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C’est à mi-chemin entre tableaux et illustrations que semble se balader Andreea Gherghinesco qui expose à Gien, à la Galerie Éphémère, du 11 au 24 décembre 2023. Il ne reste donc que quelques jours pour découvrir cette artiste à l’univers onirique.
Il y a, bien sûr, ses chats. Cette étonnante série avait fait l’objet l’an dernier d’une exposition dont nous avions parlé sur Bla Bla Blog. Quelques-uns de ces félins anthropomorphes sont de nouveau présents à Gien, telle cette féline au pelage rouge et robe fleurie portant un martin-pêcheur vert en guise de coiffe (Automne), ce chat "philosophe" grassement assis sur un divan bleu (Délicieusement freudien) ou l’étonnante et poétique Lady orange et le poisson volant. Les connaisseurs et connaisseuses reconnaîtront la patte d’Andreea Gherghinesco. Elle a cette manière de rendre ses chats aussi familiers que des frères humains. L’artiste en fait des animaux si nobles qu’ils en deviennent aristocrates – et même aristocrates anglais, comme catapultés depuis l’époque victorienne.
À la Galerie Éphémère, Andreea Gherghinesco propose cette année une autre série qui convaincra que l’artiste (qui s’est autoportraitisée elle même dans ce magnifique Nuit à Reykjavik) ne se borne pas à de l’illustration faussement naïve et réellement amoureuse. Elle propose (à l’exposition mais aussi à la vente!) des scènes de nature à la facture fauviste.
Ces scènes de baignades, sans doute l’une des plus prodigieuses réussites de cette exposition
Ce sont souvent des femmes qui sont représentées, perdues, esseulées ou simplement pensives. Le spectateur y verra sans doute la recherche d’une forme de consolation (Ne craignez rien reine ! Ne craignez rien) ou de paix intérieure (Une place à soi). Il y a de l’universel dans ces personnages aux visages indistincts, surpris au milieu de paysages sauvages (I have ghosts). On pense aussi au surréaliste Deep into the winter avec cet "œil de Caïn" au sol, prêt à avaler cette promeneuse en survêtement vert et blouson bleu sombre.
La nuit, le crépuscule et l’aurore sont les moments qu’Andreea Gherghinesco semble chérir, comme s’ils étaient propices à la contemplation loin des tumultes du jour (Mais que cherchent-ils ?). Les cieux orageux et inquiétants sont paradoxalement des plus apaisants (le superbe L’après-midi orageux), pour ne pas dire oniriques (Lune folle).
Il faut enfin absolument parler de ces scènes de baignades, tant prisées autrefois par les peintres fauvistes. Andreea Gherghinesco y plonge elle aussi avec bonheur. Voilà qui est sans doute l’une des plus prodigieuses réussites de cette exposition. Les nageuses ont le visage tourné. Vues de dos, elles sont plongées dans la contemplation de paysages printaniers ou estivaux (Faraway so close). Scènes de plongeons, nages élégantes, moments de méditation (Into the deep) ou d’attente (Fin d’été), les baigneuses ont cette grâce incroyable où la féminité est bien entendue reine.
L’exposition d’Andreea Gherghinesco se déroule à la Galerie Éphémère jusqu’au 24 décembre 2023. Et en cette fin d’année, l’artiste propose également à la vente, outre ses tableaux, des cartes de vœux de sa création.
