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Nous apprenions le week-end dernier que le célèbre restaurant de la Mère Poulard, situé sur le non moins légendaire Mont-Saint-Michel, avait subi un incendie, l’obligeant à fermer pour un temps indéterminé. Voilà qui allait décevoir quelques milliers amateurs désireux de goûter à la réputée omelette cuite au feu de bois.
Heureusement, la réalité a su déjouer l’emballement médiatique puisque moins de trois jours après cet incendie, moins grave que ne laissaient entendre les informations, La Mère Poulard était de nouveau aux fourneaux.
Le bloggeur était impatient de goûter cette fameuse omelette tellement réputée que son prix atteint même des records : 38 euros l’assiette ! Bon, avouons-le, le clients paye autant la réputation que le décorum d'un restaurant qui n’a sans doute rien à voir avec l’établissement d’origine. Né en 1888, cette auberge locale était destinée, nous dit la petite histoire, à accueillir les pèlerins venus visiter le Mont-Saint-Michel avec une recette simple d’omelette cuite au feu de bois.
Mais, et le repas, alors ? Vaut-il vraiment le déplacement ?
La célébrité de l'enseigne a fait le reste : aujourd’hui, ce sont les touristes de tous horizons et quelques célébrités, et dont les minois sont portraitisés au mur de l’auguste établissement, qui peuplent la salle luxueuse, avec un accueil impeccable de la part des serveurs. Touristes, curieux, people et gourmets se donnent rendez-vous à la Mère Poulard, immanquable puisqu’elle se situe tout en bas du mont, histoire pour le visiteur de se remplir préalablement le ventre avant la montée vers l’abbatiale.
Mais, et le repas, alors ? Vaut-il vraiment le déplacement ? Saluons pour commencer l’esthétique hors du commun de cette fameuse omelette présentée à la manière d’une calzone savamment pliée. La cuisson lui donne une apparence de dentelle fine – après-tout, nous sommes en Normandie. Une délicate mousse d’œufs s’échappe puis vient baigner l’omelette que je vous invite à déguster avec une fricassée de champignons frais, présentés dans une charmante petite poêle. Gustativement, c’est là que le bât blesse. On saluera bien entendu la recette unique de cette omelette alliée à une cuisson traditionnelle. Pour autant, rien de réellement transcendant dans ce plat : peu relevé – si l’on excepte l’accompagnement – l’omelette de la Mère Poulard m’a déçue. Il ressort de cette dégustation un goût de frustration et de : "Ah, c’est donc ça…" Pour 38 euros l’assiette, l’addition s’avère pour le moins salée.
Il ne vous reste plus qu’à essayer tout de même, tant la Mère Poulard est le lieu légendaire qu’il faut voir au Mont-Saint-Michel.
Nous l’annoncions sur Bla Bla Blog : Astérix est de retour cette année pour un 38e album scénarisé et dessiné pour la quatrième fois par Jean-Yves Ferri et Didier Conrad.
Après le voyage en Italie du précédent opus (Astérix et la Transitalique), nous retrouvons Astérix, Obélix, Idéfix et consorts en Armorique pour une aventure autant qu’une rencontre avec la fille de Vercingétorix. Le rejeton du célèbre chef gaulois, traquée par les Romains, trouve refuge dans le village des irréductibles gaulois, seul endroit dans la Gaule occupée à pouvoir assurer sa protection. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la présence de cette ado pas comme les autres va provoquer moults bouleversements intergénérationnels…
Même si Uderzo a laissé la main, les créateurs de ce nouvel opus entendent respecter l’esprit des aventures du petit Gaulois, d’autant plus que l’histoire s’inscrit au cœur du village breton, résistant toujours à l’envahisseur des troupes de César grâce à leur potion magique.
