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• • Articles et blablas - Page 81

  • Une certaine PR2B

    Il y a ces albums, comme ça, dont l’écoute des trois premiers titres augurent de manière certaine que vous êtes en passe de vous laisser submerger et conquérir totalement par une œuvre incroyable et bouleversante. C’est simple :  Rayons gamma, le premier album de PR2B sorti l’an dernier, est un opus incontournable, faisant de cette chanteuse une figure qui va devenir essentielle pour la scène française.

    Rayons gamma promet de rester parmi les albums de chanson à absolument avoir avec soi, ou du moins à découvrir, tant le talent de Pauline Rambeau de Baralon (son vrai nom) explose en pleine figure.

    "La chanson du bal" vous emballe avec cette chanson électro pop dans lequel la fête, l’insouciance, la drague et la séduction se mêlent au spleen et à la mélancolie : "J'avais ma robe couleur de spleen / Et verre de gin / Il ne fallait rien pour me parler / Ni pour m'aimer".

    De mélancolie, il en est justement question dans cet autre bijou, assurément un futur classique. Dans la grande tradition de la chanson française, PR2B donne à voir un sentiment diffus et obsédant : " Tu reviendras toutes les nuits / Même si je ne t'appelle pas / Je te rêve l'après-midi / Je te cherche dans les draps / On t'appelle Mélancolie" ("Mélancolie").

    Le morceau qui donne son nom à l’album est celui qui a fait découvrir l’artiste originaire de Bourges. PR2B montre une fois de plus son caractère autant que sa sensibilité à fleur de peau. Le son électro-pop sert magnifiquement cette déclaration d’amour aussi magique et fantastique que le titre : "Alors c'est comme ça / On faisait comment déjà / Sans les rayons gamma ?"
    Amour encore avec ce magnétique "Ma meilleure vie", qui se transforme en confession et en introspection mais aussi en chant sur les rêves, parfois déçus, et, finalement, l’espoir.  

    Le moins que l’on puisse dire est que Pauline Rambeau de Baralon clôt en beauté son album

    Le bouleversant "Lettre à P." est le premier volet que PR2B consacre à sa famille. Cette lettre à un père trop disparu ("Oh si tu étais là pour voir / Ce qu'ils sont sages / Ce qu'ils font page / Papa tu es mort au bon âge"), ou cette tendre confession pour sa mère en forme de demande d’amour et de consolations ("Si je viens dans tes bras / Peut-être que j’oublierai", "Mama") par une jeune femme qui parle de liens indéfectibles ("Pourquoi je te ressemble traits pour traits / Aurais-tu manqué d’inspiration ?"). De ressemblance physique, il n’en est pas question lorsqu’elle parle de son frère : "Tu n’as pas le même sang que moi". Dans une facture rappelant quelques-uns des chefs d’œuvres de Barbara, PR2B parle de l’enfance, de l’adolescence, des liens entre frère et sœur et des différences qui rapprochent : "On peut compter sur les doigts / Les fois où l’on s’est quittés / Je t’ai vu prier tu m’as vu chanter / On peut compter sur les doigts / Les fois où l’on s’est détestés" ("Mon frère").

    Dans une électro-pop urbaine et tout aussi inspirée, la musicienne berrichonne parle, dans "Qui sont les coupables", d’une "petite fille de province d'une ville de diagonale". Dans cet univers triste et étriqué, dans une attente de fin du monde, PR2B pose cette question : "Pourquoi il n'y a que les prisonniers qui s'évadent ?"

    L’auditeur sera sans doute autant frappé par la fausse insouciance de "La piscine", un morceau plus cruel qu’il n’y paraît si on tend bien l’oreille : "Combien de larmes pour remplir la piscine / Avant que les amis ne me prennent de court / Et qu’ils baisent et qu’ils rient au fond de la piscine / Quand je finis les verres là au fond de la cour". Tout aussi sombre est le titre au rythme rap "Plus rien de bien", confession qui dit le malaise d’une jeune femme en colère : " Les femmes se font fumer bien mieux dans la vie qu’à la télé".

    Pour "Punta cana", l’écriture précise et incisive disent les interrogations d’une jeune femme, lucide sur notre monde contemporain : "J’aimerais qu’on raconte sa vie comme au ciné / Tout est faux mais en vrai / Mes mensonges vérités". Quelle est notre place ? Pourquoi et "pour qui on travaille à la chaîne" ? PR2B se portraitise avec sévérité, tout en cherchant la bienveillance chez ses proches – sa mère, de nouveau: "Ma mère regarde le beau en moi / Sans voir le pire de ma raison". La musicienne lance encore ce constat : "Chienne de vie, amour diluvienne".

