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Cinéma - Page 28

  • Flow de neige, de sons et de baisers

    Pas de doute : Tayc est bien l’un des artistes français de l’année. Après ses succès musicaux, sa victoire à l’émission Danse les Stars, le voici dans une des séries à succès de Netflix, Christmas Flow.

    Mini-série en trois épisodes, Christmas Flow peut de fait être catalogué comme un film de Noël : a priori, rien que du très classique pour un genre presque aussi vieux que le cinéma. Au programme de cette fiction : de la neige, des réveillons, des cadeaux à gogo, un homme et une femme bien mal assortis mais tombant dans les bras l’un de l’autre, du romantisme et des familles alambiquées qui vont tout compliquer.

    Voilà un sujet très traditionnel donc, sauf que les créateurs ont choisi un angle d’attaque assez inédit pour cette histoire de conte de Noël. Marcus (Tayc), rappeur de son état, doit se dépatouiller avec un mini-scandale en raison de propos sexistes dans une de ses chansons. Pour redorer le blason de l’artiste, son producteur imagine de le lancer sur un nouveau projet musical : une chanson de Noël. Au même moment, Marcus croise Lila (Shirine Boutella), une journaliste féministe très engagée. Évidemment, elle reconnaît le rappeur et le toise. Les deux vont pouvoir se croiser cependant, à la faveur de cadeaux intervertis.

    De la neige, des réveillons, des cadeaux à gogo et un homme et une femme bien mal assortis

    On ne fera pas la fine bouche sur ce "miracle de Noël" : les créateurs ont eu la maligne idée de faire rentrer dans la danse un rappeur sympa mais un tantinet sexiste, son amie Mel (Camille Lou), parfaite en fille superficielle, et surtout le trio de militantes féministes, Lila, Alice (Marion Seclin) et la formidable Aloïse Sauvage dans le rôle de Jeanne. Voilà qui promet de faire des étincelles et d’interroger avec légèreté les bouleversements sociaux de la France contemporaine, à commence par les droits des femmes.

    Je ne vous spolierai pas si je vous dis que tout se terminera pour le mieux, au milieu de baisers, de flow de musiques et de flocons de Noël. Avec de gros coups de cœur pour Taïc, Shirine Boutella et Aloïse Sauvage. 

    Christmas Flow, mini-série de Henri Debeurme,Victor Rodenbach,Marianne Levy,
    avec Tayc, Shirine Boutella, Marion Séclin, camille lou,aloise sauvage et estelle meyer

    https://www.netflix.com/fr/title/81214396

    Voir aussi : "Sauvage !"

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  • 6 janvier 2021 : un putsch américain 

    Il y a moins d'un an jour pour jour, le 6 janvier 2021, les États-Unis sombraient dans un chaos de plusieurs heures. Le genre d’événement qui peut faire basculer un pays tout entier. Il est vrai que tous les ingrédients étaient là pour faire exploser l'Amérique, au bord de la crise de nerf : un Président populiste, Donal Trump, utilisant jusqu’à plus soif fake news, provocations et appels à destination de militants survoltés, des élections quelques mois plus tôt qui avaient donné pour vainqueur un candidat démocrate, Jo Biden, après quatre années d’une Présidence décriée, un pays sur-armé et une passation de pouvoir sous très haute tension. C'est l'objet du documentaire Insurrection : 4 heures au Capitole.

    Le 6 janvier 2021 était la date fixée par le Congrès américain pour valider les élections, habituellement une formalité pour une constitution américaine solide. Or, ce jour-là, Donald Trump organise un meeting de ses partisans qui a pour but de mettre un coup de pression sur les Parlementaires et reprendre la main : à savoir, faire invalider les élections et poursuivre son mandat.

    Rapidement, la manifestation orageuse devient franchement menaçante : des centaines de militants trumpistes, massés autour du Capitole, entrent dans le bâtiment fédéral. La capitale américaine retient son souffle pendant les quatre heures que dure cette occupation par des citoyens ordinaires, galvanisés par le discours de leur leader. Ce sont ces quatre heures que décrit le documentaire de Jamie Roberts. 

