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Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler mode, avec un dossier que propose le magazine Elle dans son numéro du 7 mai 2020. Comme pour un porte-folio proposé en décembre 2014, c’est la culture amish qui est à l’honneur.
Dentelles, robes en coton, pantalons sombres, tabliers en toile, tresses pour ces dames, bottes de campagne et larges chapeaux pour ces messieurs : devant l’objectif de Johan Sandberg, les mannequins Adrien Cardinaux, Tya Gohin, Alisha Nesvat, Thialda Box, Mahaut et Franck endossent les vêtements de cette communauté ultra-religieuse venue des États-Unis. Mais des vêtements tout de même signés Prada, Sander, Alexander McQueen, Anne Fontaine ou Balenciaga.
Pas un centimètre de peau découverte dans les 22 pages de ce dossier mais un retour à la rigueur et à l’austérité : voilà qui nous change des shootings proposés par le célèbre magazine de mode. Ou comment une rubrique mode devient subitement un vrai-faux reportage d’immersion dans la culture amish.
Thérésia Cabarrus et Maximilien Robespierre : de ces personnages, on connaît avant tout le deuxième. Le natif d’Arras, avocat et tribun surdoué est devenu la figure marquante de la Révolution française. Surnommé L’Incorruptible, il domine l’assemblée de La Convention et couvre, lorsqu’il ne les encourage pas, les excès de la Terreur. C’est une figure emblématique et crainte qui finit par tomber lors de la journée du 9 Thermidor (27 juillet 1794). Et c’est là qu’il convient de parler de l’autre personnage, cette Thérésia Cabarrus, aristocrate d’origine espagnole qui croupissait alors en prison en attendant son exécution. La chute de Robespierre a signifié la fin de La Terreur – et de la Révolution, a précisé François Furet – mais aussi la survie de cette jeune femme de vingt ans qui décédera bien plus tard, en 1835. Comme s’il fallait que l’un meurt pour que l’autre vive. Mais quel lien peut-il y avoir entre ces deux-là ?
C’est ce qu’entend montrer Thérèse Charles-Vallin dans son passionnant essai Thérésia / Robespierre, La Femme qui tua la Terreur (éd. de la Bisquine). À l’aide d’une solide documentation (plus importante, on s’en doute, s’agissant de L’Incorruptible), l’historienne entreprend de faire une biographie croisée de ces deux personnages, en s’attachant à les suivre pendant la durée de la Révolution française jusqu’aux journées thermidoriennes, "les seules années qui comptèrent vraiment pour [Thérésia]."
Alternant chapitres sur Robespierre et chapitres sur Thérésia Cabarrus, c’est toute une époque qui revit, car Thérèse Charles-Vallin n’oublie pas de prendre le pouls de cette société française, à travers par exemple la jeunesse malheureuse de Maximilien Robespierre, "typiquement un homme de l’Ancien Régime". C’est l’occasion pour l’auteure de revenir sur une légende, qui, si elle était vraie, ne manquerait pas d’ironie : "Le jeune homme fut-il choisi en juin 1775 pour adresser un compliment au roi Louis XVI de retour de son sacre ? Nombre de biographes l’ont prétendu et certes l’image saisit l’imagination mais les dates données ne correspondent pas à celle du passage du souverain."
Avec Thérésia, nous sommes dans le grand monde de l’Ancien Régime : lignée familiale prestigieuse, éducation chez les religieuses, mariage arrangé, un père financier à l’origine de la Banque San Carlos, future Banque d’Espagne, sans oublier un entourage impliqué dans les affaires du monde. Lorsque la Révolution éclate, "Teresa se rend vite compte que sa situation n’est plus tenable… Elle est, elle-même, sans doute impliquée et trop liée aux milieux constitutionnels."
Alors que Robespierre trace son chemin et devient l’un des députés les plus en vue du régime qui se met en place (c’est "une légende vivante", et ce dès 1790), celle qui est devenue suite à un premier mariage la Marquise Devin de Fontenay, se retrouve citoyenne lambda comme le prévoit la nouvelle Assemblée. La vie insouciante de cette jeune femme prend une autre tournure : la Révolution s’emballe suite notamment à la fuite du roi interrompue à Varennes le 20 juin 1791 ("Il a détruit irrémédiablement sa propre image aux yeux du peuple français comme à ceux de Robespierre") et la France plonge dans la violence, les guerres intérieures, les grands massacres, le génocide vendéen, les arrestations et les exécutions. C'est cette Terreur, qu’a conceptualisée et encouragée Robespierre.