Artcurial a eu la bonne idée de partager cet événement en plusieurs sections distinctes. La première est dédié à l’Art Moderne. La vente dans la soirée du 5 décembre sera centrée autour de deux peintures majeures de Kees Van Dongen, la magnifique Mlle A.D. la baigneuse, Deauville (1920) et La Tempête de René Magritte (1931). Pour les acquérir, pas question de s’en sortir à moins de 1,4 à 2,4 millions d’euros. Les collectionneurs et collectionneuses pourront tout aussi bien jetés leur dévolu sur des œuvres moins onéreuses : un Claude Monet, Bords de Seine dans la brume de 1894, vendu au profit de Médecins du Monde France, une des emblématiques nanas (très) voluptueuses de Fernando Botero (Eva, réalisée en 2017), un bronze chef modèle d’Edgar Degas, Cheval à l’abreuvoir, ou encore une rare nature morte cubiste de Jean Metzinger de 1913-1914. A cela, s’ajoutent des créations de Salvador Dalí, Joan Miró, Juan Gris, Albert Gleizes, Raoul Dufy ainsi que Max Ernst.
Artcurial a eu la bonne idée de partager cet événement en plusieurs sections distinctes
La vente Post-War & Contemporain proposera des œuvres exceptionnelles d’après 1945. Citons une huile sur toile perforée de Lucio Fontana (Concetto spaziale, Piazza San Marco al sole). Jean-Michel Basquiat sera également mis à l’honneur à travers The Elephant, réalisée deux ans avant son décès en 1988 à l’âge de 27 ans. Il s’agit d’une peinture monumentale de presque 3 mètres de long, sur un fond brun travaillé avec des motifs de crânes, de squelettes mais également africains sont le reflet exact de son style. La vente mettre également en exergue une huile et feuille de métal sur toile d’Anna-Eva Bergmann, peintre franco-norvégienne de la nouvelle École de Paris. Suivront deux œuvres d’Alexander Calder, de Nicolas de Staël (Composition, 1943/1944), d’Antoni Tàpies (Matière Fauteuil, 1966) ou encore, plus récent, une création d’Antony Gormley (Precipitate IX, 2007).
La semaine XXe et XXIe se clôturera le 6 décembre à 20 heures avec la vente Twenty One Contemporary qui proposera une sélection d’œuvres des scènes contemporaines actuelles. Il faut bien sûr citer Claire Tabouret avec un tableau se référant à son enfance. Le public découvrira sans doute DRAN, Amélie Bertrand ou Marcela Barcelo. JR fera également partie des artistes présents. Les célèbres cabanes en bois de Tadashi Kawamata côtoieront les iconiques Relic de l’artiste américain Daniel Arsham. Zanele Muholi, sous les projecteurs de l’actualité cette année à la MEP à Paris, nous offre un des ses autoportraits les plus célèbres de la série Somnyama Ngonyama. Enfin, l’artiste plasticien Xavier Veilhan a réuni le duo le plus célèbre de la scène musicale, les Daft Punk.
Pressons-nous vite à cette exposition et, pour celles et ceux qui en ont les moyens, aux ventes aux enchères.
Artcurial, "Les grandes ventes d’ Art Moderne & Contemporain" 7 Rond-Point des Champs-Elysées Marcel-Dassault, 75008 Paris Expositions publiques du vendredi 1er au 4 décembre de 11 heures à 18 heures Ventes aux enchères : "Art Impressionniste & Moderne" le 5 décembre à 19H et le 6 décembre à 14H "Post-War & Contemporain" le 5 décembre à 20H et le 6 décembre à 16H "Twenty One Contemporary", le 6 décembre à 19H https://www.artcurial.com
Quelques jours après la chronique de l’essai de Pierre Fresnault-Deruelle sur Le Temple du Soleil, il est de nouveau question sur Bla Bla Blog de Tintin. Cette fois, il sera question d’une exposition, en ce moment à Bordeaux, "Tintin, L’aventure immersive".
La Fondation Culturespaces, qui s’est intéressée dans l’accueil des publics, la médiation culturelle et les programmes éducatifs, s’est également spécialisée dans l’art numérique et les projections digitales.
Conjointement à l’exposition sur Dalí ("l'énigme sans fin"), Les Bassins des Lumières, Bordeaux, située sur l’ancienne base sous-marine de sinistre mémoire, propose une étonnante et envoûtante immersion dans l’univers de Tintin.
