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Cinéma - Page 53

  • Jamais domptées

    Mustang sort cette semaine en DVD. C’est l’occasion de découvrir ou revoir un des chocs cinématographiques de l’année 2015.

    La réalisatrice franco-turque Deniz Ganze Ergüven a reçu le tour de force de susciter l’enthousiasme avec un film exigeant joué par des acteurs inconnus. Ou plutôt des actrices inconnues, car Mustang s’intéresse à cinq sœurs, enfants et adolescentes, qu’une innocente excursion sur la plage un dernier jour d’école suscite la désapprobation dans un village turc traditionnel. Humiliée par les ragots qui courent au sujet des cinq filles, leur grand-mère décide de les isoler des tentations du monde extérieur et de les enfermer dans la demeure familiale, en attendant de les marier.

    Dans ce qui est devenu une forteresse domestique, les cinq filles font corps avec une solidarité et une soif de vivre exceptionnelles. Elles tentent de grappiller à leur grand-mère et à un oncle complice quelques parcelles de libertés : des jeux, des rires, des regards lancés en catimini à des garçons ou une partie de football à Istanbul. Les jeunes filles ne se considèrent pas comme domptées et veulent trouver une autre voie que le désespoir ou la résignation.

    Cinq adolescentes enfermées par leur famille pour les isoler des tentations du monde extérieur : la référence au Virgin Suicides de Sofia Coppola (1999) est évidente. Là s’arrête pourtant la similitude entre les deux films. Là où la réalisatrice américaine dévoilait dès le début au spectateur le dénouement tragique des cinq sœurs recluses par des parents catholiques traditionalistes, Deniz Ganze Ergüven déroule un scénario parfaitement huilé, avec son lot d’incertitudes jusqu’à la fin. 

    Mustang est un film de combat, bien plus sans doute que Virgin Suicides, émouvante œuvre désenchantée sur l’adolescence et sur le souvenir de jeunes filles broyées. La réalisatrice franco-turque aborde frontalement le thème de la domination patriarcale et des traditions religieuses aliénantes, pourtant acceptées majoritairement car considérées comme "soft". Cette "domination soft" a une réalité : la toute puissance de la famille, l’aliénation de jeunes filles dont l’émancipation est devenue quasi impossible, la recherche d’une pureté impossible (la scène du mariage et de la nuit de noce est un subtil mélange de tragédie et de comédie noire) et l’importance donnée au mariage, la seule issue donnée à ces jeunes filles. Les cinq sœurs turques ne sont pas les victimes résignées de traditions religieuses mais des guerrières qui ne peuvent être domptées, des mustangs qui n’ont pas renoncé à leur liberté, à commencer par la plus jeune, Lale (Güneş Nezihe Şensoy).

    Deniz Ganze Ergüven s’est battue pour bâtir un film bouleversant, aidée par une équipe d’actrices impeccables et de seconds rôles tout aussi brillants. Le résultat est Mustang, une œuvre inoubliable et un cri d’amour en faveur de la liberté, de l’adolescence et du combat contre tous les fanatismes.

    Mustang, film dramatique germano-franco-turco-qatari de Deniz Gamze Ergüven,
    avec Güneş Nezihe Şensoy, Doğa Zeynep Doğuşlu, Tuğba Sunguroğlu, Elit İşcan, İlayda Akdoğan, Ayberk Pekcan et Nihal Koldaş, 2015, 97 mn, en DVD

  • Les deux notes de musique les plus terrifiantes de l'histoire, au Grand Rex

    cr,640,450-cc6a26.jpgEn 1976 sortait sur les écrans français Les Dents de la Mer de Steven Spielberg, salué d’un Oscar pour sa bande originale : les spectateurs du monde entier tremblaient à l'écoute des deux notes de musique les plus terrifiantes de l'histoire du cinéma.

