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• • Articles et blablas - Page 98

  • Le marteau sans maître

    Contrairement à beaucoup d’EP, le Don’t Blame The Hammer du soulman John Milk ne comporte que deux titres, auxquels il faut quatre autre versions, dont deux instrumentaux. Le moins que l’on puisse dire est que le musicien a fait le choix de décliner avec délectation ces deux créations dans un mini-album (le nom ne pouvait pas être mieux choisi) en faisant se croiser, soul, blues, pop, électro reggae ou rythmes rap.

    "Don’t Blame The Hammer" – littéralement : "Ne blâme pas le marteau" – s’inscrit dans la veine à la fois soul et blues : histoire parabolique dans un milieu populaire du sud américain ("Joe was a craftsman he was working hard..."), rythme lancinant, instruments traditionnels, voix puissante et chaude. John Milk semble venir tout droit du côté de la Ceinture dorée, avec ce supplément d’âme qui éclate dans sa version folk-rock ("Patchwork Remix") absolument incroyable. Outre un instrumental, le même morceau est décliné dans une autre version électro-pop, elle aussi séduisante.

    Court mais bon

    "Don't Blame The Hammer" est accompagné d’un clip réalisé par Hugo Carlier & John Milk dans lequel l’artiste, à la composition comme à la production, poursuit ses démons jusqu'au cœur de la nuit.

    Producteur de soul jamaïcaine depuis déjà plusieurs années, travaillant avec du matériel analogique à bandes comme ses idoles du studios jamaïcains Studio One, Black Ark ou Channel One, John Milk compose et enregistre une musique à part, inspirée par les interprétations jamaïcaine du rythm and blues américain. Ce qu’il en ressort : une philosophie, à savoir faire de la contrainte technologique et de moyens limités une force, un vecteur de créativité et d’identité. Pari gagné !

    L’autre single de l’EP est "Offline Love", également en  version instrumental. Cette fois, le musicien choisit la veine reggae, mâtinée de rap, pour un morceau tout aussi chaleureux.

    Court mais bon. 

    John Milk, Don't Blame The Hammer, Underdog Records, 2021
    https://www.facebook.com/thejohnmilk
    https://www.instagram.com/thejohnmilk

    Voir aussi : "Le grand blond avec une guitare"

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  • À l’ombre

    L’Accident de Chasse peut avoir de quoi décourager beaucoup de lecteurs. Le roman graphique de David L. Carlson (scénario) et Landis Blair (dessin), proposé en France par les éditions Sonatine, mérite que l’on s’attaque à ses presque 500 pages aux multiples circonvolutions, mais pourtant d’une grande cohérence dans le récit.

    Nous sommes en 1959. Charlie Rizzo retrouve son père qu’il n’a jamais connu. Le jeune garçon a vécu jusqu’alors en Californie avec sa mère. Mais celle-ci est décédée et c’est donc Matt, son père, qui prend en charge son jeune fils. L’homme est pétri de bonnes intentions et est bien décidé à s’occuper du jeune garçon qui traîne en ville et se laisse entraîner dans de petites magouilles.  

    Matt Rizzo est aussi un homme étrange, frappé par un handicap : il est aveugle, dû à un accident de chasse lorsqu’il était enfant. En réalité, il a un lourd secret : un passé de détenu dans une des prisons les plus dures des Etats-Unis. Il a même connu Richard Loeb, un des criminels les plus tristement connus des années 30. Ensemble, une amitié indéfectible s'est lié. Voilà ce qu'il avoue un jour à son fils, lorsque ce dernier, devenu adolescent, prend un maiuvais chemin. 

    Enfer dantesque

    David L. Carlson bâtit avec patience un récit audacieux dans sa construction et sensible dans sa manière de suivre le personnage principal qui s’avère être non pas Charlie mais le taiseux et littérateur Matt, un homme passant son temps devant sa machine à écrire. Le caractère de cet homme mystérieux se dérobe au début pour le lecteur avant que ne débute la principale partie dans la prison de Stateville (Illinois). Nous voilà cette fois en 1936, dans un enfer carcéral que l’amitié de Matt et Richard va contribuer à humaniser.

