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Le film La Haine de Mathieu Kassovitz ressortira en salles le 5 août prochain, 25 ans déjà après avoir marqué les esprits au cinéma.
La Haine a aussi propulsé sur le devant de la scène son réalisateur, Mathieu Kassovitz, et son acteur principal, Vincent Cassel.
Abdel Ichah, seize ans est entre la vie et la mort, passé à tabac par un inspecteur de police lors d'un interrogatoire. Une émeute oppose les jeunes d'une cité HLM aux forces de l'ordre. Pour trois d'entre eux, ces heures vont marquer un tournant dans leur vie…
La Haine, drame français de Mathieu Kassovitz avec Vincent Cassel, Hubert Koundé et Saïd Taghmaoui, 98 mn, 1995 http://www.studiocanal.com
Honneur cette semaine à un genre dit "mineur" : le film de kung-fu. Notre chroniqueur de L’Œil du frigo s'intéresse à Rumble in the Bronx, sorti en 1995, et que des producteurs français très inspirés ont tout simplement titré pour le public hexagonal : Jackie Chan dans le Bronx. Comme ça, pas de tromperie sur la marchandise. Dans cette scène, le plus populaire des acteurs hong-kongais fait du frigo un acteur central pour une scène d'action.
Aujourd'hui nous sommes dans le grand art martial, ou comment un frigo peut servir à distribuer des beignes.
Jackie Chan est dans le Bronx et s'est fait des ennemis chez le revendeur de frigos. Au lieu de discuter gentiment sur le prix de ces faiseurs de froid, il en vient aux mains tout de suite. Et une distribution de pêches, de coups, de gifles, de mornifles, de pains, de taquets, de bourre-pifs, s'ensuit. A noter que dans cette scène majestueuse, le frigo est pacifiste. Il reçoit pourtant des coups, se mange une télé et un homme, et réceptionne très bien le postérieur de Jackie.
Alors, je vous le demande : de quoi parlons-nous dans cette séquence alors que le dimanche est pluvieux, que votre frigo est vide, que la Fnac est ouverte, que votre petite amie invoque les dieux de la chamanie que c'est les soldes et que vous êtes abandonné face à vous-même sur un canapé sans teint ? On parle de cette magnifique chorégraphie autour des frigos, une danse de l'humain qui fait tout de suite naître l'espoir et le positif au fond de vous. Certes, les frigos sont vides, comme le vôtre, mais quelle belle idée de les remplir avec autre chose que des victuailles !
Du coup, après ces quelques secondes frigoristiques, je me sens tout revigoré. Jje vais bien trouver au fond de mon frigo une dégustation fraîche et mangeable. Je sais : je vous dévoile un peu de mon intimité. Il faut dire que Jackie m'y oblige un peu : toute cette agitation autour des frigos m'a donné faim.
Chaque frigo sait qu'un jour, on tombera sur Jackie Chan
Il y a quelque chose de fabuleux lorsqu'on ouvre un frigo presque vide. On trouve toujours quelque chose pour grignoter un bidule... Vous me suivez ? Un vieux Saint Môret non périmé, des cornichons, un morceau de fromage inconnu à peine vieilli... En fait, tout un tas de choses qu'on a repoussé, car nous ne voulions pas les manger (même si, dans un délire schizophrénique, c'est bien nous qui remplissons le frigo)
Aujourd'hui, c'est la revanche : chaque frigo sait qu'un jour, on tombera sur Jackie Chan et que ce jour là, on finira les restes. Eh oui ! Avant de faire les courses, il faut finir les restes et ce jour est arrivé. Alors, je vous propose un truc simple : sortez tous vos restes, mettez-les sur un plateau et prenez du pain. N'oubliez surtout pas de prendre ce qu'il y a sur la porte. Il y a bien des fois où quelques sauces périmées sauvent la vie. Installez-vous convenablement devant votre Jackie Chan préféré et dégustez vos restes sur votre canapé sans teint. Ce n'est pas bien grave si vous ratez quelques minutes du film en tartinant un Saint Môret, cornichon, ketchup... Vous récupérez l'histoire sans souci ! Soyez imaginatif, fou : honorez votre frigo ! La vie est pleine de couleur, votre estomac vous le rendra... Peut être même aurez vous l'envie de vous battre dans votre cuisine, voire de danser... Faites des photos aussi : c'est toujours utile.