    Depuis, John Williams n’a eu de cesse de construire sa carrière de compositeur exceptionnel au service de monuments du cinéma : outre Les Dents de la Mer, citons Star WarsET l'Extra-terrestreLa Liste de Schindler, Jurrasic Park, Harry Potter ou Les Aventures de Tintin.

    En avril, il sera possible de revivre au Grand Rex les plus belles partitions de John Williams durant quatre décennies au cours desquelles John Williams a marqué son empreinte durable sur la musique et le cinéma. Interprété par le Sinfonia Pop Orchestra dirigé par Constantin Rouits, Tribute to John Williams promet d'être un rendez-vous des cinéphiles et mélomanes.

    Lors de cet événement unique, Jonathan Ke Quan, "Data" dans les Goonies et Demi-Lune dans Indiana Jones, sera présent pour rencontrer les fans de l’univers Spielberg.

    Tribute To John Williams, Music from the films of Steven Spielberg
    Invité d'honneur : Jonathan Ke Quan
    Samedi 30 avril 2016 à 15h et 20h au Grand Rex, Paris

  • Une presque bonne idée

    Il avait été question sur ce blog de l'édition 2015 du festival "42 heures pour un court".

    Vous pouvez maintenant retrouver en ligne le court-métrage Une presque bonne Idée, grand vainqueur du palmarès de cette année.

    Cette comédie de Sébastien Deschamps a obtenu le Chien d'or ainsi qu'un double prix d'interprétation féminine pour ses deux actrices principales, Mélanie Poiget et Audrey Baudoin.

    Une presque bonne idée a été écrit, tourné et joué à l'occasion du Triathlon vidéo de "42 heures pour un court". L'équipe de Rapace Prod avait choisi pour contrainte le thème de l'économie de partage et pour lieu la place Victor Hugo à Montargis (Loiret).

    Le résultat final est en maintenant en ligne.

    Une presque bonne Idée de Sébastien Deschamps,
    avec Victor Angenault, Mélanie Poiget, Audrey Baudoin et Mélinda Poiget, 9 mn 42

  • Focus sur Jerzy Skolimowski et sur Anna

    Jerzy Skolimowski serait-il de retour après plusieurs années de discrétion ? Le réalisateur polonais était l’invité du Festival d’Alès du 18 au 28 mars dernier pour présenter son dernier opus 11 Minutes qu’il présentait en exclusivité.

    Jerzy Skolimowski, qui a toujours affiché son amitié avec Roman Polanski, est le pilier de la Nouvelle Vague polonaise, avec Le Départ (1967, Ours d’Or à Berlin), Haut les Mains (1967) ou Travail au Noir (1982). Quatre Nuits avec Anna avait permis de voir le cinéaste polonais influent sortir d'un long silence. Quatre Nuits avec Anna, est sorti en 2008 dans une relative confidentialité. Son réalisateur avait mis du temps avant de proposer cette œuvre originale (sa création précédente datait de 1991).

    Dans une petite ville en Pologne, Léon Okrasa, est employé dans un hôpital. Il a, dans le passé, été témoin d’un viol brutal. La victime, Anna, est une jeune infirmière qui travaille dans le même hôpital. Léon passe son temps à espionner Anna, à la guetter de jour comme de nuit. Cela en devient une véritable obsession. Un soir, il finit par s’introduire dans l’appartement d’Anna par la fenêtre qu’elle laisse entrouverte. Alors, Léon s’installe sur son lit, l’observe dans son sommeil, s’imprègne de son univers. Où s’arrêtera t-il ?

    Ce film, inspiré d’un fait divers, raconte quatre nuits hors du commun passées par Léon, le personnage principal interprété par Artur Steranko, en compagnie d’Anna, sa voisine, une troublante et lumineuse infirmière jouée par Kinga Preis. Jerzy Skolimowski sait comme personne mener le spectateur là où il le souhaite, grâce à un savant sens du montage. Il sait également se servir de la trame de Quatre Nuits avec Anna pour sonder le cœur et l’âme de Léon et d’Anna, deux êtres cabossés par la vie, ayant plus de points communs qu’il n’y paraît à première vue.

