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En ce premier jour du nouvel an chinois (l'année du Singe), l'occasion est trop bonne de revenir sur la série d'articles que j'avais consacrés aux relations hors du commun qui unissent la Chine – communiste – et Montargis, modeste sous-préfecture du Loiret.
En raison du destin de quelques jeunes Chinois, venus étudier et travailler en France au début du XXe siècle, Montargis est devenue la base de lancement de la Chine communiste.
Ces articles vous expliquent pourquoi et comment...
HBO se signale une fois de plus, après Rome, Game of Thrones ou Les Soprano ou True Detective, par une série qui séduit par son originalité et sa qualité.
Leftovers vous happe dès les premières minutes : une femme au bord de la crise de nerf revient d'une laverie avec son bébé qu'elle installe dans la voiture. En quelques secondes, le cauchemar survient : son enfant disparaît. Son enfant, mais pas que : des millions de personnes dans le monde connaissent à cet instant la même tragédie.
Nous sommes le 14 octobre, et, ce jour-là, la terre voit 2 % de sa population se volatiliser soudainement. Cet événement planétaire, à la fois fantastique et sociologique est le début de la trame de Leftovers.
Trois années plus tard, les habitants d'une petite ville américaine vivent intensément ce traumatisme qui a bousculé tous ses repères. Il apparaît bien vite que la question "Comment vivre sans ces disparus ?" est plus capitale que cette autre : "Que s'est-il passé ?" Nous suivons avec les personnages principaux de cette série, le shérif Kevin Garvey (très bon Justin Théroux), sa petite amie Nora Durst (Carrie Coon), le révérend Matt Jamison (Christopher Eccleston) ou la convertie Megan Abbott (Liv Tyler), les aléas d'une société bouleversée qui voit s'effondrer toutes ses certitudes.
Dans le même temps, des groupes sectaires avancent leur pion. En premier lieu, figurent les CS, Coupables Survivants, d'inquiétants illuminés vivant repliés sur eux, silencieux, vêtus de blanc et passant leur journée à manifester en ville... et à fumer ! Ces CS ne sont pas la moindre des inventions de Leftovers, et de ses auteurs Damon Lindelof et Tom Perrotta.
Il se pourrait bien que cette série devienne une oeuvre emblématique de notre époque. Elle est en tout cas à découvrir absolument.
Christian Binet est connu pour les Bidochon, une série de bandes dessinées sur un couple de beaufs franchouillards, râleurs et paumés dans notre monde moderne.
Ce n'est que récemment que le dessinateur s'est attelé à une autre saga, bien éloignée des Bidochon, Haut de Gamme. Cette fois, l'auteur des Bidochon s'attaque à un milieu bien différent : celui de la musique classique. Deux volumes sont parus à ce jour.
Le personnage principal, pianiste concertiste, se trouve au début du premier tome, obligé de proposer des cours particuliers. Épaulé par son compagnon, il abandonne le prestige des salles de spectacles pour enseigner, chez lui, le répertoire de Chopin, Mozart et Bach et tenter de tirer vers le haut des élèves peu doués, voire réfractaires.
Binet s'attaque au milieu feutré de la musique classique et égratigne, non sans férocité, musiciens du dimanche, artistes contrariés, professeurs au bord de la crise de nerf, apprentis pianistes perdus pour toujours ou enfants contraints de tâter de la gamme pour faire plaisir à leurs parents.
Par une succession de planches, portant pour titre le nom d'une œuvre classique, l'auteur des Bidochon parvient à rire non plus de ces Français moyens de la classe populaire (les Bidochon) mais ceux sortis d'un milieu plus aisé et plus cultivé – mais non exempt pour autant de bêtises. Cruel et cinglant : la condition humaine n'a pas de CSP.
Une auto-stoppeuse aux abois est recueillie par un automobiliste : voilà le début du Bourreau de Sergueï Belochnikov. La scène se passe près de Saint-Pétersbourg au début des années 90. Le lecteur comprend vite que celle qui se prénomme Olga a été victime d'un viol collectif. Elle trouve d'abord refuge et assistance auprès d'un ami et ancien amant, qui est aussi médecin. Après de premiers soins, il lui conseille de porter plainte et de se rendre à la milice, mais la jeune femme, journaliste-photographe, n'a qu'un seul objectif : se venger, par tous les moyens. Après une première traque de ses quatre agresseurs, Olga parvient à s'acheter le concours d'un parrain de la mafia russe. Puisque la vengeance est un plat qui se mange froid, la victime se transforme en bourreau. La machine à broyer ses tortionnaires est en marche, pour le meilleur et pour le pire.
