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• • Articles et blablas - Page 9

  • Mon nom est Personne

    Nautilus est une des jolies surprises télé de cet été. Cette série anglo-américaine est pourtant une miraculée. Prévue au d’abord pour Disney+, la firme aux grandes oreilles a finalement abandonné le projet pour le proposer à AMC. Elle est depuis diffusée et disponible en France sur France Télévisions. Voilà pour l’aspect production et diffusion.

    Que l’on ne s’y trompe pas. Nautilus n’est pas une nouvelle adaptation de Vingt Mille Lieues sous les Mers, le chef d’œuvre de Jules Verne mais un récit autour d’un de ses personnages emblématiques, le mystérieux Jules Verne. Mystérieux car, de Nemo, le romancier français a savamment entretenu le flou sur lui. D’ailleurs, le surnom Nemo vient du latin nemo qui veut dire "personne". Dans L’Île Mystérieuse, toutefois, on en sait plus sur le capitaine du Nautilus. Descendant d’une famille princière des Indes, occidentalisé et éduqué, il se passionne pour les sciences avant de s’engager dans une lutte contre le colonisateur anglais. Sa famille est décimée et lui prend le chemin de la clandestinité. Il prend la main sur un sous-marin, le Nautilus, qui devient à la fois son véhicule de fuite, son arme de guerre et un outil d’exploration jamais vu – nous sommes au milieu du XIXe siècle.

    Voilà brossé à gros traits la trame du personnage, au moment où la série Nautilus commence. Les scénaristes ont donc trouvé matière pour bâtir un récit d’aventures que Jules Verne n’aurait pas renié. 

    Il y a du sombre dans cette histoire à la facture steampunk

    Il y a du sombre dans cette histoire à la facture steampunk. Toutefois, la série se veut à destination d’un public familial. Le sujet grave de la colonisation, même s’il est parfois édulcoré, n’est pas oublié. Colonisateurs anglais sans scrupules, capitalistes véreux, soldats brutaux, lords britanniques rongés par la suffisance et traîtres dévoués à la couronne britannique – ou pas – affrontent un héros au grand cœur – quoique parfois sombre et taciturne – bientôt rejoint par Humility, une milady farouche, courageuse et éprise de sciences.

    À bord du Nautilus, ce que Jules Verne avait d’ailleurs mis de côté dans Vingt Mille Lieues sous les Mers, l’équipage prend une place importante, avec notamment Thierry Frémont, que l’on est heureux de retrouver dans le rôle de Gustave Benoit, le brillant scientifique qui a travaillé sur le célèbre sous-marin.

    Dans cette histoire plein de rebondissements, il ne manque ni les attaques surprises des ennemis anglais partis en chasse contre les fuyards grâce à un sinistre et impressionnant navire de guerre, ni des îles mystérieuses, ni des découvertes extraordinaires au fond de la mer, ni des actes courageux qui font décidément passer un excellent moment.   

    Nautilus, série d’aventure anglo-américaine de James Dormer,
    avec Hazad Latif, Georgia Flood, Thierry Frémont, Pacharo Mzembe,
    Arlo Green, Tyrone Ngatai, Ling Cooper, Andrew Shaw, Ashan Kumar et Chum Ehelepola,
    2024, 10 épisodes, France Télévision

    https://www.france.tv/france-2/nautilus
    https://www.amcnetworks.com

    Voir aussi : "Des bâtards, des dragons et des reines"

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  • Vie cruelle et fugue éternelle

    Énorme coup de cœur pour  Sauvage, le nouveau single de Julie Meletta. L’autrice-compositrice et interprète franco-suisse profite d’un buzz remarquable de l’autre côté du Jura pour poursuivre son projet artistique et musical commencé avec le single Fanfiction, le premier chapitre d'une anthologie musicale que Julie Meletta consacre aux amours impossibles.

    Caustique, cinglante, pertinente et surtout très culottée, Julie Meletta enfonce le clou avec son dernier single, le bien nommé Sauvage.

