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• • Articles et blablas - Page 248

  • Télérama’enfants

    Le Festival Cinéma Télérama revient du 21 février au 6 mars 2018 dans 185 cinémas art et essai sur tout le territoire. C’est l’occasion pour les enfants, mais aussi les plus grands, de voir, à un tarif accessible, une sélection de films, choisis de concert par Télérama et l’AFCAE (Association Française des Cinémas Art et d’Essai).

    Des films pour les tout-petits aux films les plus familiaux, cette sélection démontre toute la diversité et la richesse du cinéma Jeune Public. Long ou court, animé ou en prises de vue réelles, documentaire ou fiction, ces films entendent favoriser l’éducation au cinéma.

    Ce festival est aussi l’occasion de souligner le travail quotidien des salles Art et Essai, à travers des animations qui, au-delà de l’éveil aux pratiques artistiques, créent du lien social.

    Les 11 meilleurs films jeune public de 2017 sont à découvrir en avant-première : La Ronde des Couleurs, Des Trésors plein ma Poche, Cadet d’Eau douce, Agatha Ma Voisine Détective, Coco, La Vallée des Loups, Le Voyage de Lila, Willy et les Gardiens du Lac, Croc -Blanc, Le Grand Méchant Renard, Paddington 2, Un Conte peut en cacher un autre, Zombillénium et Lou et l’Île aux Sirènes.

    Festival cinéma Télérama enfants 2018, du 21 février au 6 mars 2018

     

  • Rock in Nantes

    Quel est le point commun entre Dominique A, Christine and The Queens, Jeanne Cherhal, Elmer Food Beat ou Philippe Katerine ? Leur lien indéfectible avec Nantes qui a été la ville qui les a fait naître, ou du moins reconnaître. Cette histoire nantaise du rock (on pourrait même ajouté de la pop-rock électro) est relatée dans une exposition exceptionnelle et qui s’annonce passionnante : le Château des Ducs de Bretagne, à Nantes, accueille en effet à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 10 novembre 2019 (sic) l’exposition "Rock ! Une histoire nantaise."

    Les organisateurs de cet événement ont donc choisi de mettre la lumière sur un phénomène autant artistique que social ou politique. Loin du prestigieux lieu institutionnel qui vient reconnaître un genre musical longtemps décrié, le rock s’est d’abord construit et transformé dans les locaux de répétition, les studios, les bars et les salles, sur les radios locales ou chez les disquaires, par des activistes et artistes de l’ombre.

    Par le prisme de la scène nantaise, et grâce à de nombreux prêts, l’exposition permet de suivre l’évolution des styles musicaux depuis les années 1960, d’écouter et de comprendre les influences et interactions entre les styles, les groupes, les artistes, etc. Comment une ville comme Nantes s’est transformée en un véritable vivier favorisant les groupes émergents qui composent la scène musicale française. Neuf grandes sections chrono-thématiques dessinent le parcours de l’exposition des années 1960 à nos jours, dans une scénographie immersive tout en musique, avec plus de 120 titres en écoute, grâce à un système auditif original de gobelets de festival. Une programmation éclectique est proposée durant toute la durée de l’exposition à Nantes.

    Les organisateurs rappellent les origines du rock à Nantes : un concours d’accordéons organisé par le magasin d’instruments Simon Musique… Ce 20 avril 1962, six groupes nantais avec leurs guitares amplifiées montent sur scène pour la première fois pour un concours : les Rockers, les Atomic Boys, les Padgells, les Djets, Willy Spring Day et les Rapaces. Ce sont ces derniers, pour l’anecdote, qui remportent l’épreuve. Deux ans plus tard, l’ancienne capitale bretonne accueille les Championnats nationaux de guitare électrique au cinéma Le Paris.

    Le rock investit la ville et ne la quittera désormais plus. Les dix années suivantes voient ces jeunes artistes s’essayer à de nouveaux répertoires, signer quelques contrats et surtout sillonner la ville, dans une période où s’affirment le disco, les sonos... mais aussi le mythique groupe Tri Yann. En 1976, le public découvre les premiers pas du guitariste Philippe Ménard au sein de Carol, puis de Tequila. Une formation qui ne vivra que peu de temps mais qui signe la naissance du "rock nantais."

