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Pour bien commencer l'année parlons de Falaises. J'étais impatient de découvrir le dernier opus de ce groupe parisien, créé il y a seulement deux ans. Ils viennent de sortir They Are Here : huit titres pour ce long EP, qui pourrait tout autant être catalogué comme un album, certes un peu court.
Falaises c’est la pop la plus cool qui soit : moderne, électro, mélodique, d’une solide densité rythmique mais qui sait aussi jouer avec avec le contemplatif et l’onirisme. Un vaste horizon musical, passionnant et envoûtant.
Avec Boy, dans deux versions ouvrant et clôturant le disque, on entre dans un univers jarrien électro. Les synthétiseurs marchent à plein régime, proposant de belles envolées servies par la voix aérienne d’Alice Maury.
Pour la pop que propose Inherent Vice, on abandonne cette fois des machines à la Jean-Michel Jarre pour un titre aux accents plus Cranberry. En digne héritière de la regrettée Dolores O'Riordan, la chanteuse de Falaises nous amène vers une new wave dopée aux machines et aux ordinateurs, mais avec ce supplément d'âme grâce à sa voix sucrée et assurée (Daylight Dreamer).
Facile, Falaises? Trop simple. A côté de rock plutôt rugueux comme le titre qui donne son nom à l'EP, les quatre Parisiens osent des morceaux expérimentaux (Twilight Splendor), voire planants (Drinkin Hell). Avec Hush on tient une perle sophistiquée et à la pop enlevée aux réverbérations oniriques, prête à vous faire bondir, voire tomber raide dingue amoureux.
En ce début d’année, la période est parfaite pour faire un bilan de 2018. L’an dernier, 263 articles ont été publiés par Bla Bla Blog. Quels ont été les plus populaires ? Cette année encore, nous vous proposons un classement des articles les plus populaires en 2018. Plusieurs chroniques ont tiré leur épingle du jeu, mais aussi des artistes qui ont attiré l’attention de Bla Bla Blog. Pour ce top 10, attendez-vous à être étonnés. Cette chronique présente ce classement, accompagné d’une présentation, d’extraits et évidemment de liens pour lire ou relire les articles marquants de cette année.
Découvert en mars dernier, le moins que l’on puisse dire est que Mariscal a fait un grand bond cette année, jusqu’à faire la première partie d’un concert de Dominique A à l’Équinoxe de Châteauroux. C'était en décembre dernier. Lorsque nous disions que ce musicien allait sur les pas de son "brillant Ané", nous n’étions pas loin de la vérité.
Extrait "Je vais vous raconter, si vous le voulez bien, l’histoire de cette chronique. La semaine dernière, j’étais en train d’écrire au sujet de la passionnante exposition Rock ! Une histoire nantaise (Château des Ducs de Bretagne, à Nantes, du 24 février 2018 au 19 novembre 2019), dont une partie est consacrée à Dominique A, lorsque je suis tombé sur le premier album de Grégory Mariscal, Plus le Temps. Et là, le choc : les similitudes avec ce nouvel arrivant de la scène française et l’auteur de La Fossette (1992) ou de La Mémoire neuve (1995) me sont apparues évidentes. Le Coton a le grain du Vivement Dimanche de La Fossette. Quant à Je Marche Je Respire, ne renvoie-t-il pas au Je ne respire plus, Milos dans La Mémoire neuve ?"
C’est par hasard que Bla Bla Blog est tombé sur La Brodeuse Masquée et ses étonnantes créations. Chez elle, la broderie à l’ancienne subit un sérieux dépoussiérage grâce aux thèmes de cette artiste d’un nouveau genre. Ce qui intéresse La Brodeuse Masquée ? Des faits divers trash, des citations claquant comme des slogans et des références à actualité. Décalage et humour noire assurée par cette formidable créatrice.
