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• • Articles et blablas - Page 300

  • Œuvres de Stanley Kubrick laissées à l’état de projets

    Brûlant Secret d’après Stefan Zweig (1956) : une sitcom avec Ernie Kovacs (1957).

    J’ai volé 16 000 000 de Dollars (1957) d’après le livre d'Herbert Emerson Wilson.

    The Authentic Death of Hendry Jones avec Marlon Brando (1957) : un western d’après Le roman Charles Neider au sujet du shérif Par Garett et du bandit Billy the Kid. Ce film sera finalement tourné sous le titre La Vengeance aux deux Visages.

    Napoléon (1968) : un projet pharaonique sur lequel Kubrick travailla pendant des années, en vain. Jack Nicholson était pressenti pour le rôle de l'empereur français.

    Aryan Papers, d’après un roman de Louis Begley : Une éducation polonaise (1991) est le récit de la survie d’un jeune juif et de sa tante dans la Pologne nazie. Kubrick stoppe ce projet lorsqu’il apprend que Steven Spielberg tourne La Liste de Schindler (1993). Le film devrait finalement être porté à l'écran, avec Ang Lee à la réalisation.

    Le Lieutenant allemand : un film sur les parachutistes allemands à la fin de la seconde guerre mondiale.

    I.A. Intelligence artificielle, inspiré d’une nouvelle de Brian Aldiss (Des Jouets pour l’été) et devenu un film mais réalisé par Steven Spielberg et sorti en 2001.

    La suite ici, avec un focus sur Stanley Kubrick et la musique

  • "Le Soir, Lilith" sélectionné aux V&S Awards 2014

    bouton-awards-home.pngJ'avais parlé, il y a quelques mois de cela, du roman de Philippe Pratx, Le Soir, Lilith, dans l'article "Lilith Havesi : sa vie et ses deux morts"

    Le Soir, Lilith est nominé pour les V&S Awards 2014 dans la catégorie Meilleur roman fantastique.

    Pour participer au vote de ces récompenses, rendez-vous sur ce lien : http://www.vampires-sorcieres.fr/#vs-awards.

    Vampires & Sorcières

     

  • "Eyes Wide Shut" : Les yeux grands ouverts

    Douze années séparent Full Metal Jacket d’Eyes Wide Shut. Durant cette période, Stanley Kubrick travaille sur plusieurs projets de films : Une Education polonaise, un film sur la Shoah que Kubrick interrompt lorsqu’il apprend que Spielberg tourne La Liste de Schindler et IA Intelligence artificielle qui sera finalement réalisé par… Spielberg.

    Au milieu des années 1990, Kubrick reprend la caméra pour tourner un "petit film intimiste", l’adaptation contemporaine d’une nouvelle de l’auteur autrichien Arthur Schnitzler, Traumnovelle (La Nouvelle rêvée), sujet qu’il comptait déjà réaliser en 1968. Le scénario d’Eyes Wide Shut est co-écrit avec le scénariste français Frédéric Raphael. Les deux hommes travaillent sur une histoire mêlant crise conjugale, fantasmes, rêves érotiques, aventures amoureuses réelles et occasions manquées.

    Comme à son habitude, Kubrick opte pour des personnages contemplatifs, des mouvements de caméras fluides, l’utilisation de couleurs primaires, donnant à son film une atmosphère onirique. Le tournage du film débute fin 1996 dans le plus grand secret et non sans difficultés. Il dure 19 mois. Stanley Kubrick doit s’adapter aux acteurs qu’il dirige. Le couple Tom Cruise et Nicole Kidman est à l’époque l’un des plus en vue. La perspective de les voir ensemble à l’écran sous la direction de Stanley Kubrick suscite la curiosité du public. Le cinéaste doit aussi remplacer au pied levé Harvey Keitel qui quitte le tournage au bout de six mois. Il est remplacé par Sydney Pollack. De même, Kubrick décide également de retourner une scène entre Tom Cruise et Jennifer Jason Leigh, qui avait été engagée pour tenir le rôle de Marion. Malheureusement, à l’époque cette dernière est déjà sur le tournage d’eXistenZ de David Cronenberg. La scène est donc retournée mais avec l’actrice suédoise Marie Richardson.

    La fin du tournage a lieu en juin 2008. Le film est présenté quelques mois plus tard à la Warner. Lors de la projection le 6 mars 1999, Kubrick confie qu’Eyes Wide Shut est son meilleur film. Il décède d’une crise cardiaque le lendemain.