    Un concours d’accordéons à l'origine du rock nantais

    À la fin des années 70 et début des années 80, la France découvre le rock made in France, et le chef-lieu de Loire-Atlantique n’est pas en reste : concerts dans les bars et au Cinéma de l’Atlantique (quartier Sainte-Thérèse), le festival "Les Affreux s’éclatent" à l’Université de Nantes, celui de Carquefou (12 000 personnes en 1978), et même la fête du Parti Socialiste à Saint-Herblain en 1979... Une nouvelle génération d’artiste est bien décidée à montrer que ce genre musical ne saurait se limiter aux groupes britanniques ou américains. À l’aube des années 80, un concert intitulé "Derniers cris du rock nantais", regroupant les tout nouveaux groupes que sont Mickeynstein, Premier Poil et Algue, attire 800 personnes. "Derniers cris du rock nantais" ? En réalité, ce n’est qu’un début.

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    Si Rennes a fait largement cavalier seul dans les années 1980 avec ses Marquis de Sade, Niagara, Ubik, Sax Pustuls et autres Daho, la ville qui inspira tant Barbara place en ce début de nouvelle décennie pas mal de ses poulains au sommet de la scène française.

    Sans imposer sa marque sur un son particulier, la ville est le témoin privilégié d’un phénomène rassurant ; la façon dont une génération bercée de culture anglo-saxonne impose sa langue à des références assumées sans complexes. Peu de rapport en effet, de prime abord, entre les frasques d’Elmer Food Beat, la pop intimiste de Dominique A et Françoiz Breut, le easy listening de Philippe Katerine et les guitares brûlantes de Dolly, si ce n’est cette volonté d’user et de jouer de la langue de Molière, là où beaucoup ont auparavant échoué.

    Revenons justement sur Dominique A, l’une des figures majeures du rock français. Le 9 mars, l’auteur de La Mémoire Neuve sort son nouvel opus, Toute Latitude, un album mêlant rock, pop et électronique. L'exposition du Château des Ducs de Bretagne revient sur le parcours de Dominique Ané et présentera notamment sa chambre d'adolescent, lieu intime qui a vu naître un artiste aux multiples facettes. En 1991, l'artiste romantique, ténébreux et fan de new wave auto-produit son premier 33 tours, Un disque sourd, qu'il vend à la sortie de ses concerts nantais. L'année suivante sort La Fossette, premier album officiel produit par le label nantais Lithium. Aujourd'hui, la discographie de Dominique A compte 11 albums. Il a reçu en 2013 la Victoire de la musique de l'artiste interprète masculin de l'année.

    Aujourd’hui, nous rappelle l’exposition, La scène nantaise est bouillonnante. On y croise aussi bien des phénomènes qui s’exportent comme C2C, Madeon ou Christine and The Queens, des stars montantes de l’électro (Elephanz, Pegase), des groupes pop pleins de promesses (Pony Pony Run Run, Von Pariahs, Marquees, Al Von Stramm), des pionniers du rock expérimental (Papier Tigre, Percevalmusic) ou des producteurs électro en plein revival 80’s (Anoraak, College). Elle est devenue une scène exigeante et vit un nouvel âge d’or. Qu’un lieu institutionnel comme le Château des Ducs de Bretagne s’intéresse à cette lame de fond artistique sonne comme une reconnaissance.

    Tous à Nantes, donc. Et en musique.

    "Rock ! Une histoire nantaise", Château des Ducs de Bretagne,
    du 24 février 2018 au 10 novembre 2019

    Catalogue de l’exposition, Rock ! Une histoire nantaise, de Laurent Charliot, Iéna Editions, 192 p., sortie le 24 février 2018
    http://www.chateaunantes.fr/fr/evenement/rock
    Dominique A, Toute Latitude, Wagram, sortie le 9 mars 2018
    https://www.dominiquea.com
    "La reine Christine"

    Krondstadt Disorder © Nicolas de La Casinière
    Orchestre Henri VanHuffel et les Roller - Auteur inconnu © DR
    Les groupes ensemble magazine Best © Michel Embareck


  • Le mystère de l'étoile mystérieuse de Tabby (hélas) résolu

    Il y a quelques mois, nous vous parlions d’un astre situé à 1280 années-lumières de la terre, suscitant depuis plusieurs années la perplexité des astronomes du monde entier. Le télescope Kepler avait détecté autour de l’étoile de Boyajian ou KIC 8462852, appelée aussi étoile de Tabby ,des variations de lumières aléatoires, subites et incompréhensibles.

