En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Les années 80 continuent d’être revisitées et d’inspirer les musiciens actuels. Dernier exemple en date : William Sheller et son tube, devenu un classique : Un Homme Heureux.
La version originale déroulait une ballade voix et piano, à la sombre mélancolie. Yves Carini a choisi d’en faire une bossanova douce amère.
Un Homme Heureux est le deuxième extrait de son nouvel album, The Way You Are, attendu pour cet automne, après une adaptation d’un autre standard, L’Hymne à l'Amour, en version jazz symphonique.
Pour Un Homme Heureux, Yves Carini a su s’entourer d’une belle équipe : Jorge Calandrelli, l’arrangeur et réalisateur de Tony Bennett, Andrea Bocelli, Stevie Wonder ou Michael Bublé mais aussi de Randy Waldman (Seal, Barbara Streisand ou Beyoncé).
Voilà qui nous promet un futur album soigné, produit avec un professionnalisme à l’américaine. En tout cas, ce nouvel extriat est une jolie manière de revenir vers le passé et vibrer de nouveau aux mots délicats et déchirants de William Sheller : "Pourquoi les gens qui s'aiment / Sont-ils toujours un peu les mêmes / Ils ont quand ils s'en viennent / Le même regard d'un seul désir pour deux / Ce sont des gens heureux."
Cela fait longtemps que le manga a su gagné ses lettres de noblesse bien au-delà du Japon. S’essayant à tous les genres, les mangakas ont aussi investi le domaine de l’histoire : la preuve avec Funestes Vaisseaux du scénariste Wilson Michel Sean et de la dessinatrice Akiko Shimojima.
L’histoire racontée dans cette bande dessinée, à la facture plutôt classique dans son découpage comme dans son dessin, raconte une période peu connue sous nos contrées : celle de la crise de l’époque Edo, dont l’un des épisodes les plus emblématiques fut la pression des Occidentaux, bien décidés à réitérer le même coup de force qu’ils avaient accomplis en Chine (les deux Guerres de l’Opium et le traité de Nankin). L’Asie est un territoire immense qui aiguise l’appétit des Russes, des Britanniques, des Néerlandais, des Français mais aussi des États-Unis, qui ne sont pas encore la grande puissance qu’ils seront quelques décennies plus tard, mais qu’ils aspirent à devenir : car tel est bien l’enjeu de cet épisode qui va traumatiser le Japon, autant qu’il va permettre de consolider une identité commune.
En mai 1853, le contre-amiral américain Perry arrive avec trois navires au large des îles Ryuku. Ces "funestes bateaux noirs" ("kurofune") vont bientôt devenir l’obsession des Shoguns au pouvoir ? Perry est chargé par le Président américain Franklin Pierce d’exiger des droits commerciaux et l’installation de mandats commerciaux au cœur du Japon.
Des conséquences incommensurables
La jeune nation a des ambitions géopolitiques très gourmandes, et entend bien asseoir sa position, au détriment d’un pays, le Japon, d’autant plus tétanisé par l’agressivité du militaire que le pays est resté replié sur lui-même depuis deux siècles. Seul le port de Nagasaki est ouvert au commerce étranger. Dans ce contexte favorable pour lui et son pays, Perry menace de prendre de force la capitale Edo – future Tokyo. Bientôt, les trois navires arrivent dans la baie de la capitale japonaise. La période d’intimidation commence vraiment, et elle aura des conséquences incommensurables.
Wilson Michel Sean(The Garden,The Minamata Story) et Akiko Shimojima (Les 47 Ronins, Les Secrets du Ninja) retracent un an d’un épisode important dans l’histoire du pays du Soleil Levant. Un gros travail de documentation autant que de scénarisation permet d’avoir ce manga à la fois passionnant, vivant et accessible. Akiko Shimojima électrise le récit grâce à un découpage des cases très cinématographique. Les traits des personnages sont expressifs et un soin particulier est donné aux décors et aux bateaux.
Funestes vaisseaux se veut aussi une introduction au Crépuscule des Samouraïs, autre volume de cette collection consacrée à l’histoire du Japon en manga.