    50 policiers luttant contre 15 000 manifestants

    Le film retrace minute par minute ce que l’on peut qualifier rétrospectivement comme un putsch qui aurait pu changer radicalement le visage de l’Amérique et du monde. Grâce à des images tournées par les manifestants pour les réseaux sociaux, aux vidéos des policiers et des caméras de surveillance, aux reportages télé et à des interviews de politiques, de fonctionnaires, de policiers et d’insurgés - la plupart arrêtés après coup - le spectateur revit ces quatre heures qui ont choqué le pays de l’Oncle Sam.

    On assiste, effaré, à la désorganisation des forces de sécurité du capitole et à la véritable bataille qui s’est engagée pour bloquer l’accès au tunnel d’accès au bâtiment fédéral. Le sang-froid du bataillon de 50 policiers luttant contre 15 000 manifestants est un des moments forts du reportage.

    L’invasion du Capitole constitue, avec ces hordes de militants plus ou moins illuminés, l’autre moment phare du récit, avec notamment la figure du "chaman" et sa coiffe de bison. L’insurrection fait parfois figure de kermesse improvisée, sinon bon enfant, lorsque par exemple a lieu un échange de pétards sous les ors du Capitole. Mais l'invasion du Capitole devient aussi par moment une chasse à l’homme, ce dont témoignent avec émotion une assistante bouleversée de la parlementaire démocrate Nancy Pelosi, recherchée par des militants chauffés à blanc.

    Il reste que ce putsch a été, sinon organisé par Trump, du moins encouragé. Ce qui n’a pas empêché l’ancien Président de s’en sortir blanchi, à défaut d’avoir pu profiter du coup de force de ces supporters, finalement bien seuls lorsqu’ils sont passés sous les fourches caudines de la justice américaine. 

    Insurrection : 4 heures au Capitole,
    documentaire anglo-américain de Jamie Roberts, 2021, 87 mn, Canal+

    https://www.canalplus.com/decouverte/insurrection-4-heures-au-capitole/h/17529891_50001

    Voir aussi : "Cons et néocons"
    "Trump vu par Karel"

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  • Emmanuelle Béart, lost in translation

    Quel plaisir de revoir Emmanuelle Béart au cinéma, avec L’Étreinte, un film sorti au printemps dernier ! Deux autres acteurs, dans des rôles secondaires, éclairent aussi à leur manière ce premier film de Ludovic Bergery : l’ami Aurélien, Vincent Dedienne, et la demi-sœur Marianne, jouée par la trop rare Eva Ionesco.

    L’Étreinte est le récit d’un deuil autant que la reconstruction d’une femme, plongée dans un pays et un milieu où elle se sent perdue.

    Lorsque le film commence, Margaux a perdu son mari six mois plus tôt. Elle quitte l’Allemagne où elle vivait pour s’installer à Paris chez Marianne et reprendre des études d’allemand en fac. Elle découvre un milieu tout nouveau pour elle, tente de s’intégrer à une petite communauté étudiants – qui pourraient être ses enfants –, se lie d’amitié avec un jeune homosexuel et s’interroge sur sa vie sentimentale. Et si l’amour était possible ? 

    Le réalisateur film avec un mélange de grâce, de sensualité et d’érotisme brûlant les étreintes

    Ludovic Bergery film avec justesse, délicatesse mais non sans cruauté, le récit d’une reconstruction amoureuse après un deuil. Emmanuelle Béart incarne cette femme détruite dont on ne sait finalement pas grand-chose. Ce qui est le plus important est ce voyage géographique autant qu’intime – le film débute et se termine d’ailleurs dans un train – que mène Margaux, brisée par la disparition d’un mari dont on ne voit qu’une photo.  

    Ludovic Bergery suit les errances de la veuve, bousculée par de jeunes étudiants qui ont adopté cette femme d’une autre génération, sans pour autant qu'ils se gênent à lui montrer la différence de l’âge, à l’instar du dialogue sur un escort-boy ou alors celle de la scène de la piscine.

    Emmanuelle Béart donne d’elle-même dans le portrait de cette femme asséchée par la mort de son mari et par le manque d’amour. Le réalisateur film avec un mélange de grâce, de sensualité et d’érotisme brûlant les étreintes. La quête amoureuse de Margaux devient une aventure à la fois douloureuse et dangereuse - on pense bien sûr aux quinze dernières minutes du film. Le réalisateur ouvre finalement la porte à un champ de possibilités, lorsque Margaux choisit de quitter définitivement Paris pour Cologne, la ville où elle avait aimé. Et où elle aimera, sans doute.