Pour La Fille de Vercingétorix (éd. Albert René), les lecteurs auront droit à une invitée de marque, puisqu’il ne s’agira ni plus ni moins que la fille du vainqueur d’Alésia. Ce personnage fictif, véritable people avant l’heure, est avant tout une jeune fille confrontée aux problématiques classiques de l’adolescence et le parfois douloureux passage à l’âge adulte. Si son illustre père n’apparaît qu’à l’occasion d’une case dans toute la série, la jeune adolescente porte l’album comme sans doute aucun personnage féminin ne l’avait fait jusque-là dans la série. Elle est la force motrice qui, par ses décisions, conduit l’action de bout en bout, allant jusqu’à épuiser parfois Astérix et Obélix dont la mission consiste à la suivre… En ce sens, elle est donc la première véritable aventurière de la série, l’histoire de cette 38e aventure reposant entièrement sur elle.
Mais que ferait une adolescente esseulée dans un petit village Gaulois, à part "s’ennuyer à mourir" et surfer sur sa tablette en pierre ? Dans un élan de grande bonté, les auteurs lui ont concocté une petite surprise : la création de tout un tas de copains ! Jusque-là dans l’ombre de leurs parents, les jeunes du village n’ont jamais occupé la place qu’ils méritaient dans la série. Justice leur soit rendue, grâce à l’imagination débordante de Jean-Yves Ferri et au coup de pinceau de Didier Conrad.
Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, La Fille de Vercingétorix, éd. Albert René, 48 p., 2019 https://asterix38.com
Il n’y a pas d’âge pour "oser dire, oser se dire" : voilà qui pourrait résumer cette chronique qui s’intéresse à Emma Lacour, sorte de Brigitte Fontaine slameuse et électo égarée dans le 16e arrondissement. Cette artiste se révèle sur le tard avec un premier single, après, précise-t-elle, la révélation du djembé qu’elle apprend à l’âge de cinquante ans.
Son titre Asphyxiée, véritable cri de réveil d’une femme au bord de la crise de nerf, est, derrière sa facture fun et léchée, le témoignage d’une femme qui prend conscience de l’illusion qu’était jusqu’alors sa liberté, lorsqu’elle est prisonnière de schémas, d’archétypes et de conventions.
Le clip Asphyxiée tape sur ce qui était - on l’imagine aisément - la vie d’avant de cette bourge du XVIe : "dîners superficiels", "mal-baisées", conversation insipides, bien-pensants, "bien-disants", "bien-nés" ou "faux rebelles." Emma Lacour balaie d’un revers de main un milieu qui l’a empêchée de se révéler et d’aller vers les autres : "Et moi je suis là et je me vois dans leur miroir tendu / Ça me déprime ça me décime et dans ma tête ça fait du bruit / Oui c’est bien moi ce reflet-là même si je n‘en peux plus / En vérité je passe mon temps à chercher qui je suis."
Une Brigitte Fontaine slameuse et électo égarée dans le 16e
Dans ce titre à l’électro-pop neurasthénique, Emma Lacour balance à tout va : les réseaux sociaux à gogo, le faux humanitaire et le vrai non-engagement, l’incapacité à renoncer au confort et, plus globalement, toute une "génération désengagée."
Cette nouvelle Marie-Paule Belle, qui aurait troqué son piano droit contre une console de mixage, ose dire, ose chanter, ose slamer : "Encore les mêmes qui critiquent tout du fond de leur fauteuil cossu / Qui se sentent au-dessus de la mêlée car ils ont du pouvoir / Qui jouissent de leur blagues salaces au dépend des premières venus / Ça évite de regarder en soi ce qui pourrait tant décevoir."
La Bourge du XVIe, moins un titre qu’une marque de reconnaissance qu’elle arbore comme un étendard, est la naissance d’une artiste singulière et décalée. Grinçante, drôle et ayant beaucoup à dire, Emma Lacour est sans nul doute à surveiller et à suivre à la trace.
Allez, on prend les paris qu’elle va faire très vite parler d’elle.
