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Bandes dessinées et mangas - Page 11

  • Aimez-vous les livres pour enfants ?

    Cette question, à vrai dire le narrateur personnage principal de la saga Le Maître des Lives de Umiharu Shinohara (éd. Komikku), ne se l’ai jamais posée. Du moins jusqu’à un certain soir de beuverie. En pleine nuit, après une fête bien arrosée, Miyamoto entre par hasard dans une bibliothèque privée destinée à la jeunesse et joliment nommée La Rose Trémière. L’homme désœuvré, qui ne désire pas rentrer chez lui tout de suite, découvre un univers qui lui est inconnu. L’endroit est tenu par un certain Mikoshiba, un bibliothécaire aussi doué que détestable. Colérique, jaloux de ses compétences et souvent fermé, il fait une très désagréable première impression au visiteur impromptu.

    Pourtant, ce dernier décide d’y revenir. La bibliothèque pour enfants et ses livres lui deviennent familiers et il fit par se lier d’amitié avec ceux qui y travaillent ou ceux qui y viennent. Il y a d’abord les deux employées, Mizuho, la blonde et Itaya, la brune. Il y a aussi Shôta, un jeune garçon insolent qui finit lui aussi par se sentir comme chez lui dans cette bibliothèque. La propriétaire, la mystérieuse et magnétique Kotegawa apparaît à la fin du premier volume. Sans oublier bien entendu Mikoshiba, le véritable maître des lieux.

    Avec sa facture classique de manga venu tout droit du Pays du Soleil Levant, Le Maître des Livres est une saga relativement modeste dans son genre : "seulement" 15 volumes parus de 2011 à 2017. Le tour de force de cette série de BD créée par Umiharu Shinohara est de proposer une histoire simple, attachante et non sans qualités pédagogiques.

    Une histoire passionnante et non sans qualités pédagogiques

    Aux lecteurs que ce dernier terme pourrait faire fuir, précisons que suivre les pas de Miyamoto, ce Tokyoïte découvrant une bibliothèque inconnue et des ouvrages dont il n’avait souvent qu’entendu parlé, donne envie de lire à son tour les classiques de la littérature japonaise ou mondiale évoqués : les contes de Nankichi Niimi, Robinson Crusoé de Daniel Defoe, Le prince heureux d’Oscar Wilde, L’Île au Trésor de Robert-Louis Stevenson ou Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède de Selma Lagerlöf. Ces histoires, connus ou moins connus de ce côté-ci du monde, viennent en écho au récit des protagonistes qui n’auraient jamais dû se rencontrer.  

    Là est vraiment le grand atout du Maître des Livres : les aventures de Miyamoto et ses amis de la bibliothèque La Rose Trémière comptent finalement autant que la mise en image de contes pour enfants, trouvant pleinement leur sens dans l’histoire de cette petite société littéraire dominée par Mikoshiba, le personnage sans doute le plus romanesque parce que le plus mystérieux. Le premier tome se termine par un marché proposé à Miyamoto par Kotegawa, la véritable maîtresse des livres. On peut s’attendre à des rebondissements pour la suite.    

    La saga de Umiharu Shinohara s’étale sur 15 volumes – une bagatelle pour un manga – et qui a l’avantage de pouvoir capter un large lectorat sans pour autant le lasser. 

    Umiharu Shinohara, Le Maître des Livres, tome 1, éd. Komikku, 2011, 
    https://www.facebook.com/komikku
    https://shukanmanga.jp

    Voir aussi : "Géants de papier et autres yōkai"
    "Marcher pas à pas au gré du vent"

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  • Géants de papier et autres yōkai

    Derrière l’Atelier Sentô, se cachent Cécile Brun et Olivier Pichard, les auteurs français du très bel album, Rêves de Japon (éd. Omaké Books). On les avait découverts grâce à leur manga Onibi (éd. Issekinicho), un manga à mi-chemin entre Occident et Orient. On y suivait les pérégrinations de Cécile et Olivier – évidemment les alter-egos de la dessinatrice et du scénariste – au pays du Soleil Levant et des yōkai, ces esprits qui abondent dans la tradition nipponne. Plusieurs pages sont consacrées à ce sujet (cases, crayonnés, études). Pour leur livre Rêves de Japon, le voyage se fait hommage dépaysant, grâce à des illustrations nombreuses et un texte français traduit en anglais et en japonais.