    L’Étreinte, drame français de Ludovic Bergery, avec Emmanuelle Béart, Vincent Dedienne. Tino Vandenborre, Sandor Funtek, Nelson Delapalme, Marie Zabukovec, Arthur Verret, Yannick Choirat et Eva Ionesco, 2021, 100 mn, Canal+
    http://distrib.pyramidefilms.com/pyramide-distribution-a-l-affiche/l-etreinte.html

    Voir aussi : "Jean Vigo, une étoile brève mais éclatante"
    "Eva, mon amour"

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  • De la dynamite pour les braves

    On va être clair au sujet de L'Enfer sous terre, ce long-métrage anglais sorti cette année : sa principale qualité est dans le récit d’un fait peu connu de la Grande Guerre.

    En 1916, les armées alliées et allemandes sont embourbées dans une guerre de position : tranchées, batailles au corps à corps et à la baïonnette, attaques au gaz, vie misérable des poilus dans la boue, percées meurtrières et inutiles. Le moral des soldats, qu’ils soient anglais, français ou germaniques, est au plus bas et toutes les stratégies sont bonnes pour se sortir d’un conflit meurtrier.

    Côté britannique, une solution est proposée par le colonel Hellfire (Tom Goodman-Hill) : faire sauter à la dynamite des forts allemands ennemis. Pour cela, il décide de faire appel à une équipe de mineurs spécialisés dans les explosions souterraines qui devront former des soldats. Contre toute attente, William Hackett (Sam Hazeldine) et ses acolytes, qui n'ont pas été mobilisés et travaillent toujours en Grande-Bretagne, se portent volontaires pour effectuer eux-mêmes cette tâche dangereuse et technique. Ils sont engagés comme volontaires et partent sur le front des Flandres.

    L'une de ces mines explosant dans les Flandres a été si forte qu’elle a été entendue… jusqu’à Londres

    Peu de personnes connaissent ce fait d’arme de la première guerre mondiale. On savait que les gaz asphyxiants, les chars d’assaut et les avions – des moyens nouveaux à l’époque – avaient été utilisés par des commandements au service d’un conflit particulièrement meurtrier. Ici, c’est la dynamite qui fait figure de moyen stratégique, avec en plus des difficultés techniques qui la rend infiniment dangereux : creuser plusieurs mètres sous terre, avancer sur des centaines de mètres au risque d’être surpris par l’ennemi et surprendre l’adversaire. 19 charges ont explosé en tout (le film n'en évoque que deux), causant environ 10 000 soldats allemands. Le spectateur apprend que l’une de ces mines explosant dans les Flandres a été si forte qu’elle a été entendue… jusqu’à Londres.

    Pour mener ce récit, J. P. Watts a fait le choix d’un film académique, non sans facilités et manichéisme parfois. La réalité de la vie dans les tranchées est par contre montrée sans fard (les cadavres, les rats, la boue ou les excréments), sans compter les absurdités du commandement militaire.

    De ce récit honorablement montré, on gardera en mémoire le destin de ces braves lancés dans un conflit qu’ils n’auraient jamais dû mener et qui n'a finalement pas fait basculer le récit, comme ils l'espéraient. 

    L'Enfer sous terre, drame historique anglais de J. P. Watts, avec Sam Hazeldine, Alexa Morden, 
    Tom Goodman-Hill, eElliot James Langridge t Andrew Scarboroug, 2021, 92 mn
    https://www.canalplus.com/cinema/l-enfer-sous-terre/h/15647011_50001

    Voir aussi : "En cage"

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  • Jean Vigo, une étoile brève mais éclatante

    Une question se pose d’emblée à la découverte de cette intégrale "Jean Vigo" proposée par Gaumont : mais comment a-t-on pu oublier ce réalisateur français dont le long-métrage L’Atalante est considéré comme l’un des meilleurs films français de tous les temps, voire l’un des vingt meilleurs films tout court. Que Gaumont propose un coffret complet sur ce cinéaste n’est donc que justice.

