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Cinéma - Page 27

  • Balles au pied

    Deux portraits, deux documentaires, deux personnalités exceptionnelles et deux joueurs de football légendaires. Hasard du calendrier télévisuel, Netflix et Canal+ proposent presque en même temps deux films qui vont passionner tous les amateurs de ballon rond.

    Le premier, consacré à notre "platoche" national, conte l’histoire – presque – ordinaire d’un petit gamin de Meurthe-et-Moselle devenu en quelques années le roi des stades, sans avoir pu toutefois toucher le nirvana (en l'occurrence une coupe du monde) avec son équipe nationale.

    Les plus âgés d’entre nous savent qu’avant que Michel Platini ne devienne l'un des pontes décrié du football européen, il fut un milieu de terrain au pied magique, élu par un magazine spécialisé comme le meilleur footballeur français du XXe siècle, devant Zinedine Zidane et Raymond Kopa. Il a rendu fou ses adversaires avec des coups francs venus d’une autre planète, et son génie lui a valu trois ballons d’or consécutifs, de 1983 à 1985.

    Jean-Marie Goussard a choisi pour son documentaire des archives non-commentées, donnant à son film un aspect brut, qui permet au spectateur de se régaler autant que de juger par lui-même la qualité d’un joueur qui n’a joué que dans trois équipes nationales (Nancy, le mythique Saint-Étienne et la Juventus de Turin). Cette relative fidélité fait de Platini "le dernier romantique", comme l’indique le sous-titre du film. Évidemment, le must du must de sa carrière exceptionnelle reste la demi-finale de 1982 contre l’Allemagne, un sommet du sport mais aussi de la dramaturgie, qui n'a pas laissé au joueur le mauvais souvenir que l'on penserait.

    Un sommet du sport mais aussi de la dramaturgie

    L’autre documentaire, sobrement intitulé Pelé, nous vient de Grande-Bretagne et parle lui aussi d’un génie du football – si ce n’est DU génie. Pelé, moins connu qu’on ne le croit, a droit à un portrait à la fois élogieux et nuancé. Le palmarès de Pelé fait rêver : trois coupes du monde avec l’équipe nationale, des dizaines de coupes nationales dont deux coupes intercontinentales et le championnat américain et pas moins de 1300 buts (dont un record de 8 buts pour un seul match). Le joueur accepte pour ce film de témoigner devant la caméra.

    C’est essentiellement sur ses coupes du monde que s’intéresse le réalisateur. Huit ans après le traumatisme de la finale perdue en 1950 à domicile contre l’Uruguay, en 1958 Pelé devient à 17 ans un héros national en remportant son premier titre important. Un titre que l’équipe nationale conserve quatre ans plus tard, même si Pelé se blesse et ne participe pas aux matches à élimination directe. En 1970, en fin de carrière, le Roi Pelé est de retour dans ce qui reste comme le sommet de sa carrière.  

    David Tryhorn et Ben Nicholas écornent malgré tout l’image de ce génie du ballon rond lorsqu’ils parlent de la manière dont Pelé a vécu la période de dictature militaire brésilienne de 1964 à 1985. Les témoins n’épargnent pas celui qui reste le Brésilien et le footballeur le plus connu au monde : il était "Incapable de contester, de critiquer" et "Il se faisait remarquer par son manque de prise de position politique", apprend-on de quelques témoins. Plus gênant encore, la coupe du monde gagnée en 1970 a constitué un inespéré coup de projecteur sur les dictateurs de cette "guerre sale".