Pas besoin d’être un fan ni un grand lecteur des aventures du journaliste belge à la houppette pour apprécier le travail de mise en scène autour des 24 albums de Tintin.
Les reflets de l’eau apportent un supplément d’âme aux projections de lumières, de couleurs, mais aussi de musiques
Culturespaces et Tintinimaginatio , la société chargée des ayant-droits d’Hergé, se sont associées pour une exposition destinée à un large public. Tintin, Milou, Haddock, Tournesol, Nestor ou La Castafiore sont présentés dans le cadre spectaculaire des Bassins des Lumières, les reflets de l’eau apportant un supplément d’âme aux projections de lumières, de couleurs, mais aussi de musiques, de Gounod aux Beatles, en passant par David Bowie. .
De nombreuses scènes des albums sont mis en scène : les courses en voiture, le voyage en avion au milieu du Sahara (Le Crabe aux Pinces d’Or), les champignons de L’Île Mystérieuse, sans oublier le voyage sur la lune (le diptyque Objectif Lune et On a marché sur la Lune). Les ennemis, méchants et autres génies du mal ne sont pas en reste, que ce soit Rastapopulos, Allan Thompson, Müller ou Mitsuhirato, offrant une belle galerie de crapules.
Voilà un voyage bordelais et tintinesque qui mérite un grand détour du côté de l’ancienne base sous-marine. La Fondation Culturespaces prouve ainsi tout son savoir-faire en matière d’expositions pour le grand public.
Roman graphique, magazine ou concept d’art contemporain ? Il y a un peu de tout cela à la fois dans La Dimension perdue, le deuxième numéro proposé Nicolas Le Bault.
Bla Bla Blog suit avec passion depuis plusieurs années l’aventure de White Rabbit, à l’origine de plusieurs projets tout aussi passionnants que dingues. On retrouve dans ce deuxième numéro de La Dimension perdue ce qui fait l’univers et la facture de Nicolas Le Bault.
Rêve ou cauchemar ? Les nuits de Karine sont des plus perturbées. Elle se réveille dans la maison de son enfance. Son père a quitté son lit pour descendre à la cave. Elle l’y trouve, ivre, et, en poursuivant sa quête, découvre une adolescente prisonnière.
Psychanalyse et tourments sociaux
Il n’est pas nécessaire d’avoir lu le premier volume de La Dimension perdue pour découvrir ce numéro à ne pas mettre entre toutes les mains. Le sexe la violence, l’inceste et la souffrance servent de matériaux à Nicolas Le Bault pour parler de l’intimité, des peurs, des cauchemars et des innocences sacrifiées.
On est dans une zone crépusculaire où la psychanalyse, les tourments sociaux et l’underground se fondent dans une histoire au graphisme de Nicolas Le Bault identifiable entre tous : personnages naïfs, couleur omniprésente, ligne claire et symbolisme fort.
Nicolas Le Bault poursuit son roman graphique avec une foi de charbonnier intacte. Et c’est très bien.
Rendez-vous en Bretagne pour vivre pleinement l’univers de Tolkien. Logique, me direz-vous, tant l’auteur du Hobbit et du Seigneur des Anneaux aura su s’inspirer des mythes celtes – mais pas que ! – pour bâtir une œuvre capitale dans la littérature.
Le magnifique musée de Landerneau consacré au Fonds Hélène & Édouard Leclerc pour la Culture propose, du 25 juin 2023 au 28 janvier 2024, une exposition consacrée à Tolkien et à l’illustrateur emblématique de son œuvre, John Howe. "Cette exposition montre comment à partir de l’œuvre littéraire de Tolkien, un univers pictural est inventé… Puisant dans les mythes médiévaux, [John Howe] crée un imaginaire inédit source de multiples représentations artistiques, jusqu’au cinéma", commente Michel-Édouard Leclerc.
