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• • Articles et blablas - Page 295

  • Attache ta tuque ou le français dans tous ses États

    La réforme de l’orthographe a été contre toute attente le sujet polémique de ces dernières semaines.

    En décidant d’appliquer dès la rentrée prochaine un dépoussiérage général de la langue de Molière, qui avait été acté en 1990 (sic), les éditeurs de manuel scolaires ne s’attendaient sans doute pas à un tel ramdam. Le moins que l’on puisse dire est que la décision d’autoriser l’écriture du mot "oignon" en "ognon" ou "entraîner" en "entrainer" (par contre, contrairement à ce qui a été écrit un peu partout, les mots "mûr", "", "jeûne" et "sûr"continueront à porter leur accent) a fait du bruit dans Landerneau, que ce soit dans les réseaux sociaux (qui ont été les premiers à mettre le feu aux poudres), les médias traditionnels et jusque dans les repas de famille. Le bloggeur émet toutefois l’opinion que ce qui a sans doute choqué réside moins dans ces variantes orthographiques que dans une décision publique entendant répondre au fléau des fautes d’orthographe par une phonétisation même partielle de la langue écrite. Est-ce en simplifiant le français que la langue française sera mieux maîtrisée ? Beaucoup répondent par la négative, y voyant même une forme de "lâcheté".

    La passion du débat sur cette langue française dans tous ses états rend d’autant plus intéressante la Semaine de la langue française et de la Francophonie qui a lieu du 12 au 20 mars 2016. Son mot d’ordre est : "Attache ta tuque !', 'C'est caillou !'… 1001 expressions à découvrir". Un vrai pied-de-nez à cette affaire de réforme de l’orthographe. Plusieurs personnalités, dont l’humoriste Jamel Debbouze, la journaliste Elsa Boublil ou encore l’écrivaine Marguerite Abouet ont accepté de parrainer cet événement.

    Lors de ce rendez-vous des amoureux des mots, 1 500 manifestations seront organisées dans 70 pays : expositions, ateliers d’écriture, animations, spectacles, concours, dictées, slam…200 librairies seront mobilisées et près de 100 villes et villages sont partenaires de l’opération. Le bloggeur a noté quelques événements qui méritent le détour : le spectacle du conteur québécois Fred Pellerin au Théâtre de la Ville (le 12 mars), les Nuits du slam (du 17 au 20 mars), le grand concert de musique francophone dans les studios de Radio France (le 19 mars) et la Dictée pour les Nuls lors du Salon du Livre au cours duquel le 31e Prix du Jeune Écrivain de Langue Française sera remis (le 19 mars).

    Cette année, la Semaine de la langue française et de la Francophonie proposera aussi de partir à la découverte du français parlé de Bruxelles à Kinshasa, de Genève à Montréal. Ce sera l’occasion de montrer les multiples visages du français dans les 70 États qui le pratiquent couramment. Loin d’être sclérosé, le français offre une richesse infinie. Ainsi, le "bleuet", qui désigne une petite fleur bleue en France, fait référence à une myrtille au Québec. Le "dîner" (ou "diner"?), qui correspond au repas du soir pour les habitants de l’Hexagone, désigne au contraire celui de midi en Belgique. De même, lorsque l’on "tombe amoureux" en France, on "tombe en amour" au Québec, on "glisse pour quelqu’un" au Cameroun et on est "bleu de quelqu’un" en Belgique.

    Réseaux sociaux, télévisions, radios ou établissements culturels sont déjà sur le pont pour faire découvrir au grand public les subtilités de la langue française aux quatre coins du monde. "Attache ta tuque !", comme on le dit au Québec ("Attache ta tuque avec d'la broche, attache ta tuque pis tes bretelles"), dit autrement : "Attention, c’est parti !"

    Semaine de la Langue française et de la Francophonie
    Page Facebook de la Semaine de la Langue française

  • Ma Pomme

    C'est pas un heureux hasard que j'ai découvert la chanteuse Pomme. En quatre chansons – son premier EP En Cavale – la jeune artiste impose déjà un sacré talent et promet.

    Il n'y a pourtant rien de révolutionnaire dans En Cavale : des balades pop et country-folk, des histoires d'amour, de trahison et de séparation, une voix délicate et posée, une orchestration réduite – guitares (à noter l'hypnotisant accompagnement dans le titre "En Cavale"), synthétiseur et percussions. D'où vient alors ce supplément d'âme ? Sans doute à des détails : la simplicité affirmée, la justesse de l'interprétation, la cohérence des quatre titres ("J'suis pas dupe", "En Cavale", "Sans Toi" et "Jane & John") ou encore ces petits "r" roulés !

