Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Cinéma - Page 47

  • Les plus beaux yeux du cinéma se sont fermés aujourd'hui

     

    Michèle Morgan (1920-2016)

  • Lorsque le cinéma se transforme en scène de ballet

    A l'occasion de la sortie en salles du film Ballerina le mercredi 14 décembre, la chaîne YouTube de danse DOT MOVE s’associe à Gaumont pour une vidéo happening au Gaumont Opéra à Paris. Des danseurs sont venus faire une surprise aux spectateurs du cinéma : lorsque le cinéma se transforme en ballet d'Opéra, ça peut donner ça.

  • Dans l’enfer du Taj Mahal

    Beaucoup d’entre nous sont passés à côté de Taj Mahal, sorti il y a un an peu après les attentats du 13 novembre, et qui mérite de figurer parmi les fleurons du suspense français. Nous avons droit à une séance de rattrapage en ce moment puisque Canal+ diffuse sur son bouquet de chaînes ce petit bijou.

    Aucune star pour le deuxième film de Nicolas Saada, auteur du remarqué Espion(s), aucun grand moyen et un film tourné ni en France ni aux États-Unis mais en Inde, une intrigue sèche comme un coup de trique et un sujet d’actualité – le terrorisme – traité avec minimalisme.

    Nous sommes en 2008. Louise (Stacy Martin), 18 ans, se trouve déracinée pour deux ans à Bombay avec sa mère et son père parti travailler en Inde. La famille est logée dans le froid et luxueux hôtel Taj Mahal. Un soir que Louise se trouve seule dans la suite familiale, une attaque terroriste a lieu dans l’établissement. La jeune fille n’a pour tout contact avec ses parents qu’un téléphone. Elle va devoir s’en sortir seule.

    Les films sur la survie sont pléthores (voir aussi cet article, "Flukt, alors !") mais on aurait tort de limiter Taj Mahal à l’histoire d’une adolescente terrorisée tentant d’échapper à l’enfer promis.

    Nicolas Saada se fait maître dans l’art d’instiller l’angoisse par petites touches. Dans le huis-clos d’une chambre d’hôtel, la peur surgit grâce à des détails, des bruits, des scènes suggérées, des coups de feu éclatant en échos. Pas d’effets spectaculaires mais tout se joue sur presque rien : le visage de Louise, la recherche d’un chargeur de portable, les progressions dangereuses à l’intérieur de la suite ou les effets d’ombres et de lumières.

    L’hyperréalisme est là, dans l’interprétation sans esbroufe, presque documentaire. Nicolas Saada prend à contre-pied le public habitué au sensationnel dans les films sur le terrorisme. Il y a par exemple cette scène où la mère – d’origine américaine – tente avec pathos de réconforter sa fille en lui chantant au téléphone une berceuse. Louise s’en étonne : "Maman, qu’est-ce que tu fais ? – J’essaye de te calmer. – Ça ne me calme pas du tout !"

    Taj Mahal fait monter la pression avec un réalisme acéré. Réaliste, Nicolas Saada l’est aussi lorsqu’il montre, dans la première partie du film, des rues de Bombay. Déracinée, la famille occidentale découvre un pays à la fois fascinant et inquiétant. Les habitants locaux adressent des regards accusateurs aux trois expatriés. Le spectateur devient témoin du malaise, annonciateur du drame qui va se jouer quelques minutes plus tard.

    Alors que la partie s’est jouée, Nicolas Saada ose une ultime scène, cette fois à Paris. Avec une clairvoyance rarement vue dans un film sur le terrorisme, le réalisateur affronte le problème de l’indicible et des survivants devant affronter leurs démons. Un ultime coup de maître, génial et poignant.

    Taj Mahal, de Nicolas Saada, avec Stacy Martin,
    Gina McKee et Louis-Do de Lencquesaing, France, 2015, 143 mn

     

  • Polina, de la danse au grand écran

    Bla Bla Blog s’était fait l’écho de la bande dessinée de Bastien Vivès, Polina ("Petite danseuse deviendra grande"). Cet auteur a fait l’objet de plusieurs chroniques et il semble bien qu’il soit passé dans une autre dimension cette semaine.

    Son album Polina fait en effet l’objet d’une adaptation cinéma déjà très séduisante sur le papier.

