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Le touriste c’est Milo Weaver – ou plutôt c’était Milo Weaver. Cet agent secret nomade a en effet posé ses valises à New York après une mission périlleuse un certain 11 septembre 2001 à Venise. Cadre pour la CIA et père de famille, il retrouve par hasard le Tigre, un tueur à gage qu’il a poursuivi pendant des années.
Avant de se suicider, son ancien ennemi lui fait des révélations sur le fonctionnement tortueux de la CIA et du Tourisme. Milo retrouve son ancien travail, à son corps défendant. Roman d’espionnage « post-11 septembre », Le Touriste nous parle d’espionnage, de manipulations géopolitiques, de mondialisation mais surtout des frontières fluctuantes entre démocratie, dictature, droit et violence.
Un roman tortueux, obscur (dans tous les sens du terme) dans lequel les enjeux dépassent autant le lecteur que le personnage principal. À l’antipode des James Bond.
Péplum, amour et sexe : voici le trio gagnant à coup sûr. Les éditions Tabou proposent en ce moment le premier tome de sa trilogie Thrace, avec Trif au texte et au dessin, Andrea Celestinio, pour la couleur et Claire Nyman à la traduction.
Au Ier siècle, au pied du Vésuve, Adriana Pollia, la fille d’un patricien renommé, vit à la campagne, insouciante heureuse. L’enfant a pour compagnon de jeu Cleio, un jeune esclave avec qui elle voue une affection fraternelle. Lorsque son oncle Quintus vient rendre visite à son frère, c’est pour discuter avec lui de l’avenir d’Adriana. Peu de temps plus tard, le Vésuve entre en éruption. Les deux jeunes gens se retrouvent seuls et errent dans la campagne romaine.
L’érotisme est présent mais jamais appuyé, et les corps s’épanouissent dans des pages aux couleurs chaudes
Ce qui séduit dans cet opus proposé par les éditions Tabou est l’importance laissée au récit autant qu’à la trame historique : l’éruption de Pompéi, le début du christianisme, la vie des patriciens (on pense au sénateur Marco Apronio Bibulo), sans oublier les jeux du cirque et la condition des esclaves.
Trif a pris visiblement du plaisir à raconter l’histoire d’un couple séparé, mais dont les retrouvailles – inévitables – vont faire l’objet d’une dernière scène épicée comme il le faut. Adriana est irrésistible pour sa beauté comme pour son caractère intrépide. C’est aussi une figure singulièrement moderne dans une société des plus patriarcale.
Le dessin de Trif est classique mais particulièrement soigné. L’érotisme est présent mais jamais appuyé, et les corps s’épanouissent dans des pages aux couleurs chaudes. Comme le récit de ce couple se battant contre les préjugés de son époque.
Trif, Thrace, tome 1 : Lupi, Fratres, Amantes (Loups, Frères, Amants), éd. Tabou, 2023, 64 p. http://www.tabou-editions.com
Puisque Bla Bla Blog n’a peur de rien, parlons musique classique et sacrée avec une nomination récente. Depuis février, Jean-Luc Thellin est le nouvel organiste et titulaire de la Cathédrale de Chartres.
C’est l’occasion de mettre à l’honneur un instrument rare, qui demande une très grande maîtrise et qui a donné naissance à quelques chefs d’œuvre dans la musique classique et contemporaine.
Jean-Luc Thellin en est un de ses défenseurs les plus ardents. Lauréat de plusieurs concours internationaux, il se frotte avec talent à un large répertoire, de la musique ancienne à la musique contemporaine, ce qui lui permet d’être invité dans des festivals internationaux en Europe ainsi qu’en Amérique du nord. Parmi ses compositeurs de prédilection figurent – bien sûr – de Jean-Sébastien Bach, mais aussi César Franck et Maurice Duruflé dont il a interprété les œuvres intégrales pour orgue en concert à de nombreuses reprises.