Extrait "La Brodeuse Masquée sévit sur Internet, via ses comptes Facebook et Instagram, et elle mérite que l’on s’y intéresse. Qui est cette mystérieuse femme, œuvrant dans l’ombre avec un sens de l’humour décalé dans un créneau jusque-là has-been, celui de la broderie ? Pour se présenter, notre Brodeuse Masquée use d’une phrase pompée avec malice dans le jargon complotiste : "Qui est-elle ? Quels sont ses réseaux ? Seuls ceux qui savent savent…" Quelques indices sur ses créations – un hommage au club de football de l’AS Nancy Lorraine et un autre au régional de l’étape, Michel Platini – laissent à penser que c’est en Meurthe-et-Moselle qu’il faut chercher la trace de cette artiste d’un autre genre."
Parmi les nombreux coups de projecteurs musicaux, celui sur Vanished Souls a permis aux quatre Parisiens d’entrer dans notre classement. Une occasion parfaite pour redécouvrir ce groupe de rock que nous avions aimé.
Extrait "Les Vanished Souls, ont décidé de faire un sort au rock à papa. Pas de parti pris chez ces quatre petits Français découverts en 2013, qui sortent en mars leur nouvel album éponyme : le maître mot de cet opus est de s’aventurer sur la route longue, sinueuse et passionnante du rock et de ses nombreux dérivés. Et le moins que l’on puisse dire c’est que les surprises sont nombreuses. DriX, Svein, Fred et Yann Forléo ne cachent pas leurs références musicales – et pop-rock – tous azimuts , que ce soit Radiohead, My Bloody Valentine, Archive, Sigur ros ou Pink Floyd."
La pièce de théâtre Ça aurait pu commencer comme ça ! de Paul Morel et Julien Delpech a fait le buzz sur Bla Bla Blog : une belle réussite pour un spectacle créé et produit par deux amis que nous avons pris plaisir à faire découvrir.
Extrait "Ce seul en scène, une vraie performance en soi, promet une plongée séduisante dans le milieu du spectacle, comme dans la tête de ces artistes que Bla Bla Blog a plaisir à faire découvrir. Paul Morel raconte l’histoire de Paul, cet autre que lui-même pour reprendre une citation de Proust, un jeune homme certain de son talent de comédien, mais qui finit par se saborder lui-même par manque de travail, de compassion et d’humilité."
Voir à la cinquième place de notre classement un événement caritatif a une saveur particulière. Le 28 avril 2018, l’association verdunoise 2A2S proposait une exceptionnelle chute de 30 000 dominos pour sensibiliser le public à la maladie de Charcot. On doit à Sébastien Brunella, touché par cette affection, cette manifestation. Le public de Bla Bla Blog y a été sensible, comme le prouve cette belle cinquième place.
Extrait "Le bloggeur assistait à Verdun non pas à un record mais à un événement qui s’en approchait : une chute géante de 30 000 dominos pour une bonne cause. L’association verdunoise 2A2S (Association d’Aide et de Soutien à Sébastien) a été créée autour de Sébastien Brunella, atteint de la maladie de Charcot, ou SLA (Sclérose Latérale Amyotrophique). Cette affection terrible touche aujourd’hui environ 8 000 malades en France, un chiffre pas assez important pour mobiliser les laboratoires à la recherche de rentabilités, et trop élevé pour intéresser l’AFM, comme le rappelait Sébastien Brunella lors de la manifestation caritative organisée le samedi 28 avril autour de ces dominos."
Quelle plaisir de trouver Patricia LM dans notre classement annuel ! Après l’exposition "Sensual self-portraits" en janvier à la Concorde Art Gallery de Paris, l'artiste faisait l'actualité à Concarneau cet automne. Deux chroniques ("À l’origine" et "Les filles du port") ont mis à l’honneur cette photographe exceptionnelle. Une photographe dont Bla Bla Blog va encore parler en 2019.
Extrait "Cela se passe en ce moment et jusqu’au 15 novembre à Concarneau : une Escale 7 rue du Port. Bla Bla Blog ne pouvait pas passer à côté de cet événement. Pourquoi ? Parce que nous avions parlé il y a deux ans d’une des deux artistes venues exposées. Patricia LM fait se rencontrer la photographie et la peinture, le folklore breton et le pop-art, mais aussi l’intimité et la sensualité. Elle partage l’Escale avec Anh Gloux, graphiste à la ligne claire et résolument tournée vers la mer, qu’elle soit avec liée à la mythologie grecque ou au folklore breton."