Et passez ce long moment d'euphorie culinaire en compagnie de Jackie. Faites les courses et cherchez le pied de l'arc en ciel.
ODF
Rumble in the Bronx (Jackie Chan dans le Bronx), film d'action de Stanley Tong avec Jackie Chan, Anita Mui, Françoise Yip et Marc Akerstream Hong-Kong et Canada, 1995, 86 mn
Le hasard est parfois bien fait : alors qu’il y a quelques jours je découvrais le podcast d’Affaires sensibles consacré à l’histoire de la plus grosse arnaque dans le monde du vin, cette semaine je tombais sur le film Sour Grapes consacré au même sujet, et qui est disponible sur Netflix.
Le protagoniste de cette affaire s’appelle Rudy Kurniawan. Un pseudo en réalité, qui est aussi un hommage à un joueur de badminton indonésien. Notre Rudy Kurniawan vient lui aussi de ce pays, d’une famille à l’histoire compliquée pour la faire brève, et que le film de Jerry Rothwell explique dans les dernières vingt minutes de son documentaire.
Lorsque le fringant jeune homme asiatique apparaît dans la communauté des collectionneurs de vin à partir de 2000, il se montre évasif sur sa fortune. Il se présente comme un héritier passionné de bons flacons, capable de dépenser une fortune dans des bouteilles d’exception, la plupart françaises, et dans des millésimes rarissimes : Mouton Rothschild 1945, Chambolle-Musigny 1962, Vosne-Romanée-Conti, Château Petrus 1947 ou des Clos-saint-denis millésimés de 1945 à 1971. Et sur à cause de ces derniers vins qu’il va se faire pincer.
Omerta
Rudy Kurniawan est doué d’une connaissance encyclopédique en œnologie et il impressionne ses nouveaux amis collectionneurs. En quelques années, il devient un personnage emblématique des salles de vente et il s’associe avec le commissaire-priseur new-yorkais John Kapon qui se charge de revendre les vins de sa collection. Non seulement Rudy Kurniawan gagne beaucoup d’argent, mais il contribue aussi à bouleverser le marché du vin et à faire grimper les prix. L’escroquerie va être dévoilée parallèlement par le milliardaire et collectionneur Bill Koch et le viticulteur bourguignon Laurent Ponsot qui s’aperçoit que certains crus… n’ont jamais existé.
Pas la peine d’être un spécialiste du vin pour apprécier Sour Grapes (comme d’ailleurs le numéro d’Affaires sensibles). Le spectateur sera fasciné par l’histoire d’une arnaque savamment organisée qui a tellement roulé dans la farine des hommes d’affaire roublards qu’aujourd’hui encore on estime que près de 10 000 faux crus de Rudy Kurniawan sont encore en circulation dans le monde. Et personne ne semble vraiment tenir à ce qu’on les déniche.
Une vraie omerta qui a tout de même conduit derrière les barreaux un brillant spécialiste et fraudeur en vin, sans que l’on sache complètement toutes les complicités. Le milieu des collectionneurs de vin n’a pas été le moins gêné par cette escroquerie exceptionnelle. Et dans un milieu régi par le bling-bling, le fric et les signes extérieurs de richesse, on pourrait résumer ainsi les réactions des acheteurs des vins made in Kurniawan : "Qu’importe si mon Domaine de la Romanée-Conti à 85 000 dollars la bouteille est faux, du moment que l’étiquette indique que c’est un Domaine de la Romanée-Conti…"
Sour Grapes, documentaire américain de Jerry Rothwell, avec Laurent Ponsot, Jay McInerney, Jefery Levy, Maureen Downey et Rudy Kurniawan, 2016, 85 mn, Netflix https://www.netflix.com "Le vigneron et le faussaire", Affaires sensibles, France Inter, 2017, en podcast https://www.franceinter.fr/emissions/affaires-sensibles
Oui, un frigo peut refléter l'âme de son propriétaire. L’Œil du frigo nous explique tout cela à l'occasion de sa chronique consacrée à American Psycho, l'adaptation du chef d'oeuvre de Bret Easton Ellis.