Bloggeur, scénariste, dramaturge et romancier, Arsène K. multiplie les casquettes. Après un premier polar et une comédie romantique, il se lance désormais dans le genre de la romance moderne.
L’Œil du frigo nous régale de ses chroniques sur les frigos au cinéma. Celle qu'il nous propsoe cette semaine sur le mémorable 127 heures de Danny Boyle a ceci de particulier qu'elle résume à elle seule tout l'intérêt de parler de ces appareils d'électroménager présents sur les grands écrans, dans des scènes a priori anodine. Focus sur 127 heures donc, un drame tiré d'un fait réel : à ne surtout pas copier comme l'écrit Philippe, notre œil du frigo.
Nous voici prêt pour un long moment cinématographique : 127 H de Dany Boyle, ou comment tout savoir sur le Blue John Canyon en Utah !
Sur une musique tonitruante, Never Hear Surf Music Again Free Blood, le beau James Franco s’apprête à partir en expédition. Comme on fait tous, il ouvre son frigo et remplit son sac. Le frigo reste pratiquement tout le temps du générique dans le champ et raconte finalement toute l'histoire. Je dis ça au cas où les spectateurs fainéants de la rétine ne voudraient pas se taper 127 heures de film. Dans ce frigo, la main droite de James cherche et attrape nourriture, boissons énergétiques et laisse tomber les bières Coors. On sent qu'on ne part pas en pique-nique. C'est du sérieux. Mais c'est surtout le travelling qui est impressionnant : pourquoi montrer cette main en travelling se saisissant des objets vitaux pour partir en randonnée ? Il faut quand même remercier le caméraman qui s'est frappé un déplacement de gauche à droite et de droite à gauche pour servir les idées de Dany Boyle.
Un chicken burrito de la marque Patio, me direz-vous, c'est pas spécialement fun quand on part à l'aventure. On pense tout de suite qu'il va se faire un feu de camp, se faire griller son poulet et l'enrober dans des galettes de maïs. Mais le frigo livre tout fait, tout frais, y a plus qu'à se régaler. Bon, le ketchup dans la porte reste à sa place : c'est déjà ça. Évidemment, la boisson énergétique est emballée aussi avec un sac blanc dont on ne saura rien. Un homme face à son frigo et l'histoire est lancée. Je ne peux pas disserter davantage sans tout révéler du film mais Dany a bien fait ses courses et le frigo cinématographique est bien achalandé.
Je ne vous proposerai aucune recette avec ce qu'il y a au fond de ce frigo, Peut-être tout au plus une salade de fruits avec une tomate, mais je ne suis pas sûr que cela serve le propos du film. Car si Dany a placé un frigo en tout début de l'histoire, ce n'est pas pour coincer cette scène en plein milieu du film dans le canyon. Le récit se situe entre la pomme et le ketchup. Le plan dans le frigo semble ruisseler sur les victuailles pour nous expliquer le film. Si je devais faire une thèse sur les frigos dans le cinéma (histoire d'écrire cinq cents pages et la présenter dans un amphi) je choisirais forcément cette scène. Je sais, je suis comme ça : parfois je fais des vrais choix, douloureux voire cinglants. Je passe sous silence l'univers du placard adjacent pour ne pas vous trop raconter ce film.
Un film qui traite d'un cercueil de pierre et du renoncement, on est loin de Burried de Rodrigo Cortes (qui n'a aucun frigo), mais quand même : "uUn homme enterré vivant doit s'en sortir..." Si j'avais envoyé ce pitch à une société de production, j'aurais perdu toute crédibilité... Ah oui ! c'est vrai : J'en ai pas ! Ne renoncer à rien, pas même à un Chicken Buritto et l'humanité en sort grandie. Un petit rappel : cette histoire est une histoire vraie, mais c'est interdit de copier !
ODF
127 heures, drame américain de Danny Boyle avec James Franco, Clémence Poésy et Kate Mara, 2010, 94 mn
En ce 21 juin, honneur à un genre musical discret mais particulièrement passionnant : le contemporain. Et pour cette chronique, je vous ai déniché non pas une mais deux œuvres de Camille Pépin, qui s’est imposée en quelques mois comme une compositrice incontournable, à la faveur de deux albums à découvrir : Chamber Music (2017) et The Sound of Trees (2020).