    Le noir et blanc et les crayonnés hachurés de Landis Blair servent l’histoire vraie de Matt Rizzo et la plongée dans l’enfer dantesque, a fortiori pour un homme aveugle et que l’amitié avec l’un des plus grands criminels des Etats-Unis va paradoxalement sauver. "Dantesque" : ce terme n’est pas anodin car le salut de Matt passera par Dante, l’auteur de la Divine Comédie.  

    L’Accident de Chasse a reçu en 2021 le Fauve d’or du meilleur album au Festival d’Angoulême.

    David L. Carlson et Landis Blair, L’Accident de Chasse, éd. Sonatine, 2021, 472 p.
    https://www.lisez.com/livre-grand-format/laccident-de-chasse/9782355847813
    https://www.landisblair.com

    Voir aussi : "Respect pour les femmes"
    "Tout le portrait craché de sa mère"

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  • Les tribulations d’un Allemand en France 

    Ces chroniques d’un Allemand en France, Douce Frankreich de Frank Gröninger (éd. AlterPublishing), sont un hommage appuyé autant qu’un récit amoureux pour un pays – la France – à la fois attirant, fascinant, mais qui est aussi mal compris, sinon mal aimé. Qui peut le mieux en parler que précisément un étranger, qui a aujourd’hui la double nationalité ? L’auteur, Frank Gröninger, cite à ce sujet cette phrase de Kurt Tucholsky : "Un Allemand, il faut le comprendre pour l’aimer ; un Français il faut l’aimer pour le comprendre".

    Frank Gröninger appartient à cette génération d’Allemands qui a connu les bouleversements des relations franco-germaniques : les traumatismes de la seconde guerre mondiale font encore partie des souvenirs familiaux, souvent avec des non-dits perturbants, et que les premiers voyages dans les années 80 d’un jeune homme dans ce "pays mystérieux" ne sont pas sans attirer méfiances, surprises et incompréhensions. Il est aussi de la génération ayant connu la chute du Mur de Berlin, la réunification et la construction européenne derrière le couple politique franco-allemand et le mandat d’Angela Merkel.

    Depuis les premiers voyages scolaires jusqu’à l’installation définitive d’un citoyen européen né de l’autre côté du Rhin, Frank Gröninger relate ses découvertes de cet étrange pays qu’est la France, qui se targue d’être le pays du cinéma (tout en considérant que les classiques se limitent parfois aux Gendarme de Louis de Funès, aux Bronzés ou au Père Noël est une Ordure), un pays en retard dans le tri des déchets, un pays où "tous les français sont un peu pharmaciens/médecins dans l’âme", le pays des bises et des grèves ("Même dans un pays bordélique comme l’Italie ça n’existe pas !"). Le pays aussi où la nourriture est aussi importante que le sexe ("Ça me faisait rire car on se moque toujours des Allemands qui manqueraient de spontanéité et qui veulent tout planifier et pour le sexe les Français auraient-ils besoin d’un plan ? Il y a même des « films de cul ». Bizarre."). Et puis, il y a cette étrange relation entre Allemands et Français, faite de méfiance, d’incompréhension, mais aussi de fascination et de réelle sympathie. 

    L’Europe, les classes sociales, les mariages, les femmes, la culture, La mélancolie ou le cul

    Les chroniques de Frank Gröninger, chronologiques, ne dressent pas le parcours de l’auteur mais préfèrent s’arrêter sur ses rencontres au cours de ses 40 ans de vie entre la France et l’Allemagne : du jeune homme au pair lorsqu’il était étudiant à l’enseignement à Sciences Po Paris comme appariteur, l’ENA, au lycée Henri IV (avec un Un voyage eu Europe de l’Est pas forcément très glorieux pour la prestigieuse école) et son travail de traducteur à l’Assemblée nationale, au Conseil d’État, dans des écoles de commerce, à Matignon, au Ministère de l’Économie, au Ministère de l’Agriculture et au Ministère des Affaires étrangères où il exerce toujours, comme il l’explique au début de son livre.