Les bibliothèques sont des lieux incontournables du savoir, mais pourquoi ne pas les voir également comme des lieux de tourisme à visiter et à découvrir ?
Holidu, le moteur de recherche de locations de vacances, a dressé une liste des plus belles bibliothèques d'Europe, en sélectionnant 5 bâtiments modernes et 5 plus traditionnelles.
Parmi ces bibliothèques, une seule vient de France, et il ne s’agit pas forcément celle que l’on attendait.
À visiter, et en silence si possible, bien entendu.
A Vienne on s’attend toujours à une architecture classique, à des bâtiments colorés, à croiser Sissi au coin de la prochaine rue… Mais ici, rien de tout ça. Cette bibliothèque à l’architecture hors du commun ressemble à un sous-marin. À moins que ce ne soit un robot, ou à… un mouvement. Une architecture si moderne et si futuriste, et qui date pourtant de 1898. Du modernisme avant l’heure. Catalogue : 745 797 livres, 59 006 livres électroniques, 1 014 journaux, 18 116 revues électroniques, 119 bases de données. Heures d'ouverture : tous les jours de 8H à 20H https://www.wu.ac.at
Aussi connue sous le nom de "diamant noir", la bibliothèque royale de Copenhague est un véritable joyau d’architecture néo-moderne. Située dans le centre historique et dominant le détroit de l'Øresund elle fut construite en 1999. Un style assez surprenant aux multiples facettes. Catalogue : 745 797 livres, 59 006 livres électroniques, 1 014 journaux, 18 116 revues électroniques, 119 bases de données. Heures d'ouverture : tous les jours de 8H à 20H http://www.kb.dk/en
Une bibliothèque étudiante ou une oasis au beau milieu de la ville ? La bibliothèque universitaire de Varsovie a été fondée en 1816, et son nouveau bâtiment inauguré en 1999. Résolument moderne et colorée, elle comprend également une terrasse avec quatre jardins différents. Sa beauté lui a valu de nombreuses récompenses. Catalogue : 350 000 volumes Heures d'ouverture : tous les jours de 9H à 21H https://www.buw.uw.edu.pl
Sans conteste une œuvre architecturale comme on en trouve peu. La bibliothèque centrale d’Oodi et ses courbes mystérieuses, nous emportent à bord de son navire et sur les flots. Depuis son inauguration en 2018, beaucoup événements et de workshop y sont organisés, notamment sur le sujet du développement durable. Catalogue : 100 000 livres (en 17 langues), journaux, films et jeux vidéo Heures d'ouverture : milieu de semaine de 8H à 22H et le week-end de 10H à 20H https://www.oodihelsinki.fi
Dessinée par l'architecte coréenne Eun Young Yi, la bibliothèque municipale de Stuttgart, est un véritable bijou d’architecture. Un style contemporain et minimaliste, que l’on croirait presque imaginé pour Instagram. Ses neuf étages se rejoignent en empruntant un escalier en colimaçon très différent puisqu’il est carré… Catalogue : 500 000 volumes Heures d'ouverture : du lundi au samedi de 9H à 18H http://www1.stuttgart.de/stadtbibliothek
Le classement s’intéresse aux bibliothèques traditionnelles et plus anciennes :
La bibliothèque John Rylands à Manchester a été ordonnée en 1889 par Enriqueta Rylands en mémoire de son mari. Dessiné par l'architecte Basil Champneys, ce somptueux un bâtiment néo-gothique a pris 10 ans à la construction. La bibliothèque aujourd’hui abrite une grande collection de livres rares et de manuscrits. Catalogue : 250 000 livres, un million de manuscrits Heures d'ouverture : du mardi au samedi de 10H à 17H et les lundi et dimanche de 12H à 17H https://www.library.manchester.ac.uk/rylands