    Sans pour autant refuser ces critiques, Pelé répond en joueur de foot qu’il fut : "Je ne pensais pas que je pouvais faire quelque chose… Je n’étais pas Superman, je ne faisais pas de miracle… Je suis absolument certain d’avoir bien plus aider le Brésil en jouant et en vivant comme je l’ai fait…"

    Platini, le dernier romantique, Documentaire français de Jean-Marie Goussard, 2021, 112 mn
    https://www.canalplus.com/articles/sports/platini-le-dernier-romantique
    https://www.canalplus.com/sport/platini-le-dernier-romantique/h/15754352_50001
    Pelé, documentaire britannique de David Tryhorn et Ben Nicholas, 2021, 108 mn
    https://www.netflix.com/fr/title/81074673

    Voir aussi : "Lev Yachine, l’araignée dorée" 

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  • Alerte, Holodomor

    Le terme d’Holodomor désigne ce que beaucoup de spécialistes nomment le génocide par la faim, qui a provoqué la mort de 5 à 8 millions d’Ukrainiens et d’Ukrainiennes entre 1932 et 1933. Le pouvoir soviétique, qui a organisé la famine dans la République d’Ukraine, l’un de ses greniers à blé, a longtemps contesté l’ampleur et la responsabilité de ce massacre à grande échelle par la faim.

    L'Ombre de Staline d'Agnieszka Holland, sorti en 2019, retrace le combat du journaliste anglais Gareth Jones pour faire connaître cet événement épouvantable.

    Malgré son jeune âge, Gareth Jones, conseiller de l’ancien premier ministre Lloyd George, a acquis une certaine notoriété grâce à une interview d’Hitler, la seule que le dictateur nazie concédera. En 1933, c’est un autre monstre qui l’intéresse, Staline, qu’il aimerait interviewé. L’Union soviétique n’est pas tout à fait inconnue de Jones : russophone, il a une mère ukrainienne, connaît ce pays grâce à ses parents et a voyagé en URSS au début des années 30. Lorsqu’il projette de s’y rendre une nouvelle fois en 1933, c’est pour rencontrer le Petit Père des Peuples.

    L'idée s’avère d’autant plus aléatoire que l’obtention d’un visa dans cette dictature est des plus ardue. Et puis, approcher Staline ressemble à une mission impossible. Un de ses amis, journaliste comme lui, installé à Moscou, lui conseille plutôt de s’intéresser à un autre sujet pour un reportage/ Mais il est tué avant de pouvoir en dire plus. Arrivé en Russie, Gareth Jones apprend que c’est sur l’Ukraine que travaillait son homologue. Il s’y rend en toute illégalité et découvre la situation dramatique du pays, où tout un peuple est en train de mourir de faim.

    L’histoire d’un des premiers lanceurs d’alerte de l’histoire

    Comme le titre l'indique, l’Ombre de Staline écrase de sa présence ce film passionnant. Il nous conte autant le cauchemar de l’Ukraine, plongé dans ce qu’on a appelé plus tard l’Holodomor, que l’histoire d’un des premiers lanceurs d’alerte de l’histoire. Le film commence dans les bureaux feutrés de bureaux anglais avant de s’enfoncer, scène après scène, dans l’enfer soviétique.

    Agnieszka Holland a bâti un film à la fois engagé et solide, allant jusqu’à intellectualiser son sujet grâce aux interventions de George Orwell, à l’époque en pleine écriture de La Ferme des Animaux, son autre chef d’œuvre avec 1984 - qui était aussi, on l'a un peu oublié, une allégorie de la dictature communiste.

    James Norton endosse avec héroïsme et fragilité l’histoire de ce journaliste anglais découvrant la réalité de la famine organisé par le communisme soviétique : cadavres jonchant les rues, cannibalisme, organisation par Staline de la prévarication d’un pays riche en céréales, utilisation de cette famine à des fins économiques. La deuxième partie du film raconte le combat de Gareth Jones pour proposer son reportage à la presse. Un  parcours du combattant, rendu d’autant plus difficile avec la pression et le chantage de l’Union Soviétique, y compris en Occident.

    Il faut noter enfin la présence de Vanessa Kirby (The Crown, Pieces of a Woman) : parfaite, comme toujours.

    Un admirable film sur un événement encore assez peu connu de ce côté de l’Europe.