    "Grâce à mes cours j’ai eu très vite un accès à « la France d’en haut », la France des grandes écoles, des concours…", dit-il. Pour autant, Frank Gröninger a aussi côtoyé la France dite "normale", celle des entreprises privées, des milieux populaires, des communautés immigrées où il a exercé comme "prof interculturel". Il témoigne, non sans émotion : "Je décidai de leur apprendre comment les préjugés naissent et qu’eux (et moi aussi) en avaient également. Ils venaient tous du 93, du « neuf trois », et avaient tous plusieurs « bagages » à porter."

    Il parle aussi de cette "France qui n’existe plus, une France du passé, celle de Juliette Gréco, de Georges Moustaki, de Bardot et de Brassens."

    Ces chroniques sont un peu moyen de faire passer quelques messages de tolérance et de compréhension entre les peuples : "Vous devez être conscients de l’image qu’on a de vous pour en jouer ou la contredire par vos gestes." Il y a encore cette remarque fort bien vue sur les incompréhensions encore présentes entre les deux pays anciennement ennemies : "Les Français pensaient que les Allemands n’avaient pas de savoir-vivre et ne pensaient qu’au travail. Les Allemands prenaient les Français pour des latins pas très sérieux qui arrivent en retard et veulent d’abord un café."

    Douce Frankreich est un témoignage sur les liens indéfectibles entre deux pays anciennement ennemis, mais aussi un livre plein d’espoir, en ce qu’il montre que des traumatismes nationaux peuvent être surmontés. Le lecteur s’arrêtera par exemple avec intérêt sur une expérience de professeur qui s’est avérée délicate pour Franz Gröninger : Comment enseigner l’allemand dans une école juive lorsqu’on est précisément le premier Allemand y enseignant depuis la seconde guerre mondiale ?

    300 pages ne sont pas de trop pour parler avec piquant, humour, mais aussi parfois sévérité, des préoccupations et des caractéristiques de la France et des Français d’aujourd’hui : la nationalité française, l’Europe, les classes sociales, les mariages, les femmes, la culture, La mélancolie ou le cul... Voilà qui rend sans doute notre pays si fascinant et étrange. Voilà aussi pourquoi Franz Gröninger a choisi d’en faire sa deuxième patrie : "Quoi qu’il advienne je resterai toujours « l’Allemand » aux yeux de la majorité des gens. Cela ne me gêne pas, car je suis conscient d’être assis « le cul entre deux chaises » pour parler français."

    Frank Gröninger, Douce Frankreich, éd. AlterPublishing, 2021, 296 p.
    https://www.alterpublishing.com/fr/douce-frankreich.html
    https://www.facebook.com/Douce-Frankreich-111189097816428

    Voir aussi : "Amitié franco-allemande"

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  • Chaman 2.0

    Le duo Octantrion a sorti cet automne le nouveau volet de son projet musical, sobrement intitulé : II. Ce nouvel opus devrait susciter de l’engouement, après le succès de leur précédent album, un auto-produit qui s’était hissé un temps dans le classement des meilleures ventes. La première édition a été par la suite remastérisée et augmentée de quatre nouveaux morceaux, baptisée 8, et sortie en 2018.

    Pour ce deuxième volet, Eléonore Billy et Gaëdic Chambrier, soutenus par la contrebasse de Jean-Philippe Viret (lauréat d‘une victoire de la musique en 2011) proposent un voyage dans la culture, les légendes, l’histoire et la mythologie des pays du Nord, à l’instar du premier titre, "Bältares Långdans", une création contemporaine tissée à partir d’un chant traditionnel suédois. Les deux musiciens français s’approprient des instruments traditionnels – nyckelharpa suédois, hardingfele norvégien, cistre basse nordique, mandoloncelle et guitare-harpe – au service d’une musique que l’on croirait venir de la nuit des temps.  

    C’est aussi "Hugin" et sa guitare syncopée, "Ragnarök", un hommage aux légendes nordiques avec une ballade tirée du folklore islandais ou encore "The Dead King", un chant mélancolique en anglais qui en hommage au corbeau-roi empalé sur un pieu, un morceau repris en fin d’album. La thématique du corbeau, comme symbole des cultures païennes vikings, sert de fil rouge à ce disque. Cet autre morceau, "Munin", fait la part belle à la mythologie scandinave en se centrant sur Munin, le second corbeau d’Odin.