L’exposition présente plus de 250 peintures et dessins de John Howe. Artiste de renommée internationale, John Howe a d’abord illustré les romans de Tolkien, avant de participer à la direction artistique des deux trilogies cinématographiques Le Seigneur des Anneaux, et Le Hobbit aux côtés du réalisateur Peter Jackson. Plus récemment, il a également pris part à la création artistique de la série Les Anneaux de Pouvoir. "Le mythe, la magie et la réalité sont toujours là. Il ne tient qu’à nous de réapprendre leur langue", dit John Howe au sujet de son travail.
Imaginaire médiéval
Le parcours de l’exposition nous entraîne vers un monde de fantasy où l’extraordinaire est omniprésent. Cet imaginaire est pourtant inspiré d’une époque bien réelle, celle du Moyen-Âge ("L’imaginaire médiéval"). Parmi les textes fondamentaux de l’imaginaire médiéval, il y a le texte Beowulf qui exercera une influence remarquable sur l’inspiration romanesque de Tolkien autant que sur sa vie d’universitaire. Il est rappelé également que John Howe a étudié à l’école des Arts décoratifs de Strasbourg, ce qui lui a permis de découvrir la richesse de sa cathédrale, une de ses nombreuses inspirations.
L’inspiration de Tolkien, qui a donné naissance aux Hobbits, est évoquée dans cette exposition. Nous ne la dévoilerons pas, mais elle étonnera sans aucun doute plus d’un et plus d’une.
L’exposition ne fait pas l'impasse sur d’autres aspects de l’œuvre de Tolkien : l’importance de la guerre (l’auteur a combattu dans les tranchées pendant la Grande Guerre et en est sorti blessé et traumatisé), la nature omniprésente ou les créatures légendaires que sont les dragons. D’importants focus sont également consacrés aux adaptations filmées du Seigneur des Anneaux et du Hobbit.
Évidemment, les dessins et les peintures de John Howe sont les grandes vedettes de cette exposition proposée par le Fonds Leclerc. Les paysages fantastiques de l’artiste canadien donnent à voir les paysages de Tolkien, comme s’ils existaient réellement ("The Forest Realm". "A Wizard is Never Late"). Ce qui n’a pas empêché John Howe de s’inspirer largement du patrimoine médiéval ("Watchful Peace").
Ajoutons aussi qu’une sélection de dessins réalisés par John Howe pour la première saison de la série Les Anneaux de Pouvoir est présentée dans l’exposition de Landerneau en exclusivité mondiale.
Voilà une raison supplémentaire de se précipiter à Landerneau découvrir cette exposition des plus alléchantes.
"Sur les traces de Tolkien et de l’imaginaire médiéval. Peintures et dessins de John Howe" Exposition Fonds Hélène & Édouard Leclerc pour la Culture Les Capucins – 29800 Landerneau Du 25 juin 2023 au 28 janvier 2024 10 h − 18 h, tous les jours, sauf les 1er novembre, 24, 25, 31 décembre et le 1er janvier. https://www.fonds-culturel-leclerc.fr https://www.tolkiensociety.org
La passionnante monographie consacrée à la peintre et dessinatrice Anne van der Linden permet de plonger et de découvrir – ou redécouvrir – le parcours d’une artiste importante de l’underground français.
Née à Paris de parents expatriés et biberonnée par l’art, Anne van der Linden a été marqué dès le début de sa carrière par l’influence des mouvances contestataires de mai 68 et par une série de voyages à l’étranger, dans des régions reculées, en compagnie de son ami Jean-Louis Costes. De là, vient sans doute son influence : des tableaux bigarrées ("Navigation à vue"), un style brut ("Cortège"), des personnages naïfs ("Le spleen de Tarzan"), des couleurs omniprésentes ("Rollerderby"), l’importance accordée à la nature ("Terreur dans les bois", "Scolopendre"), voire aux cultures primaires ("Les indigènes").
