En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Joyeux anniversaire à Bla Bla Blog, qui fête ce jour ses neuf ans.
Vous avez bien compté : presqu'une décennie de chroniques culturelles - livres, musiques, cinéma, séries, expositions - au service de la curiosité. Plus de 2200 chroniques par votre bloggeur préféré !
Bla Bla Blog continue après une brève coupure estivale avant d'entamer une nouvelle saison. Je vous parlerai de rentrée littéraire avec d'excellents ouvrages, de musique classique avec des enregistrements des 20e, 21e, 23e et 27e concertos pour piano de Mozart par Elizabeth Sombart. Je vous proposerai aussi une nouvelle incursion dans l'univers décomplexé des sœurs Berthollet.
Il sera aussi question de musique médiévale avec un enregistrement qu'il me tarde de vous faire découvrir, aussi de jazz avec le retour du trio Pilc Mountain Hoenig, de plusieurs découvertes, dont le Miracle(s) de Lhomé, mais aussi de BD, avec la découverte d'une personnage singulière de la mafia américaine.
Et, bien sûr, toujours, notre hors-série sur la Confrérie des 10001 Pages.
J'ai hâte de vous retrouver !
Photo : Pexels - Polina Tankilevitch
Tenez-vous informés de nos derniers blablas en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.
Les Cramés de la Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Le Paradis. Il sera visible du 10 au 15 août 2023.
Joe, 17 ans, est sur le point de sortir d’un centre fermé pour mineurs délinquants. Si son juge approuve sa libération, il ira vivre en autonomie. Mais l’arrivée d’un nouveau jeune, William, va remettre en question son désir de liberté.
Voici sans doute l’un des meilleurs albums de 2023. Un vrai coup de poing à l’estomac par une musicienne, nouvelle venue de la scène française. Zaho de Sagazan propose avec La Symphonie des Éclairs un choc musical autant que poétique, mixant chanson française, électro et textes aux jaillissements inoubliables. Que l’on pense aux premiers vers de La "Fontaine de sang" qui ouvre l’opus : "Le vin de ses vaisseaux / Au rythme de son cœur / Coule et donne à boire / À des bouches au hasard".
Pour ses grands et brillants débuts, Zaho de Sagazan puise à la fois dans son quotidien et dans ses "aspirations". C’est d’ailleurs le titre du deuxième morceau, véritable hymne à la cigarette par une chanteuse dont la voix si caractéristique l’a rendue reconnaissable entre toutes. Une voix au grain incroyable rend d’autant plus bouleversant et irrésistible ce chant d’amour pour l’amour qu’est "Les Dormantes" : "L'amour qui fait tomber les cheveux / L'amour qui nous bande les yeux / L'amour vendu aux plus sensibles / Par des putains de vicieux / L'amour qui nous faire croire que lui, c'est eux / Que ça n'sera jamais mieux".
L’amour est bien ce qui porte Zaho de Sagazan. Que l’on pense à "Les Garçons", en forme de listing et d’hommage, à la déclaration "Langage", au fragile et délicat voix-piano "Dis-moi que tu m’aimes" ("J’en ai vécus des amours miséreux / Alors, prends-en soin / Prends soin du cœur que tu as entre les mains"), sans oublier l’électrisant "Mon inconnu" ("Je crois que j'suis amoureuse d'un inconnu / Impossible Mon Père de l'oublier / Depuis que je l'ai vu, j'en ai honte / En manque d'amour, ou détraquée, ah / Putain, je suis détraquée").
Réussite totale
Femme de lettres – on peut le dire – Zaho de Sagazan est tout aussi douée dans ses compositions et sa manière de retourner les cœurs. C’est, par exemple, "Je rêve", en forme de slow qui proclame que le rêve est la réalité. Une vraie philosophie et, de nouveau, une déclaration d’amour. Cette manière de renouveler la chanson française grâce au son électronique est une vraie marque de fabrique de la native de Saint-Nazaire. Les nappes synthétiques enveloppent un texte réduit à son essentiel : "Je t'aime / Passionnément, tu m'aimes / Suffisamment, pour que je reste / Mais pourquoi je reste". Cette pureté se veut pudeur, fort à propos dans le titre aérien "Mon corps", en forme de confession et de jeu de miroir, que le morceau "Ne te regarde pas" assume plus encore.
Le public a été frappé par "Tristesse", formidable composition tendue électro-pop au texte de combattante autant que d’artiste exigeante. La réussite est si totale que l’auditeur aura longtemps en tête les paroles exigeantes et existentialistes : "Marionnettiste je suis / Et sûrement pas l'inverse".
