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• • Articles et blablas - Page 44

  • Essai sur le libre arbitre

    shopenhauer,livre,essai,confrérie,philosophie,philosopheIl ne s'agit pas du livre le plus connu d'Arthur Schopenhauer mais c'est un essai très abordable qui permet de comprendre quelques bases de la pensée de ce philosophe majeur.

    Écrit en 1837, Essai sur le libre arbitre est en fait la contribution de Schopenhauer à un concours de la Société Royale de Norvège qui avait posé ce problème : "Le libre arbitre peut-il être démontré par le témoignage de la conscience de soi ?" Le philosophe allemand part de cette problématique pour mieux asseoir ses théories sur la liberté (elle n'existe que d'un point de vue moral) et le libre arbitre (c'est un leurre). 

    Arthur Schopenhauer, Essai sur le libre arbitre, éd. Rivages, 166 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2011/08/12/21781308.html
    https://www.payot-rivages.fr/rivages/livre/essai-sur-le-libre-arbitre-9782743641313

    Voir aussi : "Le Sang noir"

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  • Histoires de roux et de rousses

    Je vous parlais il y a peu de l’étonnante et rafraîchissante compilation de Camille et Julie Berthollet consacré aux génériques télé (Series). Tout aussi vivifiant, leur version des Quatre Saisons de Vivaldi, sortie en 2019, mérite que l’on s’y intéresse.

    Certes, depuis les revisites baroques sur instruments d’époque au cours des années 80 et 90, le chef d’œuvre populaire du compositeur roux vénitien semble avoir été assez peu dépoussiéré – si l’on excepte celle de Nemanja Radulovic en 2011. Or, soyons honnêtes, les jeunes divas rousses de la musique classique ne révolutionnent pas la lecture des célèbres quatre concertos pour violon.

    C’est un retour à une œuvre classique, archi-jouée, archi-connue et archi-réutilisée que Camille et Julie Berthollet proposent, et l’on doit bien admettre que les violonistes se tirent très bien de cet exercice, si l’on pense au "Printemps ». Pour "L’été", les interprètes mettent la jeunesse, l’enthousiasme et la vivacité à l’honneur, dans un premier mouvement "Allegro non molto" mené tambour battant et un "Allegro" naturaliste et nerveux.

    L’auditeur ne se sentira pas dépaysé par cette version somme toute classique des Quatre Saisons, dont chaque concerto ne dépasse pas les douze minutes, ce qui rend cette œuvre d’autant plus dense, efficace et imagée : les danses villageoises aux beaux jours, les paysages écrasés de soleil, les couleurs de l’automne, la nature qui s’endort (l’"Adagio Molto" de "L’automne"), sans oublier les tourbillons musicaux incroyables dans "L’hiver", sont sans aucun doute l’un des summums de la musique classique. 

    Pop

    Si les sœurs Berthollet ont appelé leur album Nos 4 Saisons, ce n’est évidemment pas sans raison. Comme elles l’écrivent en présentation de leur disque, les interprètes insistent sur la puissance et l’influence de cette œuvre du "prêtre roux" dans l’histoire de la musique : "Si on écoute bien, on retrouve ses harmonies dans toute la musique pop d’aujourd’hui".

    "Pop". Le mot est dit et assumé. Camille et Julie Berthollet assument cette idée en proposant, suite à leur version des concertos de Vivaldi, quatre chansons composées en grande partie par les sœurs Berthollet d’après des fragments et des extraits des Quatre Saisons. C’est "Pour être une femme", en featuring avec Joyce Jonathan, d’après "L’hiver", c’est "Même étoile", avec Ycare, d’après "L’automne". C’est aussi "Crash d’amour", avec Foé d’après "Le printemps". Il faut aussi parler de "Regard d’été" écrit, composé et interprété (on aimerait même dire slamé) avec grâce par Camille et Julie Berthollet. Cette chanson est sans doute l’un des bijoux surprises de cet étonnant opus, opus plaisir qui entend dépoussiérer les monuments du classique.  