    Cette "chienne de vie" est l’objet du titre éponyme qui clôt Rayons gamma. Le moins que l’on puisse dire est que Pauline Rambeau de Baralon clôt en beauté son album. Sans nul doute, l’auditeur gardera longtemps en mémoire la mélodie et les paroles de cette ballade à la mélancolie bouleversante : "Les chiens sont toujours fidèles / Quand ils ont la bouche pleine / Les étoiles les oublient / Quand ils sont dans leur nid / Je regarde le golden que la nuit je promène / Je me demande qui de nous deux a les rênes".

    PR2B, Rayons gamma, Naïve / Believe, 2021
    https://www.pr2b.fr
    https://www.facebook.com/pauline.r2b

    Voir aussi : "Adé, l’ex de Therapie TAXI, bien partie pour rester"
    "La reine Christine"

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  • Écouter Mozart ne rendrait pas plus intelligent

    Cette idée est solidement ancrée dans les certitudes : pour rendre votre enfant au QI capable de faire rougir Einstein, une solide dose d’écoute de concertos ou de symphonies de Mozart serait conseillée sans modération. Et les étudiants et étudiantes seraient bien inspirés de se mettre de La Flûte enchantée entre les oreilles pour avoir une chance de réussir leurs examens. Alors, fake ou pas fake ?

    Revenons donc aux origines de cette théorie, quitte à en décevoir certains et certaines. 

    Une étude de l’University of California at Irvine parue en 1993 dans la revue Nature semblait démontrer que l’écoute de la musique de Mozart améliorait les performances spatio-temporelles. Ainsi, 36 sujets s’étaient prêtés à une expérience. 1/3 du groupe écoutait Mozart (la Sonate pour deux pianos en ré majeur K448 de W. A. Mozart), un autre tiers de la musique relaxante, tandis que le dernier groupe attendait dans une salle en silence. Au bout de 10 minutes d’écoute ou de silence, les 3 groupes ont dû réaliser deux tâches d’habiletés cognitives générales et une tâche de mémoire spatiale. Les personnes ayant écouté Mozart ont obtenu des résultats supérieurs dans les trois tâches par rapport aux autres groupes. "L’effet Mozart" était né et toutes les superstitions qui allaient avec. Depuis de nombreuses études sont venues démontrer le contraire et pourtant, nous sommes encore beaucoup à croire qu’écouter de la musique classique et plus précisément du Mozart nous rendrait intelligents...

    Mozart risque de n’avoir aucune connaissance ni sur les résultats scolaires de votre enfant, ni sur vos prochains examens

    Hervé Platel, professeur de neuropsychologie à l’Université de Caen entend remettre les pendules à l’heure : "Au risque d’en décevoir plus d’un, l’Effet Mozart est un mythe et vous ne serez pas plus intelligent si vous écoutez de la musique ou jouez d’un instrument ou alors si et seulement si vous pratiquez intensément d’un instrument. Et là encore, cela dépend de nombreux facteurs, sociaux, culturels… chaque facteur comptant et faisant la différence. Mais quoi qu’il en soit, faire ou écouter de la musique, quelle qu’elle soit, sollicite de nombreuses capacités, auditives, visuelles (lire la partition), motrice (jouer un instrument), et engendre des émotions qui stimulent et entrainent d’autres capacités cognitives comme la mémoire par exemple. Alors non, vous ne serez sans doute pas plus intelligent en écoutant du Mozart, plus détendu ou plus concentré sur le moment, sans doute. Et oui, vous aurez à travailler pour réussir vos examens, mais n’oubliez pas que tous les effets que produit la musique en nous sont une richesse", analyse Hervé Platel, professeur de neuropsychologie à l’Université de Caen.

