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• • Articles et blablas - Page 288

  • Mes hommes

    nathalie cougnyAmour et Confusions... : le titre du dernier livre de Nathalie Cougny pourrait faire passer son dernier livre pour un roman sentimental convenu. Ceux qui suivent l'auteure de cette autofiction savent que cela serait très mal la connaître.

    C'est hors des sentiers battus que Nathalie Cougny, peintre, écrivain et femme engagée, entraîne le lecteur – qui est tutoyé, tel un ami et confident – dans une série d'aventures amoureuses. La narratrice, Aurore, nous parle de sa soif d'émancipation amoureuse, de sa recherche de l'amour et de ses hommes.

    Le roman commence par une fuite et une émancipation : un soir, une femme quitte son mari pour rejoindre son amant. Aurore tire ainsi un trait sur son passé, sans pour autant entamer une nouvelle histoire "sérieuse" car cette relation restera éphémère. Elle le sait. Après cet homme, elle en rencontrera d'autres, tous différents, tous marqués par des souffrances parfois indicibles, tous aimants aussi, à leur manière. Faut-il choisir entre eux ? Aurore refuse et va de bras en bras, à la poursuite d'une liberté érigée en cheval de bataille. Cette liberté passera par des expériences érotiques acceptés et assumés, parfois jusqu'à la souffrance : "On projette toujours un manque. Chez moi, c'était un gouffre, un précipice dont je ne voyais pas le fond : aimer." Après tout, entre le mot "aimer" et le mot "amer" il n'y a qu'une seule lettre de différence.

    Amour et Confusions... ne conte pas seulement une course au désir. Les confidences d'Aurore portent sur un sujet central : les hommes. La narratrice en parle avec acuité, dureté parfois, mais toujours avec tendresse et compréhension. Nathalie Cougny tourne autour des personnages masculins en observatrice passionnée et avec tact, comme pour ne pas les blesser. Roman érotique, dans Amour et Confusions... il est également question de séduction, de corps, de lâcher-prise, de sensualité, de "dépendance sexuelle sans limite" ou de jeux amoureux décrits sans fard. Pour Aurore, l'enjeu reste la quête de soi et du bonheur à travers les autres, ces hommes. La philosophie, et en premier lieu Friedrich Nietzsche, sont sollicités et cités pour décrire les tenants et les aboutissants de cette aventure amoureuse dans ce qu'elle peut avoir de confuse.

    Il y a également, dans le roman de Nathalie Cougny, de longues pages sur les thèmes de la recherche de l'amour, du père disparu qui nous a été enlevé, de la dépression, du poids insoutenable des traditions patriarcales, des "souffrances de ces hommes", de la cruauté du désir lorsqu'il est capable de nous terrasser, de la séparation et de l'expérience amoureuse dans ce qu'elle peut avoir de plus excitante mais aussi, parfois, de plus aliénante. L'expérience est justement l'ultime pied de nez – digne d'X-Files – de cette autofiction qui nous fait voyager dans la grande aventure de l'amour, de soi et des hommes.

    Nathalie Cougny, Amour et Confusions..., éd. Sudarènes, 151 p.
    Editions Sudarènes
    http://www.nathaliecougny.fr

    Exposition "Encore troublé", Le Julia, Paris 3e, 23 janvier 2016

  • New

    NEW est une performance pluridisciplinaire alliant théâtre, musique, chant, danse et arts visuels. De cette rencontre, chaque soir, un spectacle totalement unique se fabrique grâce au talent des artistes et avec la complicité du public.

    Durant 1H20 les artistes de NEW (4 à 5 comédiens-chanteurs, 3 à 4 musiciens, un illustrateur et un maître de cérémonie) improvisent librement et intégralement une histoire à partir de suggestions du public ! En effet, avant de rentrer dans la salle, les spectateurs sont invités à inventer le titre d’une comédie musicale inédite et à proposer le lieu dans lequel l’histoire se déroule.

    Deux suggestions sont tirées au sort par le maître de cérémonie et le public en choisit une à l’applaudimètre. Un spectateur volontaire sera ensuite convié à chantonner une petite mélodie pendant que les comédiens se costument. Ce thème sera repris par les musiciens pour composer en direct l’ouverture instrumentale du show, qui deviendra un air récurrent dans la pièce.

    Les décors et la scénographie de NEW se fabriquent sur le vif au rythme des compositions musicales et du scénario. L’illustrateur ou l’artiste-peintre travaille en direct soit sur ordinateur soit sur toile blanche avec pinceaux et couleurs. Ces images, dessins ou peintures sans cesse en évolution sont filmées et projetées en fond de scène. Le spectacle peut commencer ! L’auditoire sera sollicité tout au long de la représentation afin d’orienter le cours des événements ou de choisir par exemple le style musical de la prochaine chanson. 