    Comme beaucoup d’enregistrements des Quatre Saisons, celui-ci se termine avec une version de L’estro armonico, un ensemble de concertos pour violon, mené avec maestria et un plaisir manifeste. Et comme les sœurs Berthollet entendent assumer jusqu’au bout leurs envies de décloisonner les genres, elles clôturent leur album avec une chanson originale, "Falling", prouvant que ces artistes ne sont pas que des interprètes inspirées. Elles sont aussi des compositrices, aussi à l’aise dans le classique que dans la pop et la chanson. 

    Camille & Julie Berthollet, Nos 4 Saisons, Warner Classics, 2019
    https://www.warnerclassics.com/fr/release/4saisons
    https://www.camilleetjulieberthollet.com
    https://www.facebook.com/camilleetjulieberthollet
    https://www.instagram.com/julieberthollet
    https://www.instagram.com/camilleberthollet
    https://www.youtube.com/channel/UCd4tZR7nSGBtHF5Gbt4BZQg

    Voir aussi : "Chiller avec les sœurs Berthollet"

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  • Tous (bientôt) fans du Dr Harrow

    Parmi la pléthore de figures télé médicales, il faut compter sur celle du Dr Harrow. Trois saisons sont d’ores et déjà disponibles sur Disney+, les producteurs hésitant encore à poursuivre l’aventure, ce qui serait un gâchis incroyable !

    Lorsque la série commence, le brillant praticien Daniel Harrow s’évertue à cacher un cadavre. Exercice à la fois pratique et peu orthodoxe pour ce professionnel exerçant comme médecin légiste. Le fil rouge de cette première saison est l’histoire de ce corps caché puis retrouvé. Outre cet épisode peu ordinaire, Harrow doit gérer son adolescente de fille Fern, son ex Stephanie Tolson et ses collègues, Simon, le policier Bryan Nichols et l'inénarrable Lyle Fairley. Sans oublier des cas de crimes et de morts suspects, tous aussi incroyables les uns que les autres. 

    Des personnages féminins très forts

    Un homme mangé par un crocodile, deux touristes retrouvés assassinés dans un hôtel de luxe après une soirée peu ordinaire, un accident de voiture dévoilant un secret de famille insupportable, la mort suspecte d’un retraité trop discret. Ce sont quelques-unes des affaires de la première saison que devra résoudre Harrow Sans compter cette histoire de cadavre au sujet duquel sa petite amie, Soroya commence à enquêter.

    Parlons justement des personnages féminins très forts, à commencer par Fern (Ella Newton), aussi insaisissable qu’attachante. On parlera aussi de Grace Molyneux, apparaissant dans la saison 2. Impossible de dévoiler à l'avance l’identité de cet autre personnage secondaire, joué par Jolene Anderson avec un mélange d’aisance, de détachement et de sex-appeal .

    Tout cela fait du sémillant Harrow un des personnages les plus réussies de la télévision. En ce moment sur Disney+.

    Dr Harrow, série policière australienne de Stephen M. Irwin et Leigh McGrath,
    avec Ioan Gruffudd, Ella Newton, Darren Gilshenan, Damien Garvey,
    Hunter Page-Lochard et Jolene Anderson, 3 saisons depuis 2019, Disney+.

    https://iview.abc.net.au/show/harrow
    https://www.disneyplus.com/fr-fr/series/dr-harrow

    Voir aussi : "Indiens et envahisseurs"

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  • La vie XXL

    Tout droit venu des États-Unis, le roman de Mecca Jamilah Sullivan, Big Girl (éd. Plon) promet d’être un livre que l’on va scruter attentivement de ce côté-ci de l’Atlantique, à l’occasion de notre rentrée littéraire.

    Lorsque le roman commence, Malaya a huit ans. Fille unique, elle vit à Harlem entourée de ses parents. Elle pèse soixante-seize kilos, un poids qui est devenu un calvaire pour elle. La vie de l’enfant est rythmée par les réunions Weight Watchers où elle accompagne sa mère, les régimes que la gamine a du mal à tenir, les remarques récurrentes sur son physique, notamment par sa grand-mère "Ma-Mère", sans compter les moqueries de ses camarades à l’école, les réactions violentes des passants et les visites (inutiles) chez des spécialistes en diététique.