    Il y a une évidence certaine à découvrir et à écouter Pomme. Je prends les paris que d'ici peu elle fera partie de notre paysage musical.

    En attendant, dans ce premier EP, notre Pomme nous invite à la connivence et à fredonner avec elle des mélodies efficaces et des paroles qui peuvent parler à tous : "J'ai fait le tour et notre amour est en cavale / Il nous a volé une année à tous les deux / Laisse-le partir on va pas crier au scandale / on le retrouvera peut-être quand on sera vieux."

    Pomme, En Cavale, Fiction France
    Pomme sur Facebook https://www.facebook.com/pommeofficial

  • Elles sont parties pour le Nord

    cover79746-medium.png1917. Wilma, onze ans, se réveille par un glacial matin d'hiver dans la cabane qu'elle habite avec son père, trappeur dans le Grand Nord canadien. Celui-ci, de retour d'une expédition vers la ville, lui rapporte un cadeau : un étrange livre à la couverture de cuir, finement illustré, Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède. La vie simple et rude de la jeune fille, rythmée par les saisons, en sera à jamais bouleversée, car c'est dans les pages du roman qu'elle rencontre pour la première fois Akka...

    Dans le Canada sauvage du début du XXe siècle, Wilma, courageuse et déterminée, mène un combat héroïque pour la sauvegarde du plus grand oiseau migrateur de l'Amérique du Nord.    

    Inspiré de l’histoire vraie de la grue blanche, une espèce en voie de disparition, Patrick Lecomte tisse dans son premier roman, Elles sont parties pour le Nord, les destins croisés d’une jeune femme passionnée et d’un oiseau mythique, symbole de calme, de pureté et de loyauté.  

    Un récit envoûtant, promesse d’évasion, où la poésie de la nature – les grands espaces, le ciel immense – rencontre la magie de la lecture. 

    Patrick Lecomte, Elles sont parties pour le Nord, éd. Prélude 2016



  • Une fille tellement jolie

    Nordine le Nordec dénonce les violences quotidiennes faites aux femmes au travers de son clip : "Une fille tellement jolie".

    Le clip est visible en bas de cet article ou sur ce lien.

    Nordine le Nordec : site officiel


  • Comment faire de son homme un Bonhomme

    Et si, en cette journée internationale pour les droits des femmes, on parlait… des hommes ? Ou plutôt des "Bonhommes" comme le dit la bloggeuse Evingel.

    Celle qui se surnomme le "Couteau suisse humain" (graphiste, photographe, réalisatrice, professionnelle dans l’événementiel, et j’en passe) a choisi, dans son Manuel du Bonhomme, disponible pour l'instant uniquement sur Internet, de mettre en avant la galanterie et de donner quelques leçons aux hommes.

    Evingel, Vanessa Fataccy de son vrai nom, n’est pourtant pas dans une posture passéiste mais au contraire dans une réflexion moderne sur la vie en société. Dit autrement, il s’agit bien de savoir-vivre et de bien vivre ensemble dont il est question, ce qui n’exclue pas l’émancipation féministe : "Force est de constater que la galanterie a disparu de nos jours, j’ai trouvé intéressant de comparer certains comportements. Ce que les hommes font et qui nous plaît, ce qu’ils font et qui nous déplaît et ce que nous attendons d’eux sans l’exprimer. Les hommes n’ont pas toujours tort, les femmes n’ont pas toujours raison. On essaye de nous faire croire que nous sommes égaux, alors que nous ne faisons que nous compléter, d’où cette perte de galanterie au nom de l’ÉGALITÉ." C’est elle qui souligne.

    Son cheval de bataille est ce retour à la galanterie, patiemment détricotée de 1789 à 1968. Au risque de passer pour une "réac", Evingel constate qu’avec l’émancipation féminine se passer des hommes est devenu, pour beaucoup de célibataires, à la fois simple et séduisant : "On pense que l’on peut se passer des hommes. Résultat ? Les hommes ne trouvent plus leur place et se laissent de plus en plus aller" (Amina, mars 2016). Que ces propos viennent de la bouche d’une femme – trentenaire, ambitieuse et indépendante – ouvre un débat intéressant. Evingel n’est pas tendre avec nous, les homme, dont elles fustige le comportement en société, le manque de galanterie, le laisser-aller, le je-m’en-foutisme et la difficulté à assumer ses responsabilités.