    Donc, la science semble avoir parlé : Mozart risque de n’avoir aucune connaissance ni sur les résultats scolaires de votre enfant, ni sur vos prochains examens. Pour autant, cela n’enlève en rien les qualités de Mozart : l’excellence musicale et le plaisir de l’écoute de ses concertos, symphonies et autres opéras.

    https://www.nature.com/news/2007/070409/full/news070409-13.html
    https://nimh.unicaen.fr/fr/personnes/name/herve-platel

    Voir aussi : "Compositrices et compositeurs, une frise chronologique"

    Photo : Cottonbro - Pexels

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  • Sentinelles

    Je dois absolument vous confier qu’avant de découvrir La troisième guerre, un premier film de Giovanni Aloï, j’étais persuadé que j’allais être plongé dans un film d’anticipation sur fond de discours apocalyptique. Il est vrai que le titre, outre qu’il renvoie à une triste actualité ukrainienne, pourrait se regarder comme un long-métrage lanceur d’alertes, tant l’inquiétude, les questions existentielles et les problèmes environnementaux nous assaillent. Là n’est pourtant pas le propos de La troisième guerre, même si l’on ne peut dire qu’il soit franchement plus gai.

    Giovanni Aloï plante son décor dans une caserne parisienne où vivent des soldats de l’Opération Sentinelle. Cette troupe de militaires est chargée, depuis les attentats de 2015, d’assurer la sécurité, alors que les risques d’attentats persistent. Léo, tout jeune troufion fraîchement débarqué de sa Vendée natale, découvre la vie en caserne, la camaraderie mais aussi le climat lourd de sa mission. L’ennemi semble être partout et nulle part. 

    Un nouveau Désert des tartares

    Il faut souligner l’interprétation des trois interprètes principaux. Il y a d’abord le pioupiou Léo, interprété par l’excellent Anthony Bajon, découvert dans La prière. Il incarne la jeunesse fourvoyée dans un conflit qui n'ose pas dire son nom, cette fameuse "troisième guerre". Son implication mentale et morale, jusqu’à l’aveuglement, transparaît lors de sa permission à la maison familiale de La Roche-sur-Yon, face à une mère admirative transie d’amour (Marie Bunel), un beau-père qu'il juge mou, puis lors d’une scène dans une boîte de nuit.

    Deux autres interprètes explosent de leur talent : Karim Leklou (Bac Nord, la série Hippocrate), dans le rôle du soldat brut de décoffrage et Leïla Bekhti (Tout ce qui brille, Le grand bain), en officier et cheffe de patrouille tiraillée entre son métier, sa vie personnelle et sa condition de femme.

    Cette guerre d’un autre genre va trouver sa conclusion dans un événement que sans doute personne n'attendait, et qui va faire sauter les verrous de ce qui s’annonçait comme un nouveau Désert des tartares, dans lequel l’attente de l’ennemi devient un véritable enfer. Un enfer intérieur. A découvrir en ce moment sur Canal+.

    La Troisième Guerre, drame de Giovanni Aloï, avec Anthony Bajon, Karim Leklou,
    Leïla Bekhti et Marie Bunel, 2020, 92 mn, Canal+
    https://www.canalplus.com/cinema/la-troisieme-guerre/h/16913115_40099
    https://capricci.fr/wordpress/product/la-troisieme-guerre

    Voir aussi : "Corpus delicti"
    "Marseille, côté nord, côté sombre"

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  • Ceux qui partent et celle qui reste

    Pas de doute : avec Hana, la romancière tchèque Alena Mornštajnová a marqué les esprits. Dans son pays, son ouvrage est devenu un best-seller vendu à plus de 200 000 exemplaires. Traduit dans plus de 14 langues, il arrive en France et est proposé par les éditions Bleu et Jaune.

    Cette histoire commence par la bêtise d’une gamine de 9 ans, Mira. Durant l’hiver 1954, dans la petite ville tchèque de Meziříčí, la fillette, volontiers frondeuse, fait le pari avec des amis de monter sur un bloc de glace descendant la rivière. Mira en sort trempée et, évidemment punie par ses parents. Sa mère Rosa la prive de dessert. Cela va avoir des conséquences inattendues dans une famille soudée mais marquée par la présence régulière de la tante Hana, une femme murée dans un silence mystérieux et dont on ne sait presque rien. Quelques semaines plus tard, Mira et Hana vont finir par se côtoyer et briser le mur qui les sépare. Mira égéenne les années qui la construit en tant que jeune femme dans cette Tchécoslovaquie communiste où les études, le travail et les relations à deux ne vont pas de soi. Avec une Hana devenue très proche d'elle, et dont les secrets finissent par se dévoiler.