La violence et le sexe sont des thématiques avec lesquels l’artiste joue et s’amuse, telle une enfant naïve
L’œuvre d’Anne van der Linden, loin de lorgner du coté du dépaysement exotique ou d’un attrait superficiel pour l’ailleurs, puise dans ces voyages pour mieux revenir vers elle-même, offrant une singulière réflexion sur ce qui fait notre vie quotidienne, notre modernité, nos rites et, finalement notre intimité et notre sexualité.
Le sexe est sans doute le centre et même le point d’achoppement de ses tableaux. C’est aussi ce qui choquera sans doute le spectateur et le lecteur : des accouplements étranges, pour ne pas dire surréalistes ("Gang bang à La Courneuve"), des viols ("Grand-Père", le terrifiant viol incestueux dessiné pour , pour l’édition illustré d’un roman de Jean-Louis Costes), des êtres monstrueux ("Le trapéziste"), des hermaphrodites ("Pan ! Dans l’œil", "Androgyne"), des scènes de torture (le troublant "Les aiguilles"), de meurtre, voire de cannibalisme ("Le festin"). On y voit des êtres à deux têtes, masculine et féminine ("Les choses doubles"), des créatures surnaturelles, des diables et aussi des dieux ("Dieu", 1998).
Cette immersion du sacré, l’essai de Frederika Abbate en parle longuement dans le chapitre au titre intrigant, "L’entrée au couvent". Ce sont les rites et rituels chrétiens qui sont détournés, pour ne pas dire désacralisés ("Ecce homo", "Un p’tit air de Mona Lisa", "Christ aux os").
Faut-il y voir une dénonciation de la religion ? Pas vraiment, dit en substance l’auteure. Car, ce qui intéresse Anne van der Linden, c’est bien l’intime et les rapports humains. Il ne faut pas prendre au pied de la lettre les scènes spectaculaires de l’artiste : "Comme tous les personnages de ses tableaux, celle qui mange est impassible et l’action se fait calmement, sans signe d’hystérie ni de sauvagerie". La violence et le sexe sont, quelque part, des thématiques avec lesquels l’artiste joue et s’amuse, telle une enfant naïve.
Alors oui, il y a de l’inquiétant dans cette artiste underground, mais c'est un "familier inquiétant" freudien. Le quotidien, l’amour, l’attachement, le détachement sont traitées sous l’angle de la mythologie, des références religieuses mais aussi des artefacts de notre monde moderne. Sans oublier ces retours aux cultures primaires, omniprésentes et fascinantes.
Bla Bla Blog a décidé de mettre à l’honneur l’artisanat, en la personne d’Emmanuelle Stolar, céramiste réputée qui viendra exposer au salon Révélations 2023. La fameuse Biennale se tiendra du 7 au 11 juin prochains au Grand Palais Éphémère à Paris.
C’est le sable qui est au cœur de son travail : le sable a priori si commun, mais aussi mystérieux et sensuel. Le sable des dunes, des côtes maritimes ou des grands déserts. C’est aussi le sable qui est le matériau de jeu favori des enfants, que ce soit à la plage ou dans les bacs des jardins publics. Ces grains particuliers ont été choisis par Emmanuelle Stolar pour composer ses sculptures de céramique : des terres brutes qui appellent la caresse, et que l’on a d’ailleurs le droit de toucher. Pourquoi s’en priver ?
Magicienne de la terre
Cette magicienne de la terre donnant vie à des œuvres aux dimensions surprenantes telles cet "Arbre diabolique" en grès noir de près de deux mètres de hauteur, ou aux formes douces et comme polies par le mistral qui souffle dans sa Provence d’adoption, dans le Lubéron plus précisément.
Ses familles d’œuvres aux noms poétiques ("Fly me to the moon", "Dans le vent des dunes") nous entraînent à leur suite dans des mondes à la fois proches et oniriques, où se marient force et douceur, intensité et légèreté.