    Désorientés, les scientifiques avaient émis plusieurs hypothèses. Parmi ces hypothèses, l’une des plus spectaculaires était celle des "sphères de Dyson", conceptualisée par le physicien Freeman Dyson dans les années 60. Ce dernier avait imaginé que des civilisations extraterrestres évoluées seraient ou auraient été capables "d’envelopper" leur étoile de collecteurs solaires, des sortes de panneaux solaires spatiaux capables d’absorber une partie importante de la luminosité d’une étoile. Cette mégastructrure digne de Star Wars avait de quoi faire rêvé les amateurs de SF et les passionnés de vie extraterrestre.

    Mégastructrure digne de Star Wars

    Hélas, l’astrologue Tabetha Boyajian qui s’est penchée sur cet astre, et dont le prénom a servi à baptiser "son" étoile, a sonné elle-même la fin de la récréation. Le magazine Pour La Science de février nous apprend en effet que les baisses de luminosité n’étaient pas identiques à toutes les longueurs d’ondes. Par conséquent, ces baisses ne seraient pas dues à des objets opaques, comme des panneaux solaires créés par des intelligences d’autres civilisations, mais tout simplement à de la poussière.

    Nous voilà donc éclairés sur un mystère qui faisait parler de lui depuis l’automne 2014. Les amateurs de vie extraterrestre seront bien évidemment déçus par cette annonce. Mais la recherche d’autres vies hors de notre système solaire n’a pas dit son dernier mot.

    Pour La Science, février 2018
    "Étoile de Tabby : la poussière serait bien la clé du mystère",
    Futura Sciences, janvier 2018

    "L’étoile mystérieuse"

  • An Obi-Wan Story

    Han Solo va bientôt faire l’objet du troisième spin-off de Star Wars (sortie prévue le 25 mai 2018). Et déjà, une question se pose : quel sera l’objet du prochain spin-off de la célèbre saga après un épisode IX prévue pour fin novembre 2019.

    Vous allez me dire que c’est aller vite en besogne, puisque ce projet de film exploitant l’univers de George Lucas nous amène quand même après 2020. Les fans de Star Wars sont pourtant bel et bien au taquet. De nombreux commentaires de fans ont déjà parlé de possibilités de spin-offs de Boba Fett, de Maître Yoda ou d’Obi-Wan Kenobi.

    Aujourd’hui, c’est ce dernier qui est à la corde pour être le protagoniste principal d’un film qui lui serait consacré. Le hors-série de Tout Savoir Arts & Média consacré à Star Wars nous donne quelques informations, non-vérifiables et surtout très hypothétiques, sur ce projet intéressant mais aux multiples questions.

    Ewan McGregor prêt à rendosser le rôle d’Obi-Wan

    Qui d’abord pour incarner Obi-Wan ? Après Alec Guiness dans la deuxième trilogie (Un Nouvel Espoir, L’Empire contre-attaque et Le Retour du Jedi), puis Ewan McGregor dans le rôle d’Obi-Wan jeune, c’est ce dernier qui serait pressenti pour ré-endosser un rôle qui avait apporté un vrai plus à la première trilogie (La Menace Fantôme, L’Attaque des Clones et La revanche des Siths). Retrouver l’acteur anglais dans le casting serait d’autant plus séduisant que l’action pourrait se passer entre l’épisode III et l’épisode IV.

    Près de quinze ans après le tournage de La Revanche des Siths, Ewan McGreggor endosserait le rôle d’Obi-Wan, vieilli du même nombre d’années que son personnage. Dans Un Nouvel Espoir, le maître Jedi devenu légendaire est caché sur la planète Tatooine, à quelques lieues du jeune Luke Skywalker dont il assure la protection discrète.