La plus grande bibliothèque monastique du monde se trouve à Admont en Autriche. Son style baroque nous transporte tout droit dans un conte de fée... Les murs sont couverts de fresques et de dorures et les pièces très lumineuses à fin "d’éclairer les esprits". L'entrée coûte 11,50 €. Catalogue : 200 000 volumes Heures d'ouverture : tous les jours de 10H à 17H https://www.stiftadmont.at/seitenfehler
Si le style Rococo n’est pas au goût de tous, il faut bien avouer qu’il est tout de même impressionnant. Cette incroyable bibliothèque se cache dans un monastère bénédictin du début du XXe siècle. Longue de 72 mètres, richement décorée de fresques, de statues et de colonnes en marbre, c’est un émerveillement assuré. L’entrée est de 5 €. Catalogue : 9 000 volumes Heures d'ouverture : du mardi au dimanche de 10H à 17H https://kloster-wiblingen.de
La bibliothèque Marciana est l’une des plus grandes et plus prestigieuses bibliothèques d'Italie. Elle contient l'une des plus importantes collections de manuscrits grecs, latins et orientaux au monde. Située sur la fameuse Piazza San Marco, elle se distingue par un style élégant et résolument inhabituel pour cette période de fin du XVIème. Catalogue : 622 804 volumes, 2 887 incunables, 13 113 manuscrits, 24 069 manuscrits du XVIe siècle Heures d'ouverture : milieu de semaine 8H20 à 19H et le week-end de 8H20 à 13.30 https://marciana.venezia.sbn.it
Cette belle bibliothèque parisienne a été achevée en 1850 et a la particularité de ne s'inscrire dans aucun courant artistique. Il est donc sujet à la "libre interprétation". Sur les murs de la nef principale sont gravés les noms des auteurs les plus importants. Catalogue : 1,5 million de volumes, 85 000 manuscrits, 15 000 périodiques, 87 bases de données. Heures d'ouverture : du lundi au samedi de 14H à 18H http://bsg.univ-paris3.fr/iguana/www.main.cls
Jamais là mais pourtant omniprésent, Wolfgang Amadeus Mozart est bien la figure centrale du roman d’Isabelle Duquesnoy consacré à sa femme Constanze Weber, que l’auteure fait parler dans son récit passionnant.
La redoutable Veuve Mozart (éd. La Martinière) démarre le 5 décembre 1791 à la mort du compositeur de La Flûte enchantée. Aux abois, l’artiste laisse, malgré l’admiration qu’il suscite, une dette importante, laissant sa femme et ses deux enfants dans une situation critique. Là sans doute réside l’explication de ce combat que n’aura de cesse de mener la veuve Mozart pour défendre à la fois l’héritage artistique de son mari et permettre à elle et ses deux fils, Franz-Xaver, dit Wolfgang Mozart II, et Carl Thomas, de sortir de la pauvreté. C’est ce dernier, l’aîné de la fratrie et aussi ancien fonctionnaire de Napoléon Ier, qui apparaît en filigrane du récit écrit à la première personne par Constanze.
Ce qui intéresse Isabelle Duquesnoy est bien entendu le destin de la veuve Mozart, autant que l’histoire d’une famille autrichienne pas tout à fait comme les autres. Il pèse en particulier sur les enfants Mozart autant le poids d’un compositeur exceptionnel (le plus jeune enfant, bien que musicien, sera dans l’incapacité d’approcher la notoriété de son père) que le caractère combatif et étouffant d’une femme qui s’est résolue à défendre l’œuvre de son mari et à se battre contre les créanciers et faire-valoir ses droits – que l’on pense à l’histoire des droits sur le Requiem.