Après le succès de ses expositions au musée de Baccarat en 2022 et dans de nombreuses galeries du Luberon, Emmanuelle Stolar, riche d’un parcours atypique (études de lettres, une carrière dans les ressources humaines, l’enseignement du piano, puis le coup de foudre pour l’art du feu découvert lors d’une mission pour Baccarat) part aujourd’hui à la rencontre d’un public international à la Biennale Révélations qui se tiendra du 7 au 11 juin prochains au Grand Palais Éphémère à Paris.
Nous parlions hier de l’exposition de Gwendoline Finaz de Villaine sur la place du Panthéon. L’artiste française, dont les singuliers dragons entendent rendre hommage aux 60 ans de relations diplomatiques franco-chinoises, a bien voulu répondre aux questions de Bla Bla Blog.
Bla Bla Blog – Bonjour, Gwendoline. Votre actualité du moment est une exposition sur la Place du Panthéon : une toile géante accompagnée de sculptures de dragons visible à partir du 1er juin, et visible jusqu’au 7 juin. Quelle est l’histoire de cette œuvre ? Gwendoline Finaz de Villaine – J’ai conçu cette scénographie en imaginant le voyage d'un dragon qui se poserait au Panthéon, avant de rallier les lacs de son enfance, où plonge la Grande Muraille de Chine, dans un lieu qui s'appelle Huang Hua Cheng et qui se situe à 60 km de Pékin. J’adore l'origami et je trouvais l'idée d'un jeu d'enfant, déployé en grand format sur l'une des sept merveilles du monde, très poétique, parce qu'elle relie tous les peuples, et parce que l'art, plus que tout autre chose, doit rester un jeu d'enfant. C'est le symbole de ces sculptures origami en polycarbonate rouge. Sur la scène de toile au sol dépliée sur 1 000 m2, se meut cette créature polymorphe qui revêt différentes significations ici et en Orient, sagesse, pouvoir et chance, et qui symbolise toujours la puissance. Il y a eu un premier tableau présenté au Grand Palais à NFT Paris en février 2023, puis cette présentation dans le cadre du Festival Quartier du Livre organisé par la Mairie du Vème arrondissement, et enfin le voyage de cette œuvre sur la Grande Muraille de Chine l’année prochaine, pour célébrer les 60 ans des relations diplomatiques entre la République Populaire de Chine et la France, l’année franco-chinoise du tourisme culturel, mais aussi l’année du Dragon et les Jeux Olympiques !
BBB – La Chine et sa culture sont au cœur de cette œuvre. Quels liens avez-vous avec ce pays ? GFV – En 2014, j’ai résidé pendant un an en Chine, à Shanghai, où je suis même montée sur scène dans le cadre du Festival Croisements, au Pearl Theatre, couverte de perles et de plumes, ce qui restera un souvenir mémorable pour moi. J’ai produit des spectacles là-bas, il y avait une énergie exceptionnelle, des quartiers entiers se montaient en quelques mois, tout allait très vite. J’ai été fortement imprégné par la culture chinoise, notamment picturale, qui a influencé ma technique de « l’encre caviar » par la suite.
BBB – Traditions ancestrales et modernité se conjuguent de manière assez unique, et même ludique, dans cette œuvre. Était-ce un choix de votre part ou cela faisait-il l’objet d’une demande particulière ? GFV – Non, j’ai conçu cette œuvre avec une liberté totale. Je voulais inventer un dragon d’un troisième type, universel, qui ne soit ni celui de Game Of Thrones, ni le dragon traditionnel chinois. Et quoi de plus universel qu’un jeu d’enfant, comme l’origami, né en Chine de surcroît, pour représenter ce trait d’union entre l’Orient et l’Occident ? Je crois beaucoup aux mots de Picasso qui disait qu’il a mis six ans à peindre comme Michel-Ange et toute une vie à peindre comme un enfant. En Chine, le dragon "Long" est un symbole très fort, il est aquatique, crache de l’eau, et emprunte les traits de neuf animaux. J’ai rajouté un côté inédit et architectural à ces sculptures, qui dialoguent avec cette fresque géante au sol, en les concevant en plexiglass, avec en tête la transparence et le graphisme extraordinaires de la Pyramide du Louvre de Pei. Chaque dragon fait cinq mètres de long et pèse 900 kg. Symbole de paix et d’amitié entre la France et la Chine, ces dragons iconoclastes faits de pliage et de transparence regardent dans la même direction.