    Et puisqu’Evingel n’est pas rancunière avec nous, elle propose de nous faire quelques leçons sur la manière d’être un "Bonhomme" : sincère (y compris et surtout avec les femmes), pouvant assumer ses choix, mais aussi élégant, courtois et gentleman. C’est précisément l’objet du Manuel du Bonhomme qu’elle propose sur son blog : un ouvrage sous forme de chroniques drôles et pertinentes. Parodiant les guides de bonnes manières qui faisaient florès au XIXe siècle, l’auteure assène quelques leçons pour nous, les hommes : "Le garçon demande à une femme s’il peut l’embrasser, le Bonhomme le fait, quitte à se ramasser une claque !" (leçon 1), "Le garçon donne son dos après avoir fait l’amour à une femme, le Bonhomme la prend dans ses bras" (leçon 7), "Le garçon va faire à manger à une femme une fois en se vantant de l’avoir fait, le Bonhomme va le faire 2 jours de suite sans rien dire" (leçon 17), "Le garçon demande à une femme si elle veut qu’il porte son lourd sac, le Bonhomme le fait" (leçon 21).

    Si avec ça les hommes n’arrivent pas à mieux se tenir, ce sera à désespérer du genre masculin.

    Evingel, Manuel du Bonhomme
    "Evingel, celle qui veut apprendre aux hommes à mieux se tenir", Amina, mars 2016
    Lle Manuel du Bonhomme est aussi sur ce lien

  • Les femmes font-elles fausse route ?

    Dans Fausse Route, c'est un bilan lucide et sévère de 60 ans de féminisme et de combats pour le droit des femmes que propose Elisabeth Badinter.

    L'intellectuelle, qui ne cache pas son admiration pour Simone de Beauvoir et son combat d'avant-garde pour l' émancipation féminine (Le Deuxième Sexe, en 1949), brosse un tableau sombre de la condition des femmes au début du XXIe siècle.

    Malgré la fin du patriarcat et l'éclatement des archétypes – quoique cela soit à relativiser – la route pour l'égalité des femmes semble avoir fait fausse route. Elisabeth Badinter trace les contours de ce qu'est aujourd'hui la condition des femmes : des courants féministes engagés (soulignons que ce livre a été écrit avant l'apparition des Femen), un nouvel ordre moral en train de s'imposer, la vision manichéenne des relations hommes/femmes de certaines intellectuelles, la domination masculine (incontestable lorsqu'il est question de pouvoir politique et économique) et son corollaire la violence masculine, la victimisation générale de la société (conceptualisée par Pascal Bruckner), le questionnement sur la sexualité et sur ses nouveaux modèles ou la crise économique touchant plus les femmes que les hommes.

    Au final, la lutte pour l'égalité homme et femme reste semée d'embûches, malgré la vitalité de certains courants féministes. Outre le fait que certains hommes aimeraient faire payer aux femmes la fin de leur imperium, de nouvelles normes semblent s'abattre sur la condition féminine : la tentation du séparatisme, la victimisation, l'inégalité domestique, économique et politique, la maternité et l'allaitement devenus des pièges, le corps marchandisé et instrumentalisé ("corps-objet ou sexe-machine"), le concept de sexualité "innocente" des femmes contre une sexualité masculine "forcément brutale" des hommes, le rejet de l'égalité hommes-femmes dans certains quartiers avec le voile islamique et les violences faites "aux sœurs et aux cousines" (l'essai date de 2003 et rien ne s'est arrangé depuis).

    Le tableau général d'Elisabeth Badinter est sévère et contribue à alimenter le débat sur la condition féminine. La philosophe s'attaque en fin de volume au relativisme sexuel et prône moins la parité générale que la réconciliation pour le partage : "Hommes et femmes ne constituent pas deux blocs séparés. D'une part, on ne vote pas en fonction de son sexe, mais de ses intérêts et de son idéologie. D'autre part, il y a moins de différence entre un homme et une femme de même statut social et culturel, qu'entre deux hommes et deux femmes de milieux différents. Contrairement à ce qu'on a voulu faire croire, la différence sexuelle est peu de chose au regard de la différence sociale et la mère chômeuse avec deux enfants n'a pas la même priorité que la mère énarque ou chef d'entreprise."

    Elisabeth Badinter, Fausse Route, éd. Odile Jacob, 2003, 221 p.