    Mais la jeune fille grandit. Elle se lie d’amitié avec Shaniece et, au lycée, intègre une bande d’amis chez qui son physique n’est pas un souci. L’adolescente Malaya se découvre les goûts d’une adolescente des années 90 : le rap, la mode (difficile, cependant, de s’habiller lorsque l’on a son gabarit), le dessin mais aussi l’amour. Mais il reste ce poids et cette obésité morbide. 

    KO par ippon

    Faire un roman sur un tel sujet et le rendre attrayant, passionnant et émouvant : voilà la très grande réussite de ce superbe roman de Mecca Jamilah Sullivan qui s’inspire ici de sa propre histoire.

    De son écriture fine, vivante et sans pathos, l’auteure nous plonge dans un Harlem qu’elle connaît très bien. le célèbre quartier connaît une gentrification inexorable. Les pérégrinations de la jeune fille dans un New York qu’elle connaît bien saisissent au plus près son quotidien, avec un corps qu’elle doit assumer et contre lequel elle doit également se défendre.

    Il ne faut pas par contre s’imaginer que Big Girl soit le récit d’un régime, même si la nourriture et les repas prennent une grande place au fil des pages. Il s’agit plutôt d’une émancipation contre les diktats physiques et l’histoire d’une jeune fille découvrant son identité, ses désirs et ses émois. Autour de Malaya gravitent des personnages au caractère bien trempé, à commencer par ses parents et une grand-mère souvent présente et rarement avare en discours inspirés.  

    Big Girl, cette histoire d’une jeune Américaine vivant la réalité de la discrimination physique est un message lumineux, comme si Mecca Jamilah Sullivan venait de mettre KO par ippon la cruauté humaine. 

    Mecca Jamilah Sullivan, Big Girl, éd. Plon, 2023, 496 p.
    https://www.lisez.com/livre-grand-format/big-girl
    http://www.meccajamilahsullivan.com

    Voir aussi : "À l’essentiel"

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  • Les Filles d’Olfa

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Les Filles d’Olfa. Il sera visible du 7 au 12 septembre 2023. Soirée débat le lundi 11 septembre à 20H30.

    La vie d’Olfa, tunisienne et mère de 4 filles, oscille entre ombre et lumière. Un jour, ses deux filles aînées disparaissent. Pour combler leur absence, la réalisatrice Kaouther Ben Hania convoque des actrices professionnelles et met en place un dispositif de cinéma hors du commun afin de lever le voile sur l’histoire d’Olfa et ses filles. Un voyage intime fait d’espoir, de rébellion, de violence, de transmission et de sororité qui va questionner le fondement même de nos sociétés

    Œil d’or du meilleur documentaire - Festival de Cannes 2023

    Les Filles d’Olfa, Documentaire tunisien de Kaouther Ben Hania avec Hend Sabri, Olfa Hamrouni, Eya Chikahoui, 2023, 110 mn
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1360

    Voir aussi : "Dancing Pina"

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  • Rien que de plus classique

    Rien de plus classique que Mozart. Et rien de plus classe ni de plus élégant non plus, semble nous dire Elizabeth Sombart, au piano pour les quatre célèbres concertos pour piano 20, 21, 23 et 27 du génie autrichien. Elle est ici accompagnée par le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Pierre Vallet.

    L’auditeur retrouvera en premier lieu dans ce double album le lustre du 20e Concerto pour piano en ré mineur, romantique avant l’heure, plein de fièvre et de tensions ("Allegro"). La pianiste française s’y meut avec assurance et une solide maîtrise. On a aussi envie de dire que rien n’est sans doute plus piégeux que de se réapproprier des passages de musique classique devenus de véritables "tubes", à l’instar de la "Romanze". Pari réussi pour la pianiste française qui s’en sort sans esbroufe et avec la même assurance. L’"Allegro assai" est interprété avec une joie communicative et d’une magnifique expressivité.