    Livre sur la jeunesse broyée, sur la lâcheté, sur la culpabilité mais aussi sur la mémoire

    Le roman Hana est partagé en trois parties : la première, écrit à la première personne, suit les jeunes années de Mira, avec sa bêtise originelles aux puissantes répercussions. Suit, à la troisième personne – un récit écrit par Mira –, l’histoire familiale de sa grand-mère, de sa mère et de sa tante Hana, dans une Tchécoslovaquie regardant d’un œil inquiet les menaces allemandes, avant de subir les méfaits de l’occupation et les persécutions contre les Juifs. Le roman devient histoire familial puis récit sur la plus importante tragédie humaine de notre histoire. Mira s'interroge sur cette mémoire tue : "Mais si j'avais alors fait un peu plus attention et si j'avais posé quelques questions sur les destinées que recouvraient les noms gravés en lettres dorées sur les pierres tombales, il me serait beaucoup plus facile, à présent, de recomposer à l'aide de milliers de souvenirs fragmentaires les événements ayant précédé ma naissance".

    La troisième partie relate le parcours d’Hana, le personnage qui est au cœur du roman d’ Alena Mornštajnová, qui nous entraîne dans les camps de Therensienstadt puis d’Auschwitz.

    Ne dites cependant pas à l’auteure que son livre est un de plus sur l’Holocauste. En vérité, c’est celle d’une jeune femme, enthousiaste, passionnée, sensible, se prenant les pieds dans la Grande Histoire et faisant des choix aux conséquences désastreuses, à l'instar de sa nièce Mira des années plus tard.

    Ce livre sur la jeunesse broyée, sur la lâcheté, sur la culpabilité mais aussi sur la mémoire, est une des belles surprises de cette rentrée littéraire. Et l’on n’est pas surpris qu’outre une adaptation théâtrale, une version cinéma devrait sortir prochainement sur grand écran.

    Bref, Hana est un très grand et très beau roman. 

    Alena Mornštajnová, Hana, éd. Bleu et Jaune, 2022
    https://www.editionsbleuetjaune.fr/livres/hana
    https://www.facebook.com/editionsbleuetjaune
    https://www.instagram.com/alenamornstajnova

    Voir aussi : "Maman, je te hais, maman je t’aime"

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  • Zoé Morin, 15 ans et déjà trois albums

    Zoé Morin fait partie de ces nouvelles voix de la scène française que Bla Bla Blog a décidé de suivre. 15 ans et déjà trois EP (le premier était sorti lorsqu’elle avait seulement 9 ans (sic). Le dernier en date, Le premier jour, permet à la chanteuse toulousaine d’imposer un peu plus encore son univers.

    Le titre "Tulipe" démontre une vraie maturité et un désir de s’affranchir de l’enfance, à travers le portrait d’une artiste broyée par le succès, artiste inspirée par le destin incroyable de Britney Spears : "Ses fans pensaient être / Sa meilleure amie / Les hommes rêvaient / De l’avoir dans leur lit / Elle offrait sa vie / Sa mythologie / Elle savait qu’elle était". Avec cette chanson pop bricolée avec amour, Zoé Morin lâche la bride et se fait le porte-parole d’une femme fatale et fragile, avec l’audace d’une jeune artiste qui est aussi jeune qu’elle est douée. 

    Auteure, compositrice et interprète, Zoé Morin domine son sujet

    Dans "Le papier magique", c’est de nouveau le portrait d’une femme là encore exploitée : mariage arrangé, soumission et rêve enterré.

    Auteure, compositrice et interprète, Zoé Morin domine son sujet, grâce à des textes personnels, riches et denses ("On rigolait pendant des heures") servis par une voix tendue jusqu’à la limite.  

    L’EP se termine par ce qui est sans doute le plus beau (et aussi le plus long) morceau de son EP. "Le premier jour" se mêle d’influences urbains dans ce message féministe : "Toi justement tu veux changer cette mage / Tu veux remonter le cap / Tourner la page / Que la violence soit un mirage / Bref, t’as mis deux heures à te préparer / Tu t’entends dire « les filles habillez vous comme vous voulez »". Zoé Morin se fait ainsi le porte-parole de celles qui ne veulent passer ni pour des "salopes" ni pour des "coincées".

    Celle qui n’est encore qu’une lycéenne prouve par l’audace et la pertinence de son EP qu’elle a tout pour devenir une chanteuse sur laquelle il faudra compter. 