Nous voici devant un chef d’œuvre de cinéma. Une pépite qui croque sous la dent : American Psycho de Mary Harron, avec l'excellent Christian Bale. Dans cette scène où il nous explique, dans un slip d'un autre âge, qui il est, on peut déjà noter à quel point il est beau, lisse et dual sans doute. Déjà, le frigo ne nous montre pas un maximum de produits. j'hésite d'ailleurs : je pense que nous sommes plutôt du côté congélateur, ou du côté frigo, euh... Mais quand je le vois se mettre la glace sur les yeux, je me dis qu'il est du côté frigo. Impossible de tenir avec de la glace à moins vingt degrés sur les yeux sans se cramer les paupières par le froid au troisième degré. Essayez pour voir et on en reparle.
Bon, quand on regarde de plus près, effectivement on est du côté congélateur de ce combiné. La glace et les paquets de viande surgelés sont bien disposés. Il a même congelé un plat entier qui est dans le fond. Il n'y a pas non plus les fameux condiments et autres pots de confitures entamés qui pourrissent sur la porte (je confirme : c'est un congélateur). On peut supposer aussi que le beau Christian est tout en double, comme son frigo congélateur. Du coup, on ne sait plus de quel coté du miroir on est. C'est le principe même du film. Si ce magnifique combiné est double et qu'en plus on peut se voir dedans tellement il brille, c'est que nous allons nous perdre dans ces jeux. Des mises en abîmes successives pour mettre notre âme à l'envers !
Alors, je préviens d'avance : le beau Christian est complétement fêlé dans ce film. Âme sensible s'abstenir. Méfiez vous toujours de ceux qui ont des frigo-congélateurs qui font un brin miroir. Des psychopathes en puissance qui rajeunissent leurs yeux à coup de cryogénie. Rien que cette cuisine fait flipper. On n'a pas vraiment envie d'y manger. Je pense que c'est un lieu de culte... Euh, pardon : de coupe, et de découpe.
Au final on met tout dans le frigo : on a déjà vu ça. Des corps entiers, des pieds, des jambes... notre âme aussi. On garde tout. La marque Ultraline nous conserve tout ça au frais et on la récupère dès qu'on en a besoin. C'est un beau concept au final ! J'irai de ce pas demain chez Darty m'acheter un combiné pour mettre mon âme au frais ou la congeler, je la récupérerai plus tard, histoire de faire mentir les dates de péremption.
Simple: deux méthodes de décongélation. Laisser à température ambiante ou une minute au micro ondes. Cela dépend de la taille de votre âme. Moi j'ai déjà fait mon choix :))
Un bon film glaçant (ne pas manger avant). Âmes sensibles, allez vous faire un café !
ODF
American Psycho, drame américain de Mary Harron avec Christian Bale, Justin Theroux, Chloë Sevigny, Reese Witherspoon, Willem Dafoe et Jared Leto, 2000, 101 mn
Focus aujourd’hui sur la chaîne Youtube d’une passionnée de littérature, de philosophie ou de cinéma : voilà qui ne pouvait qu’intéresser Bla Bla Blog.
Clémence Pouletty partage ses lectures avec insouciance mais aussi avec une sacrée qualité à vulgariser des sujets parfois ardus : L’amour et Sartre, L’art d’avoir toujours raison de Schopenhauer ou L’art d’être heureux du même Arthur.