Ce polar russe, rugueux et implacable a été un peu oublié. Il est pourtant intéressant à plus d'un titre.
D'abord par l'histoire proprement dite : celle d'une femme refusant de rester victime et choisissant de se faire justice elle-même, seule et contre l'avis de tous. Ensuite, par le portrait de l'héroïne : Olga est une femme attachante, une Russe émancipée sous la perestoïka, reconnue par ses pairs grâce à ses reportages (signalons au passage une incursion passionnante dans l'Afghanistan en guerre, au début des années 80). Elle se trouve plongée du jour au lendemain dans un cauchemar absolu – un viol au sujet duquel l'auteur prend subtilement le parti d'en dire le minimum. Or, ce cauchemar, la brillante jeune femme choisit de l'entretenir en s'acoquinant avec un mafioso inquiétant.
Sergueï Belochnikov écrit ceci au sujet de son roman et du personnage principal : "Je ne considère pas Le Bourreau comme un roman policier... Il représente l'âme féminine russe, qui m'a attiré toute ma vie. Olga est une femme forte... Forte et indépendante. L'agression qu'elle subit lui donne un désir de vengeance aussi fort qu'elle."
Je vois un autre intérêt dans ce roman : son traitement littéraire. L'auteur a astucieusement choisi de changer de narrateur à chaque chapitre, faisant de ce polar une oeuvre polyphonique et subjective.
Sergueï Belochnikov, Le Bourreau, éd. France Loisirs, 1995, 320 p.
Je publiais il y a quelques semaines un article sur l'enquête du journaliste Bernard Hasquenoph au sujet d'Ahae, un obscur photographe coréen - et escroc - soutenu par les plus grandes institutions culturelles françaises ("Escroc, gourou et artiste").
Cette fois c'est au Grand Palais que Bernard Hasquenoph s'attaque, l'objet étant "une publi-exposition qui ne dit pas son nom", comme le titre le journaliste et bloggeur dans une tribune publié sur le site du Monde.fr("Au Grand Palais, une publi-exposition qui ne dit pas son nom").
L'objet de sa charge est la fondation LVMH qui, à côté d'une exposition sur Picasso, s'offre une exposition publicitaire grandeur nature au Grand Palais. Bernard Hasquenoph s'offusque moins de cette démarche de communication que de l'absence d'informations données aux visiteurs qui sont en droit de savoir que les grands établissements nationaux - payés avec leurs impôts - servent de cautions intellectuelles et d'entreprises de communication pour des entreprises privées. Au passage, le journaliste pointe du doigt une dérive mercantiliste des grands musées parisiens.*
Dans un loft, quatre artistes se sont donnés rendez-vous sur le thème du corps, du sexe, de l'amour, du trouble et, quelque part, de la confusion des sentiments. C'est cette confusion qui guident Vanessa Herin, Ben Anton, Xavier Devaud, et Nathalie Cougny, réunis ce week-end au Julia (Paris 3e) à l'initiative de cette dernière, écrivain, peintre, poète. Nathalie Cougny présentait ce samedi 23 janvier son dernier livre, Amour et Confusions... qui sort actuellement en librairie (éditions Sudarènes). J'aurai bientôt l'occasion de reparler plus longuement de ce roman qui pourrait bien être une des surprises littéraires de ce début d'année.
L'exposition collective "En Corps !" au Julia (en collaboration avec Passage du Désir, le magazine Galante, Karim Haïdar Traiteur et Cherry Gallery) accompagne cette sortie nationale. Pour "En Corps !", le fil conducteur de l’illustratrice Vanessa Herin, du photographe belge Ben Anton et des peintres Xavier Devaud et de Nathalie Cougny est Aurore, le personnage principal de l'autofiction Amour et Confusions... Graphisme, photo, peinture, dessin et littérature (sans oublier l'art culinaire) se servent et se répondent dans une belle harmonie, au service d'un message plus sérieux et moins léger que ce que l'on voudrait bien croire : un questionnement sur le couple, les rapports homme-femme, le sexe ou notre rapport au corps.
Vanessa Herin s'est appropriée le roman de Nathalie Cougny pour proposer des peintures au réalisme cinématographe. Sous son pinceau, Aurore prend vie, débusquée dans son intimité, dans une chambre après l'amour ou à l'intérieur d'une voiture dans les bras de son amant.