Digne d’un véritable roman d’aventure
Thérèse Charles-Vallin consacre de longues pages aux luttes politiques – et souvent sanglantes – entre Girondins, Montagnards (dont Robespierre fait partie) et députés de la Plaine, plus modérés, sans oublier le Comité de Salut public, les Tribunaux révolutionnaires ou la Commune. Une période tourmentée, dont l’orchestrateur est Robespierre, agissant souvent en sous-main lorsqu’il ne harangue pas en tribune. Il est engagé dans La Révolution parfois jusqu’à la démesure, lorsqu’est décrété par exemple l’existence de l’Être Suprême et l’immortalité de l’âme le 7 mai 1794.
Pour être née aristocrate, et aussi étrangère par son père, Thérésia commence une cavale digne d’un véritable roman d’aventure. L’historienne s’interroge à ce sujet d’un épisode datant de 1793, lorsque la jeune femme part s’exiler pour Bordeaux. Elle voyage avec un jeune garçon au sujet duquel des spécialistes se sont interrogés : s'agissait-il de Louis XVII, le fils du roi décapité en début d’année ?
Ce qui est certain c’est que Thérésia, qui vient de divorcer, rencontre là-bas le troisième personnage du récit : Jean-Lambert Tallien, ancien publiciste introduit dans des cercles intellectuels, avant de devenir un acteur important de la Révolution française et un proche de Danton et de Marat. C’est un fervent acteur du nouveau régime. Il côtoie Robespierre, sans toutefois approuver tous ses excès, nuance l'auteure : "Tallien se sait mal vu de Robespierre en raison de son amitié avec Réal, proche des Girondins et Roederer, trop attaché à Louis XVI, et fera paraître une Adresse aux Citoyens où il l’attaque violemment sur ses méthodes."
Devenu "proconsul" de Bordeaux en 1793, Tallien rencontre Thérésia. La jeune femme le contacte pour une démarche en faveur de la veuve d’un député qui a été guillotiné. Une entreprise risquée en cette période troublée, le révolutionnaire faisant partie des plus engagés. L’auteure entreprend cependant de réhabiliter le révolutionnaire qui commence déjà à s’écarter des ultras : "Tallien put ainsi sauver de la guillotine plusieurs familles royalistes notoires." Entre l’ex-aristocrate lumineuse et irrésistible ("Et cet ensemble de gaîté [sic], de sensualité, d’idéalisme, d’assurance, de grâce, d’ironie, de force se fond harmonieusement en une physionomie piquante, vive en même temps que douce et bon-enfant") et le sémillant révolutionnaire ("Il portait bien la tête, une belle tête où les airs plébéiens, empruntés à la mode du temps, ne masquaient pas la fierté native") se noue un idylle ("Elle laissera au jeune député un souvenir ébloui. La Belle est arrivée dans sa vie et le Lion est amoureux"). Le climax de cette liaison seront les événements de Thermidor.
Au cours de l’année 1794, le sombre Robespierre devient la figure centrale de la Révolution française : "Il est porteur d’un extraordinaire syncrétisme. Il est le peuple…" L'Incorruptible dirige de fait la France dans un pouvoir de plus en plus dictatorial et que les représentants de la Convention craignent jusqu'à la "panique". Tallien, lui, est entre-temps devenu Président de la Convention lorsque Thérésia, que Robespierre a fait surveiller, est arrêtée dès son retour sur Paris. Le couple entre désormais dans la Grande Histoire, avec un Tallien aux avant-postes dans le déclenchement des événements du 9 thermidor et une Thérésia croupissant en prison, et dont la future exécution constitue l’une des clés de la mort de Robespierre.