À ce point de la chronique, il faut parler de ce chef d’œuvre qu’est le morceau "La Symphonie des éclairs", qui a donné le nom à l’album. Les mots de cette chronique sont trop faibles pour parler de cette chanson aérienne, hymne dédiée au pouvoir de la musique, à la puissance poétique rarissime. Il faut juste écouter, réécouter et se laisser porter par cette œuvre incroyable : "Il fait toujours beau au dessus des nuages / Mais moi je suis de ces oiseaux qui nous font danser sous l'orage / Je traverserai tous les nuages pour trouver la lumière / En chantant sous la pluie la symphonie des éclairs".
Mélange de roman historique et de polar érudit, ce brillant roman (ouvrage culte aux Etats-Unis nous dit le 4ème de couverture) suit les traces d'un livre légendaire, LaHaggadah de Sarajevo.
Désignée pour examiner ce manuscrit hébreux du XVème siècle, une jeune conservatrice australienne, Hanna, tente de percer les secrets de ce livre. La tâche sera plus ardue et complexe qu'elle ne le soupçonne. Là où le roman est fort est qu'il part de minuscules traces et indices (une tache de vin, une aile d'insecte, un poil de chat, des traces d'eau salée) pour reconstituer le parcours hors du commun de ce manuscrit.
De Séville à Vienne en passant par Venise et la Bosnie, on suit les pas des différents propriétaires du livre qui sont le plus souvent d'ailleurs des femmes. Un roman très subtil, passionnant comme une enquête policière.
A noter que la postface, qui raconte la véritable histoire de La Haggadah de Sarajevo est à lire absolument : une preuve supplémentaire que très souvent la réalité dépasse la fiction.
En un peu moins de 90 pages, Ritchi propose une plongée à la fois rafraîchissante et pleine de nostalgie vers le pays de son enfance. C’est toute la richesse de son album Reviens Gamin ! (aux éditions Rendez-vous sur mars).
Nous sommes dans les années 70 et à l’orée des années 80. L’auteur est un gamin d’une dizaine d’années. Son quotidien est l’école, les copains (les copines, parfois), les jeux, la télé, une mère au foyer, un père, militaire de carrière et autoritaire et des rêves pleins la tête.
En 17 chapitres de 3 à 7 planches, Ritchi parle d’anecdotes tour à tour cocasses, évocatrices, cruelles ou franchement tordantes : une cabane de gosse qui a failli se terminer en catastrophe, une visite forcée à la gendarmerie du coin, une croustillante course de natation, un Noël en famille où les "héros" sont un père mal luné et son fils, et sans compte ces portraits typiques : militaires rigides, enfants insouciants, hippies tombés du ciel et parents vite dépassés par leurs progénitures.
Des souvenirs liés à la télévision en noir et blanc, aux cassettes audio ou à l’encyclopédie populaire Tout L’Univers
Reviens Gamin ! se veut une petite madeleine de Proust pour l’auteur, autant que le rappel, au lecteur, de ce qu’était cette période des seventies et eighties, à la fois plus frustre, plus naïve et plus joyeuse. Nostalgique, mélancolique mais aussi critique et caustique, Ritchie trace un joli portrait d’enfant autant que celui d’un monde disparu. Le lecteur pourra y retrouver lui-même des souvenirs liés à la télévision en noir et blanc, aux cassettes audio ou à l’encyclopédie populaire Tout L’Univers.
Le coup de crayon rapide et efficace de Ritchi sert au mieux ces mésaventures introduites par des citations de Freud, Françoise Dolto, Socrate, Pascal, Nietzsche, Voltaire, Spinoza, Lao Tseu et Confucius – beaucoup Confucius, le bédéiste ne cachant pas son goût pour la philosophie chinoise.
Tout cela donne un album vivifiant et souriant, à lire d’une traite cet été.
Oui, méfions-nous de l’eau qui dort, comme le dit le titre du premier EP de Ferielle. Il faut avoir l’oreille attentive sur le rock décomplexée de cette petite nouvelle de la scène française, franchement à découvrir.
Ferielle gagne à être connu. C’est ce que l’on se dit à l’écoute d’un mini-album personnel, à l’exemple de "JAMAIS", récit amoureux et impossible ("J’ferme les yeux / Mais je ne vois plus que toi"), suivi presque naturellement de "JETER UN SORT", de nouveau une histoire de passion ("Tu m’as demandé / Est-ce que je peux t’embrasser ? / Je me suis laissée tenter / Pour la première fois"). Mais comme les histoires d’amour finissent mal en général, Ferielle chante avec énergie – et presque joie – un appel à l’être qui manque, en maniant l’art des larmes autant que du fiel : "Je voudrais lui jeter un sort / Pour lui montrer qu’il a tort / De rester dans son confort / Au lieu de m’aimer fort".