    Dans ce single incroyable d’audace et d’élégance, l’amour se pare de dangers, de pulsions incontrôlables, d’interdits, de folie et d’amours qui ne sauraient être qu’éphémères… et irrésistibles.

    Dans un titre mêlant chanson française, pop et country Julie Meletta chante sur fond d’histoires de braquage ("Alors prends l’argent facile et enfuis-toi"), de prise d’otage et de fuite ("La ville cruelle me reflète mes entailles / La fugue éternelle"), avec une voix fragile qui parle de trahisons et des mensonges que l'on s'inflige, tout en cherchant désespérément une poignée de liberté.

    Un single à découvrir absolument.

    Julie Meletta, Sauvage, Phonag Records, 2024
    https://juliemeletta.com
    https://www.facebook.com/juliemeletta
    https://www.instagram.com/juliemeletta
    https://bio.to/juliemelettaLT

    Voir aussi : "Un sacre pour Bobbie"
    "1, 2, 3 Leïla !"

    © Mia Gianini

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  • Art à boire

    Puisque la saison estivale va doucement vers sa fin, il est sans doute temps de garder la tête au soleil et à la fête avec une bonne idée de sortie le Festival Art & Vin 2024 qui poursuit son périple festif, artistique et vinicole jusqu’au 31 octobre 2024.

    Pour sa 26e édition,  Art & Vin propose un menu des plus alléchants, dans plusieurs domaines et châteaux de la Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse  : Soirées concert, théâtre, photographie, arts visuels, expositions, streetart, peinture, danse, sculpture, conférences, balades vigneronnes, sans oublier une série de focus passionnants sur l’art d’accorder les mets et les vins.

    Art. Nous y voilà. "Les vignerons ne sont-ils pas des artistes qui façonnent un produit ancestral et toujours nouveau ?" questionnent avec justesse les organisatrices et organisateurs. "En accueillant les œuvres d’art dans leur domaine, les vigneronn.e.s ouvrent des espaces de liberté, créent des connexions, contribuent à la diffusion d’une pensée libre", disent-ils encore.

    Artistes et vignerons partagent ainsi leur savoir-faire et, ensemble, ils contribuent au rayonnement des talents de leur région. Véritable rassemblement de cœurs, l’événement permet aux visiteurs de venir aiguiser leur sensibilité esthétique et gustative dans une quarantaine de domaines et châteaux de la Région Sud, et ce jusqu’au mois d’octobre.

    "Les vignerons ne sont-ils pas des artistes qui façonnent un produit ancestral et toujours nouveau ?"

    Pendant encore deux mois, plusieurs domaines vinicoles ouvriront leurs portes à des artistes aussi différents que la céramiste VOS au Château de Majoulière à Villecroze (jusqu’au 30 octobre), la peintre Bernadette Van Baarsen au Domaine des Feraud à Vidauban (jusqu’au 30 septembre), la peintre Chouette Nia au Domaine du Dragon à Draguignan (jusqu’au 31 octobre), l’artiste textile Claire Wyldbore au Château Les Crostes à Lorgues (jusqu’au 15 septembre) au peintre Vincent Savatier au Château du Roüet au Muy (jusqu’au 30 septembre), au peintre Virgile Virgilien aux  Terres de Saint Hilaire à Ollières (jusqu’au 30 septembre), au photographe Pixeliums au Château Nestuby à Cotignac (jusqu’au 31 octobre), à la sculptrice Josso et au sculpteur Miguel Martin au Château de Mauvane à Hyères (jusqu’au 8 septembre, pour ne pas dire très bientôt).