    Eyes Wide Shut, de Stanley Kubrick, avec Tom Cruise, Nicole Kidman et Sidney Polack, Etats-Unis, 1999, 159 mn

    La suite, ici avec les films laissés à l'état de projet par le réalisateur

  • Autrui, antidote à la solitude ?

    montargis,café philo,loiretLe café philosophique de Montargis proposera sa prochaine séance le vendredi 20 mars 2015, à partir de 19 heures, à la Brasserie du centre commercial de la Chaussée, à Montargis. Le débat proposé portera sur cette question : "Autrui, antidote à la solitude ?"

    "Rien ne peut être fait dans la solitude" affirme Picasso. Dès lors, l'homme est-il un animal politique ? La présence d'autrui, mon alter ego, me permet elle de ne pas me sentir, de ne pas être seul ? Qu'est-ce que la solitude et faut-il la refuser ? Mon semblable peut-il en être l'antidote ?

    Ce sont autant de questions qui pourront être échangés le vendredi 20 mars, à 19 heures, à la brasserie du centre commercial de la chaussée. La participation sera libre et gratuite.

    http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com

  • Shining : l'anti-Psychose

    Pour une lecture complète et passionnante du film Shining (1980), je vous invite à la lecture critique qu'en fait Eugenio Renzi, dans son article "Shining, l'anti Psychose" : "C’est sans doute le plus réussi des films de Stanley Kubrick, d’un cinéaste dont le projet a été d’emblée de ne réaliser que des chefs d’œuvre..."

    Cet article a été publié en novembre 2009 sur le site des Cramés de la Bobine, à l'occasion de la rétrospective Kubrick à l'AltiCiné de Montargis, en novembre 2009.

    Eugenio Renzi, Shining, "L’anti-Psychose"

    La suite, ici...

  • 2001 en 1968

    En 1964, L’année de la sortie de Docteur Folamour, Kubrick rencontre Arthur C. Clarke. Ils décident de collaborer à un film de science-fiction. Clarke propose comme point de départ sa nouvelle La Sentinelle, écrite en 1948. Le sujet de cette histoire est la découverte par des astronautes d’un tétraèdre extraterrestre sur la lune.

    Kubrick et Clarke travaillent simultanément sur ce projet : le scénario pour Kubrick et un roman pour Clarke. Le parti pris est de construire une vaste saga de l’humanité depuis la naissance de l’intelligence humaine plusieurs milliers d’années avant notre ère jusqu’à la rencontre avec de nouvelles intelligences (artificielle puis extraterrestre) dans le futur.

    2001 : L’Odyssée de l’Espace (A Space Odyssey), film de science-fiction autant que fable philosophique et poétique, est d’une puissance et d’une ambition sans égale. Cette œuvre mythique a marqué le cinéma comme jamais. Kubrick, cinéaste confirmé en pleine maîtrise de sa technique, use de moyens jamais vus pour ce tournage. Il s’entoure de techniciens renommés et s’appuie sur des outils révolutionnaires de la NASA pour élaborer un film aussi impressionnant que magnifique.

    Cette œuvre audacieuse et complexe est en outre indissociable de sa bande-son : l’ouverture d’Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss (les trois plus célèbres notes de musique de l’histoire du cinéma !), le Kyrie de Ligeti et bien sûr Le Beau Danube Bleu achèvent de donner à ce film une couleur majestueuse.

    Il y a eu sans nul doute un avant et un après 2001 : l’Odyssée de l’Espace. Signe des temps, le film est sorti en 1968, année révolutionnaire s’il en est !

    2001, L'Odyssée de l'Espace ( A Space Odyssey), de Stanley Kubrick, avec Keir Dullea, Gary Lockwood et William Sylvester, Etats-Unis, 1968, 139 mn

    La suite de ce dossier ici, avec un focus sur Shining...

  • Stanley Kubrick [3] : Dernières années, derniers chefs d'œuvres

    Après l'échec commercial de Barry Lyndon, Kubrick a besoin d’un succès commercial pour la suite de sa carrière. Il choisit de tourner un film d’épouvante, un genre très à la mode à la fin des années 1970. Il achète les droits d’un roman de Stephen King, The Shining. Dans cette histoire de maison hantée (ou plutôt d’hôtel hanté), Jack Torrance, le personnage principal joué par Jack Nicholson, est recruté comme gardien d’un somptueux et mystérieux hôtel. Ce travail doit lui permettre de retrouver son inspiration d’écrivain. Sa femme et son jeune enfant, doté d’un pouvoir extralucide, le "shining", l’accompagnent. Dans cet établissement, le spectateur apprend qu’un précédent gardien a assassiné quelques dizaines d’années plus tôt sa femme et ses filles jumelles. Peu à peu, l’hôtel hanté – mais aussi les frustrations de Jack Torrance devant son incapacité à créer – font basculer le trio familial dans l’horreur.