    Les deux acolytes de l’Atelier Sentô parlent de leur fascination pour un pays attachant, riche, complexe et infiniment séduisant. Ce qui intéresse Cécile Brun et Olivier Pichard est ce Japon multimillénaire qui a su conserver et jalousement défendre ses traditions et son folklore en dépit des son attachement à la modernité et aux technologies où il excelle.

    "Ces paysages éphémères, désormais lointains, se glissent dans nos rêves. Les yeux fermés, nous nous préparons à un nouveau voyage" disent les auteurs. La couverture de l’ouvrage ne pouvait pas être mieux trouvée : une jeune femme en kimono, allongée au milieu d’un paysage oriental, regarde un papillon se poser délicatement au bout de ses doigts. Le lecteur a entre les mains un authentique livre poétique qui est aussi un chant d’amour pour le pays de Miyazaki. Le cinéaste, "un monument" fait d’ailleurs l’objet de plusieurs pages. 

    La couverture de l’ouvrage ne pouvait pas être mieux trouvée

    Rêves de Japon se veut aussi une déambulation dans un pays infiniment riche : les ruelles si typiques qu’elles semblent hantées, les jardins zen, les dagashiya, ces boutiques adorés par les enfants, les villages subtropicaux du sud du Japon ou les temples, identifiés par les torii, les emblématiques portails rouges.

    À côté des nombreuses pages consacrés aux yōkai ("Terreurs nocturnes"), ces fameux esprits semblant hanter jusqu’aux cités les plus modernes, les auteurs consacrent de nombreuses pages aux habitants et en particulier et aux enfants croisés au cours de leur pérégrinations, croqués non sans fantaisie – et fantastique : le lecteur s’arrêtera avec plaisir sur les délicates aquarelles, que ce soit la femme aux deux bouches, la renarde ou la lectrice au grand cou.

    Pour compléter sur cet album, le lecteur y trouvera quelques secrets de création de leurs auteurs ainsi que des planches de manga inédites ("Minicomic", "Komura", "Natsuko").

    Sur ce livre personnel à plus d’un égard, ce sont leurs auteurs qui en parlent le mieux : "Entre ombre et lumière, le Japon nous murmure des histoires".

    Atelier Sentô, Rêves de Japon, éd. Omaké Books, 2019, 217 p.
    http://ateliersento.com

    Voir aussi : "Complètement baba de bulles"
    "Aubusson tisse Miyazaki"

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  • Enki Bilal fait du bruit dans Landerneau

    Jusqu’au 29 août, la Fondation Leclerc propose à Landerneau, dans l’ancien couvent des Capucines, sa grande rétrospective sur Enki Bilal.

    La passion d’Édouard Leclerc pour la bande dessinée est proverbiale : que le fonds d’art contemporain mette à l’honneur le créateur des Phalanges de l’Ordre noir (1979), de Bug (2017-2021) ou de La Femme Piège (1986) n’est donc pas franchement une  surprise. Ce qui l’est moins est le parti pris de décortiquer l’œuvre du dessinateur en faisant le choix d’un parcours non pas chronologique mais thématique : "L’humain", "La ville", "Le cosmos" ; "La machine", "L’animal", "La violence", "La géopolitique", "La métamorphose", "L’intimité". L’analyse formelle technique de son œuvre fait l’objet de quatre autres espaces : "Le dessin" "La composition", "La couleur" et "La grisaille".

    Le spectateur de l’exposition est d’emblée frappé par la palette des moyens d’expression d’Enki Bilal : la bande dessinée et le dessin, bien entendu, mais aussi le scénario, la peinture (les acryliques de La Tétralogie du monstre ou l’installation Inbox à la Biennale de Venise de 2015), le cinéma (Bunker Palace Hôtel, Tykho Moon et Immortel (ad vitam)), sans oublier des incursions dans le théâtre (le Roméo et Juliette d’Angelin Preljocaj ou La Nuit juste avant les Forêts de Bernard-Marie Koltès).