Il rêvait d’en être admiré, ils l’humilièrent
Isabelle Duquesnoy, à travers son livre La redoutable Veuve Mozart, entend aussi dépasser les différentes légendes autour de Mozart – la commande du Requiem, la jalousie de Salieri, le corbillard roulant seul pour conduire la dépouille mortelle jusqu’à la cathédrale Saint-Étienne de Vienne. L’auteure souligne aussi la situation inconfortable de Mozart, à la fois admiré et rejeté en raison notamment de son appartenance à la franc-maçonnerie : "[Il] détestait les aristocrates, mais il ne souhaitait pas d’autres reconnaissances que la leur. Il rêvait d’en être admiré, ils l’humilièrent. Il avait faim de leurs compliments, ils l’endettèrent. Il rêvait de les faire danser, ils l’enterrèrent. Je n’ai pas d’autre but que de leur faire regretter cette méprise."
Constanze Weber, veuve qui vouait un amour et une admiration inconditionnelle à "son Mozart" mari (que l’on pense à la scène de la recherche de son crâne dans la fosse commune), est bien plus qu’une défenseuse zélée de ses droits moraux : elle se montre opiniâtre pour payer ses créanciers, ne pas laisser le Requiem lui échapper, se mettre, elle et ses enfants à l’abri du besoin et aussi faire de Mozart une marque rentable à travers des produits dérivés, une fondation et bien entendu des concerts (nous sommes au début du XIXe siècle!).
Isabelle Duquesnoy peint aussi le paysage passionnant de l’Europe plongée dans les turpitudes de la Révolution française et de l’Empire napoléonien, dont Carl Thomas fut un fidèle serviteur.
Vrai roman historique, richement documenté et salué par la Fondation Mozarteum de Salzbourg, La redoutable Veuve Mozart est tout aussi passionnante pour des portraits émouvants et souvent aussi sans concession de quelques personnages historiques : Haydn, Casanova, Beethoven ou Nannerl Mozart.
Voilà un roman qui redonne vie à un compositeur légendaire comme à une femme peu connue, mais essentielle pour comprendre la pérennité d’une œuvre sans égal.
"Qui n’est occupé à naître est occupé à mourir" : cette citation de Bob Dylan illustre à merveille le premier album de LeHache, Né ! Une vraie naissance musicale pour un auteur-compositeur qui s’est autant nourri de littérature et de poésie françaises (François Villon, Victor Hugo, Jack Kerouac ou Henry Miller) que de musiciens folks (Woody Guthrie, Yves Simon ou Bob Dylan, justement). D’autre noms peuvent être invoqués à l’écoute de l’opus de LeHache : Georges Brassens, Anne Sylvestre et même Bobby Lapointe.
Christian Le Hache, dans l’état-civil, a fait longuement infuser son art en se frottant à des projets tous azimuts, essentiellement dans la région Rhône-Alpes : Jazz avec Kayros (Jazz Clubs de Chalon sur Saône, Bourg En Bresse et Lyon), le collectif AFAG (Festival Un Doua De Jazz à Villeurbanne), l’électro-jazz avec le duo NH++ (Nuit de tous les jazz à Porte-Les-Valence), l’adaptation rock autour du répertoire de Bob Dylan avec Edith Grove (SMAC La Tannerie, Bourg En Bresse) ou encore la création du trio a cappella Cortex Sumus en 2011.
Né !, écrit avec son co-parolier Gérard Viry, sonne comme l’aboutissement d’un parcours artistique atypique que le musicien retrace à sa manière, faisant de son opus un autoportrait, riche de souvenirs (Jalousie, Honfleur), de confessions (Le jardin retrouvé) et de saynètes intimes, à l’instar de La revanche de L'Édredon ou de Mes Gauloises bleues.
Ces fameuses Gauloises bleues renvoient bien entendu aux cigarettes emblématiques de Serge Gainsbourg, à une époque où les préoccupations sanitaires n’étaient pas celles d’aujourd’hui, mais aussi à Yves Simon et à sa chanson Les Gauloises bleues. LeHache confie ceci : "Je pense à ces nuages de l'époque. Gainsbourg pour les nuages (mais il était plus Gitanes que Gauloises) et Yves Simon, bien sûr, référence majeure… Cependant Yves Simon évoque les Gauloises comme un jardin secret de jeunes gens. Dans Mes Gauloises Bleues nous [Gérard Viry et LeHache] évoquons plutôt un type devenu vieux, qui s'envole pour le dernier voyage."