Avec beaucoup de passion, mais aussi, mine de rien, un vrai travail de mise en scène et de montage, Clémence Pouletty déroule ses vidéos avec quelques digressions, lorsque par exemple la youtubeuse imagine des dialogues entre elle-même et les auteurs qu’elle chronique (Imitations d'écrivains - La nuit pour adresse de Maud Simonnot).
Je vous invite à remonter le fil de ses publications (18 à ce jour, depuis deux ans) et à découvrir des auteurs parfois exigeants mais toujours présentés avec beaucoup de pertinence, de précision et de légèreté : Pierre Michon (Passion), Mémoire de fille et Passion simple d'Annie Ernaux, Tenir jusqu'à l'Aube de Carole Fives ou trois livres d’Arnaud Cathrine.
Le cinéma n’est pas en reste avec une émission sur Chien de Samuel Benchetrit, Curiosa de Lou Jeunet ou à propos de trois films de Michel Houellebecq (Near Death Experience, L’Enlèvement de Michel Houellebecq et Rester vivant) – un artiste qui, au passage, inspire particulièrement la chroniqueuse.
Clémence Pouletty est une vraie curiosité : à découvrir de toute urgence.
Faire le rapprochement entre ces deux films d’horreur que sont Wedding Nightmare et Brightburn : L'Enfant du mal, sortis à la même époque dans les salles obscures, n’a rien d’aberrant.
Ces deux petits films américains, misant sur la peur, ont au moins un point commun : s’attaquer à leur manière aux valeurs traditionnelles que sont la famille et le mariage. Autre point commun : le budget modeste et un casting sans grande star - si l’on excepte Andy McDowell pour Wedding Nightmare.
Brightburn : L'Enfant du mal conte l’histoire d’un enfant démoniaque, Brandon, adopté par Tori et Kyle Breyer, un couple en mal d’enfant. Leur bénédiction viendra des étoiles, puisqu’à la faveur de l’écrasement d’un vaisseau extraterrestre, nos deux amoureux recueillent un bébé – en réalité un alien anthropomorphe – qui va devenir leur seul et unique rejeton. Quelques années plus tard, devenu pré-adolescent, le garçon s’aperçoit qu’il a des dons de super-héros, mais qu’il va mettre au service de causes malfaisantes. Et c’est bientôt ces vrais-faux géniteurs qui vont en faire les frais . Le pitch de ce film diablement méchant, et dépourvu de toute espèce de rédemption, est une relecture un brin angoissante d’une naissance divine : enfant né des étoiles, père et mère inconnus, pouvoirs extraordinaires, visions d'ascension, place centrale donnée à une grange… On aura vite deviné que le scénario reprend à son compte des symboles christiques, pour renverser totalement le message et faire du petit bonhomme un être inquiétant, bien décidé à semer le chaos dans le monde.
Intrigues subversives
Diabolique, Wedding Nightmare l’est tout autant. Dans la famille des Le Domas, une tradition oblige chaque jeune marié.e à se prêter à un jeu. Lorsque Grace, follement amoureuse du fils Alex, tire la carte qui va décider de l’épreuve, c’est une partie de cache-cache qui lui est proposée. Le hasard fait mal les choses, car la mariée a l’obligation de ne pas être retrouvée, et ce jusqu’à l'aube - sinon, c’est la mort assurée. Une course folle commence dans les couloirs de l’inquiétant château. La jeune mariée espère cependant compter sur le secours de son jeune époux.
Amateurs de jeux de massacres à l’arme blanche, Weddingt Nightmare est pour vous. On trouve un plaisir presque sadique à suivre la chasse à l’homme - à la femme en l’occurrence - et à voir les protagonistes tomber les uns après les autres, de la manière la plus gore possible, et ce jusqu’à la grande boucherie finale.