    Octantrion se nourrit d’influences culturelles évidentes

    Octantrion se nourrit d’influences culturelles évidentes, en y mêlant le folk ("Strömkarlen Selar"), la pop ( "The Dead King Radio Edit"), le classique ("Element [Vilya]") et bien entendu le traditionnel ("Munin"). Quatre contrepoints, les "Element", ponctuent l’album en proposant des respirations "elfiques" sur les quatre éléments fondamentaux que sont l’air, le ciel, l’eau et la terre.

    Sur les quinze morceaux de l’opus, dix compositions originales côtoient cinq traditionnels suédois et islandais réarrangés. Outre "Bältares Långdans", il faut citer "En Gång När Jag Ska Dö", une ballade folk mêlant le traditionnel suédois, la pop et la folk, dans ce chant sur la mort et sur l’amour : "Un jour, quand je serai mort, les gamins viendront sur ma tombe et me diront quelle fille m’a aimé." Le morceau "Chaman", qui aurait pu donner son nom à l’album, est issu lui aussi d’un chant traditionnel islandais pour un nouveau voyage aux sonorités étranges.

    Ce nouvel album d’Octantrion fait le pont entre les traditions ancestrales et notre monde moderne, à l’instar d’"Against The Wind", plus pop pour ce morceau comme balayé par les vents glacés du nord et qui a été composé par Anne Hytta. C’est Olivier Derivière qui signe "Father" pour cette cette interprétation de la légende d’Amicia et Hugo, avec les instruments de la nyckelharpa et de la citole.

    Le voyage inattendu d’Octantrion se veut un vrai dépaysement géographique et temporel. Pari réussi.

    Octantrion, II, Quart de Lune/UVM Distribution/IDOL, 2021
    https://www.facebook.com/people/Octantrion/100063710617206/
    https://www.instagram.com/octantrion/?hl=fr

    Voir aussi : "Les âmes libres de Sarab"

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  • Avant qu’il ne soit trop tard

    C’est une farce et une comédie noire qui fait le bonheur en ce moment de Netflix. Don't Look Up, de d’Adam McKay, sous-titré en français Déni cosmique, fait parie de ces films coups de poing destiné à réveiller les consciences. Pour ce long-métrage à gros budget, des stars se pressent au portillon : à côté de Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence, il faut citer la présence de Meryl Streep, Jonah Hill, Cate Blanchett, Timothée Chalamet, Kid Cudi, Mark Rylance, Ron Perlman, Tomer Sisley et même Ariana Grande.

    Deux modestes astrophysiciens anonymes découvrent qu’une comète se dirige vers la terre. Si rien n’est fait, la terre sera percutée d’ici six mois, provoquant l’extinction de la vie sur notre belle planète. Une couse contre la montre commence pour éviter cette fin du monde annoncée. Les deux scientifiques battent le pavé pour prévenir les autorités et le public de la future catastrophe. Cette entreprise s’annonce vite comme des plus ardues. 

    Idiocratie

    À partir de ce qui s’apparente à une course contre la montre vitale, Adam McKay fait un portrait au vitriol d’une Amérique gangrenée par la futilité, les réseaux sociaux, les spécialistes en communication, les politiciens obtus, les médias obsédés par le divertissement, bref une idiocratie au pouvoir. À cet égard, la Présidente, jouée par une Meryl Streep déjantée en est un bel exemple. Et tout ce beau monde refuse de voir la catastrophe qui vient. 

    Les médias ne sont pas en reste. Car faute de trouver des oreilles intelligentes à la Maison Blanche, c’est vers une célèbre émission télé que nos deux astrophysiciens se tournent – qui sera aussi le début d’une improbable idylle avec la journaliste vedette, jouée par la formidable Cate Blanchett.

    On en oublierait presque la maléfique comète. Disons aussi que ce danger compte beaucoup moins que le message de Don't Look Up, cette histoire de "déni cosmique". Remplacez d’ailleurs "comète" par "réchauffement climatique" et vous aurez la clé de cette farce au rire grinçant. "Un danger mortel nous menace et où regardons-nous ?" semblent nous dire les auteurs du film.