Sincérité, simplicité et exigence
La mort n’est pas absente de cet album singulièrement nommé Né ! Cet premier opus frappe par sa sincérité, sa simplicité et son exigence. Guitare sèche et voix au grain âpre : nous ne sommes pas en terrain tout à fait inconnu avec ce chanteur qui a digéré de multiples influences tout au long de sa carrière, que ce soit Georges Brassens (Onde vagabonde), Hugues Aufray (Ce pays est à toi), Boris Vian ou Sanseverino (La jeune bouchère, Né !).
Le choix de l’acoustique permet à l’auteur-compositeur de laisser un boulevard à des mélodies parfois étonnantes de complexité, à l’instar de Jalousie, et surtout aux textes ("Mon petit doigt me dit qu’il n’est point spectaculaire / D’arpenter chaque jour les mêmes recoins de la terre / La vie fait des mystères mais d’une chose je suis sûr / J’aime le bout du nez au milieu de la figure", Né!).
Les chansons de LeHache sont teintées de couleurs pop-folk (Ce pays est à toi), manouches (La jeune bouchère) ou latinos (À force de lumières). Né ! Est un vrai album généreux et une invitation bienvenue à une France à la fois plurielle mais jamais amnésique de ses traditions musicales (le Gainsbourg, en filigrane de Mes Gauloises Bleues, nous l’avons dit) et même littéraires (Henry Miller).
Faux désinvolte et vrai troubadour contemporain à l’heure des Trente Piteuses, LeHache propose des déambulations et des voyages – intérieurs ou non – qui sont prétextes à des flux de souvenirs, quand ce ne sont pas des regrets (Honfleur). L’autodérision n’est jamais absente, lorsque par exemple le chanteur parle de lui-même ("Je sais rien faire de mes dix doigts / Quand je bricole je bousille / Si j’aide dans un chantier / Ça faire rire les filles / À mon âge avancé je suis célibataire / Car je cherche une femme qui aurait les goûts de ma mère", Le jardin retrouvé). Il sait aussi se faire touchant à l’évocation d’un premier amour, évanescent et éternel tout à la fois (Durance).
Dans cet opus à la folk aventureuse (Guapo), les introspections deviennent des cavalcades, avec la voix sans fard de LeHache, la guitare bien calée contre lui. Une naissance, certes sur le tard, d’un auteur-compositeur à suivre.
Depuis plusieurs mois, on l’attendait. – Quoi ?– Le retour de Twilight Zone. La Quatrième Dimension a fait les beau jours de la télévision depuis 1959 et a marqué des générations de spectateurs. Rod Steiger, créateur et narrateur concis et froid, présentait des épisodes tour à tour fantastiques, incroyables, facétieux et troublants, parvenant à chaque fois – ou presque – à dérouter des spectateurs scotchés devant ces petits bijoux, ne dépassant souvent pas les 25 minutes. La série américaine s’offrit même le luxe de s’offrir quelques stars : Buster Keaton, Lee Marvin, Mickey Rooney, Robert Redford, Dennis Hopper, Leonard Nimoy, Charles Bronson, Agnes Moorehead, Patrick Macnee, Martin Landau, Roddy McDowall ou Peter Falk.
Il y a eu dans les années 80 une nouvelle version, cette fois en couleur et avec une voix off venue d’outre-tombe. Avouons-le : la magie n’opérait plus. Une Treizième Dimension, diffusée au début des années 2000, plus discrète encore, ne marqua pas plus les esprits, malgré la présence de Forest Whitaker en narrateur. La version en noir et blanc de Rod Steiger continuait à être la référence considérée comme indépassable. Cette année, nous apprenions que Twilight Zone revenait, avec cette fois Jordan Peele (Get Out, Us, la série Fargo) dans le rôle du narrateur, apparaissant au début et à la fin de chaque épisode. Quelles surprises allaient nous proposer ce nouveau Twilight Zone ?