    La sortie en 1980 de Shining suscite une réaction négative des critiques (bien qu’avec le recul il n’est pas injuste de dire qu’il reste la meilleure adaptation d’un roman de Stephen King). Au contraire des autres films de Kubrick dont le succès est venu grâce au bouche à oreille, cette fois la Warner a lancé une campagne de communication importante qui attire un public curieux. Lors du premier week-end d’exploitation aux États-Unis, Shining rapporte un million de dollars, un succès encore plus important que L’Exorciste (1973) et Superman (1978). Malgré tout, le réalisateur reconnaît n’être pas entièrement satisfait du résultat ; il reproche même au jeu de Jack Nicholson de n’être pas suffisamment... réaliste!

    Malgré tout, fort du succès de Shining, Kubrick peut poursuivre sa collaboration avec la Warner. En 1980, il s’intéresse à la guerre du Vietnam grâce à sa rencontre avec Michael Herr, l’auteur d’un livre reportage sur ce sujet mais aussi suite à la lecture du Merdier, un roman percutant et provocateur de Gustav Hasford sur ce sujet. En 1987, sort Full Metal Jacket, succès public autant que critique ("Le plus grand film de guerre de tous les temps", annonce l’affiche promotionnelle), et ce malgré la sortie simultanée de Platoon, d’Oliver Stone, autre film de guerre sur le Vietnam. La renommée de Full Metal Jacket tient pour beaucoup à la composition magistrale du sergent instructeur Hartman, qu’aucun spectateur ne peut oublier.

    Au début des années 1990, Kubrick souhaite tourner un film "intimiste", en attendant de s’attaquer à une œuvre plus ambitieuse. Il s’intéresse à la nouvelle autrichienne d’Arthur Schnitzler, Traumnovelle (La Nouvelle rêvée) et intitule son projet : Eyes Wide Shut.

    Kubrick transpose à New York cette histoire d’un couple en pleine interrogation sur ses désirs, ses pulsions et ses fantasmes. Mais, une fois de plus, il transcende cette histoire intimiste. Sous l’œil du Maître, Eyes Wide Shut devient une œuvre grandiose à l’esthétique somptueuse. Il atteint dans ce film le sommet de son art.

    Ce succès tient aussi à la performance de Tom Cruise et de Nicole Kidman, deux stars hollywoodiennes en couple à la ville à l’époque du tournage (il est patent de signaler qu’ils divorceront peu de temps après la sortie du film). Sidney Pollack remplace au pied levé, et avec bonheur, Harvey Keitel, après six mois de tournage.

    Lors de la présentation du film à la Warner le 8 mars 1999, Kubrick déclare qu’il s’agit de sa meilleure œuvre. Il décède le lendemain à l’âge de 70 ans et ne peut assister au succès critique et public de ce film hors norme.