"Un jeu d'enfant"
BBB – On a envie d’en savoir plus sur votre parcours et vos influences. Il y a la danse, la musique, la littérature, mais aussi dans les arts le surréalisme et le cubisme. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ? GFV – Je viens d’une famille d’artistes, j’ai été chanteuse pendant quinze ans, principalement dans des comédies musicales (Attention mesdames et Messieurs avec Michel Fugain en 2005 Aux Folies Bergère), j’ai également écrit des livres tout en peignant beaucoup en parallèle. La pluridisciplinarité a toujours été très encouragée dans ma famille, où il n’y avait pas de limites à la créativité. C’était la qualité la plus valorisée avec le travail. Mon langage naturel, originel, c’est le chant, et je crois que cela se ressent dans mes créations picturales. Vingt ans de musique, de la Maîtrise Radio France aux Folies Bergère, en passant par les scènes de Shanghai, du Zénith ou les plateaux de télévision, j’ai compris que l’expression artistique, le souffle qui émane de vous, se fixe de manière diverses mais c’est toujours la même expression, qu’elle soit vocale, écrite ou picturale. Ma peinture est une musique mise en papier, c’est une synthèse de longues études classiques et d’une fantaisie tardive, une crise d’adolescence retardée. Je suis une bonne élève qui a mal tourné : après Sciences Po, j’ai quitté HEC pour devenir chanteuse, et j’y suis revenue vingt ans après pour faire la fresque des 140 ans d’HEC Paris ; je crois beaucoup aux chemins de traverse et j’encourage tout le monde à ne pas obéir aux règles, à suivre son propre jugement. “L’audace a du génie, du pouvoir, de la magie”, disait Goethe. Seul compte l’instinct et le rapport passionnel que l’on entretient avec la création.
BBB – Un mot également sur Joséphine Baker : votre fresque monumentale a marqué beaucoup d’esprit. J’imagine aussi que cela a été important pour vous. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette artiste incroyable et sur la manière dont vous avez voulu lui rendre hommage ? GFV – J’ai un attachement particulier pour Joséphine Baker, qui était une très grande artiste et une grande humaniste. Elle est passée par les Folies Bergère avant moi, cela me touche, je me sens une communauté d’âmes avec cette femme que je trouve exceptionnelle, visionnaire et d’une liberté absolue. Elle avait un instinct incroyable qui l’a poussé à toujours faire les bons choix. Dans des temps qui étaient compliqués, elle n’a jamais transigé avec son éthique. En cela elle était exemplaire, et le restera pour beaucoup de générations, et un modèle d’émancipation pour les femmes : talent, générosité et héroïsme.
BBB – Vos "dragons" sont visibles jusqu’au 7 juin et commémorent le 60 ans des relations franco-chinoises. Quels messages aimeriez-vous passer au sujet de la Chine et des relations si particulières entre la France et l’Empire du Milieu ? GFV – Je partage avec les artistes chinois la passion des grands mythes et l’envie de continuer à créer un monde dans lequel on puisse rêver. Deuxième puissance mondiale, ce pays continue d’impressionner, les Chinois sont des grands entrepreneurs et des bâtisseurs, et je crois que nous pouvons avoir une relation d’amitié spéciale, car nous partageons beaucoup. C’est en tout cas dans ce sens que nous compter travailler ensemble dans les prochaines années.