Pour cette saison proposée par CBS, 10 épisodes sont proposés, avec le même ADN : des scénarios alambiqués, une intrigue se terminant par une chute spectaculaire ou étonnante et des personnages perdus dans une réalité qui perd soudain pied, sans oublier la bande originale reprise pour les génériques de début et de fin et le célébrissime thème de Jerry Goldsmith.
Sans oublier le célébrissime thème de Jerry Goldsmith
La première saison de la série propose dix histoires mystérieuses et parfois terrifiantes de gens ordinaires perdus dans une autre dimension, faite tour à tour de rêves, de cauchemars ou de folies. Un humoriste sans talent se voit proposer un talent soudain et irrésistible mais à un prix très élevé. Un passager apprend en détail par un podcast que l’avion où il est embarqué va s’écraser. Une femme noire va essayer de déjouer un destin cruel grâce à un caméscope aux étranges pouvoirs. En Alaska, une policière se trouve nez à nez avec un voyageur pendant la nuit de Noël. Un conseiller un communication suit un jeune garçon, persuadé qu’il peut devenir le futur Président. Quatre astronautes sont en toute vers Mars sans doute au plus mauvais moment. Une jeune femme est témoin d’une pluie de météorites aux conséquences incroyables… Voilà quelques épisodes proposés, pouvant séduire ou non, avec des mention spéciales pour Cauchemar à 30 000 pieds pour son ton grinçant, au formidable Replay, interprété de main de maître par Sanaa Lathan et à Pas tous les hommes, efficace, engagé et lorgnant avantageusement du côté de Stephen King.
Le racisme, le populisme, le féminisme, les menaces qui pèsent sur la planète, la bioéthique ou la soif de célébrité : finalement c’est de notre monde et de nous que parlent ces épisodes fantastiques, tout comme la guerre froide, l’apocalypse nucléaire ou les OVNIS (qui ne sont cependant pas absents de la version de Jordan Pelle) étaient des thèmes abordés dans les épisodes des années 60.
Ces dix voyages entre rêves et cauchemars, malgré quelques ratés (Six degrés de liberté) sont à découvrir en ce moment. Bienvenue dans la quatrième dimension. Forcément mémorable.
The Twilight Zone, série de science-fiction et fantastique de Jordan Peele saison 1, 2019, sur Canal+
C’est une reprise étonnante que nous propose Cœur de Pirate, avec Femme Like U. Ce tube des années 90 de K. Maro, qui a fait les beaux jours des boîtes de nuit avant de tomber dans l’oubli, reprend vie grâce à notre Québécoise préférée.
Femme Like You par Cœur de Pirate est le 3e titre de la compilation Back dans les bacs, après la sortie de Je Danse Le Mia repris par Corine et Angela des Saïan Supa Crew, révisité par Mathieu Boogaerts.
Femme like U se pare de couleurs pop acidulées et d’une rythmique lancinante. Le clip est à l’avenant : l’auteure de Comme des enfants fait une lecture moins dansante que langoureuse du titre de K. Maro, qui ne pouvait pas rêver plus belle adaptation.
Bla Bla Blog vous propose de découvrir de ce qui promet déjà d’être un incontournable tube pour cette fin d’année et un retour nostalgique vers les années 90.
Pour la compilation de Back dans les bacs, Cœur de Pirate côtoira Alex Beaupain, Matthieu Boogaerts, Corine, Arielle Dombasle, Doriand, Élodie Frégé, Mareva Galanter, Holybrune, Igit, Madame Monsieur, Inna Modja, Navii, Lili Poe, Rocky et Shy’m.