Mais ne nous y trompons pas : comme pour Brightburn : L'Enfant du mal, la cible visée n’est pas cette innocente mariée ou ces parents trop aimants mais bien le mariage et la famille. Ce qui n’empêche pas les scénaristes de transformer les proies en chasseurs, lorsque par exemple Grace se transforme littéralement en Carrie vengeresse ou lorsque le père de Brandon choisit de prendre l’arme contre son propre fils. À ce moment, les intrigues devient carrément subversives. Subversion trouvant d’ailleurs son illustration sonore dans Brightburn : L'Enfant du malavec la bande-son d’une certaine Billie Eilish, qui propose son titre qui l’a fait connaître et qui convient à merveille pour ce film : "I'm that bad type / Make your mama sad type / Make your girlfriend mad tight / Might seduce your dad type /I'm the bad guy" (Bad Guy).
Ces deux petits films d’horreur sont à voir en ce moment sur Canal+ .
Brightburn : L'Enfant du mal, film d’horreur américain de David Yarovesky, avec Elizabeth Banks, David Denman, Jackson A. Dunn, Matt L. Jones et Meredith Hagner, 91 mn, 2019 sur Canal+ https://www.canalplus.com/cinema/brightburn-l-enfant-du-mal Wedding Nightmare (Ready Or Not), film d’horreur américain de Matt Bettinelli-Olpin Tyler Gillett, avec Samara Weaving, Adam Brody, Mark O'Brien, Henry Czerny, Andie MacDowell, Nicky Guadagni, Melanie Scrofano, Elyse Levesque et Kristian Bruun, 95 mn, 2019, sur Canal+ https://www.canalplus.com/cinema/wedding-nightmare
L’Œil du frigo nous régale de ses chroniques sur les frigos au cinéma. Celle qu'il nous propsoe cette semaine sur le mémorable 127 heures de Danny Boyle a ceci de particulier qu'elle résume à elle seule tout l'intérêt de parler de ces appareils d'électroménager présents sur les grands écrans, dans des scènes a priori anodine. Focus sur 127 heures donc, un drame tiré d'un fait réel : à ne surtout pas copier comme l'écrit Philippe, notre œil du frigo.
Nous voici prêt pour un long moment cinématographique : 127 H de Dany Boyle, ou comment tout savoir sur le Blue John Canyon en Utah !
Sur une musique tonitruante, Never Hear Surf Music Again Free Blood, le beau James Franco s’apprête à partir en expédition. Comme on fait tous, il ouvre son frigo et remplit son sac. Le frigo reste pratiquement tout le temps du générique dans le champ et raconte finalement toute l'histoire. Je dis ça au cas où les spectateurs fainéants de la rétine ne voudraient pas se taper 127 heures de film. Dans ce frigo, la main droite de James cherche et attrape nourriture, boissons énergétiques et laisse tomber les bières Coors. On sent qu'on ne part pas en pique-nique. C'est du sérieux. Mais c'est surtout le travelling qui est impressionnant : pourquoi montrer cette main en travelling se saisissant des objets vitaux pour partir en randonnée ? Il faut quand même remercier le caméraman qui s'est frappé un déplacement de gauche à droite et de droite à gauche pour servir les idées de Dany Boyle.
Un chicken burrito de la marque Patio, me direz-vous, c'est pas spécialement fun quand on part à l'aventure. On pense tout de suite qu'il va se faire un feu de camp, se faire griller son poulet et l'enrober dans des galettes de maïs. Mais le frigo livre tout fait, tout frais, y a plus qu'à se régaler. Bon, le ketchup dans la porte reste à sa place : c'est déjà ça. Évidemment, la boisson énergétique est emballée aussi avec un sac blanc dont on ne saura rien. Un homme face à son frigo et l'histoire est lancée. Je ne peux pas disserter davantage sans tout révéler du film mais Dany a bien fait ses courses et le frigo cinématographique est bien achalandé.