    Filmographie complète de Stanley KubrickDay of the fight (1951), documentaire, court-métrage, NB, 16 mn, avec Walter Cartier. Flying Padre (1951), documentaire, court-métrage, NB, 8 mn, avec : Fred Stadmueller. Fear and Desire (1953), film de guerre, NB, 68 mn, avec Franck Silvera, Paul Mazursky, Kenneth Harp, Steve Coit, Virginia Leith. The Seafarers (1953), documentaire, court-métrage, couleurs, 30 mn. Le Baiser du Tueur (Killer’s Kiss , 1955), polar, NB, 67 mn, avec Franck Silvera, Jamie Smith, Irene Kane et Jerry Jarret. L’Ultime Razzia (The Killing , 1956), polar, NB, 85 mn, avec Sterling Hayden, Coleen Gray, Vince Edwards, Jay C. Flippen, Ted de Corsica, Mary Windsor, Elisha Cook Jr, Joe Sawyer, James Edwards. Les Sentiers de la Gloire (Paths of Glory , 1957), film de guerre, NB, 86 mn, avec Kirk Douglas, Ralph Meeker, Adolphe Menjou, George Macready, Christiane Susanne Harlan. Spartacus (1960), péplum, couleurs, 198 mn (version restaurée de 1991), avec Kirk Douglas, Laurence Olivier, Jean Simmons, Charles Laughton, Peter Ustinov, John Gavin, Nina Foch, John Ireland, Herbert Lom, John Dall, Charles McGraw, Woody Strode, Tony Curtis, Anthony Hopkins. Lolita (1962, comédie dramatique, NB, 152 mn, avec James Mason, Sue Lyon, Shelley Winters, Peter Sellers, Garry Cockrell, Jerry Stovin, Diana Decker, Lois Maxwell. Docteur Folamour (Dr Strangelove : or How I learned to Stop Worrying and Love the Bomb , 1964), comédie satirique, NB, 93 mn, avec Peter Sellers, George C. Scott, Sterling Hayden, Keenan Wynn, Slim Pickens, Peter Bull, James Earl Jones. 2001 : l’Odyssée de l’Espace (2001 : a Space Odyssey, 1968), avec Keir Dullea, Gary Lockwood, William Sylvester, Daniel Richter, Leonard Rossiter, Margaret Tyzack, Robert Beatty, Sean Sullivan, Dougals Rain. Orange mécanique (A Clockwork Orange, 1971), avec Malcolm McDowell, Patrick Magee, Michael Bates et Warren Clarke. Barry Lyndon (1975), film d’époque, couleurs, 184 mn, avec Ryan O’Neal, Marisa Berenson, Patrick Magee, Hardy Krüger, Steven Berkoff, Gay Hamilton, Marie Kean et Franck Middlemass. Shining (The Shining , 1980), épouvante, couleurs, 146 mn, avec Jack Nicholson, Shelley Duvall, Danny Lloyd et Scatman Crothers. Full Metal Jacket (1987), film de guerre, couleurs, 116 mn, avec Matthew Modine, Adam Baldwin, Vincent D’Onofrio et R. Lee Ermey. Eyes Wide Shut (1999), drame intimiste, couleurs, 159 mn, avec Tom Cruise, Nicole Kidman, Sidney Pollack, Marie Richardson, Julienne Davies, Vinessa Shaw et Leelee Sobieski.

    Paul Dunca, Stanley Kubrick, Filmographie complète, éd. Taschen, 2003
    Michel Ciment, Stanley Kubrick, éd. Calmann-Levy, 2011
    Les Cramés de la Bobine

    Voir aussi les deux articles précédents :

    Stanley Kubrick [1] : Premiers pas d'un géant
    Stanley Kubrick [2] : Émancipation d'un génie

    Ici, la suite de ce Dossier Kubrick 

  • Stanley Kubrick [2] : Émancipation d'un génie

    Plus que Spartacus, c’est le film suivant, Lolita, qui va être déterminant dans la carrière de Kubrick.

    Alors que Kirk Douglas le contacte pour qu’il tourne ce péplum flamboyant, le cinéaste travaille déjà sur un autre projet : l’adaptation du roman de Vladimir Nabokov, Lolita. Sorti aux États-Unis en 1958, ce livre scandaleux a été un succès public et critique. Kubrick et son fidèle associé Harris, qui ont acheté les droits, négocient avec la United Artists pour faire ce film tout en gardant le contrôle absolu sur sa réalisation. Après avoir obtenu gain de cause, ils s’envolent en 1962 pour la Grande-Bretagne afin de bénéficier de clauses financières plus intéressantes. James Mason est engagé. La jeune Sue Lyon (14 ans à l’époque) est recrutée pour jouer le rôle de Lolita et Peter Sellers est choisi comme second rôle. Cette histoire d’amour entre une jeune adolescente et un homme mûr parvient à contourner la censure anglaise grâce à la grande diplomatie de Kubrick et à sa mise en scène tout en nuance. L’humour n’est pas absent de ce drame amoureux, pas plus que les attitudes ambiguës des personnages secondaires. Au final, ce film au budget moyen, tourné en quelques semaines, s’avère non seulement rentable commercialement mais en plus il installe Kubrick parmi les cinéastes les plus en vue. Après Lolita, ce dernier est conforté dans son désir de contrôler de A à Z ses créations, de la production jusqu’au montage et à la musique.

    De retour aux États-Unis, il s’attaque à un thème bien différent : la course à l’arme atomique. Après le choix de l’adaptation d’un roman sombre de Peter George (Red Alert), Kubrick confie au journaliste satirique Terry Southern le soin d’en faire un scénario loufoque. Le titre complet en anglais est lourd de sens : Dr Strangelove : or How I learned to Stop Worrying and Love the Bomb (que l’on pourrait traduire par : Dr Folamour : ou comment j’ai arrêté de m’en faire et que je suis tombé amoureux de la Bombe). Docteur Folamour raconte l’histoire d’un bombardier sommé par erreur de larguer des ogives nucléaires sur l’URSS, ce qui déclenche l’apocalypse nucléaire. Ce film très sarcastique et pessimiste (et aussi avec une forte connotation sexuelle !) permet à Kubrick de retrouver deux acteurs qu’il avait déjà mis en scène, Peter Sellers et Sterling Hayden. Après la fin du tournage en 1963, Kubrick passe au montage, qui dure huit mois et aboutit à un film proche de la perfection. C’est aussi un succès critique et commercial.