Thérèse Charles-Vallin décrit heure par heure les événements thermidoriens dont la tête pensante a bien été Tallien. La tête de sa compagne est en jeu en même temps que la sienne, ce qui explique qu'il se lance corps et âmes dans une lutte à mort contre Robespierre. Plusieurs pages sont consacrées aux semaines sombres de la jeune captive, âgée de tout juste vingt ans. Comment a-t-elle vécu son emprisonnement ? A-t-elle fait connaissance là-bas de Joséphine de Beauharnais, la future épouse de Napoléon Ier ? Y a-t-il eu un complot orchestré de longue date pour faire tomber Robespierre et Saint-Just ?
Mine de rien, cet essai sur Thérésia et Robespierre fait un focus à la fois passionnant et romanesque sur la Révolution. Les passionnés d’histoire adoreront, sans aucun doute.
C’est l’un des artistes les plus actifs en cette période de confinement. Et aussi un de ceux qui met le plus à l’honneur le classique.
Depuis le début de cette drôle de période, le violoniste propose de chez lui une pièce de musique : Bach, Mozart, Haendel et même… Stéphane Grapelli.
Le classique et la musique ne s’arrêtent jamais, même en présence d’un virus made in China. Rendez-vous donc tous les jours sur le compte Twitter de Renaud Capuçon.
En cette période de confinement, alors que la filière du livre est ébranlée par la fermeture des librairies et des bibliothèques, jamais la lecture et les livres n’ont été aussi importants. Cultura est le premier distributeur de produits culturels à lancer officiellement une offre de streaming du livre avec YouScribe.
Cultura, l’un des leaders français de vente de produits culturels en France va proposer un accès privilégié à la bibliothèque numérique YouScribe, la plus grande bibliothèque en streaming en France, avec plus d’un million de livres, livres audios, presse et documents numériques éducatifs figurant à son catalogue. "Avec Vivlio, une offre de vente de livres numériques et d’abonnement aux livres audio; il nous manquait une grande solution pour le streaming de la lecture et YouScribe nous a apporté la clef d’entrée", déclare Frédéric Becquart, Directeur Général de Cultura.
L’offre sera payante (0.99 € le premier mois et ensuite à 9.99 € par mois) mais elle se veut complémentaire aux traditionnelles librairies. Les initiateurs de ces e-librairies entendent faciliter l’accès à la lecture tout le temps et partout, tout en maintenant un prix raisonnable pour assurer une rémunération intéressante aux acteurs du livre, en particulier les auteurs et les éditeurs. YouScribe reverse en effet la plus grande partie des revenus des ventes aux ayants-droit en fonction des pages lues des utilisateurs.
Tous les genres sont représentés, avec plus de 500 éditeurs francophones du monde entier. Les anglophones et les arabophones y trouveront leur bonheur aussi. Les enfants ne sont pas en reste et ont accès à plusieurs dizaines de milliers de ressources écrites et sonores. Cultura et Youscribe animent les rayons en renouvelant les catalogues en permanence selon l’actualité avec le concours des éditeurs et des auteurs en régions.
En cette période de confinement, La Balade de Ben fait partie de ces heureuses initiatives donnant du sens et de la générosité à nos existences pas si immobiles que cela, même chez soi.
Ce projet a été lancé par BBN et FSTL, deux agences de communication qui ont décidé de nous envoyer faire un tour du monde à pied, en vélo à la nage ou en rameur… Mais comment, me direz-vous ?
Et bien tout simplement en faisant chez vous des kilomètres de marche ou de course sur un tapis, à vélo d’appartement, dans un jardin, sur le balcon ou autour de la maison. Chacun est invité à noter scrupuleusement les distances parcourues. Bref, chacun fait ce qu’il veut, mais il se bouge sans oublier de compter ses kilomètres. Ces kilomètres cumulés sont envoyés à La Balade de Ben à cette adresse : https://forms.gle/3enc3LBQLRo5ZqG18.
Les kilomètres cumulés par tous constitient ensuite virtuellement des voyages vers des sites comme les plages de Biarritz, les côtes normandes, Chambord, Venise ou même Tokyo. "Un tour du monde virtuel" comme le commente Ben de l’agence FSTL.
Cette initiative démarrée le 30 mars se terminera cette semaine, à quelques jours du déconfinement. Jusqu’où nous mènera la Balade de Ben ? Réponse dans quelques jours.
Revoilà Tropical Mannshaft, pour le troisième volet – pardon : troisième chapitre – de son projet musical. Derrière ce nom au doux parfum d’électro allemand se cache Florian von Künssberg, à la manœuvre et armé d’une belle ambition.