    Zoé Morin, Le premier jour, EP, 2022
    https://www.instagram.com/zoemorinchanson
    https://spinnup.link/522834-le-premier-jour
    https://deezer.page.link/r1j6kor4ZRMh5Sei8

    Voir aussi : "On a retrouvé Zoé Morin"
    "Le talent n’attend pas le nombre des années"

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  • Du paradis à l’enfer

    Quel est ce "rêve ridicule", au cœur de la pièce jouée à partir de cette semaine au Théâtre Dunois du 20 septembre au 1er octobre 2022 ? Le Rêve d’un Homme ridicule, adapté et mis en scène par Simon Pitaqaj, est librement inspirée du Rêve d’un homme ridicule, de L’Idiot, Des Frères Karamazov de Dostoïevski et du discours du Dictateur de Charlie Chaplin. La Compagnie Liria la propose en ce moment.

    Un homme ridicule, petit et médiocre, veut se donner la mort mais il rate son suicide de finit par s’endormir. Il rêve et, dans ce rêve, il parvient à se suicider et est conduit après sa mort sur une planète paradisiaque. Mais qui finit par devenir un enfer.

    Simon Pitaqaj a voulu saisir toute la dimension métaphysique de Dostoïevski qui s’est toujours intéressée à des questions essentielles : "Qu’est-ce que le libre-arbitre pour l'homme ? Quel choix est-il capable de faire pour sa propre vie ? Cet auteur métaphysique ne cesse d'en revenir à la condition humaine pour mieux la décrypter, la comprendre et l'écrire."

    Le Rêve d’un Homme ridicule entend interroger le spectateur sur ces prophéties de mondes meilleurs. Simon Pitaqaj poursuit : "Pour nous consoler, nous dirions, comme une évidence, que l’homme est ainsi fait. Qu’il est à la fois le créateur et le destructeur de son propre univers qu’il ne cesse de traiter avec ingratitude. Incapable d’admirer sans posséder ! Incapable de regarder sans toucher ! Je ne cesse de m’interroger et me demande : Est-ce qu’un jour l’homme prendra conscience de sa folie et de son comportement destructeur ?

    L’homme est ainsi fait, à la fois le créateur et le destructeur de son propre univers

    L’écrivain et dramaturge Jean-Baptiste Evette résume ainsi : "Trois lignes dramatiques se rencontrent et s’affrontent : au centre, l’homme ridicule que son inadéquation au monde fragilise et distingue à la fois, qui passe des ténèbres à la lumière du paradis, qui retombe dans les ténèbres, mais reste marqué par le souvenir de ce qu’il a vu, au point d’évoquer un instant la figure d’un messie. Il y a ensuite une deuxième ligne interprétée par des jeunes gens, garçons et filles, qui incarnent l’humanité d’avant la chute, en harmonie avec la nature, puis sa décomposition, sa corruption. Et enfin, un mystérieux homme noir, qui semble d’abord jouer le rôle du passeur, comme le batelier des enfers grecs, mais qui se révélera bientôt beaucoup plus inquisitorial et menaçant que ce dernier".

    Sous la direction de Simon Pitaqaj, Denis Lavant interprète le rôle central du Rêve d’un Homme ridicule où le spectateur retiendra notamment cette phrase en forme, d’appel : "Si on retrouvait l’union ? Union, qui ferait que chacun d’entre nous, tout en continuant de s’aimer plus que les autres, puissent vivre sans gêner son prochain. Vivre ainsi, tous ensemble, pour ainsi dire, dans une société de concorde ?"

    Cela se passera au Théâtre Dunois, jusqu’au 1er octobre.

    Le Rêve d’un Homme ridicule
    Adaptation et mise en scène de Simon Pitaqaj
    Théâtre Dunois du 20 septembre au 1er octobre 2022
    Compagnie Liria

    Scénographie : Simon Pitaqaj et Julie Bossard, avec : Denis Lavant, Arben Bajraktaraj, 
    Santana Susnja, Valéria Dafarra, Jeanne Guillon Verne, Gaëtan Poubangui,
    Séraphin Rousseau et Henry Lemaigre
    Mardi 20 septembre au samedi 24 septembre 2022 à 19 heures
    Dimanche 25 septembre 2022 à 16 heures
    Mardi 27 septembre au samedi 1er octobre 2022 à 19 heures
    https://www.theatredunois.org/la-saison/saison-2022-2023/le-reve-dun-homme-ridicule-2
    https://liriacompagnie.com

    Voir aussi : "Le bon dieu sans confession"

    Photo : Alexandra Camara

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  • Parfois, Vanessa Philippe

    Vanessa Philippe avance masqué dans son dernier clip, "Parfois". Masquée mais sincère et bouleversante derrière la légèreté apparente du morceau qui nous parle d’une séparation, chanté avec une fausse désinvolture : "Parfois j’explose  / Ou bien j’implose / Et puis tu meurs / Et si j’oublie".