    Le spectateur de l’exposition est d’emblée frappé par la palette des moyens d’expression d’Enki Bilal 

    La BD est au cœur de l’exposition proposée à Landerneau. Planches originales, crayonnées et couvertures sont d’autant plus saisissants que chaque case peut être isolée et regardée comme un tableau autonome. Que l’on pense aux espaces consacrés aux Phalanges de l’Ordre noir (1979) ou à La Croisière des oubliés (1975). L’exposition s’attache également à mettre en valeur le travail de composition et de montage autant que le soin qu’il met dans la colorisation de ses planches (le bleu et le rouge pour l’essentiel).

    Le travail d’Enki Bilal est par ailleurs indissociable de ses origines yougoslaves et de sa réflexion sur la chute du communisme, préambule aux multiples déflagrations géopolitiques (Partie de chasse, 1983). L’univers de Bilal est celui de sociétés sombres et violentes (le gris est omniprésent). Même dans des civilisations aux technologies avancées, l’humain est cet être nomade obligé de survivre quitte à se métamorphoser et s’hybrider (32 décembre, Animal’z). Il reste cependant cet infime espoir que tout n’est pas perdu, ce qu’illustrent ces personnages féminins et ces couples soudés dans l’amour.

    Cette passionnante exposition est enrichie d’extraits de films (Metropolis, Orange Mécanique ou Blade Runner) et d’œuvres de Gustave Doré, d’Antoine Bourdelle et même une toile de Francis Bacon. Preuve qu’Enki Bilal a su, comme beaucoup, mettre la bande dessinée à un niveau d’excellence. 

     Expo "Enki Bilal", jusqu’au 29 août 2021
    Fonds Hélène & Édouard Leclerc pour la Culture
    Les Capucins, 29800 Landerneau
    https://www.fonds-culturel-leclerc.fr/En-cours-Enki-Bilal-642-21-0-0.html
    http://bilal.enki.free.fr

    Voir aussi : "Un conte de Bilal"
    "En première ligne"

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  • Marcher pas à pas au gré du vent

    Paru en France en 2019, le manga de Jirô Taniguchi, Furari (éd. Casterman) a déjà 10 ans. Il a pourtant tout du classique à lire absolument.

    Le postula de cette bande dessinée est pourtant des plus simples : au XVIIIe siècle, un homme arpente les rues, les quartiers et les parcs de la cité d’Edo (l’ex Tokyo) et compte patiemment et régulièrement ses pas. Son but ? Cartographier sa ville. Il désigne ainsi son projet à sa femme Eï : "Ces doux paysages japonais… Cette topographie naturelle je veux l’enregistrer minutieusement sur des cartes pour les générations à venir".

    Jirô Taniguchi fait de cette mission de géographe et de scientifique non pas un récit historique mais une série de tableaux renvoyant à une vision shintoïste du monde : "Le milan", "Les cerisiers", "La tortue" ou "Les étoiles".

    Certes, il est question de la mission officielle que cet arpenteur obtient de l’empereur : établir des mesures jusqu’à Hokkaido ("L’orage"), mission qui prend forme dans le dernier chapitre ("La neige") et au cours duquel Eï va tenir un rôle important. Pour autant, l’objectif de Jirô Taniguchi est de suivre les pas de cet arpenteur dont les marches à longueur de journée sont un prétexte à redécouvrir une cité qu’il connaît bien, à croiser des habitants : vendeurs sur les marchés, clients attablés au restaurant, pêcheurs à pied, enfants joueurs ou poètes dont Issa Kobayashi (1763-1828). Il est aussi beaucoup question de repas et de haltes dans de simples échoppes tokyoïtes, à l’instar de l’autre ouvrage de déambulation de Tanigushi, Le Gourmet solitaire.

    "Je marche sans m’arrêter, j’avance sur mon chemin"

    Furari (terme qui signifie en japonais "au gré du vent") est aussi et surtout un récit méditatif suivant les pas d’un homme autant scientifique que poétique. "Pourquoi ce qui n’était qu’un passe-temps m’a ainsi embarqué vers quelque chose de si important ?" se demande-t-il. Le spectacle de fourmis s’affairant autour du cadavre d’un lucane le fait s’interroger sur le sens de ses marches à longueur de journée pour un objectif qui lui est propre ("Je marche sans m’arrêter, j’avance sur mon chemin").