Ses enregistrements des œuvres de César Franck et de Jean-Sébastien Bach sont distingués par Resmusica, Crescendo, Classiquenews et dans les radios et la presse en Belgique.
https://www.jeanlucthellin.com https://www.cathedrale-chartres.org Concerts à venir : le 23 avril à Bienne, Temple du Pasquart (Suisse), le 28 avril à Berne, Heiliggeistkirchen (Suisse), le 13 mai à Comblain au Pont (Belgique), le 8 juin à Beaufays (Belgique), le 13 juin à Trier Dom (Allemagne), le 20 juillet à Saumur (église Saint-Pierre, 49), le 23 juillet à Gand, 16H, récital Bach (église Saint Nicholas), à 18H, Concert hommage à Joseph Jongen (église des Pères Augustins) et à 20H30, improvisation et le 11 août au Mans (Cathédrale, 72)
Bla Bla Blog consacre peu de chroniques sur le rap. Voilà une lacune – en partie – réparée e avec le nouveau EP de Mood Supachild, Boy Convoy. Le musicien avait déjà sévi en 2011 sous le pseudonyme de Kool A avec un premier EP acoustique, Symphony of my thoughts. Il y a trois ans, Mood Supachild était également de la partie pour l’album de Fatbabs, Music Is For Kids.
Après une "Intro" des plus denses, et en forme d’autoportrait et de remerciement, l’artiste bordelais d’origine rwandaise déploie sur les sept autres singles un esprit urbain dépassant largement les frontières.
"No Worries" propose un rap à la fois introspectif, rassurant et plongeant ses sources du côté des USA. Il est vrai que Mood Supachild aime citer ces influences : Outkast, Musiq, Lil Wayne, Kendrick, Dwele, Lauryn Hill, Jay Z. Impossible non plus de ne pas citer l’apport singulier du gospel dans "Ego", l’un des morceaux les plus séduisants et les mieux foutus de l’EP.
Osons dire qu’il y a une certaine audace à voir un rappeur français s’emparer du son et du flow américain
Osons dire qu’il y a une certaine audace à voir un rappeur français s’emparer du son et du flow américain, à l’instar du titre à la fois urbain et funk qui donne son nom à l’opus.
Le rap de Mood Supachild sait faire preuve de douceur et d’apaisement, mais non sans sophistication. Que l’on pense au titre "Chanson d’amour". Est-il utile d’ajouter que le musicien est à la composition paroles et musiques ?
"L’auditeur sera sans doute happé par "Hate On You". Mood Supachild donne à son rap une allure à la fois élégante et d’une belle modernité. Vraiment irrésistible. La brièveté des morceaux les rend d’autant plus efficaces, permettant au musicien de muscler son flow ("Same Shit"), dans un son mêlant hip hop et RnB.
Avec "Waste", qui vient clore l’album, Mood Supachild prouve qu’il est une voix du rap avec qui il faudra compter.
Le premier épisode est consacré à l’histoire et à la vie de l’effroyable ghetto. Quinze minutes, c’est évidemment court pour raconter un des épisodes tragiques de la Shoah et la condition de vie misérable de ses habitants. 400 000 juifs et juives, hommes, femmes, enfants et personnes âgées, vivent dans un peu plus de 3 km². Les témoignages de l’INA donnent à entendre des scènes à peine imaginables : la mort omniprésente, la famine, les manipulations des autorités allemandes et ces scènes de survie effroyables.
750 jeunes, hommes et femmes de 14 à 25 ans
Les trois principaux épisodes reviennent sur les quatre semaines héroïques qui ont conduit près de 750 jeunes, pour la plupart des hommes et femmes de 14 à 25 ans, à se procurer des armes pour se défendre et finalement résister face à l’armée la plus puissante du monde. L’histoire se terminera bien sûr tragiquement pour cette armée de guérilla urbaine. La série explique que cette révolte débute alors que les Allemands lancent une deuxième rafle de grande ampleur sur le ghetto afin d’envoyer ses habitants vers les camps de la mort – essentiellement Treblinka.
Le 19 avril 1943, la veille de la Pâque juive, une révolte éclate grâce à des moyens rudimentaires mais avec deux atouts pour les jeunes combattants et combattantes : la connaissance du ghetto et la certitude qu’ils n’ont plus rien à perdre. Par contre, ils rencontreront peu d’aide chez les Polonais non-juifs comme chez les Alliés. Le 16 mai 1943, le ghetto est définitivement "liquidé", selon le vocable des bourreaux nazis.
Les quatre épisodes de France Culture sont passionnants grâce aux témoignages des rescapés de cet événement qui est resté dans la mémoire collective. Outre les voix des survivants et survivantes, captés entre 1964 et 1998 –Marek Edelman, Cywia Lubetkin, Symcha Rotem, Krystyna Budnicka, Halina Aszkenazy, Régine Poloniewska, Stanislaw Tomkiewicz, Léon Abramowicz, Gutka Steinberg, Henry Favel, Lola Liblau, Marek Rudnicki et Pierre Ruff – une voix off lit des extraits du rapport Stroop, rédigé en mai 1943 par Jürgen Stroop, membre de la Waffen-SS et commandant des forces allemandes qui liquidèrent le ghetto de Varsovie.