    À ne pas manquer non plus, des œuvres de la peintre ukrainienne Natalia Kuruch au Font des Pères au Beausset (jusqu’au 30 septembre). D’autres artistes sont à noter. Au Domaine de L’anglade au Lavandou exposent les peintres Thomas Reiheisser et Natalija Vincic (jusqu’au 30 septembre). Au Domaine de La Suffrène à La Cadière d’Azur, c’est le photographe Frédéric Laban qui est de la fête (jusqu’au 15 septembre). Au Clos des Roses à Fréjus, l’architecte Ludovic Regnault a installé ses créations jusqu’au 6 septembre. À Terre de Mistral à Rousset, la peintre Maryse Silenziano expose  ses toiles. Au Domaine Isle Saint Pierre en Camargue, ce sont la peintre allemande Valery Muller et le photographe Louis Rivière qui sont mis à l’honneur (jusqu’au 30 septembre). Citons enfin l’artiste protéiforme Catherine Arniac au Mas de Valériole en Camargue, jusqu’au 31 octobre.

    Que des artistes aux univers aussi variés et passionnants investissent des lieux vinicoles, voilà qui est remarquable.

    "Art & vin en liberté"
    Du 1er mai au 31 octobre 2024
    https://artetvinvar.fr

    Voir aussi : Du vin, des arts et de la fête"
    "Vins et vignobles, des Gaulois à la Ve République"

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  • Here

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Here. Il sera visible du 4 au 10 septembre 2024. Soirée débat à l’Alticiné le mardi 10 septembre 2024 à 20h30.

    Stefan est ouvrier dans le bâtiment à Bruxelles. Sur le point de rentrer chez lui en Roumanie, il rencontre en traversant la forêt une jeune chercheuse d’origine chinoise qui étudie les mousses et les lichens. L’attention qu’elle porte à l’invisible l’arrête net dans son projet de retour. 

    Meilleur film section "Encounters" au Festival international du film de Berlin 2023.

    Here, drame belge de Bas Devos avec Stefan Gota, Liyo Gong, Cédric Luvuezo, 2024, 82 mn
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1474
    https://www.jhrfilms.com/catalogue/here

    Voir aussi : "Septembre sans attendre"

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  • Taillé sur mesure

    Singulier programme que ce Vitrail proposé par les Trios Messiaen et Xenakis, à l’œuvre dans une création éponyme de Thierry Escaich, d’une part, et dans une version musique de chambre de la Symphonie n°15 de Dimitri Chostakovitch, d’autre part. Deux compositeurs bien différents sont au cœur de cet enregistrement proposé par b.records, enregistré en live le 1er août 2023 à la Salle Elie de Brignac-Arqana à l’occasion du 22e Août musical de Deauville.

    Le premier compositeur est Thierry Escaich, un contemporain français toujours très actif. Vitrail, qui donne son nom à l'opus, est une commande de la Fondation Singer-Polignac et des Amis de la musique à Deauville. Voilà une nouvelle preuve que la musique contemporaine reste un domaine essentiel dans la culture actuelle. Dans le livret de l’album, le compositeur français explique qu’il a écrit Vitrail pour faire écho à l’arrangement pour musique de chambre de la Symphonie n°15. Thierry Escaich parle de cohérence, d’unité et des "mêmes couleurs instrumentales" que celles de Dimitri Chostakovitch. Dans ce programme taillé sur mesure, l’alliance des Trios Messiaen et Xenakis est remarquable de pertinence, de cohésion, de finesse et finalement d’évidence.

    En un seul mouvement d’un peu plus de dix minutes, Vitrail propose un voyage dans lequel les sons concrets et lumineux – pour ne pas dire spatiaux – semblent rejoindre le jazz dans une sorte de chant religieux. On trouve dans cet opus d’Escaich ce qui ressemble à des danses traditionnelles. La musique contemporaine n'est très jamais très loin du classique, pour ne pas dire du folklore. Voilà qui rend ce Vitrail tout à fait passionnant. La recherche sonore est dans chaque mesure d’une création du Trio Messiaen et du Trio Xenakis. Il y a des mouvements espiègles dans cette œuvre, mais aussi une sombre mélancolie, au point que l’auditeur pourra y entendre d’inquiétants appels d’esprits tourmenteurs. Les cordes y répondent avec ce qui ressemble à des implorations, voire des prières. Les différents instruments – percussions, cordes, piano – dialoguent, se répondent, s’affrontent dans une œuvre qui reste d’une grande cohérence. 