    Le manga de Jirô Taniguchi frappe par son élégance, sa simplicité mais aussi la sophistication de son découpage (que l’on pense aux chapitres "La baleine" et "L’éléphant"). La figure de l’arpenteur est bien entendu centrale dans ce livre où il est autant question de chiffres que de ces petites choses du monde, que ce soit un flocon de neige, une libellule ou un milan.

    Jirô Taniguchi, Furari, éd. Casterman, 2019, 208 p.
    https://www.casterman.com/Bande-dessinee/Catalogue/ecritures/furari

    Voir aussi : "La compassion sauvera le monde"

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  • Sempé en vente chez Artcurial

    Le 19 juin prochain, la prestigieuse salle aux enchères Artcurial proposera à la vente 54 œuvres originales de Sempé. Ce sera aussi l’occasion de revenir sur les 60 ans de carrière du légendaire et génial dessinateur français. Plus d’une personne sera surprise d’apprendre que non-content de travailler pour des journaux et magazines nationaux comme Paris Match, L’Express Le Figaro ou encore Pilote, Jean-Jacques Sempé a aussi dessiné pour des titres étrangers comme The New Yorker, Sports Illustrated ou Punch.

    Eric Leroy, l’organisateur de cet événement, dit ceci : "Pour la première fois sur le marché de l’art est proposé un ensemble exceptionnel de dessins de ce génie de l’humour et de la poésie."

    Il est vrai que l’univers du  créateur du Petit Nicolas est unique, mélange de saynètes quotidiennes et poétiques et de regards tendres sur ses contemporains.

    Les 54 œuvres proposées à la  vente – couvertures d’album, de magazines ou dessins humoristiques – ont été réalisés soit à l’encre de Chine sur papier pour les dessins noir et blanc, soit à l’aquarelle ou crayons de couleur pour les dessins couleurs.

    Les dessins de la vente du 19 juin représentent toute la longue carrière de Sempé. Les dessins les plus anciens qui seront présentés datent du début des années 60.

    On y découvre à travers des scènes de vie quotidienne - deux cyclistes déambulant ainsi dans les rues tandis que l’on s’attarde sur une "Petite ballerine" - mais aussi des dessins d’humour tel que "Il était déjà comme ça avant !", "La cartomancienne" ou enfin "À l’opéra", une œuvre qui souligne l’importance de la musique pour Sempé.

    On plonge également dans l’univers du dessinateur à travers une visite de ses quartiers parisiens de prédilection : au jardin du Luxembourg ou encore à Saint-Sulpice. Un certain nombre de dessins permettent de retracer la carrière de l’artiste aux Etats-Unis. Sempé illustre la vie effrénée new yorkaise avec un coursier se frayant un chemin dans les rues de la Grosse Pomme. Sempé réalisait aussi des couvertures pour le New Yorker Seront ainsi proposées à la vente "The Musicians in Central Park - 1983" ou une scène de célébration colorée à l’occasion du "4th of July".

    On découvre enfin l’amour de Sempé pour le sport avec des dessins de couverture pour Sports Illustrated, l’un des plus importants magazines sportifs hebdomadaires américains, avec notamment "Droit au but" ou "L’entraînement".

    Pour les passionnés et ceux qui ont quelques sous dans leur bas de laine, rendez-vous est pris le 19 juin pour cette vente, avec des dessins estimés de 10 000 à 50 000 euros mais dont les prix devraient s’envoler.

    "Jean-Jacques Sempé, dessinateur d’humour"
    Artcurial
    Vente aux enchères le 19 juin 2021, Paris
    https://www.artcurial.com

    Voir aussi : "Un record pour Le Lotus Bleu"

    Jean-Jacques Sempé, La petite ballerine © Artcurial
    Jean-Jacques Sempé,
    Le violoniste © Artcurial

    sempé,artcurial,enchères,dessins

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  • Gino Bartali, Juste Champion

    Exceptionnels destin et carrière que ceux de Gino Bartali !