En 1944, alors que la Solution Finale contre les Juifs européens bat son plein, les pontes de la SS, dont Ernst Kaltenbrunner, Heinrich Himmler et Rudolf Höss, le responsable d’Auschwitz, ont l’idée d’immortaliser en photos "l’efficacité" de la machine de mort nazie. Entre mai et août 1944, le "Programme Hongrie" organise la déportation de près de 600 000 juifs hongrois - qui seront pour la plupart tous exterminés. Deux photographes allemands, Bernhard Walter et Ernst Hoffmann sont chargés de multiplier des clichés qui serviront de bases à une dizaine d’albums.
Un seul est retrouvé par une déportée hongroise, Lili Jacob. En avril 1945, alors qu’elle est mourante et que les troupes américaines approchent du camp de Mittelbau, elle tombe sur cet album d’Auschwitz. En dépit de l’utilisation de quelques clichés pour des procès, dont celui d’Eichmann, l’album reste curieusement dans l’ombre. Le voilà maintenant restitué et analysé dans cet essai incroyable autant que bouleversant.
Ces visages d’hommes, de femmes et d’enfants – beaucoup d’enfants
Rarement une source historique n’a été autant scrutée et étudiée. Tal Bruttmann, Stefan Hördler et Christoph Kreutzmüller analysent les lieux des crimes, Auschwitz, l’un des nombreux sites de mise à mort dans l’Europe nazie, devenu symbolique pour son étendue, son "efficacité" et finalement le nombre de victimes. En ayant l’idée perverse de laisser des preuves photographiques de leur crime – bien qu’aucune photo ne montre chambres à gaz et fours crématoires, hormis deux clichés ajoutés sur le tard – les dignitaires, militaires, responsables des camps et forces supplétives laissent à l’histoire les images d’un des plus grands crimes de l’humanité.
Le lecteur sera secoué devant les files de déportés. Ces visages d’hommes, de femmes et d’enfants – beaucoup d’enfants ! – affrontent l’objectif. La plupart mourront peu après. Pas de morts sur ces photos – hormis la silhouette d’une vieille femme morte d’épuisement – et la violence ne surgit qu’épisodiquement – une canne à la main d’un officier, une vieille femme conduite par deux hommes vers la mort et les tours d’un four crématoire. Le lecteur sera frappé par ces clichés où des milliers de personnes arrivent sur les quais du camp nazi, des ballots de bagages et des foules de déportés attendant dans un bois que les chambres à gaz, mis à contribution, se libèrent.
Il a souvent été dit que les Juifs exterminés étaient conduits à la mort sans se défendre. Quelques indices nous indiquent qu’il n’en a rien été : les regards plein de défiance, les tentatives de révolte, mais aussi ces langues tirées avec affront en direction du photographe et de leurs bourreaux. Gestes faussement anodins, mais riches de sens.
Roman ou récit, ce petit livre écrit à la première personne parle d'une tare humaine bien courante : la radinerie. La narratrice décrit avec une certaine truculence les origines de ce qu'elle considère elle-même comme un handicap social ainsi que le mode de vie qu'elle s'impose et qu'elle impose aux autres. Un ouvrage à la fois drôle et amer qui se lit avec plaisir.
Bla Bla Blog aime Sophie Le Cam : son intelligence, sa fraîcheur, son humour et son amour de la chanson française… et des garçons.
Elle revient ce printemps avec un nouveau single, "Chanson Hype", avant un nouvel album en septembre, Vedette. Le sujet de sa nouvelle chanson ? Philippe Katerine et Renaud ont une fille et elle s’appelle Sophie Le Cam. Elle veut faire un tube : sa "Chanson Hype".
Notre Angèle à nous, mais en beaucoup plus drôle
Et si on se remettait à rêver ? Et si "Chanson Hype", avec cette facture années 2000, devenait "un tube intersidéral de la Haute Loire au Cantal" ? C’est tout le mal qu’on souhaite à Sophie Le Cam. Sophie Le Cam, notre Angèle à nous, mais en beaucoup plus drôle !
Et si l’on reste dans les comparaisons, vous aimiez Philippe Katerine ? Vous allez adorer Sophie Le Cam.