    Le film n’est pas dénué de quelques faiblesses et longueurs. Il reste cependant d’une admirable force corrosive et donne à réfléchir. 

    Don't Look Up : Déni cosmique, comédie américaine de science-fiction d’Adam McKay,
    avec Leonardo DiCaprio, Jennifer Lawrence, Meryl Streep, Jonah Hill, Cate Blanchett,
    Timothée Chalamet, Kid Cudi, Mark Rylance, Ron Perlman, Tomer Sisley et Ariana Grande,
    2021, 138 mn, Netflix

    https://www.netflix.com/fr/title/81252357

    Voir aussi : "Flow de neige, de sons et de baisers"

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  • Célestin a les pieds sur terre

    Derrière Célestin, se cache Sébastien Rambaud, le batteur du duo Fills Monkey. C’est en solo qu’il s’est lancé il y a quelques années, sous le nom de Célestin, un personnage "sincère" et qui lui ressemble beaucoup, comme il le dit lui-même. Après un premier album, Poussière de luxe, le voilà de retour bientôt avec un deuxième album et un nouveau single, "Miss lune".

    Célestin impose son image d’artiste mêlant la poésie, l’introspection, l’ironie et l’engagement. "Miss Lune", savant dosage de chanson française et d’électro, est le portrait d’un homme bien dans son époque ("Ça peut vous sembler bizarre mais j’ai pas les pieds sur lune") et qui recherche son alter-ego : une "lunienne pour balade au clair de terre".

    Célestin accompagne son nouveau single d’un clip de Geoffroy Virgery qui n’est pas sans rappeler l’univers de Jean-Baptiste Mondino.

    Le deuxième album de Célestin est attendu pour 2022.

    Célestin, Miss Lune, single, 2021
    https://www.instagram.com/celestin.officiel
    https://fr.tipeee.com/jesuiscelestin

    Voir aussi : "Inventaire après décès"

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  • Je ne suis pas un héros

    Disons-le au moment d’ouvrir cette chronique :  14 Juillet de Bastien Vivès n’est pas l’actualité la plus chaude du dessinateur français, puisqu’il est sorti il y a un an. Aujourd’hui, celui qui peut être qualifié comme l’un des auteurs de BD les plus importants et les plus doués de sa génération, propose une aventure de Corto Maltese, reprenant le personnage mythique imaginé par Hugo Pratt.

    C’est d’un autre roman graphique dont je vais vous parler : 14 Juillet (éd. Casterman), avec Martin Quenehen au scénario. Récit à la fois sombre, intime et ancré dans notre époque, il risque de désarçonner les familiers de Bastien Vivès par son parti-pris socialo-politique.

    Le héros de ce récit tendu est Jimmy Girard, gendarme de son état : un homme solide, vanté par son supérieur pour ses capacités physiques, son esprit d’initiative et son charisme. Une collègue, Stéphanie, n’est pas insensible au charme du militaire, dont le destin va basculer sous la chaleur écrasante d’une petite ville du sud de la France. 

    Jimmy devient la figure du héros universel, mais non sans failles

    Lors d’un banale contrôle routier, Jimmy et ses collègues vérifient les papiers d’un homme venu s’installer dans la région. Il s’appelle Vincent, est un jeune retraité qui vient de perdre sa femme dans un attentat et est accompagné de sa fille, Lisa. Vivès est fasciné par ce duo aux comportements et aux mobiles des plus étranges. Une filature mène le gendarme sur la piste de Vincent jusque dans un quartier HLM. Jimmy s’engage dans une initiative à gros risque.

    Le graphisme de Bastien Vivès est reconnaissable entre tous : efficacité des traits à peine esquissés, travail sur le noir et blanc et sur les palettes de gris, avec des visages et des corps réduits à leur plus simple expression. Jimmy devient la figure du héros universel, mais non sans failles. Il faut lire et relire 14 Juillet pour comprendre la profondeur du récit dévoilant les failles des personnages et en particulier du gendarme Jimmy, trouvant dans Vincent la figure du père qu’il a perdu et dans Lisa une jeune femme fatale et inaccessible.    