    En attendant de découvrir ce film, pourquoi ne pas découvrir ou redécouvrir sur papier le destin de cette danseuse russe follement douée ?

    "Petite danseuse deviendra grande"
    Bastien Vivès, Polina, éd. KSTR, 206 p.
    Blog de Bastien Vivès

  • J’ai été à l’opéra au cinéma (voir et écouter Don Giovanni)

    L’expérience me tentait depuis quelques temps : l’opéra au cinéma. Depuis quelques années, les grandes scènes lyriques du monde diffusent en direct dans les salles de cinéma les opéras qu’elles proposent à leurs abonnés traditionnels. On devine l’intérêt de la démarche : proposer au public qui ne peut pas se déplacer à Bastille, au Bolchoï ou au MET de New York des opéras ou des ballets au prix d’un ticket de cinéma – prévoir cependant un surplus de quelques euros, justifié dans mon exemple par un entracte avec petits fours et champagne.

    Ce week-end, le bloggeur se rendait donc, par procuration, au MET de New York. Le multiplexe de Montargis, l’Alticiné, proposait une diffusion en direct et en HD du Don Giovanni de Mozart, avec Simon Keenlyside dans le rôle titre, accompagné d’Hibla Gerzmava (Donna Anna), Adam Plachetka (Leporello), Malin Byström (Donna Elvira), Kwangchul Youn (Le Commandeur) et Paul Appleby (Don Ottavio), le tout orchestré par Fabio Luisi et mis en scène par Michael Grandage. La soirée était présentée, toujours en direct, par la soprano Joyce DiDonato, en maîtresse de cérémonie pour marquer les 50 ans du MET. Dommage pour les non-anglicistes car cette présentation, tout comme ses interviews à l’entracte, n’étaient pas sous-titrés ou doublés. Il s’agit sans doute du seul bémol de cet opéra filmé en direct.

    La salle confortable était bourrée à craquer de spectateurs mélomanes ou curieux. Il est visible que les retransmissions lyriques ont montré tout leur intérêt et que chaque spectacle lyrique a maintenant ses habitués. Il y a certes, dans les premières minutes, un pincement au cœur de ne pas être parmi le public américain du MET (car rien ne vaut d’entrer dans cette fabuleuse salle du Metropolitan, comme le souligne Joyce DiDonato dans sa présentation). Après la séance d’ouverture, la magie opère par la grâce de la technologie HD qui place le spectateur au centre de la scène pour voir au plus près les visages des chanteurs et ne rien manquer de la mise en scène virevoltante.

    L’un des plus célèbres opéras de Mozart, mais également le plus noir et le plus scandaleux, suit le parcours du libertin Don Giovanni, séducteur sans foi ni loi. Après avoir violenté Donna Anna, il doit rendre des comptes au père de cette dernière, Le Commandeur, qu’il tue lors d’un duel. Il est contraint de s’enfuir en compagnie de son fidèle serviteur et souffre-douleur Leoporello. Dans la suite de son aventure, il croisera une maîtresse éconduite, Donna Elvira, une modeste paysanne, Zerlina, sur le point de se marier avec Masetto, sans oublier Don Ottavio, le prétendant de Donna Anna qui s’est juré de la venger mais aussi et surtout Le Commandeur, revenu d’entre les morts.

    Don Giovanni, personnage et opéra mythique, a été traité de nombreuses reprises, y compris dans des versions les plus modernes (citons la version de Michael Haneke à Bastille, dans laquelle le séducteur prend les traits d’un businessman moderne). Pour le MET, Michael Grandage choisit une mise en scène en costumes et décors d’époque. Simon Keenlyside, particulièrement convaincant, incarne un libertin du XVIIIe siècle naviguant dans un quartier obscur et mal famé. Personnage sombre et cynique, il est catapulté dans un univers qui lui va à merveille jusqu’à sa chute tragique en enfer (impossible de ne pas frissonner dans ce final légendaire!). En serviteur alternant le zèle, la complicité et la mauvaise conscience, Leporello est un magnifique contre-point à son maître. Adam Plachetka joue et chante avec un bonheur manifeste et parvient largement à exister face à Simon Keenlyside. Hibla Gerzmava et Malin Byström dans les rôles respectives d’Anna et Elvira forment un duo féminin solide. Elles sont définitivement convaincantes dans le trio d’Érinyes qu’elles forment avec l’excellent Paul Appleby (Ottavio) à la fin du premier acte. Le bloggeur mettra un point d’honneur à s’enthousiasmer pour le duo Zerlina/Masetto. Serena Malfi (bouleversante dans son aria du premier acte, "Batti, batti, o bel Masetto") et Matthew Rose brillent de tous leurs feux dans ces seconds rôles magnifiques.