    Il serait injuste de limiter ce film à un drame sur l’obsession amoureuse et sur le voyeurisme, ce qu’il est par ailleurs (le spectateur lui-même ne l’est-il pas ?). En réalité, Jerzy Skolimowski donne à ses personnages des pulsions sauvages et une sorte d’animalité qui sont mises au service de l’humanité, de l’amour et de la bonté : car Anna et Léon, êtres malheureux dans un environnement pour le moins triste et étriqué, semblent être l’un comme l’autre à la recherche d’une forme de sérénité et de résilience.

    Quatre nuits avec Anna de Jerzy Skolimowski
    avec Artur Steranko et Kinga Preis, France/Pologne, 1H27

    Festival Cinéma d’Alès – Itinérances – 18-28 mars 2016

     

  • Pauvre connasse

    Le blackout de Connasse Princesse des Cœurs a paradoxalement assuré une partie de la couverture médiatique de cette comédie sortie courant 2015 et disponible en DVD. Un billet dans Le Monde avait involontairement mis sous les lumières ce premier film, la critique du quotidien parisien regrettant que le distributeur ait refusé toute avant-première à la presse. Voilà pour la petite histoire au sujet de la promotion de ce film, rétrospectivement un feu de paille.

    Parlons maintenant du film en lui-même, d’autant moins anodin que son actrice principale, Camille Cottin, a été nominée pour le César du meilleur espoir féminin.

    Connasse Princesse des Cœurs suit Camilla, une trentenaire aussi belle qu’insupportable. Prétentieuse, glandeuse et bien décidée à vivre dans le bling-bling, parce qu’elle le vaut bien. A défaut d'héritage ou de rente, la jolie désargentée n’a qu’une option : se marier avec le meilleur parti qui soit. Elle décide de jeter son dévolu sur le Prince Harry. La belle a un atout maître pour y parvenir : l’obstination, jusqu’à l’aveuglement. Elle file à Londres obtenir l’assentiment de son futur jules. Mais encore faudrait-il le rencontrer.

    Avouons-le : le synopsis de cette comédie virevoltante et drôle est moins intéressant que le jeu de Camille Cottin (remarquée par l’Académie des Césars) et surtout par le dispositif mis en œuvre par les réalisatrices Éloïse Lang et Noémie Saglio. Ces dernières étaient aux manettes pour la version télé de Connasse, déjà interprétée par Camille Cottin. Ce programme court, diffusé sur Canal + en 2013, a été déclinée et développée pour le cinéma, ce que certains ont regretté.

    Techniquement, Connasse Princesse des Cœurs est une prouesse : à partir d’un scénario cousu-main – et un rôle en or pour une comédienne – Éloïse Lang et Noémie Saglio ont installé une série de dispositifs de caméras cachés, prenant au piège figurants et personnages secondaires (dont Stéphane Bern) face à une vraie comédienne jouant son rôle de connasse française à la perfection. Camille Cottin se met perpétuellement en danger et brouille, à l’instar du remarquable La Bataille de Solferino (de Justine Triet, 1913), la distinction fiction/réalité, au point d’avoir été arrêtée par les forces de l’ordre en plein tournage pour atteinte à l’ordre public. 

    Le débat sur la pertinence du procédé de caméra-café pour un long-métrage a fait bondir des critiques. Pour autant, cette comédie a une saveur et une fraîcheur tout à fait nouvelle, grâce à la performance de celle qui tient le film sur ces épaules. Et ça, ce n’est pas rien.

    Connasse Princesse des Cœurs de Eloïse Lang et Noémie Saglio
    avec Camille Cottin, 2015, 1h22

     

  • The Artist en concert

    Le chef d'oeuvre The Artist avait été la divine surprise de l’année 2011, devenant le film le plus primé de l’histoire du cinéma français : 50 récompenses, 60 nominations, 5 Oscars, 6 Césars, 7 Bafta et 3 Golden Globe.