    Le Concerto pour piano n°21 en ut majeur ne peut que caresser les oreilles de l’auditeur, qui retrouvera dès le premier mouvement une de ces mélodies éternelles ("Allegro Maestoso"). Le deuxième mouvement "andante" captera aussi bien les oreilles que le cœur, tout autant que l’enlevé "Allegro vivace assai", à la fausse légèreté.

    De véritables "tubes"

    Dans ce double album, il était impossible de passer à côté du chef d’œuvre incroyable qu’est le 23e Concerto pour piano en la majeur. Les trois mouvements respirent du même souffle et de la même luxuriance mélodique. Que l’on pense à cette arrivée magique du piano dans le premier mouvement "allegro". Il suffit de quelques notes pour le rendre bouleversant et inoubliable. On ne saura trop répéter à quel point Mozart sait rendre la légèreté profonde, alors que l’apparente simplicité mélodique se fait vite labyrinthique.

    Peu de concertos pour piano dans l’histoire de la musique n’ont proposé mouvement aussi bouleversant que le célèbre "Adagio" de ce 23e. Pas de maniérisme, pas d’exubérance, pas d’effets appuyés comme certains "tubes" populaires, mais un moment de grâce de près de sept minutes et demi, servi par une Elisabeth Sombart s’effaçant derrière la composition de Mozart. Le concerto se termine avec le luxuriant "Allegro assai" – une "résurrection" selon Olivier Messiaen – avec pas moins de huit épisodes thématiques. Une vraie œuvre dans l’œuvre.

    Pour compléter ce double album mozartien, Elisabeth Sombart propose son tout dernier concerto pour piano, le numéro 27 en si bémol majeur, que le compositeur autrichien a écrit en janvier 1791, soit quelques mois avant sa mort. Ce n’est certes pas le plus connu, mais la maîtrise du génie est indéniable et éclate à chaque mesure, non sans facéties (le premier mouvement "allegro"). Le mouvement suivant, "Larghetto", a ce singulier dépouillement, que vient contrebalancer la dernière partie, un "Rondo : allegro" mené avec une belle efficacité toute mozartienne.  

    Elisabeth Sombart fait plus que servir Mozart : elle lui rend hommage et le magnifie. 

    Wolfgang Amadeus Mozart, Concerts pour piano 20, 21, 23 et 27,
    Elisabeth Sombart au piano, Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Pierre Vallet, Rubicon, 2023

    https://www.elizabethsombart.com
    https://rubiconclassics.com/release/mozart-piano-concertos-nos-20-21-23-27

    Voir aussi : "Les Schumann en majesté"

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  • Le Sang noir 

    roman,confrérie,louis guillloux,cripureCripure est le personnage central de ce roman phare des années 30. Un personnage complexe, cultivé, pathétique et à la vie misérable. À travers cet homme, Louis Guilloux, auteur breton prolifique, trace le portrait féroce d'une petite société de notables de l'arrière alors que la Grande Guerre bat son plein.

    Monsieur Merlin, surnommé Cripure, est un professeur de lycée cultivé, littérateur adoré par quelques rares élèves, méprisé et jalousé par beaucoup. C'est dans ce climat délétère que tout va se liguer contre Cripure qui va finir par tout perdre, jusqu'à son honneur.

    Un grand roman féroce qui n'épargne personne, tombé dans l'oubli, à l'écriture soignée mais audacieuse. À découvrir. 

    Louis Guilloux, Le Sang noir, éd. Folio, 1980, 631 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2011/10/09/22286687.html
    https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070372263-le-sang-noir-louis-guilloux

    Voir aussi : "Nietzsche"

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  • Dames du temps jadis

    Voilà un genre musical et une époque qui passent complètement sous les radars. Le Moyen Âge. Une période injustement méprisée car mal connue, riche pourtant de chefs d’œuvres mais aussi et surtout de créations musicales que l’Ensemble Apotropïk propose de découvrir dans son magnifique album Bella donna, qui se veut une restitution et une découverte d’un vaste patrimoine musical encore méconnu. Le luthiste Clément Stagnol l’explique de manière passionnée et passionnante en présentation de l’album.