Pourquoi, cette année encore, Deborah de Robertis est-elle sur le podium de Bla Bla Blog ? En 2017, l’actualité de sa performance scandaleuse au Louvre avait fait parler d’elle. Cette année, c’est dans la ville de Lourdes que l’artiste franco-luxembourgeoise a choisi de faire parler d'elle - au grand dam de certains. Mais Deborah de Robertis a aussi connu un coup de projecteur mondial inattendu à l’occasion de l’acte V des Gilets Jaunes.
Extrait "Elle a un nom qui fleure bon le latin et les versets bibliques. Là s’arrête pourtant le point commun entre l’institution catholique et Deborah de Robertis, qui doit s’expliquer avec l’Église dans les prochains mois. La performeuse franco-luxembourgeoise a été en effet été arrêtée le 1er septembre dernier pour s’être dénudée devant le sanctuaire de Lourdes. Elle comparaîtra en correctionnelle le 19 mai 2019 pour exhibitions sexuelles. Deborah de Robertis avait déjà fait une performance publique remarquée devant La Joconde en 2017. La justice n’avait pas été dans le sens du musée du Louvre, considérant que la jeune femme agissait en tant qu’artiste et militante. Tel est aussi le discours que cette dernière tient au sujet de Lourdes et de sa prestation."
À la deuxième place de ce classement annuel de Bla Bla Blog, c’est à la fois un média et une personnalité attachante qui sont mis à l’honneur. Le média est Union TV, la déclinaison télé du célèbre magazine érotique et libertin. La personnalité est Flore Cherry, sa responsable transformation digitale. Il y a quelques mois, elle nous parlait d’Union TV, de sexualité mais aussi de féminisme.
Extrait "Le vénérable Union entrerait-il dans une nouvelle ère ? Créé en 1972, le magazine érotique et libertin fait lentement mais sûrement sa mue. Après l'édition web, c'est une chaîne de télévision qui vient de naître fin janvier (disponible sur la box SFR). Nous avons rencontré Flore Cherry, responsable de la transformation digitale à Union, pour en savoir plus sur ce nouveau média."
La première place de ce top 10 est, cette année encore, une chanteuse - après Marie Cherrier, Alka puis Fishbach, respectivement en 2015, 2016 et 2017... Depuis juin 2018, Berry a fait exploser les compteurs de Bla Bla Blog grâce à un article paru il y a près d'un an de cela... Nous nous demandions ce que devenait l’auteure de Mademoiselle et des Passagers. Cette année, quelques réponses ont été apportées grâce à plusieurs concerts, dont nous avons parlé il y a quelques mois, mais aussi à une audience exceptionnelle pour une artiste hors du commun. Berry a prouvé qu’elle était toujours attendue : cette première place le prouve, s’il en était encore besoin. Et d'ailleurs, elle était bien de retour cette année et elle sera d'ailleurs toujours là début 2019. Ouf...
Extrait "On avait quitté Berry en 2012, avec l’album Les Passagers. La chanteuse avait choisi le fil conducteur du voyage pour des chansons délicates et pudiques, portées par une voix caressante, l’une des plus belle sans doute de la scène française. Est-elle revenue de ses voyages ? Où est-elle aujourd’hui et quelle est son actualité ? Il convient au préalable de faire quelques rappels sur la carrière de Berry, commencée en 2008 avec un premier album, Mademoiselle, remarqué par la critique et le grand public. Disque d'or, il a été suivi de plusieurs centaines de concerts en France comme à l'étranger (Brésil, Corée du Sud ou Serbie). Mademoiselle ce sont 10 joyaux musicaux que la chanteuse a sculpté avec ses acolytes Manou et Lionel Dudognon."