    Bilan de cette soirée à l’opéra au cinéma : pari réussi et qui a un goût de "revenez-y". Peut-être pouvons-nous rêver que grâce aux nouvelles technologies le lyrique redevienne enfin ce qu’il a été pendant des siècles : un grand spectacle populaire, pas seulement réservé à quelques vieux mélomanes friqués.

    Wolfgang Amadeus Mozart, Don Giovanni,
    mise en scène de Michael Grandage, direction musicale 
    de Fabio Luisi
    avec Simon Keenlyside (Don Giovanni), Hibla Gerzmava (Donna Anna),
    Adam Plachetka (Leporello), Kwangchul Youn (Le Commandeur),
    Malin Byström (Donna Elvira), Serena Malfi (Zerlina),
    Paul Appleby (Don Ottavio) et Matthew Rose (Masetto)

    http://www.alticine.com
    https://www.metopera.org
    http://www.pathelive.com/don-giovanni

  • Seuls

    Et si toute la population disparaissait ? Seuls, l'adaptation de la bande dessinée phénomène de Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti sortira le 8 février 2017.

    Leïla, 16 ans, se réveille en retard comme tous les matins. Sauf qu'aujourd'hui, il n'y a personne pour la presser. Où sont ses parents? Elle prend son vélo et traverse son quartier, vide. Tout le monde a disparu. Se pensant l'unique survivante d'une catastrophe inexpliquée, elle finit par croiser quatre autres jeunes: Dodji, Yvan, Camille et Terry. Ensemble, ils vont tenter de comprendre ce qui est arrivé, apprendre à survivre dans leur monde devenu hostile…

    Mais sont-ils vraiment seuls ?

    Seuls, de David Moreau, avec Sofia Lesaffre et Stéphane Bak
    au cinéma, le 8 Février 2017
    http://www.seuls-labd.com/index.php

  • Star Trek revient de loin

    "Espace, frontière de l'infini, vers laquelle voyage notre vaisseau spatial. Sa mission de cinq ans : explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d'autres civilisations, et au mépris du danger avancer vers l'inconnu" : vous aurez sans doute reconnu l’introduction de Star Trek, l’une des plus célèbres de l’histoire de la télévision.

    Il n’est pas exagéré de dire que l’histoire de cette saga de science-fiction, qui fête en ce moment ses cinquante ans, revient de loin. Une longévité d’autant plus exceptionnelle que Star Trek n’était au départ qu’une modeste série télévisée, sans grands moyens, qui aurait pu tomber dans l’oubli sans la pugnacité de ses auteurs et sans le soutien de ses fans.

    En 1965, le scénariste Gene Roddenberry développe l’idée initiale de ce qui allait être une série culte : au XXIIIe siècle, un vaisseau spatial terrien, l’Enterprise, dirigé par le capitaine Kirk (William Shatner) et secondé notamment par un savant extraterrestre, M. Spock (Leonard Nimoy), parcourt l’univers à la recherche de nouvelles vies. Un premier épisode pilote est filmé et jugé peu convainquant par NBC qui enterre le projet. Mais les créateurs se remettent au travail et tournent un second pilote, avec un nouveau casting. Cette fois, la production reçoit le feu vert et une première saison est diffusée à partir de 1966. La série initiale en comprendra trois, jusqu’en 1969 (ironie du sort, le dernier épisode sera diffusé quelques semaines avant les premiers pas de homme sur la lune).

    Faute d’audience, la série est abandonnée et aurait pu tomber dans l’oubli sans le soutien de nombreux fans, fascinés par son univers à la fois kitsch et incroyablement avant-gardiste. En dépit de l'arrêt de la série, ils entretiennent la mythologie Star Trek qui ne tombera, grâce à eux, jamais dans l'oubli. 