    NEW est une performance pluridisciplinaire alliant théâtre, musique, chant, danse et arts visuels. De cette rencontre, chaque soir, un spectacle totalement unique se fabrique grâce au talent des artistes et avec la complicité du public.

    Durant 1h20 les artistes de NEW (4 à 5 comédiens-chanteurs, 3 à 4 musiciens, un illustrateur et un maître de cérémonie) improvisent librement et intégralement une histoire à partir de suggestions du public ! En effet, avant de rentrer dans la salle, les spectateurs sont invités à inventer le titre d’une comédie musicale inédite et à proposer le lieu dans lequel l’histoire se déroule.

    Deux suggestions sont tirées au sort par le maître de cérémonie et le public en choisit une à l’applaudimètre. Un spectateur volontaire sera ensuite convié à chantonner une petite mélodie pendant que les comédiens se costument. Ce thème sera repris par les musiciens pour composer en direct l’ouverture instrumentale du show, qui deviendra un air récurrent dans la pièce.

    Les décors et la scénographie de NEW se fabriquent sur le vif au rythme des compositions musicales et du scénario. L’illustrateur ou l’artiste-peintre travaille en direct soit sur ordinateur soit sur toile blanche avec pinceaux et couleurs. Ces images, dessins ou peintures sans cesse en évolution sont filmées et projetées en fond de scène. Le spectacle peut commencer ! L’auditoire sera sollicité tout au long de la représentation afin d’orienter le cours des événements ou de choisir par exemple le style musical de la prochaine chanson. 

    NEW
    Jusqu'au 23 février 2016 au Théâtre Trévise en version française

    tous les mardis à 20h - 14, rue de Trévise, Paris 9ème - 25 € / 17€
    Réservation : 01 45 23 35 45

    Jusqu'au 22 juin à l'Essaïon en version anglaise
    2 mercredis par mois à 21h30 - 6 Rue Pierre au Lard, Paris 4ème - 20 € / 15€
    Réservation : 01 42 78 46 42
    http://www.newcomediemusicale.com

     

     

  • Retour à Montargis la Chinoise

    En ce premier jour du nouvel an chinois (l'année du Singe), l'occasion est trop bonne de revenir sur la série d'articles que j'avais consacrés aux relations hors du commun qui unissent la Chine – communiste – et Montargis, modeste sous-préfecture du Loiret.

    En raison du destin de quelques jeunes Chinois, venus étudier et travailler en France au début du XXe siècle, Montargis est devenue la base de lancement de la Chine communiste.

    Ces articles vous expliquent pourquoi et comment...

    "Montargis la Chinoise"

  • Dans les séries HBO, je demande Leftovers

    HBO se signale une fois de plus, après Rome, Game of Thrones ou Les Soprano ou True Detective, par une série qui séduit par son originalité et sa qualité.

    Leftovers vous happe dès les premières minutes : une femme au bord de la crise de nerf revient d'une laverie avec son bébé qu'elle installe dans la voiture. En quelques secondes, le cauchemar survient : son enfant disparaît. Son enfant, mais pas que : des millions de personnes dans le monde connaissent à cet instant la même tragédie.

    Nous sommes le 14 octobre, et, ce jour-là, la terre voit 2 % de sa population se volatiliser soudainement. Cet événement planétaire, à la fois fantastique et sociologique est le début de la trame de Leftovers.

    Trois années plus tard, les habitants d'une petite ville américaine vivent intensément ce traumatisme qui a bousculé tous ses repères. Il apparaît bien vite que la question "Comment vivre sans ces disparus ?" est plus capitale que cette autre : "Que s'est-il passé ?" Nous suivons avec les personnages principaux de cette série, le shérif Kevin Garvey (très bon Justin Théroux), sa petite amie Nora Durst (Carrie Coon), le révérend Matt Jamison (Christopher Eccleston) ou la convertie Megan Abbott (Liv Tyler), les aléas d'une société bouleversée qui voit s'effondrer toutes ses certitudes.

    Dans le même temps, des groupes sectaires avancent leur pion. En premier lieu, figurent les CS, Coupables Survivants, d'inquiétants illuminés vivant repliés sur eux, silencieux, vêtus de blanc et passant leur journée à manifester en ville... et à fumer ! Ces CS ne sont pas la moindre des inventions de Leftovers, et de ses auteurs Damon Lindelof et Tom Perrotta.

    Il se pourrait bien que cette série devienne une oeuvre emblématique de notre époque. Elle est en tout cas à découvrir absolument.