Vous l'attendiez sans doute dans cette rubrique : notre ami L’Œil du frigo s'est penché sur l'une des scènes les plus torrides du cinéma, scène qui tourne autour de notre célèbre appareil d'électro-ménager. Focus donc sur 9 Semaines 1/2 d'Adrian Lyne avec Mickey Rourke et Kim Basinger.
Evidemment, il fallait s'y attendre, dès que j'ai ouvert cette rubrique [en novembre 2016], les mails ont fusé : pourriez vous chroniquer la scène du frigo de 9 Semaine 1/2 ? Personnellement , je n'étais pas chaud. Pourtant, tous les ingrédients y sont, vu que ça se passe devant un frigo porte ouverte : Eh oui ! Nous sommes en pleine canicule charnelle... Mais bon, pourquoi pas.
Kim est très belle et Mickey avait sa gueule d'autrefois... Le jeu est très simple : on ouvre la porte du frigo et on s'assoit devant, histoire de dire qu'on va se rafraîchir. On voit en arrière plan que le frigo est à moitié vide. Oui, Mickey nous a devancé. Il a tout pris, le mufle !
Assise, sa belle attend au frais. Evidemment il a une idée derrière la tête. Comme il ne sait plus si ses produits ont dépassé la date de péremption, il décide de tout faire goûter à Kim : quel joueur ! Après tout si elle est malade, ça ne sera pas son affaire.
Et elle se prête au jeu. En langage d'animation périscolaire, ce jeu s'appelle un "Kim au goût", ce n'est pas moi qui l'ai inventé, on peut faire aussi un "Kim à l'ouïe" (si, si essayez, non pas avec des fraises...) ou un "Kim au toucher". Bon vers la fin, avec ce miel qui dégouline partout , on n'en est pas loin. L'idée reste la même , les yeux fermés on doit deviner ce qu'on touche, ce qu'on mange, ou ce qu'on écoute. Mister Grey, n'a qu'à bien se tenir : Adrian Lyne avait déjà tout inventé avant lui. Car le summum du sadisme c'est d'insérer un piment vert de façon érotique dans la bouche de la belle Kim pour qu'elle croque à pleine dents, qu'elle s'enflamme la bouche. Quel délire ! J'imagine les cas de divorce après ce genre d'expérience... Surtout devant un frigo où ne règnent que quelques poivrons. Un comble.
Non, j'ai l'air comme ça de rater tous les symboles érotiques des années 80. Mais pas du tout : j'y étais. Et j'ai même vu le film dans une salle obscure : c'est dire! Mais à l'époque mes parents ne prêtaient pas leur frigo pour quelques expériences culinaires.
Bon, un dernier point côté musique, là franchement c'est insupportable. On est en pleine discussion muette érotico-frigo-culinaire et Adrian Lyne nous met une musique qui est auditivement inabsorbable. Rassurez vous, il se rattrape avec l'excellent Joe cocker, You Can Leave Your Hat On, avec un subtil déhanché de Kim qui a fait la joie des ostéos des années 80.
Un film à voir ou à revoir pour ces séquences mythiques rentrées dans l'inconscient collectif des amateurs de frigos, ou pour l'inquiétante relation d'un couple devant un frigo, on fait comme on veut. L'excellent Willy Pasini écrivait dans son livre "nourriture et amour" : dis moi comment tu manges, je te dirai qui tu es. Ça laisse songeur.
ODF
9 Semaines 1/2, drame d'Adrian Lyne avec Mickey Rourke et Kim Basinger, USA, 1986, 112 mn
Cet hiver, le bloggeur propose dans le dernier numéro d'Hexagone, la revue trimestrielle de la chanson une chronique sur Armelle Ita, pour son EP III. Un nouveau visage de la chanson française, assurément.
Il ne reste plus que trois jours pour aller voir et écouter L’École des Femmes au Théâtre Dejazet. "Voir et écouter" car cette création est une comédie et un ballet lyrique imaginée par Nicolas Rigas. Le metteur en scène entend retrouver le Molière du XVIIe siècle, artiste complet capable de mêler dans ses chefs d’œuvres le théâtre, la musique – en l’occurrence celle de Jacques Offenbach –, la danse, le chant, les acrobaties et la farce : "L’École des Femmes me donne, une fois encore, l’opportunité d’associer toutes ces facettes du spectacle vivant qui sont autant « d’outils » que j’utilise avec joie pour mes créations," commente Nicolas Rigas.