    Thierry Escaich parle de cohérence, d’unité et des "mêmes couleurs instrumentales" que celles de Dimitri Chostakovitch

    Cette cohérence est présente dans la 15e Symphonie de Dimitri Chostakovitch. Le compositeur russe avait l’habitude des grands ensembles, à telle enseigne que c’était un vrai défi qu’a relevé – avec succès – Viktor Derevianko lorsqu’il a transcrit cette Quinzième pour un orchestre de musique de chambre.  

    Cette symphonie, écrite en 1971, est la dernière composée par Chostakovitch qui meurt quatre ans plus tard. Résolument moderne, cette œuvre frappe par les rappels de classiques – Rossini et l’Ouverture de Guillaume Tell, mais aussi Wagner ou Mahler. Chostakovitch est resté mystérieux sur ce choix artistique et ces "citations" musicales. Dans l’Allegretto, mélancolie, espièglerie et tragédie se mélangent allègrement dans la formidable version des Trios Messiaen et Xenakis.    

    De tragédie, il en est encore plus question dans le bouleversant Adagio. Il faut se souvenir que Chostakovitch incarne sans doute plus que n’importe quel artiste du XXe siècle les drames historiques de son époque, que ce soient les guerres mondiales ou les totalitarismes nazis et communistes. On retrouve dans cette transcription pour un ensemble ramassé les couleurs et l’ampleur musical du compositeur russe. Les percussions y ont en particulier toutes leurs places avec un Trio Xenakis faisant montre d’une subtilité rare dans la manière d’utiliser les percussions. 

    L’auditeur sera sans dote frappé autant par la brièveté de l’Allegretto – brièveté à la fois sèche, pour ne pas dire cinglante – et sa facture plus grave qu’il n’y paraît. Il y a une certaine insouciance dans ce troisième mouvement. Mais cette insouciance est frappée par de lourds dangers, comme si vie et mort s’affrontaient dans un combat qui ne sera finalement que mortel.  

    C’est un mouvement funèbre – Adagio – qui vient conclure cette ultime symphonie de Chostakovitch. Le compositeur russe fait se réconcilier modernité et classicisme pour cette partie baignée dans une sombre mélancolie, non sans éclats lumineux, quand ils ne sont pas aveuglants. Il s’agit de la mélancolie, des tourments et des interrogations d’un homme âgé et qui se sait dans les derniers moments de son existence.  

    Le Trio Messiaen est constitué de David Petrlik (violon), Volodia Van Keulen (violoncelle) et Philippe Hattat (Piano). Le Trio Xenakis est constitué d’Emmanuel Jacquet, Rodolphe Théry et Nicolas Lamothe aux percussions.

    Dimitri Chostakovitch et Thierry Escaich, Vitrail, Trio Messiaen, Trio Xenakis, b.records, 2024
    https://www.b-records.fr/vitrail
    http://www.escaich.org
    https://www.facebook.com/Triomessiaen
    https://www.trioxenakis.com

    Voir aussi : "Romantique et métaphysique Schumann"
    "Marie Ythier, sans l’ombre d’un doute"

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  • L’amour est dans l’après

    Le Mec de la Tombe d’à Côté. Avec un titre comme celui-là – une vraie bonne idée éditoriale – le roman de Katarina Mazetti sorti il y a plus de 10 ans aux éditions Actes Sud (collection Babel), promettait de trouver son public. Pari réussi haut la main avec une histoire d’amour commençant pour le moins sous les pires auspices.

    Désirée se retrouve veuve à 35 ans, suite à un accident de vélo de son compagnon Örjan. Benny, solide agriculteur quinquagénaire, se retrouve seul à la ferme familiale après le décès de sa mère. Les deux se croisent régulièrement au cimetière, les tombes de leurs proches se trouvant être voisines. Ils finissent par faire connaissance et tomber amoureux. Mais c’est sans compter leurs différences et le choc des cultures.