    Reste à savoir si les scénaristes pourraient trouver les ressorts suffisants d’une intrigue, sur une planète où le fils de Dark Vador a été caché sans que le secret ait été éventé. La logique voudrait que pendant cette retraite, il ne se passe pas d’événements notables. D’ailleurs, pendant ce laps de temps, Obi-Wan a disparu des radars et sa réapparition tient du miracle.

    L’autre grand point d’interrogation tient à la fabrication du film. Plusieurs réalisateurs sont pressentis pour tourner ce spin-off : Steven Daldry (Billy Elliot, The Hours, The Crown), Sam Esmail (la série Mr Robot), voire Gareth Edwards qui avait été aux manettes de Rogue OneMais tout cela ne sont que conjectures, même si ce projet semble prendre forme.

    Tout Savoir Arts & Média, hors-série Star Wars, janvier 2018
    "Boba Fett, toute une saga"

  • Danser et aimer parmi les survivants

    Hans Jonas se demandait s’il était possible de croire en Dieu après Auschwitz (Le Concept de Dieu après Auschwitz, éd. Rivages, 1994). Le récit de Marceline Loridan-Ivens pose cette autre question : peut-on aimer après avoir été déporté ? Et surtout comment aimer ? C’est le thème de son témoignage, L’Amour après (éd. Grasset).

    Un petit mot d’abord sur cette auteure dont le nom de famille ne devrait pas laisser les cinéphiles indifférents. Marceline Loridan-Ivens était en effet la compagne de Joris Ivens, le documentariste d’origine néerlandaise surnommé "le hollandais volant", et qui a travaillé avec elle sur plusieurs films, dont Le 17e Parallèle, Comment Yukong déplaça les Montagnes ou Une histoire de Vent.

    Il est d’ailleurs question de lui dans L’Amour après, ce récit se voulant en effet comme un hommage au grand amour de Marceline Loridan-Ivens.

    Un hommage mais pas que : après un accident qui l’a laissée aveugle, l’auteur suit en effet le fil de ses souvenirs et parcourt ses archives, dont principalement sa correspondance. Le lecteur trouvera finalement assez peu de pages sur la déportation. Elle en avait parlé précédemment dans son récit, Et Tu n'es pas revenu (éd. Grasset). Bien entendu, il est question de quelques faits marquants survenus dans les camps, traumatisants pour la jeune adolescente de 15 ans, perdue au milieu de femmes. Une de ces femmes apparaît dans le récit : Simone Veil, droite, belle et forte, avec qui Marceline Loridan-Ivens ramènera une amitié pour la vie : "Maintenant qu’elle n’est plus là, je sens bien que je pleure à l’intérieur. Je l’ai dit au cimetière : nous nous sommes rencontrés pour mourir ensemble."

    Maurice Merleau-Ponty, Edgar Morin, Georges Perec et Joris Ivens

    L’Amour après s’interroge sur la manière dont la narratrice a appris à vivre parmi les hommes, au milieu des hommes et avec des hommes : "La survivante avait raté ses deux tentatives de suicide, c’est la preuve qu’une part d’elle voulait vivre."

    Marceline Loridan-Ivens fait appel à ses souvenirs pour inviter des hommes qui l’ont marquée, et parmi eux quelques figures célèbres : Joris Ivens bien sûr, mais aussi Maurice Merleau-Ponty, Edgar Morin ou Georges Perec. C’est assez singulièrement que le Saint-Germain-des-Prés que l’on connaît, celui de l’insouciance d’après-guerre devient un théâtre où, en creux, se dessinent les traumatismes de la seconde guerre mondiale.

    C’est avec un sens du combat hors du combat que Marceline Loridan-Ivens est parvenue à survire, vivre et aimer, nons sans mal. Et finalement dompter un passé indicible.

    Marceline Loridan-Ivens et Judith Perrignon, L’Amour après, éd. Grasset, 2018, 157 p.

  • Toutes les musiques du 92 que l’on aime

    Le Département des Hauts-de-Seine lance l’appel à projets de la 4ème édition du PAPA (Parcours d’Accompagnement à la Professionnalisation des Artistes), un dispositif de soutien et d’accompagnement des musiques actuelles pour les artistes issus du territoire des Hauts-de-Seine. Il permet aux groupes des Hauts-de-Seine développant des projets artistiques aboutis d’être repérés par la filière professionnelle grâce à un programme sur mesure.