    L’année de la sortie de Docteur Folamour, Kubrick rencontre Arthur C. Clarke. Ils décident de collaborer à un film de science-fiction. Clarke propose comme point de départ sa nouvelle La Sentinelle, écrite en 1948. Le sujet de cette histoire est la découverte par des astronautes d’un tétraèdre extraterrestre sur la lune. Kubrick et Clarke travaillent simultanément sur ce projet : le scénario du film pour Kubrick et un roman, 2001 : l’Odyssée de l’Espace pour Arthur C. Clarke. Ces deux œuvres seront des succès autant que de véritables classiques. Le parti pris du cinéaste est de construire une vaste saga de l’humanité depuis la naissance de l’intelligence humaine plusieurs milliers d’années avant notre ère jusqu’à la rencontre avec de nouvelles intelligences (artificielle puis extraterrestre) dans le futur.

    On ne soulignera pas assez à quel point 2001 : l’Odyssée de l’Espace, film de science-fiction autant que fable philosophique et poétique, est d’une puissance et d’une ambition sans égale. Cette œuvre mythique a marqué le cinéma comme jamais. Kubrick, cinéaste confirmé en pleine maîtrise de sa technique, use de moyens jamais vus pour ce tournage. Il s’entoure de techniciens renommés et s’appuie sur des outils révolutionnaires de la NASA pour élaborer un film aussi impressionnant que magnifique. Il y a eu sans nul doute un avant et un après 2001 : l’Odyssée de l’Espace. Signe des temps, le film est sorti en 1968, année révolutionnaire s’il en est !

    Vers cette époque, la vie de Kubrick commence à fasciner la presse. Installé à Londres avec sa femme et ses trois filles, sa vie personnelle est surveillée par les médias. On le sait hyperactif, méticuleux jusqu’à l’obsession et capable de documentations phénoménales pour ses projets.

    En 1971, Kubrick s’attaque à l’adaptation du roman d’Anthony Burgess, Orange mécanique. Là encore, l’auteur de Lolita frappe fort mais pas là où on l’attendait. En suivant l’itinéraire criminel de jeunes adolescents puis l’histoire de la réintégration mouvementée d’Alex, le leader de ce gang dans la société, Kubrick déclenche la polémique. Certains auteurs de faits violents à l’époque l’accusent de les avoir inspirés. Les images chocs ont tout pour susciter l’indignation de la censure (scènes de viols, détachements des personnages principaux devant leurs méfaits, notions fluctuantes du bien et du mal). Aux Etats-Unis, le film est classé X. Pour stopper la vague d’indignation en Grande-Bretagne, Kubrick choisit d’arrêter de lui-même la diffusion de son film dans ce pays. Il n’y sera autorisé qu’en 2000, soit un an après la mort du cinéaste.

    Fort du soutien de la Warner, Stanley Kubrick peut se permettre un contrôle artistique absolu sur sa création artistique, tout en pouvant user de budgets conséquents. Son souci de perfection atteint des sommets avec Barry Lyndon, un film longtemps sous-estimé. Il s’agit d’une adaptation du roman anglais de William Makepeace Thackeray, Les Mémoires de Barry Lyndon, écrit en 1844 et racontant à la première personne la réussite sociale puis la chute d’un parvenu irlandais au XVIIIe siècle. Kubrick choisit cependant pour voix off celle d’un narrateur anonyme, donnant au personnage de Lyndon une distance froide et cynique.

    Le tournage de Barry Lyndon est devenu légendaire : tournages aux chandelles (grâce à un objectif mis au point par la NASA ! – 2001 : l’Odyssée de l’Espace n’est pas loin!), costumes historiques achetés par Kubrick lui-même et copiés méticuleusement, perruques réalisées avec les cheveux de jeunes Italiennes entrant au couvent, répétitions incessantes des acteurs, décors entièrement naturels, prises innombrables et épuisantes pour l’équipe de tournage. À sa sortie en 1975, et bien qu’il soit considéré comme un chef d’œuvre primé à de multiples reprises, le public boude cette fresque somptueuse.

    Stanley Kubrick doute : durant cette période, il se demande comment il pourra rebondir...

    La suite, ici...