    Le père de la saga, Gene Roddenberry, relance la franchise, 10 ans après la fin de la première aventure télé, avec cette fois une version pour le cinéma: Star Trek, le Film, réalisé par Robert Wise. Le long-métrage suit le même équipage de L'Enterprise, avec des effets spéciaux et un budget de superproduction qui n'ont plus rien à voir avec la première série. Suite à ce premier succès, 12 autres films voient le jour, dont le dernier en date, Sans Limites, sorti cette année.

    Que l’on n'aime ou pas Star Trek, force est de reconnaître l’impact de cette saga de science-fiction hors du commun dont l’influence a dépassé - et de loin - le strict cadre télévisuel. Il y a d’abord ces personnages cultes : le capitaine Kirk, le Dr McCoy, M. Lieutenant-commandant Chekov (qu’en pleine Guerre froide, un Russe soit intégré dans cet équipage cosmopolite est tout sauf anodin !) et, bien entendu, le Vulcain aux grandes oreilles, M. Spock. Par ailleurs, en situant l’histoire au XXIIIe siècle, les créateurs ont misé sur l’invention d’outils technologiques inédits (phaseurs, tricodeurs et le fameux téléporteur) qui n’ont cessé d’alimenter la mythologie de Star Trek puis d’inspirer jusqu’aux scientifiques, fascinés par les inventions folles mais plausibles des scénaristes. Ainsi, la célèbre téléportation, imaginée au départ pour des raisons budgétaires (il était moins onéreux de faire voyager instantanément les personnages de l’Enterprise vers telle ou telle planète que de mettre en scène un voyage en navette spatiale) est devenue réalité avec la téléportation réussie de photons en 2014. De même, les communicateurs utilisés par les personnages dans la série d’origine ont une ressemblance troublante avec les téléphones portables à clapet mis au point et commercialisés quelque trente ans plus tard. Il n’est pas non plus fortuit que le prototype de la toute première spatiale américaine ait été nommée… Enterprise.

    Star Trek a marqué notre époque pour une autre raison : elle véhicule depuis sa création en 1966 un message humaniste et optimiste. Un épisode de la série est emblématique à ce sujet : le baiser entre le capitaine Kirk et le lieutenant Nyota Uhura (Nichelle Nichols) devient célèbre et légendaire puisqu’il s’agit du premier baiser entre deux personnes de couleurs différentes filmé pour la télévision. Une scène culte qui a fait date dans l’histoire du pays, comme dans celle de cette saga.

    Une saga qui n’a pas fini de s’éteindre car, outre la films sur grand écran, l’équipage de l’Enterprise devrait prochainement refaire son apparition sur le petit écran. Star Trek, partie de loin, a encore de beaux jours devant elle. 

    Building Star Trek, 88 mn, sur Arte en ce moment
    True Stories : Star Trek, 52 mn, sur Arte en ce moment
    "Star Trek ou la genèse d’une série aux idées progressistes", L’Humanité, 21 juin 2013
    http://forums.startrek-fr.net

  • Western ou northern ?

    Pour une fois, je vais vous parler non pas d’un film mais de deux films, sortis en ce début d’année à quelques jours d’intervalles et présentant bien des similitudes.

    The Revenant d’Alejandro González Iñárritu, avec Leonardo DiCaprio et Tom Hardy, et 8 Salopards de Quentin Tarrantino, interprétés notamment par Samuel L. Jackson, Kurt Russell et Jennifer Jason Leigh, revisitent tous deux à leur manière le western. Le western ou plutôt le "northern" car ces deux (très) longs métrages (156 minutes pour le premier et 187 minutes pour le second) se passent dans le grand froid, au cœur de l’Amérique légendaire du XIXe siècle. Ces films signés par des réalisateurs emblématiques du cinéma indépendant américain (même si Iñárritu est mexicain) offrent deux visions originales, quoique diamétralement opposées, d’un genre qui a connu un nombre important de mues au cours du XXe siècle.

    Pendant de longues décennies, le westen rimait avec conquête de l’ouest, grandes chevauchées fordiennes, figures héroïques du cow-boy "à la John Wayne" ou du trappeur blanc contre l’Indien (forcément) sauvage. Devenu plus sombre à partir des années 60, le western a changé de perspectives en ne cachant plus les horreurs du XIXe siècle : que ce soit la violence, omniprésente dans les films de Sergio Leone ou de Clint Eastwood ou encore le génocide indien dans Little Big Man et Danse avec les Loups. Iñárritu et Tarantino ont choisi à leur tour de s’approprier ce genre cinématographique archirebattu.