    L'Ombre de Staline, biopic et drame historique d’Agnieszka Holland, scénario d'Andrea Chalupa,
    avec James Norton,Vanessa Kirby et Peter Sarsgaard,
    Ukraine, Pologne et Royaume-Uni, 2019, 141 mn, Canal+

    https://www.canalplus.com/cinema/l-ombre-de-staline/h/13501577_40099

    Voir aussi : "Un seul être vous manque"

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  • Un seul être vous manque

    Pieces of a woman de Kornél Mundruczó. Voilà un film coup de poing qui commence par une scène tout aussi choc : l’accouchement de Martha (Vanessa Kirby) dans son appartement de Boston, filmé avec réalisme et dans la durée (plus de 20 minutes).

    Son compagnon Sean (Shia LaBeouf) est là, tout comme une sage-femme venue pour mettre au monde le bébé du couple. Mais cet accouchement à la maison, voulu par les deux parents, ne se passe pas comme prévu. Tout d’abord, la sage-femme qui était prévue a été remplacée au pied levé par une collègue, Eva (Molly Parker). Ensuite et surtout, le bébé finit par sortir, mais des complications surviennent rapidement, et l’enfant décède. C’est le début d’une descente aux enfers sur le couple.

    Le réalisateur Kornél Mundruczó, mais aussi les interprètes, portés par l'actrice principale Vanessa Kirby, réalise une prouesse avec le plan-séquence de l’accouchement de plus de 20 minutes. Pénible, angoissant, vu à hauteur d’homme, rarement un film d’aura montré d’aussi prêt une naissance. Et, ici, une naissance qui se termine par un drame, catalyseur du récit.

    Une prouesse avec le plan-séquence de l’accouchement

    Car après cette scène, vient le temps de la douleur, du deuil impossible, des déchirements au sein du couple (la prestation de Shia LaBeouf démontre qu’il est un des très grands acteurs américains), mais aussi l’incompréhension des proches, les conseils de ceux qui vous veulent du bien ("Tourne la page!", dit la mère de Martha, jouée par Ellen Burstyn, lors d’un repas de famille lourd de tensions et de non-dits) et finalement d’un procès qui apparaît finalement dérisoire si on le compare au drame intime et indicible.

    Finalement, la seule question qui se pose est : Martha va-t-elle pouvoir se reconstruire, et si oui, comment ? La réponse est dans ce superbe long-métrage qui a déjà valu à Vanessa Kirby le prix d’interprétation féminine à la Mostra de Venise et une nomination aux Oscars – qu’elle risquerait bien d’obtenir cette année.

    Pieces of a woman, produit par Martin Scorcese, est un film majeur sur un sujet hautement sensible, avec des interprètes bouleversants, portés par la formidable bande originale d'Howard Shore.

    Pieces of a woman, drame canadien de Kornél Mundruczó, scénario de Kata Wéber, avec Vanessa Kirby, Shia LaBeouf et Ellen Burstyn, 2020, 128 mn, Netflix
    https://www.netflix.com/fr/title/81128745

    Voir aussi : "Oh les filles, oh les filles"

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  • Le cinéma pour les nuls

    Voilà un livre qui intéressera aussi bien les amateurs de films que les professionnels du cinéma, qui liront l’ouvrage de Tim Grierson, C’est comme ça qu’on fait un Film (éd. Eyrolles), comme un résumé des techniques cinématographiques.

    L’ouvrage a été conçu intelligemment, avec 5 grandes sections : le jeu d’acteurs, la réalisation, l’éclairage et les prises de vue, le montage et le scénario. On peut bien sûr débatte sur la place de chacune de ces parties : sans doute aurait-il été plus pertinent de parler du scénario en premier et traiter du montage en dernier.

    Ce bémol mis à part, Tim Grierson fait preuve d’une solide pédagogie et d’une grande qualité de synthèse pour présenter les fondamentaux du cinéma et permettre de comprendre la manière dont un film est conçu. Cette grammaire est conçue comme une "collection de tutoriels", comme le dit l’auteur. Pour cela, l’auteur s’intéresse aux spécificités de tel ou tel métier. Par exemple, dans la section consacrée au  jeu d’acteurs, Tim Grierson traite de la méthode de l’acteur, de l’improvisation, des répétitions, du monologue, de la motivation et du jeu d’amateurs.