    Mort à l’âge de 29 ans, Jean Vigo, fils d’un anarchiste espagnol immigré en France, laissa certes une œuvre peu abondante : outre L'Atalante, deux documentaires, À propos de Nice (1930, 22 mn) et La natation par Jean Tauris, champion de France (1931, 10 mn), le moyen-métrage Zéro de Conduite (1933) que la censure française interdira de sortie jusqu’en 1946. Le spectateur ou la spectatrice de 2021 restera dubitative en apprenant la réception de cette histoire d’enfants en révolte contre des adultes aussi autoritaires que ridicules. Film faussement insouciant et naïf, Zéro de Conduite est en réalité un brûlot contre le pouvoir et un hymne à la liberté qui se terminera sur les toits de la pension après une une fête officielle de l’école se terminant dans un joyeux bordel.

    On restera ahuri par l’audace visuelle, à l’exemple de cette Niçoise, habillée, rhabillée et déshabillée

    L’Atalante, l’année suivante, concrétise le talent de Jean Vigo, mais il est aussi son chant du cygne. En effet, de santé fragile, le réalisateur est atteint de tuberculose et termine de tourner son unique long-métrage alors qu’il est gravement malade. L’Atalante est une péniche où embarque Juliette après son mariage avec Jean, le capitaine du bateau. Parmi l’équipage, il y a Jules, le second, un Parisien gouailleur et haut en couleur, un poète au grand cœur aussi, sorte d’ange-gardien qui va bouleverser la vie de la jeune femme. Il faut voir L'Atalante comme une suite de scènes alliant expressionnisme et réalisme populaire, avec toujours un sens du cadrage incroyable, des mouvements de caméra subtils, des trouvailles visuelles et les interprétations inoubliables de Michel Simon et de Dita Parlo. L’unique long-métrage de Jean Vigo est aussi le témoignage d’un Paris disparu, celui des quais de Seine, des bals populaires et des bistrots bon marché où pullulaient des titis parisiens interlopes.

    Les deux autres films de Jean Vigo sont des documentaires. À propos de Nice (1930, 22 mn), sur une musique de Stephen Horne Franck Bockius et Marc Perrone, est moins didactique qu’artistique. Jean Vigo nous fait revivre la ville méditerranéenne et surtout ses habitants et anonymes : estivants, pêcheurs, joueurs de tennis, enfants. Il surprend par son découpage rythmé et ses plans travaillés : contre-plongées, très gros plans et clins d’œil. On restera ahuri par l’audace visuelle, à l’exemple de cette Niçoise, habillée, rhabillée et déshabillée. L’autre court-métrage, La natation par Jean Tauris (1931, 10 mn) est une leçon de natation par le plus grand nageur français de sa génération. Le film est illustré par une voix-off didactique et froide. En contrepoint, Jean Vigo choisit des images hallucinantes de féeries, avec un nageur évoluant tel un poisson dans l’eau.

    Le coffret Gaumont propose enfin un grand nombre de bonus : des actualités Gaumont de 1934-1936, des versions restaurées ou originales, le témoignage de Martin Scorcese lui-même qui insiste sur l’importance historique du cinéaste français et des documentaires en hommage à l’auteur de Zéro de Conduite et de L'Atalante. Une découverte bienvenue donc.

    Coffret Jean Vigo, Intégrale, Zéro de Conduite, L’Atalante, À propos de Nice, La natation par Jean Tauris, inédits, bonus et suppléments, restauration en 4K, Gaumont, 2018
    https://www.gaumont.fr/fr/auteur/Jean-Vigo.html

    Voir aussi : "Voir ou revoir le Napoléon d’Abel Gance"

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  • Mon année Salinger

    Le pitch de Mon Année à New York du Québécois Philippe Falardeau renvoie à un autre film, plus ancien. Une jeune femme enthousiaste, à peine dégrossie, est décidée à réussir à New York. Elle est embauchée dans une agence prestigieuse tenue par une femme froide et dédaigneuse. Vous l’aurez compris, les points communs avec Le Diable s’habille en Prada sautent aux yeux.

    Sauf que Mon Année à New York ne se déroule pas dans le milieu de la mode mais dans celui de l’édition. Quant à la directrice cassante, interprétée par Sigourney Weaver, elle s’avère beaucoup plus subtile que la Miranda Priestly/Anna Wintour.