    Les groupes sélectionnés par un comité de professionnels bénéficient d’une aide financière de 3 000€ à 8 000€ pour développer leur projet, d’un accompagnement d’un an par un "tuteur", professionnel qui va aider aux choix stratégiques et faciliter la visibilité du projet au sein de la filière et d’une visibilité au sein du festival Chorus, dont il avait déjà été question sur Bla Bla Blog) et du Labo Chorus.

    Accompagnement sur mesure

    Les artistes soutenus participent également aux projets d’éducation artistique et culturelle déployé par le département en direction des collégiens (le dispositif Éteignez Vos Portables) et des séniors (Culture 3.4).
    Après Stamp, Gunwood, Dusk Totem et Tiwayo en 2016 ; ainsi que Jahneration, Livingstone, Einleit et Soulya en 2017, ce sont Jinx Fishh Pool et Monterosso qui sont accompagnés en 2018. Ces artistes sont maintenant pour la plupart sur de bons rails, avec des albums sortis ou en préparation ainsi que des tournées dans de grandes salles.

    Depuis le 15 janvier 2018, le Conseil départemental des Hauts-de-Seine lance un appel à projets pour la 4ème édition du dispositif de soutien et d'accompagnement des musiques actuelles. Les artistes intéressés ont jusqu'au 8 avril 2018 pour candidater.

    Chorus - PAPA

  • Surtout pas d’excuses entre nous

    Nous avions déjà parlé du grand retour d’Adrienne Pauly en ce début d’année. Dix ans après sa découverte (J’veux un Mec, L’amour avec un con), la chanteuse revient avec son second album, À vos Amours.

    Le temps passé aurait-il changé l’artiste ? Allait-elle nous proposer l’opus d’une femme assagie, sinon installée ? Dieu nous en garde. C’est l’Adrienne Pauly que nous connaissions qui revient, une Adrienne Pauly à fleur de peau, sarcastique et aussi passablement énervée. Un régal, qui nous console de ses dix années de silence musical.

    À vos Amours ce sont des titres rock et cash, à l’énergie irrésistible. Mais ne s’agit-il que de cela ?

    Prenez Tout l’monde s’éclate : ce joyeux hymne à la fête se transforme en constat plus amer que dans l’ivresse du lâcher prise, la frustration et la solitude ont souvent le dernier mot : "Tout l’monde est là / Tout l’monde / À part moi / Tout l’monde chante / Tout l’monde s’enchante / Mon cœur se marre bien."

    À ce premier titre caustique succède le formidable J’veux tout j’veux rien. Adrienne Pauly se lâche dans un morceau aux accents punk rock qui ne laisse rien passer : "Seule ou mal accompagnée / J’ai jamais su décider / L’ivresse ou la vérité / J’ai jamais su trancher / Si on s’aime ou pas / Si on l’fait ou quoi ? / Décide toi même / Et fin du problème."

    En dix ans, Adrienne Pauly n’a rien perdu de sa férocité ni de son humour. Elle tranche dans le vif dans l’une des belles réussites de son album, L’Excusemoihiste, son premier single sorti il y a quelques mois. La chanteuse fait le portrait sans concession d’une femme effacée, timide et soumise : "C’est une excusemoihiste / Une désolée c’est triste / Qui me dit toujours pardon / Excuse-moi. / Une excusemoihiste qui ne veut pas déranger / Et qui vit sa vie sur la pointe des pieds."

    "T’es un génie / J’crois qu’c’est clair / Tout le monde le sait / C’est super..."

    Les femmes ne sortent pas indemne des charges d’une artiste qui a fait de l’insolence et de l’humour et du second degré une vraie arme. Quelle Conne est par exemple le portrait des filles Gucci, "celles qui enterrent leur cerveau." Dans Comme un truc qui déconne, cette fois c’est un homme qui a droit aux charges d’Adrienne Pauly, dans un titre pop à la mélodie entêtante : "Y’a comme un truc qui déconne / Chez toi / Y’a comme un truc qui résonne mal chez toi / Dans ton miroir c’est le trou noir / Dès qu’tu apparais / Tu disparais." Et toujours cet humour noir : "Pose ce couteau / Tu vas t’blesser / Lâche ce sac / Tu vas t’étouffer… / T’es un génie / J’crois qu’c’est clair / Tout le monde le sait / C’est super..."