    Choc de cultures

    Commençant comme une revanche de la vie sur la mort, le roman de la Suédoise Katarina Mazetti prend un virage à 90 degrés en lorgnant du côté d’une romance improbable. D’un côté une jeune citadine, bibliothécaire compétente et appréciée, aux tendances écolos et bobos. De l’autre un paysan vieux garçon, bourru et tendant de se démener tant bien que mal avec sa vingtaine de vaches laitières, des emprunts plein le dos et devant faire avec la disparition de sa mère qui s’occupait de son vivant de gérer la ferme familiale.

    Avec une telle love story, Désirée et Benny s’engagent dans une histoire haute en couleur, pour ne pas dire perdue d'avance. Et ils la racontent eux-mêmes dans des chapitres alternant leur version, ce qui permet au lecteur de saisir les incompréhensions de l’une et de l’autre. Un vrai choc de cultures dont les deux protagonistes sont témoins, tout comme leurs amis respectifs, que ce soit les insupportables Gengt-Göran et Violette, la truculente et paumée Märta ou encore Inez, la collègue fantasque qui va tenir un rôle singulier dans cette histoire.

    Une histoire dont nous ne dévoilerons pas l’épilogue qui promet sa dose de surprise. 

    Katarina Mazetti, Le Mec de la Tombe d’à Côté, éd. Actes Sud, Babel, 2009, 253 p. 
    https://www.actes-sud.fr/collector-babel-le-mec-de-la-tombe-da-cote
    https://gaia-editions.com/livre/le-mec-de-la-tombe-da-cote

    Voir aussi : "Celle qui va mourir vous salue"
    "Beautés volées"

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  • Celle qui va mourir vous salue

    Comment parler de la mort ? Comment parler de la fin de vie ? Comment évoquer les derniers mois tragiques d’une jeune femme qui se sait déjà condamnée ? C’est tout l’objet du formidable roman de la Japonaise Ogawa Ito, Le Goûter du Lion, traduit par Déborah Pierret-Watanabe et paru il y a deux ans aux éditions Picquier.

    Le livre démarre à l’arrivé de Shizuku à la Maison du Lieu, un endroit paradisiaque situé sur l’île aux citrons, dans la Mer Intérieure du Japon. La jeune femme, trentenaire, se sait condamner à cause d’un cancer. Il ne lui reste que quelques mois à vivre, ce qu’elle a caché par pudeur à ses proches, à commencer par son père.

    À son arrivée dans la propriété, elle est accueillie par sa responsable, Madonna. Il y a aussi ces autres locataires, attendant comme elle la mort. Des rites sont mis en place pour adoucir leurs derniers moments et les rendre inoubliable, dont les fameux goûters.

    L’absente ne l’est pas complètement 

    Peu de livres ont aussi bien parlé d’un sujet aussi grave et douloureux que la mort et son attente. Car il s’agit bien de cela. De Shizuku, le lecteur apprendra à partir de la deuxième moitié du roman son passé et les relations avec son père et la raison pour laquelle ils se sont perdus de vue. En attendant, elle découvre ce lieu où l’humanité, la tendresse, la générosité et l’amour sont placés au centre de la vie de cette Maison du Lion.

    La trentenaire en phase terminale fait d’un chien, devenu un  locataire habituel – mais plein de vie, lui – un compagnon qui ne la quittera plus. Rokka devient le témoin de ses promenades, avec souvent vue sur la mer. Elle y rencontre aussi Tahichi, un des quelques autochtones. L’amour serait-il possible entre ces deux-là ?

    La mort est omniprésente, mais elle n'est jamais inquiétante ni non plus lourde à porter. Elle se fait même légère, comme le corps de plus en plus maigre de Shizuku. La fin est abordée avec sagesse, y compris et surtout lorsqu’elle permet une réconciliation bouleversante, que l’auteure relate par une scène familiale avec le père de Shizuku, sa deuxième épouse et sa fille. L’absente ne l’est pas complètement en dépit du fait qu’elle manque terriblement. Rarement le terme de beauté n’a paru si approprié pour un roman.   