    Basée sur les mémoires de la personnage principale Joanna Rakoff, Mon année à New York se déroule en 1995, dans un New York qui n’a pas encore connu le 11 septembre. C’était une période où les ordinateurs restaient relativement rares, l’Internet inconnu et le sexisme à la fois présent et (plus ou moins) édulcoré. Avec le recul, c’est une époque charnière entre un ancien monde – symbolisé par le cultissime Salinger – et un nouveau monde numérique qui prenait déjà ses marques. 

    L’auteur de L’Attrape-Cœur et de Franny et Zoé intervient comme catalyseur des rêves de littérature d’une jeune femme qui se cherche

    Joanna Rakoff a les pieds dans ces deux périodes : moderne, active et ambitieuse, son rêve est la littérature. Sauf qu’elle ne se sent pas légitime à devenir écrivain (ou écrivaine, dans le langage d’aujourd’hui). Sentimentalement, sa vie privée est tout aussi floue : elle commence une relation avec Don, sans avoir rompu définitivement avec son précédent petit ami.

    Professionnellement, Joanna est engagée dans une agence littéraire new-yorkaise prestigieuse qui peut se targuer d’avoir, parmi ses auteurs suivis, un certain JD Salinger. Cette légende de la littérature mondiale garde intact son souci de la discrétion et son silence médiatique. Sauf que Joanna finit par l’avoir au téléphone. Commence entre les deux une relation à distance marquante.

    Quel dommage que les traducteurs français n’aient pas choisi d’intituler ce film : "Mon année Salinger" (My Salinger Year, comme le titre original) ! Bien qu’il n’apparaisse qu’extrêmement fugacement, l’auteur de L’Attrape-Cœur et de Franny et Zoé, décédé en 2010, intervient comme le catalyseur des rêves de littérature d’une jeune femme qui se cherche.

    Qui se cherche mais aussi qui construit son rôle d’agent littéraire respectueux des lecteurs et des admirateur de J.D. Salinger. Là est sans doute l’une des réussites esthétiques du réalisateur et scénariste Philippe Falardeau, donnant la parole à des anonymes, prêts à tout quitter pour accomplir leurs rêves, à l’image de Holden Caulfield, l’antihéros de L’Attrape-Cœur.

    Dans le rôle de Margaret, la brillante et parfois tyrannique directrice, Sigourney Weaver s’impose sans surprise, en y insufflant humanité mais aussi désillusion.

    La facture classique de Mon Année à New York sert cette comédie-dramatique douce-amère qui nous parle autant de la nostalgie d’une époque disparue que de rêves d’une jeune femme se construisant dans une ville qui lui paraissait au départ trop grande pour elle.

    Mon année à New York, comédie dramatique canado-itrlandaise de Philippe Falardeau,
    avec Margaret Qualley, Sigourney Weaver, Douglas Booth, Colm Feore, 2020, 96 mn

    https://www.canalplus.com/cinema/mon-annee-a-new-york/h/17049652_50001
    http://www.joannarakoff.com

    Voir aussi : "Le cancer est un sport de combat"

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  • Le cancer est un sport de combat

    Voilà un film, commençant comme une romance glacée mais qui finit par surprendre. Glacée comme la facture très américaine tournant autour de Carley Allison, jeune Canadienne promise à un bel avenir. Tel est le sujet de Kiss & Cry, avec Sarah Fisher dans le rôle-titre.

    Au début du film, patineuse douée, Carley vient de passer en catégorie Elite, sous la houlette de son coach, l’austère Shin. Optimiste, souriante, chanteuse à ses heures perdues, entourée d’une famille aimante et soudée qui l’aide et l’admire, rien ne manque à l’irrésistible jeune femme, pas même un petit ami, le fringant John, beau gosse, un rien provocateur. Commence une love story pour la sportive qui passe ses soirées sur la glace.

    C’est précisément sur la glace que tout dérape : Carley est prise d’une forte quinte de toux et d’un problème respiratoire. Elle s’avère en réalité beaucoup plus grave que prévu. Lors de sa première soirée en amoureuse avec John, ce dernier l’amène à l’hôpital, il s’avère que la jeune patineuse ne souffre pas d’asthme mais d’un mélanome malin sur la trachée. Une forme sévère de cancer, très rare. Elle avait une chance sur un milliard d’être touchée. Carley comme un combat contre sa maladie. 