La musique contemporaine française était depuis des décennies prisonnière d’une image engoncée dans des théories et des habitudes : le sérialisme, l’aléatoire, le spectralisme, la méfiance pour l'harmonie et plus généralement les querelles de chapelle. Mais la voilà qui prouve avec Camille Pépin (mais aussi d'autres compositeurs et compositrices) que la musique contemporaine française peut être harmonique et immédiatement attachante, sans renier pour autant à son audace formelle (le jeu de sonorités, l’apport de cultures différentes, l’influence du courant répétitif américain) comme à la paternité revendiquée avec les grands compositeurs occidentaux – Mahler, Debussy, Ravel ou Messiaen sont les grandes figures qui viennent en tête de prime abord pour ces deux opus.
Camille Pépin avait 27 ans lorsqu’elle a proposé Chamber Music (NoMadMusic), des pièces de musique de chambre au souffle intense, et qui sont jouées par l’Ensemble Polygones, avec la mezzo-soprano Fiona McGown, la violoniste Raphaëlle Moreau et la violoncelliste Natacha Colmez-Collard.
L’album débute avec Lyrae, une œuvre dominée par des violons implacables et torturés. Un mouvement plus lent qui scinde le morceau en deux est marqué les influences du courant répétitif américain, renvoyant à Steve Reich ou aux œuvres de Philip Glass par le Kronos Quartet, mais avec ce lyrisme tout français.
La pierre angulaire de l’opus est Chamber music : 18 mouvements souvent très courts, ayant pour fil conducteur des cordes omniprésentes, un piano délicat et la voix mezzo-soprano de Fiona McGown, déclamant des vers de jeunesse de James Joyce (1909). Il y a une très grande cohérence dans ces pièces de Chamber Music qui sont des chants amoureux, mystiques et expressionnistes d’une très grande pureté.
Raphaëlle Moreau est au violon pour une autre pièce, Indra : place cette fois à une musique robuste et même brutale, soutenue par des cordes tendue et nerveuses. Tout aussi sombres, les trois mouvements de Luna (Luna, Aurora et Sol) sont des mondes à eux tout seuls : des cauchemars peuplés d’êtres mystérieux et fantomatiques (Luna), parfois aériens et féeriques (Aurora), mais toujours inquiétants, menaçants et brutaux (Sol). L’album se termine avec la pièce Kono-Hana, qui semble nous réveiller d’un mauvais rêve pour nous projeter dans un univers zen, grâce au violoncelle métaphysique de Natacha Colmez-Collard.
Compositrice incontournable pour les années à venir
C’est pour The Sound Of Trees que Camille Pépin a reçu en début d’année une Victoire de la Musique, dans la catégorie "Compositrice de l’année". Cette pièce a été enregistrée avec l’Orchestre de Picardie dirigé par Arie van Beek par NoMadmusic. Elle est sortie quelques jours seulement avant le Grand Confinement.
Pour cet album, à la fois audacieux, atypique et classique, Camille Pépin côtoie Claude Debussy et Lili Boulanger et s’installe déjà comme une compositrice incontournable pour les années à venir.
The Sound Of Trees, ce sont six mouvements qui sont des hommages à la nature et aux arbres, et dont les titres renvoient aux mille et une transformations des saisons : "Paisible, boisé", "Plus lumineux, irisé", "Céleste, planant", "Entêtant, tournoyant, hypnotique", "Apaisé, boisé" et "Mystérieux, flottant."
Autant naturaliste qu’expressionniste, Camille Pépin et l’Orchestre de Picardie, dirigé par Arie van Beek, nous entraînent dans un environnement à la fois proche de nous et féerique ("Paisible, boisé"). Mais c’est aussi un monde qui sait avoir sa part de violence ("Plus lumineux, irisé") ou de mystère ("Céleste, planant"). Olivier Messiaen avait su faire des chants d’oiseaux des pièces contemporaines merveilleuses, passionnantes et déroutantes. Camille Pépin, elle, donne vie aux arbres vivants, pluriels et colorés ("Entêtant, tournoyant, hypnotique"). The Sound Of Trees passionne par cette place laissée à la méditation ("Apaisé, boisé") et à une forme d’hommage grave à la nature ("Mystérieux, flottant").