    Ogawa Ito, Le Goûter du Lion, éd. Picquier, 2022, 272 p.
    https://www.editions-picquier.com/produit/le-gouter-du-lion
    https://ogawa-ito.com/en

    Voir aussi : "Un coupable parfait et un crime qui ne l’est pas moins"

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  • Des bâtards, des dragons et des reines

    Alors que la deuxième saison de House of the Dragon est maintenant disponible dans son intégralité sur Max, il est sans doute temps de faire le point sur le célèbre préquel de Game of Thrones.

    L’adaptation télé de la saga de fantasy de George R.R. Martin avait été un choc, pour ne pas dire un événement culturel et artistique qui a fait date. En dépit du dernière saison qui a pu laisser beaucoup de fans sur leur faim, il a été beaucoup pardonné au créateur du monde de Westeros et de son fameux Trône de Fer. Un tel succès rendait quasi obligatoire une suite, sinon une déclinaison de Game of Thrones. C’est donc chose faite avec les deux premières saisons de House of the Dragon.

    Oublions les personnages légendaires que sont Tyrion Lannister, l’inquiétante Cersei, son frère Jaime, Arya Stark, le bâtard Jon Snow, l’inquiétant Theon Greyjoy, sans oublier la reine des dragons, Daenerys Targaryen.

    C’est du reste la famille des Targaryen qui est au cœur de la série House of the Dragon. L’histoire se passe 170 ans avant les événements de GOT. Lorsque le roi Viserys s’assoit sur le Trône de Fer, après une succession qui ne se passe sans rancœur, il a une fille unique, Rhaenyra. Faute de garçon, c’est elle qu'il proclame comme son héritière. Tourne autour du roi et de la dauphine Daemon, le frère de Viserys, un homme aussi imprévisible et violent qu’audacieux et attiré par la jeune femme. Mais il faut aussi compter sur l’aristocratie de Westeros où les ambitieux et ambitieuses ne manquent pas. Viserys tente de contenir les animosités. Mais jusqu’à quand ?

    Les dragons, autant animaux fabuleux qu’armes de destruction massive

    Les fans de Game of Thrones seront à la fois en terrain connu et dépaysés par cette histoire de pouvoirs, de guerres et de coups tordus. Le rythme est plus lent et les précautions d’usage lorsqu’il est question de violences, de sexe et de tortures.

    La vague Meetoo est passée par là, ce qui est visible lorsque les créateurs font des femmes de grandes héroïnes – ou anti-héroïnes. C’est Rhaenyra que l’on suit jeune (la formidable et envoûtante Milly Alcock) et plus âgée (la non moins extraordinaire Emma D'Arcy). C’est la reine Lady Alicent Hightower (Olivia Cooke) ou encore Mysaria, dite Le Ver Blanc (Sonoya Mizuno). La guerre qui ne va pas manquer d’éclater pour le Trône de Fer s’avère être un conflit d’héritage dans lequel les femmes et les enfants ont un rôle central. Stratèges, coups fourrés et trahisons ne manquent pas dans cette excellente série, pas plus que les dragons, autant animaux fabuleux qu’armes de destruction massive. Évidemment un clin d’œil à notre époque, ce qui rend cette production HBO particulièrement maligne.    

    House of the Dragon, série de fantasy américaine de George R.R. Martin, avec Paddy Considine, Matt Smith, Olivia Cooke, Emma D'Arcy, Rhys Ifans, Steve Toussaint, Eve Best, Fabien Frankel, Sonoya Mizuno, Milly Alcock, Emily Carey et Graham McTavish, HBO, Max, depuis 2022
    https://play.max.com/show/c68e69d7-9317-428a-a615-cdf8fe5a2e06
    https://gameofthrones.fandom.com/fr/wiki/House_of_the_Dragon

    Voir aussi : "Game of Thrones, saison 8 et fin, normalement"  

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