L’École des Femmes est une comédie de mœurs grinçante. Arnolphe, riche bourgeois, n’a qu’une hantise : se marier à une femme qui le fasse cocu. Pour remédier à cela, il a élevé à l’écart du monde et dans l’ignorance la plus totale Agnès, une jeune femme de plus de vingt ans sa cadette : "Épouser une sotte pour n'être point un sot" (acte I, scène 1). Il a l’espoir d’en faire une épouse "modèle". Mais les plans de notre homme ne se déroulent pas comme prévu lorsque Agnès tombe amoureuse d’un autre homme : Arnolphe découvre à ses dépendants "que jamais, par la force, on entra dans un cœur."
Une comédie dont le fil conducteur est une tragédie
Comme le précise Nicolas Rigas, L’École des Femmes est une comédie dont le fil conducteur est une tragédie sur l’amour et sur ses atermoiements : "Arnolphe ne sait pas aimer, ne sait pas se faire aimer et n’est pas aimé." Ce mélange des genres est non seulement assumée mais en plus assumée grâce à une sélection d’extraits de l’opéra d’Offenbach, Les Contes d’Hoffmann : "J’ai retrouvé chez l’Arnolphe de Molière les traits des diables d’Offenbach avec leur amour jaloux et destructeur; dans les différents personnages féminins de l’opéra (Olympia, "la poupée" ; Antonia, "la romantique" et Giulietta, "la femme libérée"), le parcours d’Agnès qui passe de l’innocence à la maturité; et dans Alain et Georgette, les personnages niais et loufoques des serviteurs de Spalanzani et Pittichinaccio."
Cette pièce comique aurait pu faire, à près de chose près, une tragédie, ajoute en conclusion le metteur en scène. Il ne reste que peu de jours pour découvrir ce classique de Molière, notre éternel contemporain, au théâtre Déjazet.
L’École des Femmes de Molière et Jacques Offenbach, mise en scène par Nicolas Rigas, avec Nicolas Rigas, Martin Loizillon, Amélie Tatti, Antonine Bacquet, Romain Canonne, Jean Adrien, Salvatore Ingoglia, Philippe Ermelier et Raphaël Schwobb Au Théâtre Déjazet, jusqu’au 31 décembre 2018 Le samedi 29 décembre à 20h45 et le lundi 31 Décembre à 20h45 http://www.dejazet.com/spectacles/lecole-des-femmes
Nous parlions il y a quelques semaines du groupe parisien Lunar Storm, engagé dans dans le concours du Festival Emerganza. À la recherche de nouveaux talents, ce tremplin donne la chance à des artistes de se produire dans de grandes salles (Boule Noire, New Morning, Alhambra et Bataclan) et d’être remarqués.
Bla Bla Blog jette un coup de projecteur sur Lunar Storm, un groupe d’indie rock qui poursuit son parcours puisqu’il est dans le dernier carré du tremplin Emerganza. La demi-finale du concours aura lieu le samedi 19 Janvier à 21h au Flow, une péniche située au 4, Port des Invalides en face du Grand Palais, reconnaissable à sa nef imposante et majestueuse.
Il s’agira de la dernière étape avant de – peut-être – participer à la grande finale ayant lieu au Bataclan en juin prochain. Le choix des groupes sera décidé par le public à la main levée.
Lunar Storm est déjà prêt à montrer ce qu’il a dans le ventre.