L’album se termine avec trois morceaux classiques, très cohérents dans leur choix. Un Hommage à Rameau et un Mouvement tirés des Images pour piano de Claude Debussy d’abord, et deux mélodies de Lili Boulanger d’autre part (D’un soir triste et D’un matin de printemps). Camille Pépin entend ainsi marcher sur les traces de géants et de géantes de la musique. Voilà qui promet de futures œuvres passionnantes, sans coup férir.
La BnF célèbre le don exceptionnel que lui a consenti Pascal Quignard en 2018, en consacrant une exposition à l'auteur de Tous les matins du monde et Villa Amalia ou Les Ombres errantes, Prix Goncourt 2002.
Une centaine de pièces, manuscrits, correspondances, photographies, peintures ou éditions rares, présentées au public pour la première fois, invitent à voyager dans l’œuvre singulière de l'une des figures incontournables des lettres françaises contemporaines.
C’était bien lui… C’était improbable… Irréel… Pas ici, sur mon lieu de travail, après toutes ces années…
Et il est pour toi… Chanceuse…
Moi, chanceuse ? C’était moins une apparition miraculeuse qu’un cauchemar…
Lorsque je franchis la porte du bureau, Alessandro se tenait devant moi. Je me sentais écrasée par sa présence, incapable de savoir comment réagir. Fallait‑il jouer la surprise, la décontraction ou bien rester distante ? Alessandro ne semblait pas s’embarrasser de ce genre de calculs. Il planta son regard bleu dans le mien.
— Bonjour, fit‑il simplement, comme si nous nous étions quittés la veille.
Je reconnaissais sa voix grave et chantante, même après toutes ces années. Il s’avança vers moi avec la souplesse d’un chat. Je crus qu’il allait m’embrasser, mais il se contenta d’un salut professionnel. Sa main fine enserra délicatement mes doigts. J’étais assommée par la surprise.
Yadam n’est pas tout à fait un inconnu. Le grand public l’a découvert en 2017 dans l’émission Nouvelle Star, au cours de laquelle il est brillamment sorti deuxième.
Safeplace est son premier album, un EP de cinq titres dans lequel le jeune homme impose une identité forte, lui qui a déjà connu mille vies, entre une naissance au Venezuela, une enfance aux États-Unis, une victoire de chant organisé par l’Alliance française en 2017, suivie d’un exil en France et une participation éclatante au célèbre télé-crochet.
Les 5 titres proposés par Yadam, qui chante autant en anglais (The Place), qu’en français (Yadam) et en espagnol (Vacio), sa langue natale, révèlent d’abord une voix singulière, éthérée et comme venue d’un autre monde, à l’exemple de (SayYou're) sorry ("I don't wanna let you go / Tell me what I wanna know / Say you, say you / Need me").
L’électropop de Safeplace ne craint pas le minimalisme (Yadam), pas plus que le rythme hip-hop (Empty Doors), voire le son eighties (The Place).
Chemin personnel et artistique
À bien d’un égard, cet EP marque la naissance d’un authentique artiste qui propose avec Safeplace bien plus qu’un galop d’essai : son album est aussi un chemin personnel et artistique, comme le prouve le morceau Empty Doors ou le titre intégral de l’album (Safeplace : a true story by Yadam).
Après un parcours particulièrement riche, il semble bien que ce soit la France et Paris que l’artiste ait choisi pour faire sa place – grâce à l’appui de confrères et consœurs (Lolo Zouaï, Ibeyi, Woodkid ou Rosalia) mais aussi d’une communauté de fans déjà importante. Un espoir que Yadam chante ainsi : "Paname, ce soir je me sens ivre / Je sens que j’ai le droit de vivre / Peut-être qu’il y a bien une étoile / Qui veille sur nous."