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Je vais vous tanner avec Amilly
Amilly, vous connaissez ? Cette petite ville accolée à Montargis, dans le Loiret, n’a, a priori, rien qui attirerait un touriste de passage : un patrimoine architectural famélique, un centre ville minuscule vite traversé, l’absence de musée digne de ce nom. Dit de manière abrupte, Amilly fait partie de ces cités d’abord résidentielles, enclavée par Montargis, ennuyeuse et peu sexy.
Et pourtant ! Et pourtant, les apparences sont trompeuses. Depuis plusieurs années, Amilly se distingue en effet par une politique culturelle et artistique ambitieuse (élitiste pour quelques mauvaises langues). La réputation des concerts de musique classique et baroque ont ainsi largement dépassé le cadre régional et il n’est pas rare que les médias nationaux, Diapason et Classica pour ne citer qu’eux, ne se fassent l'écho des représentations musicales dans la modeste église Saint-Martin. Élitiste ? Les Vendredis de l’Orgue, dédiés à cet instrument sur lequel la mairie continue à investir, est gratuit et offre à un large public l’occasion de découvrir le répertoire de Bach, Vivaldi ou Frescobaldi.
Depuis une quinzaine d’années, Amilly s’est lancé dans une autre aventure : celle de l’art contemporain. Cela s’était concrétisé avec une première galerie, l’AGART (Association Galerie d’ARTistes), implantée dans le bourg de la ville depuis 2001. 2016 marque une rupture avec la fin de cette galerie qui avait entrepris un gros travail d’ouverture de l’art contemporain à destination de tous les publics : gratuité, visites pédagogiques à destination des scolaires grâce à un solide travail de médiation culturelle, expositions de plus de 80 artistes nationaux ou régionaux... et même un café philosophique. L’AGART vient de fermer ses portes, mais c’est pour permettre à l’art contemporain de se déployer dans un espace beaucoup plus important : 1 500 m² d’exposition (3 600 m² de surface totale) dans d’anciennes tanneries réhabilitées grâce au Conseil Régional de la Région Centre.
L’inauguration officielle aura lieu en septembre 2016 mais une première exposition est déjà visible jusqu’au 13 novembre 2016, au rez-de-chaussée du bâtiment (d’autres salles d’expositions – vides pour l’instant – existent à l’étage).
"Œuvre aux singuliers" présente des sculptures, des peintures et des installations de Martin Barré, Christian Bonnefoi, Erik Dietman, Norman Dilworth, Jean-Pierre Pincemin, François Rouan, Claude Viallat et Jan Voss. Le rez-de-chaussée du bâtiment monumental frappe par l’ambition affichée. Le spectateur voyage dans une vaste nef au milieu d’œuvres dont une grande partie est issue du mouvement Supports-Surfaces. Le minimalisme des œuvres exposées (les tableaux de Martin Barré, par exemple) fonctionne bien dans cet espace à l’architecture industrielle. Paradoxalement, le spectateur ne se sent pas écrasé par les compositions monumentales en bronze d’Erik Dietman, par les assemblages en bois de Jean-Pierre Pincemin ou par cet animal monstrueux de Jan Voss que l'on croirait tout droit sorti d’un film de science-fiction : la réussite de cette sorte de cathédrale dédiée à l’art contemporain, unique en Région Centre, est de permettre au visiteur de respirer et de se laisser saisir par la démesure audacieuse des œuvres .
Le bloggeur émet cependant un bémol: l’absence (provisoire?) de cartels de présentation peut nuire à la visite fluide de l’exposition, d’autant plus si les Tanneries visent à conquérir un vaste public, via notamment la médiation culturelle.
L’ambition du centre est de devenir un lieu emblématique de l’art contemporain, à la fois lieu d’exposition sur deux niveaux mais aussi catalyseur de talents. À partir d’avril, les Tanneries vont en effet devenir un lieu de résidence pour artistes : Jennifer Caubet réalisera sur place une œuvre destinée au parc de sculptures. Ce centre d’art est à suivre, sans nul doute, et avec le plus grand intérêt. J’aurai d’ailleurs sans doute l’occasion de vous tanner avec Amilly.
"Œuvre aux singuliers", Les Tanneries, 19 mars – 13 novembre 2016,
du jeudi au samedi de 14 à 19H, ou sur rendez-vous
Amilly.com
"Les Simonnet, en pleine(s) forme(s)"
Merci à Ihssane