    En faisant rejoindre les angoisses contemporaines de nos sociétés, la violence d’une actualité récente et l’intimité d’un militaire ordinaire, Bastien Vivès et Martin Quenehen proposent un roman graphique d’une belle maîtrise, où les silences et les non-dits sont bien plus importants que les mécanismes d’un récit patiemment construit.

    Bastien Vivès et Martin Quenehen, 14 Juillet, éd. Casterman, 2020, 256 p.
    https://www.casterman.com/Bande-dessinee/Catalogue/albums/quatorze-juillet
    http://bastienvives.blogspot.fr
    https://www.instagram.com/bastienvives

    Voir aussi : "Changez-vous, mademoiselle"
    "Les meilleurs amis du monde"

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  • Jazz muté

    Le saxophoniste français Rodolphe Lauretta nous entraîne dans des Antilles à la fois proches et lointaines. Kreolia, le nom de son nouvel album est celui aussi du premier titre qui ouvre l’opus. Il s’agit d’un morceau paradoxalement très jazz, mais il s’agit d’un jazz qui aurait muté grâce à l’apport de rythmiques créoles. Portés par le saxophone du musicien et d’inventions sonores électro et contemporaines

    "The Roy" – en hommage à Roy Hargrove – a des sonorités à la fois jazz et funky. "Brazilian Truth", plus court : dans un jazz cette fois pas si lointain des Caraïbes, au Brésil, dans un titre métissé, bien entendu, entre samba, jazz et urbain. Voilà qui donne un accent hyper moderne  à ce projet musical initié par une commande du festival Jazz à Vienne autour d'un hommage à Madlib.

    Impossible non plus de ne pas parler des invités de cet opus à la belle richesse : le chanteur Dwight Trible, la chanteuse Genevieve Artadi du groupe Knower, le rappeur M.E.D aka Medaphoar et la chanteuse Ruppert Pupkin.
    "Ultraviolet" plus électro, comme un moment de smooth dans les étoiles. Du smooth dans les étoiles. Avec ce qu’il faut d’impro.

    Du smooth dans les étoiles

    "We Are All One" est un titre donnant tout son place au chant – et nous dirions même à la déclamation –  dans un son mêlant jazz et contemporain. La voix de Dwight Trible se mêle avec étrangeté et singularité avec le saxophone et les flûtes de Jî Drû.

    "Where To Go" jazz plus occidental et posé prouve que Rodolphe Lauretta connaît ses gammes, tout en regardant à la fois vers le continent américain et vers l’Europe.

    C’est avec Genevieve Artadi que le jazzmen s’aventure le plus loin, avec un superbe titre, "Anticipation", une magique création de sons, de textes, dans une pop-jazz luxuriante, voyageuse et délicate tout à la fois.

    Plus étrange encore est le titre "Mashupdistage" hallucinogène, sûrement, mais à la rigueur toute jazz. Impossible à ce sujet de ne pas parler de "Smookin’ Wid Lord Quas", avec ce  jazz "cool" très XXIe siècle. L’auditeur retrouvera sans doute ses marques avec "Sauvée", une chanson française de Ruppert Pupkin sur "les séquelles de l’oubli" "Un regard tuméfié", « Étranger de ma tête / Effacé à jamais").

    L’album de Rodolphe Lauretta se clôt avec l’étrange, audacieux et dépaysant "Haïti", dans un  mélange luxuriant de jazz, de pop et de rythmes caribéens, non sans. Sur des sons synthétiques, le thème bebop aux accents biguine font place à un second mouvement explosif et syncopé, typique du broken beat londonien. La primeur est laissée à la danse et à la transe, avec en apothéose les ferventes envolées du saxophone et du piano.

    Rodolphe Lauretta, Kreolia, Cristal Records, 2021
    https://www.rodolphelauretta.com
    https://www.facebook.com/rodolphelaurettamusic
    https://www.instagram.com/rodolphelauretta

    Voir aussi : "Les âmes libres de Sarāb"

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