    Le "narrateur peu fiable"

    Pour chaque "tutoriel", une page de texte explicative est suivi de trois exemples de films, avec à chaque fois une caractéristique ou un "ingrédient". Ainsi, lorsque l’auteur traite du scénario et de la voix off, il fait un focus sur la narration romanesque (avec l’exemple de Barry Lyndon de Stanley Kubrick), de la communication directe (Les Affranchis de Martin Scorsese) et du "narrateur peu fiable" (The Informant! de Steven Soderbergh).

    Le choix des films utilisés pour l’ouvrage a été fait avec soin. Le lecteur y trouvera aussi bien des superproductions (Wonder Woman de Patty Jenkins, la saga Star Wars ou Matrix de Lana et Lilly Wachowski) que des films avant-gardistes (La dernière séance de Peter Bodganovich, L’Avventura de Michelangelo Antonioni ou Le Cheval de Turin de Béla Tarr), ou encore de grands classique (Le Voleur de Bicyclette de Vittorio de Sica, La Nuit du Chasseur de Charles Laughton ou La Passion de Jeanne d’Arc de Carl Theodor Dreyer).

    Évidemment, des réalisateurs aussi importants que Steven Spielberg,  Francis Ford Coppola, Jacques Tati, Kathryn Bigelow, Sofia Coppola ou Claire Denis sont présents dans cet ouvrage passionnant, qui peut aussi se lire comme un "avant-goût de l’étendue et du potentiel du cinéma".

    Une belle entrée en matière donc. 

    Tim Grierson, C’est comme ça qu’on fait un Film, éd. Eyrolles, 2021, 192 p.
    https://www.editions-eyrolles.com
    https://timgrierson.blogspot.com

    Voir aussi : "Les films que vous ne verrez jamais"

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  • Jojo et son ami imaginaire Adolf

    C’est un euphémisme que de dire que traiter le nazisme sous forme de comédie est un exercice périlleux. On pense au film inachevé et caché de Jerry Lewis, The Day the Clown Cried.

    Le réalisateur néo-zélandais Taika Waititi (Boy, Vampires en toute intimité, Thor : Ragnaroka) a fait le pari de la farce et de la comédie dramatique, noire et surréaliste pour son étonnant film Jojo Rabbit.

    Johanne Betzler, 10 ans, est surnommé Jojo et moqué par ses camarades pour son physique chétif. Des caractéristiques qui font figure de défauts rédhibitoires dans l’Allemagne nazie des années 40. Il vit avec sa mère Rosie (Scarlett Johansson). Son père a disparu dans les tourments de la guerre. Comme les enfants de son âge à cette époque sombre, le petit Johanne vit pour les Jeunesses hitlériennes et rêve d’en devenir un membre héroïque. Mais Jojo cache aussi un secret : il a un ami imaginaire, et il se nomme Adolf Hitler. Le jour où Jojo découvre dans la maison familiale une jeune juive, Elsa, cachée par sa mère, le voilà, pris dans un cas de conscience insoluble, attisé par cet ami bien vite encombrant.

    Un long-métrage extrêmement fin et délicat

    À la fois récit de guerre, comédie sarcastique et fable, Jojo Rabbit réussit le pari de parler sous le ton de l’humour noir d’un thème souvent traité, celui du nazisme. La question sur la pertinence de ce choix artistique  mérite bien sûr d’être débattu (notamment dans le choix de la bande originale), mais le spectateur peut reconnaître le talent du réalisateur et acteur (il tient lui même le rôle d’Adolf Hitler) dans ce long-métrage extrêmement fin et délicat.

    Le jeune Roman Griffin Davis éclabousse de son talent pour son rôle de Jojo. Quant à Scarlett Johansson, elle convainc – bien sûr – dans ce rôle de mère-courage et résistante. Quant à la jeune fugitive Elsa,  Taika Waititi choisit d’en faire un personnage ambivalent et très vite attachant.