    Les fans de cyclisme connaissent le champion et ses deux victoires au Tour de France, l’une en début de carrière en 1938 et l’autre à la toute fin, dix ans plus tard, en 1948, alors que le champion italien va sur ses 40 printemps. L’exploit est encore inégalé à ce jour.

    La performance est d’autant plus remarquable que la carrière du cycliste a été stoppée net par la seconde guerre mondiale, et là est justement le cœur de la bande dessinée de Julian Voloj et Lorena Canottiere, Gino Bartali, Un champion cycliste parmi les Justes (éd. Marabulles).

    Figure sportive autant qu’héroïque, Gina Bartali naît en Italie dans un village près de Florence. Ses origines modestes le destinent à une existence modeste – maçon comme son père ou ouvrier agricole comme sa mère. Mais c’est le vélo, qu’il découvre jeune, qui le passionne. Côtoyer son cousin Armando mais aussi et surtout son ami Giacomo Godbenberg ont un impact décisif sur son existence et sur sa vie. D’abord parce que la bicyclette a eu une place prépondérante dans les jeunes années de ces garçons, et aussi en raison des origines juives du petit Giacomo, fils d’expatriés russes.

    Rapidement, de courses amateurs en critériums semi-professionnels, Gino Bartali excelle dans les courses à vélo, jusqu’à obtenir ses premiers prix. Sport déjà populaire, le cyclisme est également vu comme une arme idéologique et patriotique dans l’Italie mussolinienne.

    Attachant et comme invulnérable

    Compétiteur dans l’âme, Gino Bartali arrive au Tour de France 1937 comme favori mais il lui faut attendre un avant avant de remporter le Maillot Jaune. Il est le deuxième Italien à remporter la plus importante course du monde. C'est pain bénit pour Mussolini qui rêve de faire de Bartali un des nouveaux héros italiens, "mais dans son pays, le fait qu’il n’encense pas le fascisme et qu’il ne mentionne pas le Duce dans son discours de remerciement fut remarqué."

    Ce premier acte de courage n’est pas le dernier pour celui qui est le plus grand sportif italien de son époque. Sa carrière est cependant compromise avec la seconde guerre mondiale, et contre toute attente, Gino Bartali choisit de se mettre au service de la Résistance et de la lutte contre l'antisémitisme.

    Les fans de cyclisme se précipiteront sur cette bande dessinée élégante et sensible consacrée à une des figures majeurs du vélo, double vainqueur du Tour de France et véritable héros dans son pays. Gino Bartali a été un peu oublié de ce côté des Alpes et cette BD est un excellent moyen de se souvenir de lui, de son parcours, de ses choix et de sa carrière qui aurait pu être bien différente sans le conflit mondial de 39-45 et des dictatures nazies et fascistes du XXe siècle.

    Sur un scénario dense et héroïsant le champion péninsulaire, Lorena Canottiere, Grand Prix Artemisia 2018 pour l’album Verdad, utilise des couleurs pastel rose et orangées. Il y a une certaine douceur, pour ne pas dire naïveté, dans les traits de ses personnages. En dépit de la dureté de cette période, les événements les plus tragiques sont évoquées avec pudeur pour ne garder que l’essence de l’athlète italien, attachant, héroïque, généreux et comme invulnérable. 

    Julian Voloj et Lorena Canottiere, Gino Bartali, Un champion cycliste parmi les Justes,
    éd. Marabulles, 2021, 128 p.

    https://www.yadvashem.org/fr/justes/histoires/bartali.html

    Voir aussi : "Le philosophe aux plateaux"
    "Lev Yachine, l’araignée dorée"

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  • Des héros à l’infini

    Voilà une BD souriante, intelligente, bien construit, au graphisme moderne et qui devrait intéresser un très marge public. Les Mythes grec en BD de James Davies est proposé par les éditions Larousse. La vénérable institution propose de dépoussiérer l’apprentissage de la mythologie grecque grâce à un album fantaisiste et humoristique, mais sans pour autant trahir l’histoire de ces mythes, héros et légendes qui ont traversé les siècles.

    Après une présentation sur deux planches de la Grèce antique et de la mythologie, l’auteur anglais passe directement dans le vif du sujet avec un récit imaginé du chaos et de la création du monde. Grâce à James Davies, les noms de Gaïa, Cronos ou Atlas ne seront plus un mystère, pas plus que la naissance de la génération suivante de dieux et déesses : Déméter, Hestia, Héra, Hadès, Poséidon et, the last but not the least, Zeus.