Le Chapter 3 de Tropical Mannshaft, son nouvel opus après le bien nommé To Be Continued…, est une électro qui entend aller "plus loin plus vite plus haut" comme ne le chante le musicien dans son Intro.
Car avec cette suite des aventures de Florian von Künssberg, nous voilà dans un condensé de sons lorgnant aussi bien du côté de Krafterwerk que de MLGMT, Metronomy… voire Pierre Henry.
Conceptuel oui, mais aussi pop et dansant , comme le prouve What A Night, avec ces vagues de synthétiseurs et de boîtes à rythme et aux gimmick eighties irrésistibles. Avec Out Of Time, on célèbre une noce sexy entre le hip hop et l’électro, grâce au featuring du rappeur britannique Jamie Broad. À noter que le clip a été réalisée et aussi dessiné par Christophe Perray.
Dans Ashes To Ashes Dust To Dust, l’auditeur verra un bel hommage à David Bowie dans un titre pop d’une élégance toute anglaise.
Et si l’on devait trouver d’un seul terme ce troisième volet de Tropical Mannshaft, ce serait très certainement celui de créativité, qui explose avec Fly Me Away, un morceau électro à la fois concrète et astral. Un vrai voyage intersidérale qui promet un futur chapitre prometteur.
Le collectif Année Noire 2020 a lancé cette pétition adressée à Muriel Pénicaud Ministre du travail et Franck Riester Ministre de la culture :
Madame la Ministre, Monsieur le ministre,
Par cette lettre, nous n’allons pas vous rappeler toutes les difficultés que rencontrent les intermittents du spectacle en raison du confinement, mais vous proposer une solution rapide aux difficultés de cette année noire 2020 pour la culture et ses travailleurs intermittents.
A travers nos voix d’informations professionnelles, nous entendons des possibles mesures, des gels de période, des calculs de 12H en 5H ou des attestations à demander…c’est illisible et cela crée des tensions dont nous n’avons pas besoin aujourd’hui.
Nous demandons donc par cette pétition, le renouvellement automatique des droits des intermittents lors de leur prochaine étude d’ouverture de droits. Il s‘agit simplement de donner du souffle à tous en permettant ce renouvellement au même taux que lors de la dernière étude.
(Tous les renouvellements demandés du 1er mars 2020 au 1er mars 2021 plus la période où il nous est impossible de travailler)
Il s’agit d’une proposition minimum, nous ne rentrons pas dans le cas par cas de certaines situations.
Cette année est bien sûr noire sur la période de confinement mais elle le sera encore un long moment. L’été sera pauvre en propositions culturelles et les difficultés économiques ne pousseront pas à la dynamique.
De plus, cette recommandation vous permettra :
-De réduire les coûts financiers en gestion humaine et financière.
-De ne pas empiler les calculs compliqués.
-De ne pas multiplier les solutions imprécises.
-De ne pas rajouter de futures batailles que personne ne souhaite.
En ce moment compliqué, nous devons aller vers une simplification réconfortante et rassurante pour tout le monde.
La courbe positive reviendra avec le temps, nous en sommes sûrs et sachez que nous en serons les premiers acteurs.
Nous attendons votre réponse dès que que cette pétition vous aura montré cette nécessité.
Persuadés de votre obligation d’élu à réfléchir aux propositions démocratiques et participatives, nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération.
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Le 15 avril 2020 à 15 heures
Au vue du nombre de signatures, nous souhaitons éclaircir notre démarche. Le collectif année noire 2020 est un regroupement d’intermittents du spectacle. Pour ce groupe, notre démocratie participative se renforce de chaque petite initiative citoyenne.
Cette pétition a donc été lancée pour revendiquer une mesure indispensable pour tous les intermittents du spectacle en raison de cette crise et de ses incidences.
Ce collectif n’est pas encarté politiquement mais nous soutenons toutes les autres initiatives émanant des représentants professionnels.
Par cette pétition nous comptons peser dans les négociations et nous souhaitons faire profiter de cet élan solidaire et dynamique. Nous mettrons donc à disposition cette pétition aux principaux acteurs de notre profession qui mèneront à bien ces revendications auprès des décideurs. Nous espérons une action unitaire.