    Un film édifiant sur le match d’une vie pour une vie

    Vous l’avez deviné, le patinage artistique est abandonné au premier tiers du film pour s’intéresser à la lutte de Carley Allison contre son cancer. Il faut d’ailleurs préciser que ce récit est tiré d’une histoire vraie, ce que montre le générique de fin avec des photos de la jeune femme et les témoignages de ses parents et de son petit ami.

    Le long-métrage, disponible sur Netflix, frôle parfois le mélodrame, sans jamais toutefois y tomber complètement. Disons aussi que le parti-pris est de faire un film édifiant sur le match d’une vie pour une vie. Le metteur en scène a choisi de rompre avec une facture classique grâce à la voix off de Carley, des confidences avec le spectateur mais aussi des seconds rôles intéressants : une infirmière mal embouchée mais aussi son coach, Shin.

    C’est du reste à lui que l’on doit l’une des phrases les plus fortes et les plus justes du film : "Il faut traiter les victoires comme des enterrements et les enterrements comme des victoires."

    Kiss & Cry, drame canadien de Sean Cisterna, avec Sarah Fisher,
    Luke Bilyk, Chantal Kreviazuk, 2017, 93 mn, Netflix
    https://carleysangels.ca

    https://www.netflix.com/fr/title/80178720

    Voir aussi : "Patins sur glace"

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  • Patins sur glace

    Vous que les romances et les histoires d’amour horripilent, passez votre chemin.

    Ice, comédie romantique russe d’Oleg Trofim, avec la sémillante Aglaya Tarasova dans le rôle principal, suit les pas – ou plutôt les patins – d’une brillante sportive russe, engagée dans le patinage en couple, l’une des disciplines les plus dures et les plus exigeantes qui soit.

    Disons-le tout de suite : il faut passer les 40 minutes de ce film disponible sur Amazon Prime pour apprécier pleinement l’histoire d’une renaissance et la naissance d’un couple.

    Le film commence par l’ascension de Nadia, dans un début digne d’un conte de fée moderne : une enfant devenue orpheline après le décès de sa mère malade (elle décède sur un lac gelé, détail qui a bien entendu son importance symbolique), l’entrée dans une école de patinage exigeante, la présence d’une entraîneuse exigeante et qui devient sa seconde mère et la rencontre avec le jeune premier Leonov, patineur hors-pair qui choisit Nadia comme partenaire.

    Fin de la romance ? Et non ! Car c’est en réalité là que tout commence, et là aussi que le film prend véritablement son envol. 

    Fin de la romance ? Et non !

    Hospitalisée suite à un accident et immobilisée sur un lit d’hôpital, l’ancienne patineuse ne doit son salut qu’à son entraîneuse ainsi qu’un joueur de hockey. Il s’appelle Sasha et cumule des défauts irrémédiables : impulsif, colérique et à l'humour... froid. C’est pourtant lui qui est chargé de jouer la nounou pour la patineuse désormais en fauteuil roulant. Le retour sur glace de l’ex-sportive est-il possible ? A priori, non.

    Voilà une romance qui glisse toute seule. Le spectateur peut certes craindre au début que l’histoire se porte sur Nadia et son bellâtre de partenaire, après un début sirupeux et un brin convenu. Tout l’intérêt vient bien entendu de la relation entre Nadia et Sash, deux personnes que tout sépare, si l’on excepte la glace. Dans le rôle de Nadia, Aglaya Tarasova épate. Elle trouve son alter-ego en la personne de Sasha (Alexandre Petrov).

    On trouve dans Ice tout ce qui fait le charme de ces romances : deux personnages à la solide personnalité mais qui n’auraient jamais dû se rencontrer, un duo finissant par trouver ses marques et un happy-end. Pour corser le tout, ajoutez le milieu du patinage artistique, un pays – la Russie – pas assez souvent mis à l’honneur dans le cinéma et un défi sportif en forme de message universel.

    Du bel ouvrage, donc. Pas un chef d’œuvre mais du bel ouvrage. 

    Ice, romance russe d’Oleg Trofim, avec Aglaya Tarasova, Alexandre Petrov,
    Milos Bikovic et Maksim Belborodov, 2019, 93 mn, Rimini Éditions, Amazon

    https://www.primevideo.com

    Voir aussi : "Margot Robbie sur glace et en majesté"

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