    Un thème est au centre du deuxième album d’Adrienne Pauly : l’amour et les relations hommes-femmes, que l’artiste résume ainsi dans Chanson d’Am... : "Va-t-en reviens : / La vie, l’amour : c’est ça"/ L’amour l’amour / C’est long c’est court / L’amour toujours / C’est bon c’est lourd." Dans ce slow rockabilly , il est question d’une chanson d’amour jouée un soir de solitude. Une jolie femme fait de cette "love song" un plan drague auquel elle s’accroche à mort. "Si tu veux on pleure / Si tu veux on danse / J’ai pas d’vocabulaire / Moi je sais faire : Ouais ouais ouais / Mais si tu crois qu’ça peut le faire / Si tu veux j’reste avec toi toi toi."

    Le morceau Les Amours passionnelles est, quant à lui, un appel sexy à l’amour immodéré et sans question ("Maintenant / Comme des Bêtes / Maintenant / Viens on s’emmêle"), auquel vient répondre le délicat et mutin titre qui le suit fort opportunément, La Bête qui est en Moi : "La bête qui est en moi / Est revenue me voir / la bête qui est en toi / Dans mon miroir je la vois."

    Juste un Moment clôt de manière atypique un album rock et désenchanté. Adrienne Pauly interprète sur des instruments acoustiques un tendre et pudique chant d’amour pour sa mère : "Comme autrefois, maman / C’est moi la petite / Dans le noir du couloir, maman / Je t’attends vite / Ton armoire pleine de fringues / Des talons pour marcher / Une clope en guise de flingue / Un coup de rouge / Et je m’en vais te retrouver. / On se voit si peu / On se parle si peu."

    La rockeuse Adrienne Pauly prouve qu’elle reste, derrière sa carapace de femme au caractère bien trempé, une artiste passionnée, intrigante et hypersensible. L'écouter c’est l’adopter.

    Adrienne Pauly, À vos Amours, Choï Music, 2018
    https://www.adrienne-pauly.com
    En concert à Paris le 19 mars, à La Maroquinerie
    "Adrienne Pauly, toute excusée"

  • Qui va tango va sano e lontano

    Au Café Gran Tortoni, en plein cœur de Buenos Aires, un jeune homme attend d’être reçu par un maestro du tango afin de devenir son élève. En attendant ce rendez-vous qui va changer sa vie, Mina, une serveuse et danseuse, le prend son son aile en lui présentant les personnages gravitant autour d’elle, dans un café tout entier dévolu à la plus sensuelle des danses.

    Le tanguero novice découvre et écoute ces histoires argentines, comme autant de récits d’initiation.

    Des récits d'initiation

    Dans les 110 pages d’une BD entièrement consacrée au tango, Philippe Charlot et Winoc mettent en image des destins incroyables : dans les années 30, un acteur trouve le succès puis le malheur grâce à un texte révolutionnaire de Jorge Luis Borges ; sur la Plaza de Mayo, un payador, troubadour et chanteur de tango, débarque de la pampa pour défier Carlos Gardel ; un autre chanteur raconte dans quelles circonstances il a gagné un concours hors du commun organisé par une certaine mademoiselle Magdalena ; il est également question d’un bandonéon apporté par une jolie factrice d’accordéon, d’un danseur doué mais désargenté empêtré dans une histoire de vol et d’amour, d’un flirt hors du temps entre deux retraités et d’un fantôme errant dans les salles du Gran Café Tortoni.

    Les amoureux du tango adoreront cette bande dessinée au scénario envoûtant. Les autres se laisseront transporter par ces histoires dont le fil conducteur est une danse et une musique, et qui invitent à écouter ou réécouter le Volver de Carlos Gardel : "Volver con la frente marchita / Las nieves del tiempo platearon mi sien / Sentir que es un soplo la vida / Que veinte años no es nada."

    Philippe Charlot et Winoc, Gran Café Tortoni, tome 1, éd. Bamboo, 2018, 110 p.