    Cet opus propose un mélange d’œuvres la plupart en vieux français du XIIe au XVe siècle, d’artistes divers, relativement méconnus – Comtesse de Dia ou Beatritz de Dia (fin du XIIe siècle), Bernard de Ventadour (v. 1125-v,1200), Guillaume Dufay (1397-1474) ou, plus célèbre, Guillaume de Machaut (v. 1300-1377) – mais le plus souvent anonymes ("Santa Maria amar", "Isabella").

    Cet album a été pertinemment partagé en trois parties, "Tempérance", "Charme" et "Tourment", donnant à cet opus une bonne cohérence, en dépit des sources disparates, s’étalant quand même sur cinq siècles !

    Un fil conducteur relie ces œuvres : celui de la figure féminine, qu’elle soit artiste (Beatriz de Dia) ou modèle célébrée, chantée, honorée, désirée, voire méprisée ("O cruel donna"). "Le pari de cet enregistrement est de donner voix à ces femmes, de façon plus ou moins détournée… Il s’agit de mettre en lumière (ces femmes), les faisant passer du rang d’objet à ce lui de sujet", explique Geneviève Brunel-Lobrichon. 

    Chantée, honorée, désirée, voire méprisée

    Quoi de plus logique, alors, que de faire commencer cet album par le sobre et délicat "A chantar m’er de so qu’eu no volria" de la Comtesse de Dia, avec ces paroles qui traversent les siècles et qui touchent encore : "Je veux savoir, mon cher et bel ami / Pourquoi vous m’êtes si farouche et endurci" (les paroles sont traduites en français moderne).

    Après un instrumental du troubadour Bernard de Ventadour ("Can l’erba fresc"), l’Ensemble Apostropaïk propose un chant religieux galaïco-portugais à la Vierge Marie, "Santa Maria leva", une manière aussi de marquer l’imprégnation profonde de la religion dans les arts du Moyen Âge, avec les deux figures marquantes dans la représentation féminine que furent Eve et s. Marie. Plus étonnant sans doute, le cantiga "Santa Maria amar" conte un miracle autour d’une abbesse tombée enceinte suite à un méfait du diable. "Nous devons beaucoup aimer…" répète le chant telle une litanie.

    Parmi les compositeurs connus, figure Guillaume de Machaut, dans le magnétique "Honte, paour, doubtance de meffaire", véritable illustration de la courtoisie médiévale – mais aussi du patriarcat : "Fidélité, amour et loyauté garder. / Tels sont les points que dans son cœur garde une dame / Qui de son honneur veut faire bonne garde". L’auditeur sera sans doute frappé par cette autre œuvre du chanoine français : "Phyton, le merveilleux serpent", étonnant chant faisant d’une femme éconduisant l’amoureux un monstre, mais un monstre plaisant et qui s’amuse du tourment.

    Autre compositeur masculin, Guillaume Dufay propose, après une longue introduction, un chant d’amour assez classique : une femme refuse le mariage qu’on lui impose et préfère mourir que voir son amoureux disparaître – condamné à mort. L’amour humain est encore présent dans l’album, parfois sous la forme de critiques. Inconstances, tromperies, dédains de la femme : tel est le sujet du chant tiré du Codex de Chantilly de la fin du XIVe et du début du XVe siècle, alors que la courtoisie en est à son chant du cygne.

    L’auditeur sera tout autant touché par cette complainte qu’est "Fortune, trop as vers moy grant tort" : "Il n’en est aucun qui croisse en réconfort / Et mon triste cœur tu l’as mis à la torture".

    Et si les dames du temps jadis n’avaient pas si changées que cela ? 

    Bella donna, Ensemble Apostropaïk, La Belle Abbesse, 2023
    Clémence Niclas (voix et flûtes à bec médiévales), Louise Bouedo (vièle à archet),
    Marie-Domitille Murez (harpe gothique), Clément Stagnol (luth médiéval)

    https://www.editionsdesabbesses.com
    https://www.apotropaik.eu

    Voir aussi : "Éternelle et musicale Norvège"

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