Je ne vous proposerai aucune recette avec ce qu'il y a au fond de ce frigo, Peut-être tout au plus une salade de fruits avec une tomate, mais je ne suis pas sûr que cela serve le propos du film. Car si Dany a placé un frigo en tout début de l'histoire, ce n'est pas pour coincer cette scène en plein milieu du film dans le canyon. Le récit se situe entre la pomme et le ketchup. Le plan dans le frigo semble ruisseler sur les victuailles pour nous expliquer le film. Si je devais faire une thèse sur les frigos dans le cinéma (histoire d'écrire cinq cents pages et la présenter dans un amphi) je choisirais forcément cette scène. Je sais, je suis comme ça : parfois je fais des vrais choix, douloureux voire cinglants. Je passe sous silence l'univers du placard adjacent pour ne pas vous trop raconter ce film.
Un film qui traite d'un cercueil de pierre et du renoncement, on est loin de Burried de Rodrigo Cortes (qui n'a aucun frigo), mais quand même : "uUn homme enterré vivant doit s'en sortir..." Si j'avais envoyé ce pitch à une société de production, j'aurais perdu toute crédibilité... Ah oui ! c'est vrai : J'en ai pas ! Ne renoncer à rien, pas même à un Chicken Buritto et l'humanité en sort grandie. Un petit rappel : cette histoire est une histoire vraie, mais c'est interdit de copier !
ODF
127 heures, drame américain de Danny Boyle avec James Franco, Clémence Poésy et Kate Mara, 2010, 94 mn
Je dois vous avouer que jusqu'à cette chronique de L’Œil du frigo, Ricki and the Flash était complètement passé sous mes radars. Pour autant, ce film incompris a toutes les qualités : un drame sur le rock, avec Meryl Streep dans le rôle-titre, et une réalisation par Jonathan Demme, dont il s'agissait de son dernier film avant son décès en 2017, deux ans plus tard. Portrait d'une artiste incomprise, de retour dans sa vie d'avant.
Ricki, est une star de rock perdue et qui n'a jamais trouvé le chemin de la gloire. Pour sa passion elle a abandonné ses trois enfants et joue dans un bar miteux sans envergure.
Elle est appelée à la rescousse par son ex mari pour secouer sa fille qui est en période suicidaire. Un ex-mari qui est plein aux as et dont la maison est digne d 'être publiée dans les plus grands magazines de déco intérieur. Ricki découvre alors un frigo congélateur magnifique. Rempli jusqu'à la gorge, où tout est rangé à sa place. Elle n'en revient pas. Le frigo est annoncé dans cette séquence comme un coffre fort. Elle l'ouvre et le monde s'illumine. Un retour de mère en perdition qui après avoir humé des herbes (de vraies herbes qui font décoller) dans le congélateur va se remettre en chemin vers sa fille trompée, délaissée abandonnée en pleine histoire d'amour par un mari adulescent.
Evidemment elle va en découdre avec ses enfant. Ils ne lui pardonnent pas son départ pour la musique, cet abandon pour vivre en transe, paumée, fauchée, déglinguée mais - ô, combien ! - vivante. Ce frigo relance la vie : tout y est. Il y aurait trop à dire pour le décrire, mais rien que le nombre d’œufs dans la porte et on comprend combien ce faiseur de froid est un lieu central de cette famille complètement éclatée. Le frigo pour soigner les âmes en perdition pour casser des œufs, faire des omelettes et au final partager une bonne bouteille de lait ou autres friandises.
Si demain vous êtes en perdition, et que votre frigo est vide. Appliquez cette recette que le cinéma de Jonathan Demme nous apprend :
1/ Passer une commande et remplissez votre frigo à bloc, et n'oubliez pas les œufs. Ressortez votre guitare du placard (ou votre flûte à bec).
2/ Trouvez vous une bonne playlist de musique dinguement décalée.
3/ Appelez au téléphone (pas de SMS, please) un homme, une femme perdue de vue avec qui vous avez transcendez le monde un jour.
4/ Invitez le/la et videz le frigo, soyez ringard, vintage jusqu'à ce que la mort de ce malaise s'en suive...
PS : ne pas hésiter à recommencer en cas d'échec. ;)
ODF
Ricki and the Flash, drame américain de Jonathan Demme avec Meryl Streep, Mamie Gummer, Kevin Kline et Ben Platt, 2015, 101 mn