Lunar Storm, So Far From Home, auto-produit, sur les plateformes de téléchargement En concert pour Emerganza le samedi 19 Janvier à 21h au Flow, une péniche située au 4, Port des Invalides (Paris 7e) http://www.emergenza.net https://lunar-storm.fr/musique-rock-paris
C’est un trip dessiné gothique que propose William Skaar avec Deanna et les Zombies (éd. Tabou). Un trip qui est aussi un conte érotique, baroque et horrifique dont l’héroïne est Deanna Carter. La pulpeuse jeune femme guide, par jeu, deux amies dans un cimetière. Mal lui en prend : en s’exhibant avec un insolent sex-appeal, ce sont des morts qu’elle réveille. Pour lui faire passer l’envie de venir les provoquer, ces zombis sont bien décidés à faire de la visiteuse d’un soir leur future victime. Pour sortir de ce mauvais pas, telle la Shéhérazade des Mille et une Nuits Deanna échange la promesse d’être épargnée quelques heures en échange d’histoires qu’elle entend bien prolonger encore et encore.
Bien entendu, ce sont ces contes qui forment le cœur d’une bande dessinée qui ne se refuse rien. Ce que Deanna raconte n’est ni plus ni moins qu’un voyage infernal, depuis la recherche d’une mystérieuse clé d’argent dans le manoir de son grand-père jusqu’à la découverte du Carnigore. Sur ce chemin semé d’embûches, d’êtres pervers et de fantasmes, Deanna Carter croise la route d’un livre maléfique, le Carnomicon, d’une compagne de voyage tout aussi pulpeuse, Béatrice et d’êtres infernaux prêts à tout. Et surtout, elle pénètre dans un enfer dantesque, "un tableau vivant et démentiel." L’audace, la provocation, le sexe et l’humour noir sont dans chaque case de cette BD américaine proposée en France aux éditions Tabou.
Un tableau vivant et démentiel
Pour Deanna et les Zombis, William Skaar mélange sans vergogne le trash, le fantastique, le gore, des traditions mythologiques, la religion, le chamanisme et bien entendu de l'érotisme à tous les étages. Deanna est l’incarnation d’une sorcière sexy, moderne et chasseresse de morts-vivants, comme avant elle l'Anita Blake de Laurell K. Hamilton. Mais, à vrai dire, c’est vers d’autres sources qu’il faut chercher les influences de William Skaar : le dessinateur Richard Corben, l’auteur de pulps Richard Shaver, les classiques Sade et Dante, le romancier HP Lovecraft et son Cthulhu,Edgar Rice Burroughs, le créateur de John Carter, ou encore l’actrice Barbara Steele, pour ses rôles dans Le Masque du démon ou La Chambre des tortures.
Le lecteur peut compter sur Deanna Carter, sur sa témérité comme sur son sex-appeal, pour venir à bout de morts-vivants, ou du moins les envoûter à sa manière, grâce à ce voyage plein de cris, de dangers et de plaisirs répugnants et honteux. C'est bon, la honte.
Les occasions de saluer le travail des traducteurs n’est pas si fréquent. C’est pourtant par-là que débutera cette chronique sur Marlena de l’Américaine Julie Buntin (éd. La Belle Colère). On doit à Patricia Barbe-Girault la version française de ce premier roman encensé par la critique outre-atlantique. La traductrice a su rendre toute la force d’un texte d’une rare densité, à l’exemple de cet extrait : "C’était bizarre, mais pas plus que les trois cœurs dessinés au marqueur sur le dos de sa main droite, que son mascara bleu ciel ou que sa broche de vieille dame, qui était plus belle, même en miniature, que toutes les baraques de Silver Lake." Disons aussi que Marlena donne à la génération Y – celle de Facebook des smartphones ou de Youtube – un des grands romans sur l’adolescence, roman qui est appelé sans doute à devenir culte dans les prochaines années. Et l’on se prend à rêver de l’adaptation que pourrait en faire une cinéaste comme Sofia Coppola.
