quinze dernières minutes du film. Le réalisateur ouvre finalement la porte à un champ de possibilités, lorsque Margaux choisit de quitter définitivement Paris pour Cologne, la ville où elle avait aimé. Et où elle aimera, sans doute.

    L’Étreinte, drame français de Ludovic Bergery, avec Emmanuelle Béart, Vincent Dedienne. Tino Vandenborre, Sandor Funtek, Nelson Delapalme, Marie Zabukovec, Arthur Verret, Yannick Choirat et Eva Ionesco, 2021, 100 mn, Canal+
    http://distrib.pyramidefilms.com/pyramide-distribution-a-l-affiche/l-etreinte.html

    Voir aussi : "Jean Vigo, une étoile brève mais éclatante"
    "Eva, mon amour"

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  • Marc Hévéa, incorrigible optimiste

    Optimiste, Marc Hévéa l’est, sans aucun doute, comme il le dit dans la chanson qui ouvre son album Insolites solos. Le titre du morceau ? "Le métier d'optimiste", comme de bien entendu… Le chanteur fait l’éloge d’un combat souvent perdu d’avance contre la morosité ambiante : "C'est de l'orfèvrerie du travail d'artiste pas facile le métier d'optimiste" mais qui peut s'avérer un joli piège à filles".

    Insolites Solos fait partie de ces opus faussement légers et "feel good", plus mélancoliques qu’il n’y paraît, à l’instar de "J'ai aimé notre rencontre", une jolie ballade délicieusement vintage, nostalgique délicate et capable de faire briller les yeux.

    Marc Hévéa est capable de prendre l’auditeur à contre-pied, à l’exemple de "Y'a quelqu'un derrière", une vraie étrangeté schizophrène : "Y a un type qui parle dans ma tête et ce type qui parle c'est moi. Rien à voir avec mon enveloppe... Ce type qui me parle dans ma tête n'a pas la voix de ma voix. Il n'a pas non plus la tête de ma tête. Alors quand tu vois ma tête tu ne sais pas tout de moi".

    Musicalement, Marc Hévéa surprend son monde par sa capacité de s’affranchir de toute étiquette, que ce soit "Me dézapper les idées ", un titre engagé, enlevé et a capela sur la société de consommation, "Tous les deux complices", une chanson d'amour et de fusion sur un rythme jazz, le bien nommé "Le blues eh oui", dans la droite ligne de Sinclair ou encore le gospel ("Gospel", tout simplement). 

    Marc Hévéa surprend son monde par sa capacité de s’affranchir de toute étiquette

    L’auditeur s’arrêtera avec un mélange de curiosité et d’admiration sur "Les mots croisés", une jolie chanson d'amour cruciverbiste : "Un seul mot supposé nous met le feu sans artifice . Celui que tout le monde espère le cœur serré les bras croisés." Comment faire d'une partie ordinaire et à priori peu sexy une très belle déclaration sensuelle ? Marc Hévéa a peut-être la réponse : "J'aimerais qu'on sonne ensemble comme deux voyelles complémentaires... Mais tisser nos êtres jusqu'à en faire des êtres verticalement horizontalement. J'aimerais tellement."

    La chanson est le terrain de jeu du musicien occitan, à l’instar de "Ma chanson ne t'intéresse plus" où la musique est le témoin cruel autant que la preuve d’une rupture amoureuse : "Mes chansons ne te n'intéressent pas / Mais je les écris toujours pour toi... un jour je t'en enchanterai une".

    Plus sombre encore, "Alors voilà je suis mort" s’écoute comme les confidences d’un mort, à la manière du "Moribond" de Jacques Brel, moins caustique mais mêlant un certain nihilisme à une réflexion existentialiste : "Je sais tout ce que j'ai tant voulu savoir...  Plus de problèmes entre l'être et l'avoir", dit-il, la gorge nouée.

    Ce titre sur la mort est immédiatement contrebalancé par cette autre chanson sur la fin, "Homme sweet homme", cette fois plus blues. Le chanteur, se projetant dans l’au-delà, se déclare prêt à replonger vers la vie : "Hommes, femmes venez profiter de mon âme d'occasion", chante-t-il.

    L'album se termine avec "Rien de plus", une samba sur une relation qui est aussi une "évidence", une "chance" et une "destinée" : "Notre amour est là ça fait si longtemps que j'attends ça pas question de le laisser s'éteindre en restant planter là". 

    Marc Hévéa, Insolites Solos, Bloc Notes, 2021
    https://marchevea.com
    https://www.facebook.com/MarcHeveaMusic

    Voir aussi : "Comme un grand océan de rock"
    "Pauline Croze a la solution"

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