    Jojo Rabbit a reçu l'Oscar et BAFTA du meilleur scénario adapté en 2020, quant à Roman Griffin Davis, il a emporté le prix Meilleur Espoir au Critic's Choice Award 2020. 

    Jojo Rabbit, mélodrame américano-allemand de Taika Waititi,
    avec Roman Griffin Davis, Scarlett Johansson, Thomasin McKenzie,
    Sam Rockwell et Taika Waititi, 2019, 108 mn

    https://www.searchlightpictures.com/jojorabbit

    Voir aussi : "Naissance de Marcel Marceau"

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  • Escroquerie et vieilles dentelles

    On devrait tous se méfier des vieux. Voilà la première pensée qui vient au visionnage de l’excellent polar L’Art du Mensonge. Un film à la fois cynique, pervers, retors et non sans humour noir. Et pour ne rien gâcher, il est diablement interprété par les excellents Ian McKellen (que l’on a notamment vu dans le rôle de Gandalf dans Le Seigneur des Anneaux) et Helen Mirren (qui endossait le rôle d’Elisabeth II dans The Queen en 2006). Deux acteurs chevronnés, donc, au cœur d’une escroquerie qui va s’avérer riche en surprises et rebondissements.

    Roy Courtnay est un as de l’arnaque. Son allure de vieux gentleman est son principale atout, tout comme son expérience et son culot. Au moment où il pigeonne deux hommes incrédules dans un investissement bidon, il est bien décidé à se faire une autre proie de choix : grâce à un site de rencontres sur Internet, il drague Betty McLeish, une veuve fortunée. Grâce à la complicité de son ami Vincent (Jim Carter, que l'on avait déjà bu dans Downton Abbey), il tisse son filet pour lui pomper son argent. Mais les choses ne vont pas tout à fait se passer comme prévu.

    J’arrête là ce résumé pour éviter de vous spoiler la suite, car L'Art du mensonge est un film aux multiples facettes : polar, jeu de dupes, récit sur la dissimulation et implacable machinerie.

    Pour jouer le rôle des deux personnages principaux – l’escroc qui a des kilomètres au compteur et l’ancienne professeure naïve – Ian McKellen et Helen Mirren font merveille. Au final, L'Art du mensonge s’avère un joli film noir à déguster avec un plaisir – presque – coupable. 

    L'Art du mensonge, polar américano-franco-allemand de Bill Condon,
    avec Ian McKellen, Helen Mirren, Russell Tovey et Jim Carter, 2019, 109 mn, Canal+

    http://www.mckellen.com
    https://www.warnerbros.fr

    Voir aussi : "Oh les filles, oh les filles"

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  • Oh les filles, oh les filles

    A l’évidence, parler du documentaire Adolescentes de Sébastien Lifshitz, primé de trois Césars ce week-end (dont celui du meilleur montage, largement mérité si l’on pense aux kilomètres de rush tournés), renvoie à un autre film, une fiction cette fois. En 2014, Boyhood, de Richard Linklater, proposait une fiction tournée sur près de 12 ans, permettant de raconter l’histoire – fictive, donc – d’un garçon, jusqu’à sa majorité.

    Adolescentes suit fois deux adolescentes sur cinq années du Collège à la fin du lycée. Emma et Anaïs vivent à Brive, dans deux milieux différents. Elles sont amies. De 13 à 18 ans, elles sont face à des changements et à des choix qui vont être déterminants dans leur vie. Le réalisateur a choisi de les suivre, avec pudeur, tact et tendresse, dessinant également le portrait d’une jeune génération et aussi d’une France en plein changement. Études, conflits avec les parents, premiers émois amoureux, engagements – ou non – et passions (on pense notamment à Emma et à son combat contre sa mère pour imposer à sa mère des études qu’elle voudrait faire).