    La musique du film, écrite et composée par Ludovic Bource, capitale dans un film muet, a été saluée elle aussi, cumulant un Oscar, un Bafta, un Golden Globe, un César, le Prix du Cinéma Européen ou le Critics’ Choice Movie Award de la meilleure Bande Originale de film.

    The Artist est de retour en 2016 et 2017 pour une série de ciné-concerts live en France, en Suisse et en Belgique. Une vingtaine de dates sont déjà programmées. La tournée s’ouvre à la Philharmonie de Paris les 19 et 20 mars 2016 et se poursuivra tout au long de la saison 2016/2017, à Lille, Bordeaux, Lyon, Nice, puis Lucerne et Bruxelles.

    "The Artist", ciné-concert, Philharmonie de Paris, 19 et 20 mars 2016

  • Et si Brad Pitt réussissait le casse du siècle aux Oscars avec "The Big Short" ?

    brad_pitt_silhouette_eyewear_2_fevrier_20161.003.pngPour les Oscars 2016, le film The Revenant d'Alejandro González Iñárritu, avec Leonardo di Caprio, part grand favori. A quelques heures de la cérémonie, l'oscar du meilleur acteur paraît d'ailleurs assuré pour le beau Léo et son élégante fourrure... La messe est-elle dite ? 

    Le Casse du siècle, le dernier film produit par Brad Pitt, a reçu cette année le célèbre prix PGA (Producers Guild of America) du meilleur film décerné par le syndicat des producteurs américains. Or, depuis huit ans, tous les longs métrages lauréats de cette distinction ont toujours remporté l'Oscar du meilleur film. 

    Avec cette distinction, Brad Pitt - et ses célébrissimes lunettes Silhouette - s'avère un concurrent redoutable pour la prochaine cérémonie des Oscars dans la catégorie du "Meilleur Film" qui aura lieu à Los Angeles le 28 février 2016.

    The Big Short : le Casse du Siècle a réalisé plus de 640 000 entrées en France. Réussira-t-il le coup de l'année en remportant la palme des palmes au nez et à la barbe du grandissime favori ? 

    Les paris sont lancés. 

    The Big Short : Le Casse du siècle (The Big Short), réalisé par Adam McKay, avec Brad Pitt, Christian Bale, Ryan Gosling, Steve Carell et Karen Gillansorti, Etats-Unis, 2015, 130 mn

    Crédit Photo James Devaney/Wirelmage

  • Alka à l’Élysée

    1280x720-jeW.jpgAlka Balbir a figuré parmi les premiers artistes que j'ai chroniqués sur ce blog en raison de son premier disque, La Première Fois produit par Benjamin Biolay ("Suprême Alka"). Il me paraissait logique de produire un nouveau billet pour signaler sa présence dans la comédie Gaz de France, réalisée par Benoît Forgeard.

    Philippe Katerine est en première ligne dans le rôle d'un Président de la République impopulaire (Tiens, ça vous rappelle quelque chose?) et tentant de remonter dans les sondages grâce à ses conseillers. Alka Balbir fait partie de ce casting.

    Gaz de France est présentée comme une fable absurde et intelligente : "Avec une étonnante économie de moyens, un décor minimaliste et une poignée d'acteurs talentueux (...), le cinéaste nous enferme dans un étrange huis clos. En ligne de mire, la politique vidée de son sens et la mainmise de la communication... Dans ce décorticage très caustique du théâtre politicien et de ses coulisses, il donne à voir la peur de la guerre et du chaos, le chacun pour soi" nous dit Télérama. À voir.

    "Gaz de France”, Télérama, 13 janvier 2016
    Gaz de France de Benoît Forgeard, avec Philippe Katerine, Alka Balbir, Olivier Rabourdin, Myriam Studer et Benoît Forgeard, France, 2015
    Page Facebook d'Alka