    The Leftovers, série TV américaine de Damon Lindelof et Tom Perrotta,
    avec Justin Theroux, Amy Brenneman,
    Christopher Eccleston, Carrie Coon et Liv Tyler,
    en ce moment sur Canal +

  • Binet monte en gamme

    51UsiY2za6L._SX379_BO1,204,203,200_.jpgChristian Binet est connu pour les Bidochon, une série de bandes dessinées sur un couple de beaufs franchouillards, râleurs et paumés dans notre monde moderne.

    Ce n'est que récemment que le dessinateur s'est attelé à une autre saga, bien éloignée des Bidochon, Haut de Gamme. Cette fois, l'auteur des Bidochon s'attaque à un milieu bien différent : celui de la musique classique. Deux volumes sont parus à ce jour.

    Le personnage principal, pianiste concertiste, se trouve au début du premier tome, obligé de proposer des cours particuliers. Épaulé par son compagnon, il abandonne le prestige des salles de spectacles pour enseigner, chez lui, le répertoire de Chopin, Mozart et Bach et tenter de tirer vers le haut des élèves peu doués, voire réfractaires.

    Binet s'attaque au milieu feutré de la musique classique et égratigne, non sans férocité, musiciens du dimanche, artistes contrariés, professeurs au bord de la crise de nerf, apprentis pianistes perdus pour toujours ou enfants contraints de tâter de la gamme pour faire plaisir à leurs parents.

    Par une succession de planches, portant pour titre le nom d'une œuvre classique, l'auteur des Bidochon parvient à rire non plus de ces Français moyens de la classe populaire (les Bidochon) mais ceux sortis d'un milieu plus aisé et plus cultivé – mais non exempt pour autant de bêtises. Cruel et cinglant : la condition humaine n'a pas de CSP.

    Binet, Haut de Gamme, éd. Dargaud

  • Bourreaux et victimes

    Le bourreau.JPGUne auto-stoppeuse aux abois est recueillie par un automobiliste : voilà le début du Bourreau de Sergueï Belochnikov. La scène se passe près de Saint-Pétersbourg au début des années 90. Le lecteur comprend vite que celle qui se prénomme Olga a été victime d'un viol collectif. Elle trouve d'abord refuge et assistance auprès d'un ami et ancien amant, qui est aussi médecin. Après de premiers soins, il lui conseille de porter plainte et de se rendre à la milice, mais la jeune femme, journaliste-photographe, n'a qu'un seul objectif : se venger, par tous les moyens. Après une première traque de ses quatre agresseurs, Olga parvient à s'acheter le concours d'un parrain de la mafia russe. Puisque la vengeance est un plat qui se mange froid, la victime se transforme en bourreau. La machine à broyer ses tortionnaires est en marche, pour le meilleur et pour le pire.

    Ce polar russe, rugueux et implacable a été un peu oublié. Il est pourtant intéressant à plus d'un titre.

    D'abord par l'histoire proprement dite : celle d'une femme refusant de rester victime et choisissant de se faire justice elle-même, seule et contre l'avis de tous. Ensuite, par le portrait de l'héroïne : Olga est une femme attachante, une Russe émancipée sous la perestoïka, reconnue par ses pairs grâce à ses reportages (signalons au passage une incursion passionnante dans l'Afghanistan en guerre, au début des années 80). Elle se trouve plongée du jour au lendemain dans un cauchemar absolu – un viol au sujet duquel l'auteur prend subtilement le parti d'en dire le minimum. Or, ce cauchemar, la brillante jeune femme choisit de l'entretenir en s'acoquinant avec un mafioso inquiétant.

    Sergueï Belochnikov écrit ceci au sujet de son roman et du personnage principal : "Je ne considère pas Le Bourreau comme un roman policier... Il représente l'âme féminine russe, qui m'a attiré toute ma vie. Olga est une femme forte... Forte et indépendante. L'agression qu'elle subit lui donne un désir de vengeance aussi fort qu'elle."

    Je vois un autre intérêt dans ce roman : son traitement littéraire. L'auteur a astucieusement choisi de changer de narrateur à chaque chapitre, faisant de ce polar une oeuvre polyphonique et subjective.

    Sergueï Belochnikov, Le Bourreau, éd. France Loisirs, 1995, 320 p.

  • Une "publi-exposition" qui ne dit pas son nom

    Je publiais il y a quelques semaines un article sur l'enquête du journaliste Bernard Hasquenoph au sujet d'Ahae, un obscur photographe coréen - et escroc - soutenu par les plus grandes institutions culturelles françaises ("Escroc, gourou et artiste").

    Cette fois c'est au Grand Palais que Bernard Hasquenoph s'attaque, l'objet étant "une publi-exposition qui ne dit pas son nom", comme le titre le journaliste et bloggeur dans une tribune publié sur le site du Monde.fr ("Au Grand Palais, une publi-exposition qui ne dit pas son nom").