    Sans pour autant trahir l’histoire de ces mythes

    S’ensuit une présentation de ces personnages imaginaires mais fondamentaux dans la pensée grecque. Et l'auteur le fait avec pédagogie. Là justement est l’apport des Mythes grec en BD : à côté d’histoires racontées en 6 pages, avec humour et non sans nombreux clins d’œil ("La boîte de Pandore", "Thésée et le Minotaure", "Persée et Méduse", "Orphée et Eurydice", "Le Cheval de Troie" et "Les Douze travaux d’Hercule"), James Davies intercale à chaque fois deux planches explicatives et thématiques, mettant en perspective la mythologie dans la pensée et la société grecque : comment les mythes servaient à expliquer le monde, une galerie des héros expliquée par le centaure Chiron, les créatures fantastiques ou le monde souterrain après la mort.

    Plus intéressant encore, l’auteur parle de l’importance du destin dans l’histoire de ces mythes et met en parallèle la carte géographique de la Grèce avec les lieux de personnages légendaires : le Minotaure en Crête, l’île d’Ithaque où vivait Ulysse et bien entendu la cité de Troie dans l'actuelle Turquie. Pour ce dernier exemple, remarquons aussi que la légende racontée par Homère et l’histoire se rejoignent de manière troublante. 

    James Davies, Les Mythes grec en BD, éd. Larousse Jeunesse, 2021, 61 p.
    https://www.editions-larousse.fr
    http://www.drawjamesdraw.com
    @drawjamesdraw

    Voir aussi : "Les aventuriers de l'Arche perdue"

    James davies,bd,bande dessinée,mythe,mythologie,grèce,antiquité

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  • Nouveaux plans à Troie

    achille,troie,iliade,homère,sexe,érotisme,antiquitéVoici donc le troisième et dernier tome d'Achille de Cosimo Ferri (éd. Tabou), une série historico-érotico-littéraire, qui ne s’embarrasse pas de liberté avec ce patrimoine qu’est l’Iliade d’Homère.

    C’est la lutte finale à Troie. Priam s’inquiète des victoires d’Achille, désespéré après la mort de son ami et amant Patrocle mais qui sent que la guerre de 10 ans peut se terminer avec la victoire des Achéens. Les batailles s’enchaînent (contre Penthésilée la reine des Amazones par exemple), mais aussi les prisonniers et les captives, dont la sémillante Briséis que les Troyens cherchent à récupérer.

    Mais c’est une autre femme qui va dénouer le récit :  Polyxène, la plus jeune fille du roi Priam, qu’Achille rencontre par hasard, et qui tombe dans ses bras. Leurs étreintes éloignent quelque peu le fils de Thétis des champs de bataille alors que les victoires s’enchaînent. L’union de la princesse troyenne et du guerrier grec pourrait bien signifier la fin des hostilités. Mais c’est sans compter le talon d’Achille.

    Le lecteur trouvera dans ce dernier volume les héros du cycle troyen : Achille, bien sûr, mais aussi Priam, la belle Hélène, Pâris, Ménélas, Memnon, le "demi-dieu" et roi des Ethiopiens, Briséis et Cassandre. La Guerre de Troie est revisitée en respectant dans ses grandes lignes le récit et le souffle homérique, mais en y insufflant de l’érotisme, de l’ardeur, des guerriers statufiés et des corps à corps enfiévrés.

    On connaît la fin de l’histoire – le Cheval de Troie, la prise de la ville et la fuite d’Énée. Il reste que Cosimo Ferri a réussi à redonner vie et vigueur - beaucoup de vigueur, même ! - à ses personnages.

    Reste maintenant à savoir si, après cette trilogie troyenne, l’auteur ne s’attaquera pas à l’Odyssée.

    Cosimo Ferri, Achille, tome 3, De Fer et de Chair, éd. Tabou, 2020, 64 p.
    https://www.cosimoferri.com
    https://www.facebook.com/cosimoferriart
    http://www.tabou-editions.com

    Voir aussi : "Plans à Troie"

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