    Il y a quelque chose d’une douleur indicible dans ce morceau et dans ce clip utilisant des images du Voyage dans la lune de Georges Méliès.

    Vanessa Philippe a le regard tourné vers le ciel dans ce titre comme dans l’album tout entier, Soudain les oiseaux ,qui a été écrit en hommage à sa sœur disparue en 2019. C’est d’abord à elle qu’elle s’adresse lorsqu’elle chante : "Parfois t’es là / Tu disparais / Et ce matin / T’es pas revenue."

    "Parfois" est le 9ème clip qu'elle réalise elle-même pour son dernier album. Elle a obtenu plusieurs prix de réalisation. "Suivre le soleil" vient entre autres d'être nommé Finaliste au New York Cinematography Film Awards.

    En concert actuellement, Vanessa Philippe sera présente à la JIMI Festival de Marne le 8 octobre 2022.

    Vanessa Philippe, Parfois, single, 2022
    https://www.vanessaphilippe.com
    https://www.facebook.com/vanessaphilippemusic
    https://www.instagram.com/vansphi
    @vansphi

    Voir aussi : "Soudain, Vanessa Philippe"

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  • L’autre Ragnarök

    Oubliez quelques instants le film estampillé Marvel : le Ragnarök de cette chronique concerne une autre adaptation de Thor, cette fois en série pour Netflix.  Son titre ? Ragnarök, tout simplement.

    Adam Price, le showrunner de Borgen est aux manettes de cette revisite du célèbre dieu de la mythologie scandinave, se déroulant dans la petite ville d’Oda, au cœur de la Norvège. Magne y débarque avec son frère Laurits et sa mère qui a trouvé un travail dans la grande usine chimique du coin. Le premier jour du lycée, Magne, un adolescent peu sociable et atteint de troubles dys, sympathise avec Isolde. La jeune femme, engagée et isolée, soupçonne l’entreprise de la famille Jutul de polluer la région. Magne semble être le seul à la croire et commence à lui apporter son soutien.

    Lors de son arrivée, la caissière de la supérette lui apprend que son heure est venue et qu’il accomplira de grands exploits. Bientôt, Magne découvre qu’il a acquis des capacités physiques propre à dégoûter les plus grands athlètes. Et si ces qualités étaient destinées à empêcher une nouvelle fin du monde prophétique – le "Ragnarök" légendaire ?  

    L’approche du super-héros, stéréotypé par la franchise des Marvel et autres DC, se trouve revigorée

    Les récits mythologiques sont toujours de puissantes sources d’inspiration, et cette création venue du nord ne déroge pas à la règle. Certes, le spectateur français sera moins familier avec ces références au panthéon scandinave. Pour autant, ne rien connaître aux luttes entre géants et dieux ou aux liens fraternels entre Thor et Loki et passer à côté des récits très imagés n’en pas vraiment un souci pour savourer cette série.

    La première saison, particulièrement réussie, nous fait découvrir le héros, Magne, jeune homme mal dégrossi et se découvrant des super pouvoirs. Cela donne des scènes étonnantes et drôles, à l’image de celles concernant le fameux marteau du dieu.

    Outre les superbes paysages, Adam Price s’est attaché à raconter la vie de lycéens et lycéennes scandinaves, parfois attendrissants, parfois tête-à-claques mais toujours passionnants. Que l’on pense à Isolde, bien sûr, mais aussi à Saxa et Fjor, appartenant à une famille de géants.

    L’approche du super-héros, stéréotypé par la franchise des Marvel et autres DC, se trouve revigorée dans cette série engagée et au discours social et environnemental évident. Mais la découverte des super-pouvoirs de Magne/Magni (fils de Thor) peut aussi être vue comme une fable contemporaine sur le thème de l’adolescence et des rites initiatiques. Quand je vous disais que la mythologie peut être diablement inspirante… 

    Ragnarök, série danois et norvégienne d’Adam Price, avec David Stakston, Jonas Strand Gravli,Herman Tømmeraas, Theresa Frostad Eggesbø, Emma Bones et Henriette Steenstrup, deux saisons, depuis 2020, Netflix
    https://www.netflix.com/fr/title/80232926
    https://uneblondeennorvege.com/ragnarok-serie-netflix-sur-la-mythologie-nordique

    Voir aussi : "Les nuits sont longues et froides à Reykjavik"

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