    L'objet de sa charge est la fondation LVMH qui, à côté d'une exposition sur Picasso, s'offre une exposition publicitaire grandeur nature au Grand Palais. Bernard Hasquenoph s'offusque moins de cette démarche de communication que de l'absence d'informations données aux visiteurs qui sont en droit de savoir que les grands établissements nationaux - payés avec leurs impôts - servent de cautions intellectuelles et d'entreprises de communication pour des entreprises privées. Au passage, le journaliste pointe du doigt une dérive mercantiliste des grands musées parisiens.*

    Bernard Hasquenoph, "Une publi-exposition qui ne dit pas son nom",
    Lemonde.fr, 19 janvier 2016


    Le Reportage: L'exposition "Volez, Voguez... par BFMBUSINESS

  • En corps troublé

    img_2717-e1447490945368.jpgDans un loft, quatre artistes se sont donnés rendez-vous sur le thème du corps, du sexe, de l'amour, du trouble et, quelque part, de la confusion des sentiments. C'est cette confusion qui guident Vanessa Herin, Ben Anton, Xavier Devaud, et Nathalie Cougny, réunis ce week-end au Julia (Paris 3e) à l'initiative de cette dernière, écrivain, peintre, poète. Nathalie Cougny présentait ce samedi 23 janvier son dernier livre, Amour et Confusions... qui sort actuellement en librairie (éditions Sudarènes). J'aurai bientôt l'occasion de reparler plus longuement de ce roman qui pourrait bien être une des surprises littéraires de ce début d'année.

    L'exposition collective "En Corps !" au Julia (en collaboration avec Passage du Désir, le magazine Galante, Karim Haïdar Traiteur et Cherry Gallery) accompagne cette sortie nationale. Pour "En Corps !", le fil conducteur de l’illustratrice Vanessa Herin, du photographe belge Ben Anton et des peintres Xavier Devaud et de Nathalie Cougny est Aurore, le personnage principal de l'autofiction Amour et Confusions... Graphisme, photo, peinture, dessin et littérature (sans oublier l'art culinaire) se servent et se répondent dans une belle harmonie, au service d'un message plus sérieux et moins léger que ce que l'on voudrait bien croire : un questionnement sur le couple, les rapports homme-femme, le sexe ou notre rapport au corps.

    Vanessa Herin s'est appropriée le roman de Nathalie Cougny pour proposer des peintures au réalisme cinématographe. Sous son pinceau, Aurore prend vie, débusquée dans son intimité, dans une chambre après l'amour ou à l'intérieur d'une voiture dans les bras de son amant.

    WP_20160123_10_47_07_Pro.jpgPour l'exposition "En Corps !", la présence du photographe Ben Anton sonne comme une évidence. Celui qui a mis sur les fonts-baptismaux la photographie gestuelle présentait plusieurs de ses œuvres, dont le cliché qui illustre la couverture du roman de Nathalie Cougny. Les sujets de Ben Anton sont pris sur le vif au point d'être à la limite de l'abstraction. Poses longues, jeux sur le zoom et sur l'obturateur donnent à ses photographies vitesse, urgence et un trouble vital et joyeux.

    Il est encore question de trouble s'agissant des œuvres exposées par Xavier Devaud. De puissantes huiles figent des visages d'hommes dans des brouillards cotonneux. Ces portraits d'hommes sont ainsi comme isolés et immobilisés dans une solitude terrible. Xavier Devaud présente également des dessins de nus d'une diabolique efficacité et d'un graphisme précis à couper le souffle. Cette fois c'est dans l'intimité des corps que nous pénétrons. Dans la grande tradition de Jean Cocteau ou de Jean Marais, des hommes et des femmes s'étreignent, s'embrassent, se toisent ou se déchirent dans des scènes orgiaques souvent crues.

    Ces dessins érotiques tranchent avec les peintures de Nathalie Cougny. Elle présente pour "En Corps !" des œuvres abstraites où des huiles rougeoyantes pleines d'harmonie pouvant être traversées de stries énergiques, côtoient des toiles aux larges aplats noirs où se mêlent des tourbillons fluides et légers.

    L'univers dévoilé par Nathalie Cougny et ses amis n'est pas simplement une exposition artistique : c'est aussi une vraie expérience sensorielle qui est aussi une invite à découvrir son dernier roman. Nous y reviendrons plus tard sur ce blog.

    http://www.nathaliecougny.fr
    http://farfallablue165.wix.com/farfalla-blue
    http://www.bybenphoto.com
    https://devaudx.wordpress.com
    http://www.cherry-gallery.fr

     

    Illustrations : Vanessa Herin, Ben Anton, Xavier Devaud, et Nathalie Cougny