Sachez que nous restons convaincus de l’importance de cette proposition.
Courage à ceux qui sont touchés par ce virus et portez vous bien !
Merci à tous pour votre implication démocratique et solidaire.
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17 avril 16H45
Le collectif année noire 2020 a initié une pétition adressée à Mme la ministre du travail et M. le ministre de la culture qui a rapidement rassemblé des dizaines de milliers de signataires. Parallèlement, Jean-Claude Fall et plusieurs centaines de premiers signataires d'une lettre ouverte au président de la République ont mis en ligne une seconde pétition. Les deux initiatives se sont construites simultanément et en méconnaissance l'une de l'autre mais ces textes ne s'opposent pas. Au contraire, l'objectif est clair, pour répondre à une crise sociale et sanitaire sans précédent, à l’impossibilité de travailler et donc d'ouvrir ou ré-ouvrir nos droits à l'assurance-chômage nous demandons toutes et tous la prolongation de nos droits de 12 mois augmentés de la période où nous ne pouvons pas travailler. Si sa publication était nécessaire pour éviter les fins de droits brutales, ne nous y trompons pas, le décret du 14 avril ne garantit rien pour l'avenir.
Nous ne pouvons fusionner nos pétitions et additionner les signataires car certaines personnes sont déjà comptabilisées de chaque côté. C'est pourquoi nous demandons à chacun de suivre cet exemple et de signer les deux pétitions.
Cette semaine, Bla Bla Blog propose la dernière chronique en date de L'Œil du frigo.Au menu, Leaving Las Vegas, avec l'innénarable Nicolas Cage et son frigo particulièrement achalandé en boissons alcoolisées.
Alors voici un passage de frigo comme je les aime. Dans le subtil film de Mike Figgis, il n'y a que trois personnages : Ben (Nicolas cage), Sera (Elisabeth Sue) et l'alcool (vodka, téquila, whiskys, rhum...). Le dernier personnage étant le plus difficile à cerner tant il prend des pseudos différents tout au long du film. Mais quelle présence à l'écran !
La scène du frigo du grand Nicolas Cage est fabuleuse. Il est tellement en manque que les spasmes le clouent dans son canapé. Début d'une longue descente aux enfers. Alors qu'il ne peut réfréner la souffrance de son corps et il rampe vers le frigo. Regarder par où il passe, il entre par dessous le cadre pour atteindre la porte des victuailles. C'est suffisamment rare cette approche frigoristique qu'il faut le souligner.
On aurait pu imaginer qu'il se fasse un sandwich histoire de reprendre un peu des forces, mais non là il sort un vieux bidon de jus d'orange et un bonne téquila tenue au frais : il paraît que ça passe mieux au fond du gosier. Le manque, le manque, le manque dirige ses gestes et ses tremblements. Il n'est illuminé que par la petite loupiote du frigo. Mike Figgis éteint et rallume la lumière comme si on ouvrait et fermait la porte du frigo. C'est hypnotique. Ben est blafard, agonisant, il tête son bidon à la recherche de l’oxygène avec pour seul témoin un frigo qui lui tend les mains. Il n'y pas plus désœuvrée comme scène. Rien de romantique, pas de lueur d'espoir. Croyez-moi : si on se trouve agonisant devant la porte de son frigo c'est qu'on a touché le fond, n'essayez même pas.
C'est le fond de Ben de dépasser le fond. Sa démonstration est grandiose. Mike Figgis le sait en plaçant cette scène. Il indique qu'il n'y aura pas de retour en arrière malgré les appels à la vie de la belle Sera, une sirène qui l'appelle avec l’écho de la sensualité. Ben est ailleurs.
Pourtant il faut signaler qu'il y a du pain de mie et quelques pâtes à tartiner dans ce frigo. Mais la vodka l'emporte sur tout. C'est sans doute une exploration du terme "boire comme un trou". Ben s'y engouffre et s'en va vomir sa vie.
Un magnifique film, sans doute à ne pas regarder en ces temps de confinement : "Le désespoir est dans le frigo". Je vous laisse deviner la fin.
ODF
Leaving Las Vegas, drame de Mike Figgis avec Nicolas Cage et Elisabeth Shue États-Unis, 1995, 115 mn