  • Harnoncourt, le baroque mais pas que

    Lisez ou écoutez ce qui se dit sur Nikolaus Harnoncourt depuis aujourd'hui, date de l'annonce de son décès : chef d’orchestre révolutionnaire, ré-inventeur du baroque avec Gustav Leonhardt (décédé trois ans plus tôt), référence dans la musique ancienne, musicologue et pédagogue exceptionnel. Dire que Nikolaus Harnoncourt demeure un must pour les œuvres de Jean-Sébastien Bach est un euphémisme : que l’on pense à l’intégrale de ses cantates enregistrées de 1971 à 1990 ou à ses passions (sa troisième version de la Passion selon Mathieu a obtenu un Grammy Awards en 2001).

    Pour autant, limiter Harnoncourt au baroque serait lui faire offense. C’est oublier que le chef allemand a choisi, après avoir voyagé dans les chemins du baroque, de s’aventurer dans d’autres répertoires.

    Nous sommes au milieu des années 80. Après avoir proposé des relectures de Bach mais aussi Haendel, Monteverdi ou Telemann, c’est vers d’autres compositeurs que se tourne Harnoncourt. Ce seront Mozart, Franz Schubert et ses symphonies (la 8e Inachevée en 1985) et les valses de Johann Strauss.

    Les années 90 sont celles des grands classiques de la fin du XVIIIe et du XIXe siècle, essentiellement des symphonies : Mozart, bien sûr, mais aussi Beethoven, Haydn, Mendelssohn, Schumann, Brahms et encore Schubert.

    La fin du millénaire et le début des années 2000 voit Nikolaus Harnoncourt poursuivre son voyage dans le répertoire occidental. Avec constance, rigueur et goût de la découverte, le chef d’orchestre poursuit son grand dépoussiérage. En 1999, c’est à Antonin Dvorak qu’il s’attaque, puis Anton Bruckner (respectivement les symphonies 7 et 8), sans oublier Johann Strauss.

    Les années 2000 voient Harnoncourt poursuivre son travail de titan à la découverte de "l’interprétation authentique". Après Verdi, Smetlana ou Dvorak, quelques compositeurs du XXe siècle ont les faveurs du chef : Bela Bartok, Franz Schmidt ou George Gerwhwin.

    Avec le décès de Nikolaus Harnoncourt disparaît un révolutionnaire de la musique.

    http://www.harnoncourt.info

  • Petite danseuse deviendra grande

    G_10983_02.JPGCeux qui sont familiers de ce blog savent mon admiration pour le dessinateur Bastien Vivès. Après la plongée métaphysique dans une piscine municipale ("De la piscine comme univers métaphysique" pour Le Goût du Chlore) et une histoire d’amour-amitié poignante ("Les meilleurs amis du monde" pour Amitié étroite), c’est une autre BD dont je vais vous parler : Polina, sortie en 2011.

    En Russie, une jeune fille, Polina, entre dans une école de danse classique. En troisième année, elle est repérée par un professeur doué et rigoureux. À force d’abnégation et de sacrifices, la jeune fille se hisse au sommet de son art. Mais c’est par l’émancipation que la danseuse trouvera sa voie, hors de Russie.

    À l’ouverture de cette bande dessinée volumineuse, je m’attendais à lire une histoire à la Black Swann : une élève fragile, un professeur tyrannique et les cours de danse transformés en séances de torture. Mais non. Avec la finesse et la sensibilité qui le caractérise, Bastien Vivès ausculte l’âme de ses personnages et en particulier de la petite danseuse russe, à travers son parcours jusqu’à la célébrité. Comme dans ses livres précédents, les visages des personnages sont tout juste esquissés, leur donnant une abstraction universelle. Le dessinateur se concentre par contre sur les mouvements, les pas de danse, les regards, les cadres, les plans.

    Je parlais dans une critique précédente d’influence rhomérienne : comme pour le réalisateur des Six Contes, Vivès inscrit son œuvre dans notre époque. Il nous parle de la jeunesse, de ses rêves et de ses espoirs. Face au milieu de la danse classique, guindé et corseté, vient répondre les ambitions Polina et d'autres jeunes artistes tournés vers le monde et la vie. Et au milieu, se trouve un professeur à la fois complexe et déroutant, puis bouleversant dans les dernières pages. Du grand art.

    Bastien Vivès, Polina, éd. KSTR, 206 p.
    Blog de Bastien Vivès