Marlena Joiner est cette adolescente de 17 ans dont Catherine, la narratrice, choisir de raconter, vingt ans après les faits, la dernière année de sa vie. Les deux adolescentes se rencontrent dans une petite ville paumée du Michigan. Leur amitié dure à peine un an, mais c’est une année si dense, si marquante et finalement si tragique que Catherine ne s’en est jamais remise. Marlena est une lycéenne belle, charismatique et attirée par les excès de l’alcool et de la drogue. Une fille que Cat semble ne décrire qu’à l’aide de superlatifs : "La quintessence de la joie et de la blondeur, des bikinis et des glaces à l’eau, de l’herbe fraîchement coupée et des fauteuils en skaï qu’on installe durant l’été." Rapidement, les deux filles que beaucoup de choses opposent – hormis peut-être une vie familiale compliquée et des fins de mois difficiles – se lient d’amitié, jusqu’à la mort brutale de celle qui était devenue un modèle et une figure écrasante : "Avant Marlena, je n’étais qu’une fille molle, informe, attendant que quelqu’un débarque et me dise qui être."
"Dis-moi ce que tu ne peux oublier et je te dirai qui tu es"
La mort de Marlean est une vraie déflagration dans l’existence de Cat. Que s’est-il passé ? Comment est décédée l’adolescente indéfinissable, à la fois incontrôlable et capable de s’occuper quasi seule de son petit frère Sal en l’absence d’un père violent ? S’agit-il d’un accident, d’un homicide volontaire ou d’un crime ? Julie Buntin choisit de ne pas répondre complètement à ces questions. Au moment de son récit, Cat s’apprête à revoir le frère de son amie, se donnant une nouvelle chance de tourner la page de cette année de lycée – si encore c’est possible.
L’absence, le deuil et la douleur de l’être manquant est au cœur d’une histoire où les bonnes questions ne sont pas celles que l’on attend. "Dis-moi ce que tu ne peux oublier et je te dirai qui tu es" : ainsi début un roman qui nous parle de la construction d’une jeune fille de quinze ans marquée par une rencontre et par la disparition de celle qui a été essentielle dans sa vie : "Ce que Marlena ne pigeait pas, et que je n’aurais jamais pu lui avouer, c’est que même si on se faisait profondément, gravement, irrémédiablement, dangereusement chier à Silver Lake, j’étais plus heureuse que je ne l’avais jamais été."
Marlena Joiner, "l’amie prodigieuse" pour reprendre le titre d’une trilogie bien connue, traverse les pages du roman tel un ouragan, avec son lot d’excès : d’abus, d’amour, de comportements transgressifs, d’idées folles, d’actes généreux mais aussi de rêves qui resteront inassouvis.
Un chagrin indicible traverse les pages de Marlena, notamment dans les courts chapitres se déroulant à New York. Vingt ans après les faits, Catherine ne parvient pas à se sortir de cette période qu’elle veut revivre : "Bois aux efforts que tu fais pour la ramener", écrit-elle, comme pour justifier l’alcoolisme qui la ronge.
Dans le tourbillon d’une amitié marquante et traumatisante, deux personnages viennent apporter un semblant de lumière et d’équilibre : Jimmy, le frère, qui finira pas connaître une brève idylle avec Marlena et surtout la maman de Cat. Julie Buntin délivre des pages à la fois tendres et incisives sur cette sublime mère courage : "Son odeur de chardonnay et son fer qu’elle oubliait de débrancher, ses blagues pourries sur les brocolis qui font péter, sa manière de retrousser les dents quand elle se mettait en rogne, ses gants de ménage qu’elle laissait sur la banquette arrière, ma mère qui refusait catégoriquement de cesser de m’aimer, qui commettait des erreurs bêtes, buvait trop et me ressemblait comme deux gouttes d’eau quand elle riait, ma mère qui jamais, jamais ne partirait, et à qui je faisais si pleinement confiance qu’un monde sans elle défiait mon imagination."
Au final, devenue adulte, Catherine fait de son histoire le récit d’un deuil impossible comme le portrait d’une jeune femme à bien des égards inoubliable : "Si tu savais, Marlena, j’en ai fait des conneries. Seulement, chaque jour j’ai droit à un essai supplémentaire."
Julie Buntin, Marlena, trad. Patricia Barbe-Girault, éd. La Belle Colère, 2018, 336 p. http://www.juliebuntin.com