Au passage, la jeune musicienne fait preuve d’humour et d’auto-dérision lorsqu’elle parle du clip : "J’avais envie de faire un clip rigolo à regarder autant qu’à faire… Propriétaire d’un master en dramaqueen, j’adore ridiculiser ma tristesse pour passer à travers. Me mettre en scène en train de boire de l’eau de javel, me noyer sous un verre de vin ainsi qu’être menaçante avec un diadème et un couteau, c’est le meilleur moyen que j’ai pour rire au lieu de pleurer toutes les larmes de mon corps."
"Dis-moi où on va", plus pop, est entré dans la BO de la série-culte Emily in Paris (saison 3)
Ferielle, au texte et à la musique, propose en six titres un vrai bel univers, rafraîchissant et enthousiasmant. C’est "Face à face", au rock franc et assumé. C’est encore cette jolie ballade, "Aimant" – tout simplement –, introspectif et, quelque part, universel : "Je suis coupable / C’est un délit de fuite / Si c’est moi le problème / C’est que j’ai pas de problème / Je sais que le monde est beau / J’aurai le dernier mot".
Quant à "Riviera", c'est un rock sur l’histoire d’une rupture, propre, nette et (presque) sans bavure : "L’été avec toi c’était l’enfer / pire que d’attendre dans le RER / A A A… / Moi sur la Riviera tu me reverras pas". Voilà qui méritait d’être dit.
La preuve que Ferielle a déjà su taper dans l’œil ? Son titre "Dis-moi où on va", plus pop, est entré dans la BO de la série-culte Emily in Paris (saison 3). C’est assurément le signe que Ferielle est à suivre de manière très, très sérieuse.
Quand on vous disait qu’il fallait se méfier de l’eau qui dort.
C’était une tradition ancestrale chinoise, connue de nom sous nos latitudes, mais dont peu connaissent à la fois la réalité, l’importance et la cruauté.
Le dessinateur Li Kunwu, l’un des plus importants artistes chinois du 9e art, s’empare de ce sujet en parlant de la nounou qu’il avait lorsqu’il était enfant, une femme née à la toute fin de l’Empire chinois. C'est le sujet de sa bande dessinée sortie il y a trois ans, Pieds bandés (éd. Kana).
Chunxiu a été l’une de ces millions de petites filles chinoises à qui l’on avait bandé les pieds. Une coutume traditionnelle qui en a fait l’une des victimes de la jeune République chinoise puis de la Révolution communiste. Li Kunwu nous raconte son histoire, des années 1900 jusqu’à sa mort à la fin du siècle dernier.
Un noir et blanc brut et sans concession
C’est dans un noir et blanc brut et sans concession que Li Kunwu nous fait entrer dans la Chine traditionnelle, celle de la paysannerie pauvre et façonnée par des traditions multimillénaires.
Les pieds bandés étaient considérés comme un atout pour des jeunes filles que les familles voulaient bien marier. Un vrai atout de séduction, pour ne pas dire une "chance", mais avec son corollaire cruel : bander les pieds des fillettes (l’âge idéal était de six ou sept ans, apprend-on) constituait une torture avant d’être un handicap pour les victimes qui avaient ensuite le plus grand mal à marcher.
En racontant l’histoire de Chunxiu, c’est l’histoire d’un pays qui est évoqué, avec ses évolutions sociales et politiques, ses mouvements révolutionnaires, pas forcément acceptés par la paysannerie chinoise, et ses millions de victimes, dont Chunxiu.
Li Kunwu a été fait Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2022, preuve, s’il en est, qu’il reste une figure capitale de la bande dessinée mondiale.
Les Cramés de la Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film La Dernière Reine. Il sera visible du 3 au 8 août 2023.
Algérie, 1516. Le pirate Aroudj Barberousse libère Alger de la tyrannie des Espagnols et prend le pouvoir sur le royaume. Selon la rumeur, il aurait assassiné le roi Salim Toumi, malgré leur alliance. Contre toute attente, une femme va lui tenir tête : la reine Zaphira. Entre histoire et légende, le parcours de cette femme raconte un combat, des bouleversements personnels et politiques endurés pour le bien d’Alger.