    Dans The Revenant et 8 Salopards, le spectateur se trouve en terrain a priori connu : pionniers contre indiens dans le premier film, chasseurs de primes et hors-la-loi dans le second. La nature sauvage, la neige et le blizzard sont des prétextes pour nouer une intrigue où les hommes peuvent se révéler soit des héros hors du commun soit de parfaites abominations.

    The Revenant a été scénarisé à partir d’un fait authentique survenu en 1823. Traqués par des Indiens, des trappeurs, conduits par Hugh Glass (Leonardo DiCaprio) et son films métis Hawk, prennent la fuite au milieu d’une nature sauvage. Blessé par un ours au cours d’un combat, Glass est laissé pour mort et enterré, non loin de son fils qui a été tué pour permettre la fuite des autres trappeurs. Porté par une volonté animale, Glass parvient à se relever. Il prend la route, seul au milieu d’une nature hostile, pour retrouver ses congénères et se venger. Porté par un Leonardio Dicaprio inspiré et la plupart du temps muet, Iñárritu conte l’histoire d’un calvaire et d’une leçon de survie d’autant plus frappante qu’elle s’inspire d’une histoire réelle.

    maxresdefault (1).jpgPour 8 Salopards, Tarantino a écrit de toute pièce une histoire de crapules, de haine et de morts dans une Amérique sombre et glaciale. Une diligence transporte quatre hommes et une femme, la hors-la-loi Daisy Domergue, en plein  blizzard. Un chasseur de prime, John Ruth (Kurt Russell), doit la conduire à Red Rock pour y être pendue. Deux autres compagnons d’infortune les accompagnent : outre le conducteur de diligence O.B. (James Parks), il y a un second chasseur de primes, Marquis Warren (Samuel L. Jackson), et le futur shérif de Red Rock, Chris Mannix (Walton Goggins). Pris par la neige, la diligence doit s’arrêter dans une auberge où sont déjà présents quatre autres voyageur : Oswaldo Mobray, le bourreau de Red Rock (Tim Roth), un cow-boy, Joe Gage (Michael Madsen), le Mexicain Bob (Demián Bichir) et le général confédéré Sanford Smithers (Bruce Dern). Bientôt, il s’avère qu’au moins un de ces voyageurs est de mèche avec Daisy Domergue pour la libérer et ne laisser aucun témoin.

    Là où Iñárritu mettait en valeur la nature sauvage, silencieuse, spectaculaire, impitoyable ou salvatrice (voir la magnifique scène du cheval mort !), Tarantino bâtit un huis-clos suffoquant, ultra-violent et aux dialogues incisifs. La libération d’une prisonnière - habitée par une démentielle Jennifer Jason Leigh - est le prétexte pour un règlement de comptes, d’abord à coup de mots (comme pour tous les Tarantino, celui-ci est particulièrement bavard) puis à coup de revolvers, fusils, armes blanches ou corde. Comme dans The Revenant, il est aussi question de vengeances et de règlements de compte, mais là où Iñárritu construit un drame épique, psychologique et tragique (la mort d’un enfant est le point de départ d’une épopée tragique de plus de 300 kilomètres), Tarantino fait des 8 Salopards un ballet sanglant et cruel sur fond des séquelles de la guerre de Sécession. Aucun des personnages n’est ménagé dans ce western en dépit de quelques séquences d’humour noir. Le visage de l’Amérique des pionniers en sort égratigné, dans un joyeux bain de sang et sur une bande originale soignée comme toujours chez le réalisateur de Pulp Fiction.

    The Revenant et 8 Salopards signent peut-être le retour d’un genre, le western, que l’on avait, à l'instar du personnage joué par Leonardi DiCaprio, trop vite enterré.

    The Revenant d'Alejandro González Iñárritu, avec Leonardo DiCaprio et Tom Hardy,
    Etats-Unis, 156 mn, 2015, en DVD et Blu-ray

    8 Salopards de Quentin Tarrantino, avec Samuel L. Jackson, Kurt Russell,
    Jennifer Jason Leigh, Walton Goggins, Demián Bichir, Tim Roth,
    Michael Madsen, Bruce Dern, Channing Tatum et Zoë Bell,
    Etats-Unis, 187 mn, 2015, en DVD et Blu-ray