    Sur deux heures de film,  Sébastien Lifshitz propose ce documentaire, Adolescentes, bien plus ambitieux que beaucoup de films sortis ces dernières années. Un Prix Louis-Delluc a salué cette performance, et donc trois Césars : Meilleur film documentaire, Meilleur son et Meilleur montage. Il est cependant dommage que la musique, signée des Tinderstics, n’ait pas eu droit elle aussi à sa statuette. 

    Adolescentes, documentaire français de Sébastien Lifshitz, 2019, 115 mn, sur Canal+
    https://www.advitamdistribution.com/films/adolescentes
    https://www.canalplus.com/cinema/adolescentes/h/13545792_40099

    Voir aussi : "L'histoire d'un garçon" 

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  • Le frigo à sa place

    L’‎Œil du frigo nous a délecté - c'est le cas de le dire - de chroniques dans lequel le frigo au cinéma était mis à toutes les sauces : frigo comme révélateur de la société de consommation, du vide existentiel, du désir, de l'érotisme, voire comme arme ! Pour cet article autour du film Julie et Julia, le frigo est cette fois cet appareil indispensable à la gastronomie, et utilisé comme tel par une cuisinière hors-pair. "Le frigo est à sa place", comme le dit notre chroniqueur favori. 

    Voici un film pour vous mettre en appétit. L'excellente Amy Adams est belle à croquer et les recettes sont divines. Le film retrace une histoire vraie : celle de Julie qui se met à faire toutes les recettes gastronomiques françaises du livre de Julia Child qui a révolutionné la cuisine en Amérique dans les années soixante.

    Un film, d'une fraîcheur absolue, et humain, nous parle d'amour et de cuisine. Peut-on cuisiner sans aimer au sens large du terme ? Le frigo est à sa place. Il est le garant des bonnes recettes. Ici, le réalisateur ne tient pas compte de l'ensemble du frigo, ce qu'il aime c'est filmer les ingrédients, les gros plans dans le frigo sont nécessaires pour comprendre à quelle point le beurre est bon. Bon je veux bien défendre ce point de vue du film, néanmoins reléguer le frigo à un simple garde-manger est vraiment très restreint tant nous avons vu  à quel point il peut servir à tout.

    Mais soit. Ici, l'accumulation de beurre, sublimé par la lumière du frigo montre cette onctuosité avant même qu'elle n'arrive. Quant au texte, il n'en est pas en reste : il accompagne ces images avec délectation. Evidemment je n'irai pas vous proposer de faire une recette avec ce qu'il y a dans le frigo, mais vous pourriez essayer lors de vos invitations devant le frigo de placer les expressions suivantes en sortant quelques plaquettes de beurre, "fouetter jusqu'à l'extase" ou "battu jusqu'à la soumission" : succès garantis.

    Le réalisateur s'en amuse et c'est ce qui rend le film encore plus subtil. Il relie les mots, la gastronomie, l'amour devant le frigo. En montrant un peu l'intérieur de ce dernier car tout au long du film nous tournons autour du frigo. Sa présence monolithique dans toutes les scènes de cuisine en fait un témoin muet qui se remplit de l'imaginaire culinaire de Julie. J'ai d'abord regretté de ne pas avoir le point de vue interne du frigo puis j'ai compris qu'il existait un point de vue externe, parler autour d'un frigo n'est pas anodin. On l'ouvre ou pas, on peut en jouer, s’appuyer contre l'ouvrir pour ignorer l'autre, etc. Bref, ce film ouvre une nouvelle perspective. Un point de vue extérieur concernant le frigo n'est pas à négliger. Nourriture, amour, frigo, les trois mamelles de la vie... Ca y est, je m'emballe...

    Je vous souhaite un bon film absolument savoureux.

    ODF

    Julie et Julia, comédie américaine de Nora Ephron
    avec Meryl Streep et Amy Adams
    2009, 123 mn

    Voir aussi : "L’‎Œil du Frigo débarque sur Bla Bla Blog"
    "Julie Julia Frigo"
     

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