Pour l'exposition "En Corps !", la présence du photographe Ben Anton sonne comme une évidence. Celui qui a mis sur les fonts-baptismaux la photographie gestuelle présentait plusieurs de ses œuvres, dont le cliché qui illustre la couverture du roman de Nathalie Cougny. Les sujets de Ben Anton sont pris sur le vif au point d'être à la limite de l'abstraction. Poses longues, jeux sur le zoom et sur l'obturateur donnent à ses photographies vitesse, urgence et un trouble vital et joyeux.
Il est encore question de trouble s'agissant des œuvres exposées par Xavier Devaud. De puissantes huiles figent des visages d'hommes dans des brouillards cotonneux. Ces portraits d'hommes sont ainsi comme isolés et immobilisés dans une solitude terrible. Xavier Devaud présente également des dessins de nus d'une diabolique efficacité et d'un graphisme précis à couper le souffle. Cette fois c'est dans l'intimité des corps que nous pénétrons. Dans la grande tradition de Jean Cocteau ou de Jean Marais, des hommes et des femmes s'étreignent, s'embrassent, se toisent ou se déchirent dans des scènes orgiaques souvent crues.
Ces dessins érotiques tranchent avec les peintures de Nathalie Cougny. Elle présente pour "En Corps !" des œuvres abstraites où des huiles rougeoyantes pleines d'harmonie pouvant être traversées de stries énergiques, côtoient des toiles aux larges aplats noirs où se mêlent des tourbillons fluides et légers.
L'univers dévoilé par Nathalie Cougny et ses amis n'est pas simplement une exposition artistique : c'est aussi une vraie expérience sensorielle qui est aussi une invite à découvrir son dernier roman. Nous y reviendrons plus tard sur ce blog.
Le café philosophique de Montargis est de retour en ce début d'année et proposera une nouvelle séance le vendredi 29 janvier 2016, à 19 heures, à la brasserie du centre commercial de La Chaussée. Le débat, choisi par les participants de la séance de décembre portera sur cette question : "L'Histoire se répète-t-elle ?"
L'Histoire, une véritable passion française, n'avait jamais été un sujet débattu parles participants de l'animation de la Chaussée. Ce sera chose faite pour cette 54e séance qui s'intéressera à cette idée que les faits historiques pourraient bien être cycliques ou du moins se répéter à intervalles plus ou moins régulières. Cette affirmation tient-elle la route ? Pouvons-nous dire, à l'instar d'Hegel, que les hommes n'apprennent jamais rien ? L'Histoire a-t-elle un but ? Ce qui semblerait être une répétition d'événements historiques (guerres, révolutions, faits de société, etc.) n'est-il qu'une illusion ? Le libre-arbitre et la liberté de chacun de nous peut-il avoir sa place dans « la grande machine de l'Histoire » ? Ce sont autant de points qui seront discutés et débattus le vendredi 29 janvier, à partir de 19 heures à la brasserie du Centre Commercial de La Chaussée de Montargis.
Ce fait nous est rapporté par le Quotidien de l'Art du 19 janvier dernier et a pour protagoniste le Musée d'Orsay, une artiste contemporaine et un respectable grand maître de la peinture, Édouard Manet.
L'auguste musée avait, dans un souci de populariser la peinture autant que de faire un peu de retape commerciale, proposé "d'emmener [les] enfants voir des gens tout nus". Ce n'est pas moi qui le dit mais une publicité pour l'exposition "Splendeurs et misères, images de la prostitution, 1850-1910" (22 septembre 2015 au 17 janvier 2016). Cette promesse a été tenue au-delà de toutes les attentes, au grand dam du musée parisien.
L'artiste luxembourgeoise Deborah de Robertis a profité de l'exposition temporaire sulfureuse pour réaliser une performance qui a affolé agents de surveillance des salles, responsables du musée et forces de l'ordre.
La réponse des autorités et de l'institution culturelle a, en quelque sorte, répondu aux attentes de Deborah de Robertis puisque ce sont les forces de l'ordre qui ont mis fin à la performance de l'artiste – à la demande du musée organisateur. Celle-ci s'est élevée contre cette forme de censure et ce que son avocat qualifie de "pudibonderie judiciaire".
"Voir des gens nus", avait promis le prestigieux Musée d'Orsay. La promesse a été respectée au-delà de toutes les espérances, par la même artiste qui avait rendu chèvre le musée d'Orsay en exposant son sexe devant le tableau L'Origine du Monde de Courbet. C'était en 2014. L'artiste avait écopé à l'époque d'une condamnation pour exhibition sexuelle. Cette fois, Deborah de Robertis s'en tire avec un rappel à la loi. Jusqu'à la prochaine performance ?